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Centre des sciences de la santé de l'Université McMaster

Le Centre des sciences de la santé de l'Université McMaster (MHSC), conçu par la firme d'architectes Craig, Zeidler & Strong, ouvre ses portes au public le 27 mai 1972.

Centre des sciences de la santé de l'Université McMaster

Le Centre des sciences de la santé de l'Université McMaster (MHSC), conçu par la firme d'architectes Craig, Zeidler & Strong, ouvre ses portes au public le 27 mai 1972. De nombreuses revues d'architecture de l'époque décrivent l'édifice de 122 446 m2 situé à Hamilton, en Ontario, comme un centre de soins de santé aux approches architecturales visionnaires. L'innovation réside dans l'architecture longiligne de sa structure porteuse au cœur de laquelle les différents services de base sont considérés comme des unités mobiles pouvant être « branchées » à une super structure. Ce faisant, le bâtiment change de forme et gagne en superficie au rythme de l'évolution des besoins en soins de santé.

Situé à l'entrée du campus, le MHSC est un élément clé du projet d'agrandissement du campus élaboré par le recteur de l'Université McMaster, le docteur Harry Thode, et est perçu comme l'élément architectural du programme médical interdisciplinaire expérimental de l'université. Le nouveau centre offre un espace et des services permettant l'intégration de la recherche, de l'enseignement et de la prestation de soins aux patients dans un seul établissement. Avant la construction du MHSC, toutes les activités du centre hospitalier se chevauchaient, mais les laboratoires, les salles de cours et les hôpitaux se trouvaient dans plusieurs édifices. Dans le cadre de la Commission royale sur les services de santé de 1964, un plan complet d'amélioration de la qualité des services et de l'accès aux soins de santé est mis en œuvre et le MHSC fait l'annonce d'un tournant décisif dans l'histoire de la médecine au Canada : le centre des sciences de la santé remplacera désormais le centre hospitalier.

Les architectes, qui jouent un rôle central dans ce changement, gardent à l'esprit les thèmes de la joie et de la souplesse lors de la conception du MHSC. Craig, Zeidler & Strong excluent la pratique courante consistant à superposer les différents services reliés par un ascenseur situé au centre d'une tour et optent plutôt pour une répartition des fonctions autour de quatre ascenseurs. Les visiteurs entrent par la rue Main au deuxième étage de la structure de quatre étages et, au lieu d'une esthétique aseptisée, ils trouvent des enseignes directionnelles, des tapis à rayures, des images graphiques et des magasins, le tout très coloré. Ensuite, l'Esplanade est une grande cour découpée dans le centre du bâtiment pour y ajouter un accès à partir du campus ainsi qu'un espace organisationnel pour les diverses activités du centre. Afin de répondre aux besoins variables du personnel, des étudiants et des patients, le réseau mécanique hautement sophistiqué est installé à même la superstructure. Assez grand pour qu'on s'y déplace debout, cet espace interstitiel permet de brancher l'équipement au réseau partout où cela est nécessaire. Témoignant de l'optimisme qui marque cette ère, l'architecte Eberhard Zeidler déclare dans son ouvrage Healing the Hospital, McMaster Health Science Centre: Its Conception and Evolution qu'une telle adaptabilité est en soi la cinquième dimension de l'architecture.

Du point de vue architectural, le MHSC est au cœur de la polémique entourant la construction de mégastructures dans les années 1960 et 1970. Le concept de la superstructure au cœur de laquelle peuvent être greffés de petits bâtiments est popularisé par le mouvement architectural Archigram. Les tours sont délaissées pour faire place aux bâtiments horizontaux qui, selon les défenseurs de ce mouvement, offrent une meilleure efficacité. Louis Kahn utilise un concept reposant sur l'espace interstitiel pour le Salk Institute en 1966. En fusionnant les concepts architecturaux de l'époque, Craig, Zeidler & Strong créent, comme Reyner Banham l'affirme dans Megastructure: Urban Futures of the Recent Past, « la quintessence de la mégastructure hospitalière ». Bien que la superficie de l'espace occupée par le Centre des sciences de la santé n'ait pas augmenté et qu'il n'offre pas la souplesse prévue lors de sa construction, la conception du réseau d'équipements de McMaster annonce des changements majeurs, tels que l'utilisation de l'espace interstitiel dans l'architecturale des édifices de soins, qui transforment le paysage médical au Canada.