La baie d'Hudson est une vaste mer intérieure de 822 324 km2 qui pénètre profondément dans le Nord-Est du Canada. Elle est presque entièrement entourée de terre mais elle est reliée à l'océan Arctique, au nord, par les détroits de Foxe et de Fury et Hecla, et à l'océan Atlantique, à l'est, par le détroit d'Hudson. L'île de Baffin se trouve en travers de l'embouchure de la baie. Les îles Southampton, Coats et Mansel obstruent partiellement le passage nord. Il n'y a pas d'île sur la côte Ouest mais on en trouve un chapelet le long de la côte Est, dont les archipels des Sleepers, Ottawa, Nastapoka et Belcher. Sa longueur maximale est de 1500 km et sa largeur maximale, de 830 km.
La baie, qui comprend le détroit d'Hudson, est alimentée par de nombreux cours d'eau, petits et grands, notamment, d'ouest en est, les rivières Kazan, Thelon et Dubawnt, qui se déversent dans la baie par l'anse de Chesterfield; les rivières Hayes et Churchill ainsi que le fleuve Nelson à l'ouest; les rivières Winisk et Severn au sud-ouest; les rivières la Grande, Eastman, Nottaway, Moose et Abitibi, Albany, Attawapiskat ainsi que Nastapoca qui se jettent dans la baie James; et la rivière Koksoak, dans la baie d'Ungava. Au total, le bassin hydrographique de la baie d'Hudson est d'environ 3.8 millions de kilomètres carrés, et le débit moyen de toutes les rivières qui s'y jettent est de 30 900 mètres cubes par seconde.
La baie est sise dans un vaste bassin en forme de soucoupe, bordé par les hautes terres du Bouclier canadien. Ce bassin a été inondé par la mer à la fin de la période glacière (voir Glaciation) il y a quelque 7500 ans. La baie est habituellement peu profonde et le sol remonte de façon constante de 60 cm tous les 100 ans en raison du soulèvement isostatique, exposant de plus en plus de littoral. Le sol des basses terres de la région de la baie d'Hudson (voir Zones de géographie physique) est gelé en permanence (pergélisol) et couvert de marais, de tourbe et d'innombrables étangs. La grande majorité du potentiel hydroélectrique de la région est mis en valeur à l'endroit même où les puissantes rivières surgissent du Bouclier et déferlent sur les basses terres.
Une des curiosités de la côte Est est la grande baie semi-circulaire qui entoure les îles Belcher, et dont on a dit qu'elle avait été formée par la chute d'une météorite. La côte Ouest est généralement exposée au vent, peu découpée et peu élevée jusqu'à Arviat, mais, plus au nord, elle est de plus en plus brisée et découpée, particulièrement aux grandes entailles de Chesterfield Inlet et de Rankin Inlet. Les rives sont presque entièrement couvertes de broussailles, de trembles, de saules et de bouleaux nains qui poussent parmi la mousse, le lichen et l'herbe. À divers endroits le long de la côte Est, on trouve des falaises constituées d'anciennes roches sédimentaires.
Climat
Le climat de la région dépend grandement des conditions de surface de l'eau. En janvier et en février, la baie est couverte de banquises, ce qui empêche l'air de se réchauffer, et les températures sont par conséquent très basses. La glace commence à fondre en mai pour disparaître très rapidement en juin lorsque le brouillard et les nuages augmentent. La température de l'eau s'élève à 10 °C en juillet et en août en raison de l'arrivée massive d'eau fraîche. En octobre et en novembre, les eaux de la baie dégagent de la chaleur et de l'humidité, causant ainsi chutes de pluie et de neige. Le brouillard est plus fréquent en juin, juillet et août parce que l'air chaud se refroidit au-dessus de l'eau froide. Les vents sont violents, sauf au cours des mois d'été, atteignant 110 km/h et parfois 150 km/h en automne.
Chaîne alimentaire
La baie d'Hudson contient une grande quantité de substances nutritives, et de petits crustacés vivant en eaux libres servent de nourriture aux mollusques, aux étoiles de mer, aux oursins, aux vers et à d'autres invertébrés. Les poissons qu'on y trouve le plus souvent sont la morue, le flétan, le saumon et la plie arctique. Les morses, les dauphins et les épaulards habitent les régions du Nord et les ours polaires émigrent vers le Sud pour chasser les phoques sur les glaces. Quelque 200 espèces d'oiseaux, notamment les canards, les oies blanches, les goélands, les cygnes, les bécasseaux, les hiboux et les corbeaux, se rassemblent dans les régions côtières et les îles.
Histoire
Des études archéologiques démontrent que les rives de la baie ont été habitées pendant des milliers d'années. Un bon nombre des campements mis à jour sont éloignés de la côte, qui est actuellement en émersion. À l'arrivée des Européens, les Algonquiens habitent la région autour de la baie James, les Chipewyans, la région de Churchill, tandis que les Inuits habitent les régions côtières du Nord et de l'Est. Il est probable que des marins scandinaves (voir Expéditions vikings) aient découvert, et peut-être même colonisé, la baie, mais, si tel est le cas, leur découverte est tombée dans l'oubli.
Martin Frobisher engage son navire par erreur dans le détroit d'Hudson en 1578, mais c'est Henry Hudson qui est, en 1610, le premier Européen connu à affronter les dangers du détroit et à naviguer dans la baie. Il est suivi par sir Thomas Button en 1612, Robert Bylot et Luke Fox [Foxe], en 1631, et Thomas James, en 1631, qui sont en quête d'un passage vers l'Orient. Les voyages sont périlleux et souvent désastreux : en 1619, seuls trois membres de l'expédition de Jens Munk survivent. La mutinerie de l'équipage de Hudson est légendaire, et le récit poignant de Coleridge « The Rime of the Ancient Mariner » est tiré des écrits de Luke Fox. La côte Ouest n'est cartographiée que dans les années 1820, et la première étude détaillée est effectuée de 1929 à 1931.
Rôle capital
Lorsqu'on réalise qu'elle offre une route directe vers les fourrures du Nord-Ouest, la baie joue un rôle capital dans les débuts de l'avènement du Canada. En 1668, Médard des Groseilliers, au service des Anglais, se rend dans la baie et y construit un petit poste à l'embouchure de la rivière Rupert. En 1670, Pierre-Esprit Radisson fonde ce qui deviendra plus tard York Factory, à l'embouchure de la rivière Nelson, et les droits commerciaux de toute la ligne de partage des eaux de la baie sont accordés à la Compagnie de la baie d'Hudson. Plus tard, des postes sont construits aux embouchures des rivières Moose et Albany, ce qui attire les commerçants autochtones de bien des régions du Bouclier, dont les Cris qui sont des intermédiaires importants. De 1682 à 1713, les Français sont déterminés à chasser les Anglais de la baie. Ils y parviennent temporairement grâce à Pierre de Troyes (1686) et Pierre Le Moyne d'Iberville qui commandent des expéditions respectivement par voie de terre et de mer.
Toutefois, à la suite du traité d'Utrecht, en 1713, les Anglais sont maîtres de la baie qui devient, après la fusion de la Compagnie de la baie d'Hudson et de la Compagnie du Nord-Ouest en 1821, la principale route vers l'intérieur des terres. Lors du transfert de la Terre de Rupert au Canada en 1870, celui-ci obtient la souveraineté sur la baie et sur sa ligne de partage des eaux. Depuis, la baie a cessé de jouer un rôle important en tant que voie de transport, et sa population est clairsemée. Les principaux habitants sont toujours les Autochtones et les Inuits qui vivent de la chasse et de la pêche. La plus grosse ville est CHURCHILL, au Manitoba (pop. 1089, recens. 1996), à l'embouchure de la rivière Churchill. Le chemin de fer relie l'intérieur des terres avec Churchill et Mooseonee, en Ontario, mais leur potentiel en tant que ports de mer reste inexploité. La baie demeure donc, à des fins écologiques, une mer fermée.