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Bertha Skye

Bertha Skye, chef cuisinière, entrepreneuse, aînée autochtone (née en 1932 dans la nation crie Ahtahkakoop, en Saskatchewan). Dès un jeune âge, Bertha Skye apprend à cuisiner et à utiliser ses talents pour nourrir les membres de sa communauté. En 1992, elle est sélectionnée comme participante aux Olympiades culinaires, où elle et son équipe remportent plusieurs médailles, dont une médaille d’or pour sa soupe de maïs, de haricots et de courge (connue sous le nom de soupe des Trois Sœurs). En plus d’occuper plusieurs postes de conseillère, Bertha Skye devient aînée-résidente dans plusieurs établissements d’enseignement postsecondaire.

Bertha Skye

Jeunesse

Bertha Skye naît d’une mère crie et d’un père métis. Son grand-père paternel, un descendant écossais de Simon Fraser, est un commerçant de fourrure et un explorateur à qui l’on attribue la fondation de la première colonie anglaise en Colombie-Britannique. (Voir aussi Traite des fourrures au Canada.)

Bertha Skye grandit dans les années 1930, alors que fait rage la crise économique. Autour d’elle, les membres de sa réserve souffrent de la faim et une pénurie de logements sévit. Ses parents, souhaitant profiter d’une meilleure vie familiale, achètent alors des terres hors de la réserve, où ils font pousser leurs propres légumes.

Pendant sa jeunesse, Bertha Skye voit des enfants emmenés contre leur gré, et celui de leurs parents, dans des pensionnats indiens éloignés. Puisque ses parents n’habitent plus dans une réserve, Bertha Skye réussit à les éviter. (Voir aussi Éducation des Autochtones au Canada.)

Carrière culinaire

En 1947, une ancienne caserne militaire est transformée pour devenir le pensionnat indien de Prince Albert. Deux ans plus tard, à 17 ans, Bertha Skye y décroche un emploi en tant que cuisinière. Elle voit des enfants, certains aussi jeunes que quatre ans, y subir de mauvais traitements. L’adolescente fait alors de son mieux pour s’assurer d’offrir une bonne alimentation aux enfants.

Plus tard, Bertha Skye quitte le pensionnat de Prince Albert pour occuper le même poste à celui de Norway House, au Manitoba. Elle est consternée d’apprendre que les enfants comparent l’école à la célèbre prison américaine d’Alcatraz, située sur une île pour que personne ne puisse s’en échapper. Après un an de service, elle retourne à Prince Albert pendant un certain temps, puis accepte un poste de cuisinière au pensionnat Bishop Horden Memorial, à Moose Factory, dans le nord de l’Ontario.

Vie familiale et autres projets

Bertha Skye se marie alors qu’elle travaille à Moose Factory. Après deux ans de travail à l’école, elle déménage avec son mari dans la réserve des Six Nations de la rivière Grand, près de Brantford, où ils s’installent de manière définitive. Ils fondent alors une famille, devenant parents, grands-parents, et même arrière-grands-parents.

Bertha Skye lance sa propre entreprise de traiteur et d’artisanat et danse avec la Sky Dance Troupe. Elle fait également partie du conseil d’administration de la fondation pour la santé des Six Nations.

Olympiades culinaires

Les Olympiades culinaires internationales réunissent tous les quatre ans les meilleurs professionnels culinaires des quatre coins du monde. Au début des années 1990, des représentants du gouvernement canadien sélectionnent des chefs autochtones pour participer à la compétition de 1992 à Francfort, en Allemagne. Ils entendent le nom de Bertha Skye pour la première fois pendant leurs recherches pour dénicher des chefs autochtones.

Au départ, la cuisinière pense que l’offre de se joindre à l’équipe canadienne est un canular. Elle se laisse toutefois convaincre d’assister à une réunion à l’hôtel Royal York, à Toronto. Surprise mais fière, elle intègre ainsi la première équipe culinaire entièrement autochtone du Canada. Elle est la seule femme dans cette équipe, qui compte également David Wolfman, Arnold Olson, Andrew George et Brian Sappier.

En octobre 1992, l’équipe affronte 14 000 autres chefs issus de 40 pays. Chaque jour, elle produit un nouveau plat avec des artéfacts d’une nation autochtone différente. Les plats colorés et variés, ainsi que l’éloquence des membres de l’équipe et leur fierté envers les cultures autochtones, attirent l’attention des médias allemands, qui font l’éloge de l’équipe.

Bertha Skye et son équipe soumettent plusieurs plats aux différentes catégories de la compétition, tous inspirés de recettes et d’ingrédients autochtones. La cuisinière se rappelle surtout avec fierté le plat de cuisse de lapin et de riz sauvage produit par son équipe.

L’équipe remporte la compétition et obtient 11 médailles, soit plus que les autres équipes : deux médailles de bronze, deux d’argent et sept d’or. Une des médailles d’or est notamment attribuée à la soupe des Trois Sœurs de Bertha Skye, à base de maïs, de haricots et de courge, qui est un plat célèbre dans la culture Haudenosaunee.

Aînée-résidente

Bertha Skye devient plus tard aînée-résidente au Collège Sheridan, à Oakville, en Ontario. En 2015, elle y fonde le conseil pour l’éducation des Autochtones. Elle est également aînée-résidente à l’Université McMaster et au Collège Mohawk, tous deux situés à Hamilton, en Ontario. En tant qu’aînée-résidente, elle conseille les gestionnaires en matière de programmes autochtones et de soutien aux étudiants autochtones.

Sa personnalité chaleureuse et amicale est bien appréciée des étudiants. Elle les invite d’ailleurs parfois à travailler sur des projets de perlage ou d’autres arts autochtones, à participer à des cérémonies de purification par la fumée ou à parler de médecine autochtone. Selon elle, ces activités aident les étudiants à en apprendre plus sur leur culture, à se détendre et à parler plus ouvertement des difficultés auxquelles ils font face. Lorsque des étudiants souhaitent abandonner l’école, elle insiste sur l’importance de l’éducation pour survivre et s’épanouir.

En 2019, Bertha Skye est l’une des six personnes intronisées au Temple de la renommée d’Hamilton. Géré par la bibliothèque municipale de la ville, le prix est décerné aux citoyens qui contribuent de façon significative à l’amélioration de la communauté.