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Campagne électorale au Canada

Une campagne électorale est un effort concerté pour mettre en candidature et procéder à l’élection des personnes désirant exercer une charge publique. Dans une démocratie représentative, les campagnes électorales sont la voie principale par laquelle les électeurs sont informés des positions d’un parti politique ou d’un candidat. La conduite des campagnes au Canada a évolué graduellement au cours de près de deux siècles. Elle a surtout adapté surtout les pratiques britanniques et américaines en matière de campagne électorale aux besoins d’une fédération parlementaire possédant deux langues officielles. Les campagnes ont lieu tant au niveau fédéral, provincial, territorial que municipal. Les campagnes fédérales et provinciales sont des courses au parti dans lesquelles les candidats représentent des partis politiques. Les campagnes municipales – et celles des territoires tels les Territoires du Nord-Ouest et le Nunavut – sont menées par des individus plutôt que des partis.

Élections et les médias

John Turner entourépar des reporters.
(photo de Hans Deryk/avec la permission de la Presse canadienne)


Contexte historique

Le Canada possède une longue histoire en matière de campagnes électorales. Les institutions politiques représentatives ont été implantées dans les colonies de l’Amérique du Nord britannique, soit le Bas-Canada, le Haut-Canada, la Nouvelle-Écosse et le Nouveau-Brunswick, avant la fin du 18esiècle. (Voir aussi La Nouvelle-Écosse, berceau de la démocratie parlementaire canadienne.) Les premières campagnes se sont déroulées avant même que des partis politiques organisés soient formés et étaient donc principalement constituées d’efforts individuels dans les circonscriptions locales. (Voir aussi Administration locale.)

Jusqu’à ce qu’un gouvernement responsable soit institué au milieu du 19esiècle, le gouverneur de chaque colonie, représentant de la Couronne britannique, intervenait fréquemment dans les campagnes électorales ; il garantissait l’élection de députés qui collaboreraient avec lui et qui lui permettraient d’obtenir les fonds nécessaires à son gouvernement.

Une fois le gouvernement responsable institué, les chefs du gouvernement et de l’opposition tentaient de coordonner les campagnes de leurs partisans. Leur but : en faire élire le plus grand nombre possible.

Sir Wilfrid Laurier

Sir Wilfrid Laurier en campagne électorale.
William Lyon Mackenzie King | William Lyon Mackenzie King / Bibliothèque et Archives Canada / C-005599


Avec l’avènement de la Confédération en 1867, les campagnes se sont étendues à un vaste territoire géographique. Les campagnes électorales de 1867, 1872 et 1874 ont été menées de façon très décentralisée. Elles se conformaient principalement aux lois et aux traditions déjà en vigueur, avant la Confédération, dans les différentes provinces.

Contrairement à leurs homologues d’aujourd’hui, les premières campagnes ne menaient pas à un seul jour de vote. En effet, le vote s’étalait sur plusieurs semaines. En effet, certaines circonscriptions votaient à des dates différentes. Cela permettait au gouvernement de planifier le vote de façon à ce que ses comtés les plus sûrs votent tôt. Leur but était de créer un effet d’entraînement qui convaincrait les électeurs des circonscriptions moins sûres d’emboîter le pas et d’élire les candidats sortants. Les circonscriptions réputées être les bastions de l’opposition votaient les dernières pour ne pas décourager les partisans du gouvernement. Les chefs de parti et autres personnalités étaient souvent candidats dans plus d’une circonscription afin de s’assurer un siège. (Voir aussi Les balbutiements du droit de vote au Canada.)

À l’intérieur de chaque circonscription, le vote pouvait s’étaler sur deux jours. Il se faisait à main levée plutôt que par bulletin secret, et l’intimidation et les pots-de-vin constituaient donc un aspect courant et plus ou moins toléré de ces campagnes. (Voir Corruption politique; Conflit d’intérêts.) Le petit nombre d’électeurs facilitait une approche plus personnelle qu’il n’est possible aujourd’hui. Des politiciens chevronnés comme le premier ministre John A. Macdonald connaissaient la plupart de leurs partisans par leur nom. À l’élection de 1867, une moyenne de moins de 1 500 votes par circonscription est enregistrée.


Première campagne moderne

La campagne électorale de 1878 est, par certains côtés, la première campagne moderne. Presque tous les candidats sont rattachés à l’un des deux partis inscrits, libéral ou conservateur. Les partis se distinguent clairement sur des enjeux politiques qui ont été longuement débattus pendant la campagne. La victoire des conservateurs est interprétée comme le mandat de mettre en œuvre son programme sur la protection tarifaire et sur l’achèvement rapide du chemin de fer du Canadien Pacifique.

Pratiquement toutes les circonscriptions votent le même jour, et pour la première fois à bulletin secret. C’est également la première élection où les candidats doivent nommer un agent officiel et faire rapport de leurs dépenses électorales. Les modes de fonctionnement les plus importants, que les campagnes ultérieures ont retenus, sont mis en place en 1878. Les premières dispositions relatives aux élections nationales sont promulguées en 1885. Elles jettent les bases du système actuel. Le processus électoral canadien est désormais national; les mêmes règles de base sont en vigueur dans tout le pays.

Sir Wilfrid Laurier

Laurier a mené avec succès des campagnes pour devenir premier ministre en 1896, en 1900, en 1904 et en 1908.
(avec la permission des Bibliothèque et Archives Canada/C-5598)


Stratégies

Les campagnes électorales modernes sont des opérations soigneusement planifiées et coordonnées qui demandent une longue préparation et un contrôle centralisé. Le chef d’un parti nomme un comité de campagne dont le président lui fait directement rapport. Des personnes choisies sont responsables des différents aspects de la campagne, dont le financement, la publicité, la logistique des déplacements, les relations avec les médias et la mesure de l’opinion publique.

Au Parti libéral, il est d’usage de mener une campagne séparée pour le Québec qui fait directement rapport au chef national. Cela est attribuable au fait que le Québec a sa propre politique culturelle. Celle-ci est souvent accompagnée de priorités et d’enjeux différents que le reste du Canada et qui se reflètent dans les médias francophones. Pour le Parti conservateur et le Nouveau Parti démocratique (NPD), les campagnes fédérales au Québec ne sont qu’une partie des opérations nationales jusqu’au milieu des années 1980. Cela change pour les conservateurs après qu’ils remportent une grande majorité des sièges du Québec en 1984. Le NPD suit peu de temps après.

La planification d’une campagne est plus facile pour le parti qui gouverne. En effet, c’est normalement le premier ministre fédéral qui décide de la date des élections. Elle est choisie de manière à avantager la campagne du parti au pouvoir ou à désavantager l’opposition. La décision tient donc compte des conditions économiques qui prévalent, de la popularité du gouvernement et de l’état de son programme législatif au Parlement. Cet important avantage s’envole toutefois lorsque la tenue de l’élection est provoquée par un vote de confiance perdu à la Chambre des communes (par exemple, les élections fédérales de 1926, de 1963 et de 1980). Puisqu’une élection doit avoir lieu tous les cinq ans au moins, un premier ministre peut aussi perdre cet avantage en laissant l’élection se tenir à la date prédéterminée.

Les stratégies des campagnes doivent aussi tenir compte du fait que les Canadiens manifestent leur appui aux partis à divers degrés. Chaque parti cherche d’abord à mobiliser ses propres partisans (ce que l’on appelle la « base » du parti). Il tente ensuite de s’assurer les votes des sympathisants potentiels et enfin, de convaincre autant d’électeurs indécis que possible. Les partis au pouvoir vantent leurs réalisations et annoncent des initiatives visant à gagner les indécis. Les partis d’opposition attaquent les réalisations du gouvernement et promettent de faire mieux.

Enjeux des campagnes

Les enjeux des campagnes naissent du débat entre le gouvernement et l’Opposition. À l’occasion. Les enjeux naissent aussi parfois de façon imprévisible, modifiant soudainement le programme politique, comme l’a fait la crise des réfugiés syriens en 2015. On ne rencontre pas d’enjeux bien définis dans chaque campagne. En partie pour cette raison, et en partie parce que les partis canadiens ne se distinguent pas franchement par leur idéologie, les campagnes se concentrent sur les traits de caractère et sur les capacités présumées des chefs de parti. Les partis tentent donc de familiariser l’électorat avec les chefs et à le convaincre de leur donner son appui. Ils ont donc souvent recours à des attaques ouvertes envers les chefs des autres partis.

Parmi les campagnes électorales fédérales qui ont été dominées par des enjeux particuliers figurent celles de 1878 (la politique nationale), de 1891 (la réciprocité avec les États-Unis), de 1896 (question des écoles du Manitoba), de 1911 (encore la réciprocité), de 1917 (la conscription), de 1926 (les pouvoirs constitutionnels du gouverneur général dans l’affaire King-Byng), de 1957 (l’imposition de laclôturepar le gouvernement pour mettre fin audébat sur le pipeline), de 1963 (les armes nucléaires), de 1974 (le contrôle des salaires et des prix) et de 1988 (le libre-échange avec les États-Unis).

La plupart de ces questions ont été soulevées par l’Opposition plutôt que par le gouvernement. La majorité de ces campagnes mène à la défaite du parti au pouvoir. La campagne de 1988, au cours de laquelle le gouvernement a demandé et reçu le mandat de mettre en œuvre le libre-échange, fut une exception. Lorsque l’Opposition ne réussit pas à imposer un début sur un enjeu spécifique, le parti au pouvoir est typiquement réélu. Le parti au pouvoir préfère faire valoir ses compétences et ses réalisations plutôt que de mettre de l’avant un enjeu particulier.

Les enjeux les plus importants pour les Canadiens peuvent changer d’une élection à l’autre. La position des partis peut également changer au fil du temps. Par exemple, en 1911, les libéraux au pouvoir sont favorables à un accord commercial global et réciproque avec les États-Unis. Les conservateurs s’y opposent et gagnent le pouvoir. En 1988, ces positions sont inversées.

Pendant les campagnes électorales, les partis tentent de concentrer l’attention des électeurs sur les questions pour lesquelles ils sont généralement considérés comme les plus compétents. C’est cette lutte pour définir les critères selon lesquels les électeurs évaluent les partis et les dirigeants qui définit les élections.

William Lyon Mackenzie King

W.L.M. King pendant la campagne électorale de 1926.
(avec la permission des Bibliothèque et Archives Canada/PA-13886)


Leadership

Typiquement, les campagnes mettent l’accent sur la personnalité, le charisme et les traits du chef. Ce phénomène est souvent déploré par ceux qui préfèrent une approche plus rationnelle et plus intellectuelle, plus orientée vers les programmes de la politique. Or, ce n’est pas un phénomène nouveau, comme ces vieux slogans le prouvent : « Le vieil homme, le vieux drapeau, le vieux parti » (utilisé pour la dernière campagne de John A. Macdonald en 1891), « Laissons Laurier finir le travail » (1908), « King ou le chaos » (1935) et « C’est le temps d’un gouvernement Diefenbaker » (1957). Dans tous ces cas, le leader mentionné a gagné l’élection.

Au cours des premières campagnes, l’influence qu’avaient les chefs et leur image sur les électeurs ne pouvait s’exercer directement sur l’électorat. Ils devaient compter sur l’éloquence des candidats locaux et sur les quotidiens qui les appuyaient. Aujourd’hui, grâce aux communications et aux transports modernes, particulièrement les débats télévisés, les chefs de parti ou du moins leur image publique, sont beaucoup mieux connus des électeurs.

Durant les premières élections canadiennes du 19esiècle, John A. Macdonald et ses adversaires libérauxAlexander Mackenzie et Edward Blake, ne faisaient campagne que dans le centre du Canada. Wilfrid Laurier est, en 1917, le premier chef de parti à visiter les provinces de l’Ouest pendant une campagne. William Lyon Mackenzie King ne visite pas le Québec, bastion de son parti, pendant sa campagne victorieuse de 1921.

On s’attend aujourd’hui à ce que les chefs des partis nationaux fassent campagne dans chaque province. La préparation de l’horaire du chef pendant les deux mois que dure la campagne constitue une tâche fort importante. Les chefs de parti qui exerçaient un mandat jusqu’à John Diefenbaker, incluant celui-ci, ont surtout recours aux chemins de fer pour leurs voyages. Les chefs d’aujourd’hui utilisent des autobus et des avions nolisés, affichant souvent le logo de leur parti. À chaque arrêt de leur tournée, les chefs promettent de nouvelles initiatives d’intérêt local.

Politique, débat

John Turner et Brian Mulroney, au cours de leur débat acrimonieux retransmis à la télévision.
(photo de Fred Chartrand)


Médias

Les communications électroniques ont permis aux électeurs d’entendre et de voir les chefs de parti sans quitter leur foyer. La radiodiffusion nationale des discours des chefs de parti est réalisée pour la première fois pendant la campagne fédérale de 1930. La télévision est mise à contribution pendant la campagne de 1957. À la fin du 20esiècle, la télévision par câble diffusant uniquement des nouvelles a amené les événements de campagne quotidiens en direct dans les foyers des électeurs. Elle a aussi raccourci le cycle des nouvelles de plusieurs jours ou semaines à une période de 24 heures. Au 21esiècle, l’Internet, les téléphones cellulaires et les médias sociaux permettent aux campagnes d’atteindre les électeurs pratiquement partout. Les communications instantanées ont aussi raccourci le cycle des nouvelles de quelques heures.

La télévision et l’Internet ont rendu inutile d’amener un grand nombre d’électeurs à assister aux rassemblements politiques. Les chefs de parti s’adressent encore à des foules dans les stades et les auditoriums, mais ces événements sont aujourd’hui surtout suivis par les journalistes et les militants travaillant à la campagne locale du parti. Les militants sont souvent emmenés aux rassemblements par des autobus affrétés pour s’assurer qu’aucun siège vide ne sera vu par l’électorat observant l’événement à la télévision ou en ligne. La télévision est peut-être le média qui a le plus changé les campagnes en concours d’images plutôt que d’idées. Dans les campagnes modernes, le chef qui jouit du plus gros avantage est souvent celui qui semble le plus digne de confiance et attachant à la télévision selon son apparence et ses propos plutôt que le parti avec la meilleure politique.

Publicité

La publicité électorale est devenue un élément essentiel de toute campagne. On a commencé à utiliser les techniques publicitaires modernes dans les campagnes électorales avant la Deuxième Guerre mondiale. Aujourd’hui, des agences de publicité sont souvent embauchées à l’année par les partis politiques et pas seulement durant les campagnes. Ces agences exercent une grande influence sur le façonnement des stratégies de campagne et conseillent les dirigeants canadiens. Slogans, tracts, affiches, macarons et autres articles de promotion, annonces dans les quotidiens, et vidéos tendent tous à créer l’« image » voulue du parti, de ses dirigeants et de ses orientations. La majorité du budget publicitaire des partis est désormais consacrée à la télévision.

Même le développement des politiques et les idées avancées par les dirigeants et les partis pendant une campagne, sont souvent déterminées par les conseillers en publicité et en marketing embauchés pour façonner «la marque» du parti et son « message » et non par les experts en politique et les politiciens eux-mêmes. Pendant une campagne, la « discipline du message » est imposée aux candidats de parti par les stratégistes qui travaillent dans les bureaux de l’antichambre et que les électeurs ne connaîtront peut-être jamais. Ceux qui critiquent de telles méthodes disent que les techniques modernes de marketing et de valorisation de la marque ont pris trop d’importance, de sorte que l’authenticité des candidats et de ce qu’ils disent a diminué.

La publicité négative est aussi vieille que la démocratie elle-même, tout comme c’est le cas des attaques qui critiquent directement ou qui soulèvent des doutes sur un parti politique adverse et son dirigeant. Il y a un vaste débat au pays au sujet du caractère approprié des campagnes publicitaires négatives. En effet, certains croient qu’elles détournent les électeurs de tout le processus politique et réduisent fortement le taux de participation des électeurs le jour des élections. D’autres disent que la publicité négative est un outil légitime dans les campagnes. Ils ajoutent qu’on l’utilise pour la bonne et simple raison qu’elle fonctionne, en nuisant aux chances électorales du candidat ciblé. Parfois, la publicité négative a l’effet inverse. Un des exemples les plus spectaculaires de ce phénomène est une publicité télévisée des progressistes-conservateurs pendant la campagne électorale de 1993. Cette publicité soulignait la difformité du visage du chef libéral Jean Chrétien, atteint de paralysie de Bell. La publicité a été sévèrement condamnée, Jean Chrétien a été élu premier ministre et les conservateurs ont connu leur plus grande défaite de leur histoire.

Sondage

Les campagnes modernes sont également modifiées par les techniques d’échantillonnage et de mesure de l’opinion publique. La mesure des performances des partis par des organismes de recherche indépendants est publiée régulièrement dans les médias. Ces données peuvent affecter le déroulement des élections en créant, pendant la campagne, un effet d’entraînement. Les partis eux-mêmes emploient leurs propres sondeurs et firmes de sondage (dont les résultats ne sont normalement pas publiés) pour identifier leurs forces et leurs faiblesses, pour évaluer les réactions des électeurs face aux chefs, aux candidats et aux enjeux et pour déterminer l’image et la marque particulières d’une campagne.

Centres de planification nationaux

La télévision et l’Internet, le transport aérien et les techniques modernes de mesure et de manipulation de l’opinion publique ont tous contribué à accroître l’importance d’une organisation centralisée dans une campagne nationale ou provinciale. Le siège national est le cœur d’une campagne fédérale moderne. Il est donc souvent situé à Toronto ou Ottawa. Il comprend une équipe de stratégistes, de conseillers, d’annonceurs, de sondeurs, de spécialistes de la logistique et de personnel des relations avec les médias, menée par un directeur de campagne et travaillant dans un « centre de planification ». Là, ils déterminent les annonces et les messages quotidiens qu’émettra le dirigeant, réagissent à des déclarations des candidats de l’opposition ou de groupes d’intérêts spéciaux et traitent les demandes des médias et les messages.

Un deuxième groupe plus petit de conseillers et de planificateurs accompagne le chef de parti pendant sa campagne partout au pays. Il demeure en contact étroit avec le siège national. Le bureau de campagne nationale donne une orientation stratégique aux bureaux de campagne d’un parti et aux campagnes de circonscription locales.

Justin Trudeau

60738123 © Jamie Roach | Dreamstime.com | 60738123 © Jamie Roach | Dreamstime.com


Circonscriptions locales

De bonnes campagnes locales au niveau de la circonscription restent néanmoins nécessaires pour s’assurer la victoire. (Voir aussi Administration locale.) Les campagnes locales sont principalement sous la responsabilité du candidat, de son agent officiel et de son président de campagne local. Elles visent surtout à faire connaître le candidat à un grand nombre d’électeurs, à identifier les électeurs qui sont susceptibles d’appuyer le candidat et à s’assurer que ces électeurs aillent voter. Le candidat atteint son premier objectif principalement au moyen du porte-à-porte. Les visites d’usines et de mines sont également de mise dans les circonscriptions où des industries emploient un grand nombre d’électeurs. Les associations communautaires des quartiers de la classe moyenne organisent souvent des débats entre les candidats locaux. L’opinion généralement répandue, toutefois, est que seuls ceux qui ont déjà fait leur choix y assistent.

Identifier les sympathisants était facile au temps des collectivités rurales et des petites villes stables du Canada de Macdonald et de Laurier. Aujourd’hui, dans les quartiers à population diversifiée et très mobile des villes modernes, seule une armée de solliciteurs d’un parti politique visitant chaque maison au moins une fois pendant la campagne peut y arriver. Le jour de l’élection, ils vérifient régulièrement si les sympathisants vont voter, et peuvent même offrir de les transporter jusqu’au bureau de vote.

Les campagnes locales, qui, de façon générale, sont aujourd’hui honnêtes et justes, ne l’ont pas toujours été. Dans les régions rurales, il était autrefois habituel de suborner les électeurs avec un repas, de l’alcool ou de l’argent. (Voir Corruption politique.) Dans les plus grandes villes, et particulièrement à Montréal avant la Révolution tranquille, la fraude électorale sévissait par l’usurpation de l’identité d’autres électeurs, l’inscription de noms fictifs sur la liste électorale, le vol de boîtes de scrutin ou l’intimidation des militants de l’autre parti par la menace ou la violence. Une réglementation plus stricte des campagnes et l’avènement d’un électorat mieux nanti et plus éduqué ont causé la disparition de ces fraudes. La manipulation de l’électorat par la publicité, l’opération d’envergure de valorisation de l’image de marque et la création d’images des chefs de parti et des candidats au détriment de l’authenticité et la fréquence avec laquelle les promesses électorales restent sans lendemain soulèvent toutefois encore des questions sur la qualité du processus démocratique.

Voir aussi Financement des partis politiques au Canada; Participation politique; Système de partis; Systèmes électoraux canadiens; Directeur général des élections; Comportement électoral.

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