Armand Frappier, CC, médecin et microbiologiste (né le 26 novembre 1904 à Salaberry-de-Valleyfield, QC; décédé le 17 décembre 1991 à Montréal, QC). Armand Frappier fut une figure emblématique du combat contre la tuberculose au Canada. Il a conçu le vaccin du BCG (bacille de Calmette-Guérin) et a fait campagne pour la vaccination à grande échelle dans tout le pays. Fondateur et directeur de l’Institut de microbiologie et d'hygiène de Montréal, il fit progresser la recherche médicale axée sur les maladies infectieuses et joua un rôle important dans le développement de la santé publique. (Vois aussi INRS - Centre INRS–Institut Armand-Frappier Santé Biotechnologie) Lui et son équipe produisirent un certain nombre de vaccins et d’autres produits biologiques (p. ex., le vaccin Salk contre la polio, la pénicilline) et furent responsables de la lyophilisation du sérum sanguin pour les forces armées durant la Deuxième Guerre mondiale. (Voir aussi Le Canada et la mise au point du vaccin contre la polio.)
Éducation
Armand Frappier décide de faire des recherches sur la tuberculose après que sa mère, son jeune frère et sa grand-mère succombent de la maladie. Après avoir reçu son diplôme de médecine (1930) et sa maîtrise ès sciences (1931) de l’Université de Montréal, Frappier se voit offrir une bourse d’étude de la Rockefeller Foundation (1931-1932). Il étudie la tuberculose et le vaccin BCG (bacille de Calmette-Guérin) aux États-Unis et à l'Institut Pasteur à Paris, où il travaille dans les laboratoires Calmette, Guérin et Nègre. Alors que l’Institut Pasteur développait le vaccin du BCG, de nombreux chercheurs américains s’inquiétaient de son innocuité. Après son séjour à l’Institut, Frappier était néanmoins convaincu que le vaccin était à la fois efficace et salubre. Lorsqu’il rentre chez lui, il ramène un flacon contenant une souche du BCG et les connaissances nécessaires pour produire le vaccin. Il revient plus tard à l’Institut, en 1937, pour étudier les applications de l’immunologie et des anatoxines.
Carrière
En 1933, Armand Frappier devient chef des laboratoires de l’Hôpital Saint-Luc et professeur de bactériologie à l’Université de Montréal. La même année, le Conseil national de recherches du Canada le charge de confirmer l’efficacité du vaccin du BCG et de mettre au point une méthode sécuritaire pour le produire.
En 1938, il fonde l’Institut de microbiologie et d'hygiène de Montréal (rebaptisé Institut Armand-Frappier en 1975, et puis le Centre Armand-Frappier Santé Biotechnologie de l’INRS), un organisme autonome à but non lucratif, dont les objectifs complémentaires couvraient la recherche, l’enseignement de deuxième cycle et la formation technique, la prestation de services de santé publique ainsi que la production et la distribution de produits biologiques tels que des vaccins (notamment le vaccin du BCG). Frappier restera le directeur de l’Institut jusqu’à sa retraite en 1974.
Pendant la Deuxième Guerre mondiale, Frappier et son équipe collaborent avec le ministère de la Défense nationale et la Croix-Rouge canadienne pour gérer la lyophilisation du sérum sanguin destiné aux forces armées. Il est nommé plus tard Officier de l'Ordre de l'Empire britannique (OBE) pour ses travaux réalisés durant la guerre. En 1942, l’Institut produit le vaccin contre la diphtérie, la coqueluche et le tétanos (DPT) ainsi que les antibiotiques gramicidine et pénicilline. Il offre des vaccins et des services de santé à plus de quatorze pays, ainsi qu’à toutes les provinces canadiennes, au gouvernement fédéral, à la fonction publique et aux forces armées.
Après la guerre, l’Institut participe à la production d’antibiotiques tels que la pénicilline et la streptomycine pour la population civile. Pendant l’épidémie de poliomyélite des années 1950, l’Institut met sur pied un département de virologie et en 1957, il est déjà capable de produire le vaccin Salk contre cette maladie ainsi que le vaccin contre la grippe asiatique. (Voir aussi Le Canada et la mise au point du vaccin contre la polio)
En 1945, Frappier fonde à l’Université de Montréal la première école francophone d’hygiène au monde. Il en sera le doyen de 1945 à 1965.
Dans les années 1940 et 1950, Frappier participe également à une campagne de vaccination au sein des communautés autochtones. En 1946, le gouvernement fédéral lui demande d’évaluer la faisabilité d’une campagne de vaccination chez les Premières nations de l’Ontario et du Québec qui sont frappées par une épidémie de tuberculose. Dans les années 1940, le taux de mortalité dû à la tuberculose chez les Premières nations dépassait 700 décès par 100 000 personnes (bien plus élevé que dans la population générale, pour laquelle le taux n’était que de 100 décès par 100 000 personnes). Le taux de mortalité était encore supérieur dans les pensionnats où il atteignait son maximum avec 8 000 morts par 100 000 enfants. Entre 1949 et 1952, Frappier visite les réserves de Waswanipi, Mistassini et Manawan pour convaincre les populations locales d’accepter la vaccination contre la tuberculose et pour enseigner les techniques de vaccinations aux infirmières (voir Réserves au Québec). Même si cette campagne de vaccination parvint à éradiquer l’épidémie de tuberculose chez ces populations à cette époque, le taux d’infection par cette maladie reste aujourd’hui bien élevé dans la population autochtone que dans la population générale canadienne.
Héritage
Armand Frappier fut l’un des premiers Nord-américains à confirmer la salubrité et l'efficacité du BCG et à développer des programmes de recherche et des méthodes d’utilisation pour le vaccin. Un autre Canadien, Robert George Ferguson, a acquis une réputation internationale pour ses travaux innovateurs sur la vaccination BCG. Frappier et son collègue Paul Lemonde et sa fille, Lise Davignon, sont les premiers à démontrer l'effet préventif non spécifique du vaccin dans les cas de la leucémie infantile. Pendant de nombreuses années, il étudie les mécanismes sous-jacents de l'infection et de la résistance (spécifique ou non spécifique) à certaines infections. Son Institut de microbiologie et d'hygiène de Montréal (aujourd’hui INRS-Centre Armand-Frappier Santé Biotechnologie) continue à travailler dans les domaines de la recherche médicale, de la formation médicale, de la santé publique et de la production de produits biologiques. En 1974, Frappier prend sa retraite, mais il demeure consultant et professeur émérite à l'Université de Montréal.
Organismes et prix
Armand Frappier était associé étranger de l’Académie nationale de médecine de France, ainsi que président du Comité BCG de l’Union internationale contre la tuberculose et membre du groupe d'experts sur la tuberculose pour l’Organisation mondiale de la santé. Il était également Compagnon de l’Ordre du Canada, membre de la Société royale du Canada, Grand Officier de l’Ordre national du Québec, Officier de l’Académie nationale de médecine de France et Officier de l'Ordre de l'Empire britannique. Il possédait aussi des doctorats honorifiques des universités Laval, McGill, de Paris, de Montréal, de Québec et de Cracovie. En 2000, la Société canadienne des postes a émis un timbre en son honneur : « Armand Frappier et la recherche médicale ». Il a été intronisé au Temple de la renommée médicale canadienne en 2012.