Article

Caribou

Le caribou est membre de la famille des cervidés. Différentes sous-espèces ont été identifiées en fonction de leur aire de répartition et de leur comportement. Au Canada, les caribous sont généralement classés suivant trois types : le caribou de Peary, le caribou de la toundra et le caribou des bois. La plupart des provinces canadiennes abritent au moins une de ces sous-espèces, à l'exception des Maritimes.
Caribou
Peary Caribou at Qausuittuq National Park
Woodland Caribou, Parc National des Grands-Jardins, Quebec, 2017.
Peary caribou in Qausuittuq National Park

Le caribou (Rangifer tarandus) appartient à la même famille que celle des cerfs (cervidés). Leur taille dépend de la sous-espèce à laquelle ils appartiennent, les mâles pesant entre 125 et 275 kg, les femelles entre 90 et 139 kg et les nouveau-nés entre 5 et 9 kg. Chez les cervidés, le caribou se distingue par le fait que les mâles et les femelles portent chacun des bois. Les mâles adultes portent des bois de grande taille dotés de rameaux aplatis en forme de mains tandis que les femelles arborent des versions similaires mais plus petites. La robe va du blanc cassé chez certaines populations de la toundra au brun foncé chez les hardes de caribous des bois. Elle varie d’une saison à l’autre (plus sombre en été, plus claire en hiver). Les sabots du caribou sont larges et entourés d'une couronne dense de poils creux, une adaptation qui les protège du froid et les aide à nager. Ils sont d’ailleurs les meilleurs nageurs parmi les cervidés ainsi que les meilleurs coureurs, deux qualités qui les aident à échapper à leurs prédateurs.

Distribution et habitat

Le caribou est apparu en Amérique du Nord et a ensuite colonisé l’Eurasie où il est connu sous le nom de renne. Les fossiles de caribou les plus anciens d’Amérique du Nord datent d’il y a 1,3 à 1,8 million d’années et ont été trouvés en Alaska et dans le Nord-Ouest du Yukon. Ces animaux sont devenus les caribous de la toundra (R.t. groenlandicus), qui se sont éparpillés vers l’est jusqu’à la baie d’Hudson . Aujourd’hui, on observe ces caribous dans la toundra qui s’étend de l’Alaska jusqu’à l’île de Baffin.

Les caribous des bois (R.t. caribou) ont survécu dans les Appalaches à l’ère du Pléistocène, quelque fois appelée la grande époque glaciaire. Ils sont ensuite remontés vers le Nord et ont atteint les régions de l’Ontario et du Québec il y a 10 000 ans. Ils ont également colonisé la péninsule du Québec-Labrador. Aujourd’hui, les caribous des bois se rencontrent dans presque toutes les provinces et territoires canadiens, à l’exception du Nunavut et des provinces Maritimes.

Il est possible que le caribou de Peary (R.t. pearyi) ait traversé le Pléistocène sur l’île Banks puis qu’il ait colonisé les îles de la Reine-Elizabeth. On peut encore aujourd’hui les observer sur ces îles, vivant entièrement à l’intérieur de l’archipel Aarctique du Canada.

Migration

Le caribou de la toundra est probablement le mammifère terrestre d'Amérique du Nord qui couvre le plus de terrain. Au printemps, les caribous de la toundra femelles migrent en nombre sur des centaines de kilomètres pour rejoindre leurs lieux de vêlage arctiques où le fourrage est limité et la phénologie (époque de l’année à laquelle les plantes vertes commencent à apparaître au printemps) tardive, avec souvent une couverture de neige encore présente sur le sol. Cette migration permet aux animaux de s’éloigner de la zone boisée à l’intérieur de laquelle les loups ont l’habitude de s’établir. Les femelles améliorent ainsi les chances de survie de leur progéniture. Les caribous des bois femelles migrent généralement sur moins de 50 km et s’éloignent alors des autres femelles et des autres proies convoitées par leurs prédateurs, telles que les orignaux. Elles préfèrent les pentes des massifs élevés, les îles et les rivages où elles auront moins de risques d'être repérées par les prédateurs ou d'où elles pourront éventuellement fuir en nageant.

Reproduction et développement

La mère met bas un seul petit entre mai et juin. La gestation dure environ 228 à 234 jours et la saison du rut est en octobre. La longévité maximale est de 13 ans pour les mâles, 17 ans pour les femelles. L’âge du premier accouplement (un à trois ans) dépend de la taille de l'individu et donc de la qualité de l'alimentation durant la période estivale. Les caribous ont plusieurs partenaires. Les mâles recherchent des fourrages nutritifs pour maximiser leur taille et ainsi mieux concurrencer les autres mâles. Les femelles augmentent leur aptitude à se reproduire en choisissant un habitat sécuritaire pour élever leur unique petit. Cette dichotomie fait que les femelles sont plus craintives que les mâles.

Relation avec les humains

De nombreux Autochtones chassent le caribou à des fins de subsistance. Ils attendent tous les ans la longue file de caribous qui suit le même sentier depuis plusieurs milliers d’années. Certains groupes autochtones ont joué un rôle primordial pour la protection de l’habitat de certaines populations de caribous, notamment dans les parcs nationaux Tuktut Nogait et Vuntut.

Défis

Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) a inscrit le caribou de Peary et la population de caribous des bois de la Gaspésie-Atlantique sur la liste des espèces « en voie de disparition. La population boréale et la population des montagnes du Sud des caribous des bois ont été classées « menacées » tandis que la population des montagnes du Nord a été classée « préoccupante ». La population Dolphin-et-Union des caribous de la toundra a également été classée « préoccupante ». Une autre sous-espèce autrefois rencontrée en Colombie-Britannique (R.t. dawsoni) est considérée comme « disparue » depuis les années 1920. (Voir Animaux en voie de disparition.)

Les pertes d’habitat constituent un des vecteurs clés du déclin des caribous des bois. Ces pertes résultent notamment des activités industrielles telles que la foresterie et l’exploitation minière ainsi que les constructions de routes et de pipelines qui les accompagnent souvent.

Le réchauffement climatique affecte aussi les caribous. Les températures plus douces ont permis aux caribous et aux cerfs de s’étendre plus au nord. L’abondance des prédateurs dépendant de l’abondance de leurs proies, les loups, couguars et les coyotes élargissent eux aussi leur aire de répartition et deviennent plus nombreux. Le caribou des bois du Sud, contrairement à l’original et au cerf, ne peut pas coexister avec un si grand nombre de prédateurs et il disparaîtra si l’homme n’intervient pas.

Plus au nord, le réchauffement climatique se traduit par une couverture plus importante de la végétation par une croûte de glace ou de neige dure, ce qui entraîne un moindre taux de natalité et plus de famines au sein des populations de caribous de Peary et de caribous de la toundra. Dans le cas du caribou de la toundra, les températures plus douces affectent les itinéraires de migration puisque la glace de mer sur laquelle se déplaçaient les animaux fond de plus en plus. (Voir Changement du climat.)

En savoir plus