Christi Belcourt | l'Encyclopédie Canadienne

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Christi Belcourt

Christi Belcourt, artiste visuelle, militante et auteure métisse (née le 24 septembre 1966 à Scarborough, en Ontario). Quoique née en Ontario, Christi Belcourt est issue de la communauté manitow sâkahikan (Lac Ste Anne), en Alberta. Les couleurs vives et les thèmes de l’art de Christi Belcourt reflètent l’interconnexion de la nature et des êtres humains. Les œuvres de l’artiste donnent une grande place à la lutte pour l’identité et la souveraineté autochtones. L’activisme de Belcourt se concentre sur les enjeux autochtones liés à la justice, à l’éducation et à la notion de réconciliation significative. (Voir aussi Art autochtone contemporain et Artistes autochtones importants au Canada).

Jeunesse

Christi Belcourt naît de l’union entre Judith Pierce Martin et Tony Belcourt. Sa famille métisse, qui comprend plus tard son frère Shane et sa sœur Suzanne, a ses racines dans la communauté de Manitou Sakhigan (Lac Ste-Anne), en Alberta. Jusqu’aux quatre ans de Christi, la famille vit à Edmonton. En 1970, ils déménagent à Ottawa lorsque son père devient le président fondateur du Conseil autochtone du Canada, maintenant appelé Congrès des peuples autochtones.

Christi Belcourt traverse une période sombre de sa vie lorsqu’elle quitte l’école et sombre dans un cycle d’alcoolisme et de toxicomanie. C’est l’aîné odawa Wilfred Pelletier qui l’encourage à mettre fin à ce mode de vie autodestructeur et à renouer avec son ascendance autochtone. De ce cheminement personnel naît la passion de Christi pour l’art, en particulier pour le perlage métis. Avec le temps, l’artiste apprend à représenter le perlage dans des peintures acryliques sur toile.

Art

Plusieurs des peintures de Christi Belcourt font partie des collections permanentes de galeries prestigieuses. Parmi celles-ci, citons le Gabriel Dumont Institute, le Musée des beaux-arts du Canada, le Musée des beaux-arts de l’Ontario, le First Peoples Hall du Musée canadien de l’histoire et les édifices du Parlement.

L’une de ses peintures les plus puissamment évocatrices est Bloodletting: Does This Make You More Comfortable with Who I Am? (2004), un autoportrait qui montre Christi Belcourt assise sur une chaise, faisant face au spectateur avec de grands yeux troublés. Elle présente plusieurs coupures sur son bras droit tendu, qui saigne dans un bol sur ses genoux, tandis qu’elle tient une plume d’aigle dans sa main gauche. Sur une table devant elle se trouvent une bouteille de bière et des mégots de cigarettes.

Le tableau se veut biographique, dans la mesure où il évoque les années sombres de l’artiste, mais il incite également les spectateurs à réfléchir aux effets de la lutte des Autochtones pour leur identité. La peinture est inspirée par le fait que Christi Belcourt s’est fait dire qu’elle ne pouvait pas demander de financement pour les arts parce qu’elle était Métisse et Indienne non inscrite. La peinture exprime la douleur et la colère qu’elle a ressenties lorsqu’elle a été confrontée aux systèmes de colonisation.

Une autre des nombreuses œuvres célèbres de Christi Belcourt est une peinture acrylique sur toile intitulée My Heart Is Beautiful. Christi Belcourt a profité d’un été en nature en Saskatchewan pour faire des croquis de plantes. Cette grande toile de 3,6 m sur 2,4 m rend hommage au perlage par l’utilisation d’environ 250 000 points de couleurs vives sur un fond noir. Elle représente des animaux et des plantes et arbres entrelacés, démontrant que tout est lié dans la nature. Les racines des plantes sont représentées pour nous rappeler que, comme elle le dit, « il y a plus de vie que ce que nous voyons à la surface… et nous avons besoin d’être nourris par la Terre Mère pour survivre. »

The Wisdom of the Universe (2014) est lumineux, coloré et montre des animaux et des plantes que le gouvernement canadien a répertoriés comme étant en danger ou déjà disparus. Christi Belcourt explique qu’elle voulait que cette grande peinture rappelle aux spectateurs à quel point nos pratiques non durables nuisent aux plantes et aux animaux et endommagent la planète. De juin 2019 à janvier 2021, The Wisdom of the Universe fait partie d’une tournée américaine d’art autochtone dans quatre villes.

La plupart des artistes et des galeries interdisent aux spectateurs de toucher les tableaux. Christi Belcourt, en revanche, encourage les gens à toucher et à sentir la peinture. Le fait de toucher son œuvre permet d’apprécier véritablement la métaphore des milliers de points qui la composent – chacun étant distinct et unique, mais faisant partie d’un ensemble plus vaste.

Le saviez-vous?
Christi Belcourt a collaboré avec la maison de couture Valentino, basée à Milan. Son œuvre d’art Water Song a été présentée dans la collection féminine du printemps 2016.


Activisme

Christi Belcourt organise et, grâce au sociofinancement, subventionne une exposition itinérante intitulée Walking With Our Sisters. Elle consiste en plus de 1763 empeignes (la partie supérieure des mocassins) perlées de manière complexe. Chaque paire d’empeignes est donnée et représente une femme ou fille autochtone assassinée ou disparue. Les empeignes sont disposées sur un tissu rouge qui forme un chemin sur le sol. Le fait que seule la partie supérieure des mocassins forme l’exposition symbolise les vies incomplètes des femmes et des filles disparues. Ces expositions utilisent ainsi l’art comme une cérémonie et une méthode d’éducation et de guérison. La première exposition est inaugurée à Edmonton à l’automne 2013 et est ensuite présentée dans plus de 30 galeries et musées au Canada et aux États-Unis.

En novembre 2014, Christi Belcourt et son collègue artiste Isaac Murdoch créent le collectif Onaman, composé d’environnementalistes et d’artistes autochtones qui partagent la conviction qu’il faut revenir aux voies des ancêtres. Les travaux du collectif Onaman se concentrent sur l’invitation des jeunes autochtones à retrouver les connaissances traditionnelles par la création d’art, la construction de canots, la fabrication de raquettes et bien plus encore. Le groupe effectue également des recherches et des présentations sur une foule de sujets tels que les pictogrammes et les sites sacrés.

L’année 2017 a marqué le 150e anniversaire de la Confédération canadienne. Pour l’occasion, Christi Belcourt a cocréé #Résistance150 pour rappeler aux Canadiens et Canadiennes que les peuples autochtones sont sur le territoire depuis plus de 15 000 ans et que le colonialisme et le racisme systémique demeurent un problème important. Elle est rejoint par d’autres artistes autochtones qui ont créé des œuvres d’art qui parlent du besoin de nouvelles perspectives et de guérison.

Écriture

Le premier livre de Christi Belcourt, Medicines to Help Us, est publié en 2007. Il est basé sur sa peinture du même nom et comprend 27 impressions de haute qualité de ses peintures et un livret les décrivant. Il est nommé pour le Saskatchewan Book Award en 2008.

Giniigaaniimenaaning (Looking ahead): Description of the Design est un livret de six pages publié en 2012. Accompagné de photographies, il décrit et interprète un vitrail que Christi Belcourt a créé et qui raconte l’histoire des peuples autochtones et la façon dont la danse, les cérémonies et le soin des enfants à naître offrent des clés pour la réconciliation et un avenir meilleur et plus durable.

Keetsahnak: Our Missing and Murdered Indigenous Sisters est un recueil d’essais, publié en 2018, et édité par Christi Belcourt, Kim Anderson et Maria Campbell. Christi Belcourt y signe le prologue intitulé « Walking Dreams: Reflections on Walking With Our Sisters ». Elle y décrit l’exposition itinérante Walking With Our Sisters et réfléchit aux tentatives du gouvernement Trudeau de s’attaquer à la question des femmes et des filles autochtones disparues et assassinées et à la question connexe du racisme systémique.

Prix

  • Prix du premier ministre de l’Ontario pour l’excellence dans les arts, Prix de l’artiste (2016)
  • Prix du Gouverneur général pour l’innovation (2016)
  • Prix du public du Musée des beaux-arts de l’Ontario pour The Wisdom of the Universe (2015)
  • Lauréate du Prix des arts autochtones, Conseil des arts de l’Ontario (2014)
  • Femmes influentes du Nord de l’Ontario, Prix du leadership autochtone (2014)

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