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Bureau de la communauté haïtienne de Montréal

Le Bureau de la communauté haïtienne de Montréal (BCHM), anciennement le Bureau de la communauté chrétienne des Haïtiens de Montréal (BCCHM), est un organisme à but non lucratif situé à Montréal. Dans une vocation communautaire d’entraide, le BCHM s'investit auprès des familles issues des communautés ethnoculturelles afin de faciliter leur intégration, de lutter contre la pauvreté et de contrer l’isolement social. (Voir aussi Immigration au Canada.)

À la défense des droits

En novembre 1972, Paul Déjean, Karl Lévêque et Joseph Augustin fondent le Bureau de la communauté chrétienne des Haïtiens de Montréal (BCCHM). À l’origine, et pendant plusieurs années, le BCCHM et la Maison d’Haïti également créée en 1972 sont les principales organisations dédiées à l'accueil des personnes immigrantes d’origine haïtienne à Montréal. En plus de venir en aide aux nouvelles cohortes d’immigration, le BCCHM se voue également à la défense de leurs droits, avec un legs de revendications politiques et de luttes sociales qui façonnent le paysage social et culturel de la ville et de la province.

Au tournant des années 1970, l’immigration haïtienne augmente considérablement au Québec. En novembre 1972, suite à une réforme de la loi canadienne sur l’immigration, environ 1 500 individus d’origine haïtienne, dont la majorité est établie à Montréal, se voient refuser leur demande d’asile et sont menacés de déportation. (Voir Politique canadienne sur les réfugiés.) C’est dans l’urgence d’agir face à cette crise touchant la communauté haïtienne qu’est fondé le BCCHM, moins de dix jours après l’annonce de la réforme. Dans son livre Les Haïtiens au Québec, paru en 1978, Paul Déjean dénonce le traitement réservé à la communauté haïtienne à leur arrivée au pays par les autorités de l’immigration canadienne.

Avec l’aide d’autres organismes communautaires et politiques, le BCCHM contribue à former en septembre 1974 le Comité anti-déportation, également connu sous le nom d'Opération 1 500. Grâce à leurs efforts et aux pressions de la communauté, la majorité des individus menacés de déportation sont autorisés à rester au pays. Le BCCHM célèbre ainsi plusieurs victoires, notamment en 1978 avec l’accord Cullen-Couture mené entre les gouvernements provinciaux et fédéral, qui régularise notamment la situation de migrants sans statut. Plus tard, en 1980, le gouvernement du Québec accorde l’amnistie générale aux personnes immigrantes d’origine haïtienne sans statut qui vivent sur son territoire.

Dans les années 1970, le BCCHM vient à la défense des chauffeurs haïtiens qui font face au racisme et à la discrimination dans l’industrie du taxi. L’organisme intervient auprès des employeurs en faute, dénonce la situation dans les médias et prend recours auprès de la Commission des droits de la personne du Québec. En mars 1985, appuyé entre autres par le BCCHM, un comité de surveillance pour lutter contre le racisme dans l’industrie du taxi est mis sur pied par l’entremise du ministère du Transport et celui de l’Industrie et du Commerce.

Au début des années 1980, les ravages du SIDA se font sentir et les populations haïtiennes sont particulièrement touchées. Au Québec, les personnes haïtiennes récemment émigrées se font faussement accuser de porter le virus, et la Croix-Rouge canadienne leur déconseille fortement de donner du sang. Avec d’autres organismes, le BCCHM forme un comité pour dénoncer ces propos diffamatoires et ces pratiques discriminatoires qui ont pour effet de stigmatiser l’ensemble de la communauté haïtienne. (Voir aussi Préjugés et discrimination au Canada.)

Vecteur de changement social

En 1972, BCCHM met en place un service de francisation. (Voir Langue française au Canada.) L’année suivante, le programme devient le centre d’alphabétisation et d’insertion sociale Centre N A Rive (« Nous y arriverons » en créole).

Dans les années 1970, le manque de services à la petite enfance se fait sentir auprès des familles haïtiennes. En 1975, le BCCHM est interpellé pour pallier le problème. La garderie Ami-Soleil, aujourd'hui le CPE Ami-Soleil, est inaugurée en 1977 dans un local adjacent à ceux du BCCHM. Ces efforts contribuent à l’avènement des centres de la petite enfance (CPE) au Québec.

En 1980, le BCCHM participe à la création d’une radio communautaire francophone de l’est de Montréal, qui deviendra CIBL-FM. Les cofondateurs du BCCHM, Paul Déjean et Karl Lévêque, y animent tous deux des émissions.

Le présent et l’avenir

En 2020, le BCHM lance le programme Option Protection (OP) en collaboration avec la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ). L’objectif de cette initiative est de réduire les signalements à la DPJ visant des enfants issus des communautés noires, qui y sont surreprésentés, en intervenant auprès des familles grâce à la médiation culturelle.

En 2022, le BCHM fête son 50e anniversaire. À l’occasion des célébrations, l’organisme dévoile le projet « Village du BCHM : LAKOU PATAJ ». On compte faire l'acquisition du bâtiment où se trouve l'organisme. Les locaux seront également agrandis et réaménagés pour mieux servir la population. Les plans comptent notamment des appartements destinés à des enfants sous la tutelle de la DPJ. Le projet de modernisation s’inspire de l’architecture haïtienne et du concept des lakou, qui regroupe plusieurs maisons autour d’une cour centrale et d’un espace commun.

Prix et distinctions

Le 28 mars 1985, le ministère des Communautés culturelles et de l’Immigration du Québec décerne le prix des Communautés culturelles à Paul Déjean pour ses réalisations remarquables auprès de la communauté haïtienne notamment par l’entremise du BCCHM.

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