David Kejick (également orthographié Kisek, Kesick ou Keejick), DCM, trappeur, guide, soldat, héros de guerre et chef anishinaabe (ojibwé) (né le 20 juin 1896, dans la collectivité des Premières Nations de Shoal Lake, en Ontario; décédé le 1er mars 1969, à Shoal Lake, en Ontario). David Kejick a servi dans le Corps expéditionnaire canadien (CEC) au cours de la Première Guerre mondiale et a reçu la Médaille de conduite distinguée (DCM) pour ses actions héroïques au combat pendant les dernières semaines de la guerre.
David Kejick (debout) avec Moses Land, vers1916. Avec la permission du Kenora Great War Project.
Première Guerre mondiale
David Kejick est originaire de la Première Nation de Shoal Lake, en Ontario, officiellement connue aujourd’hui sous son nom traditionnel de Première Nation indépendante Iskatewizaagegan no 39. Il s’enrôle à Kenora, en Ontario, sous le nom de « Kisek », le 26 septembre 1916, dans le 141e Bataillon (district de la rivière Rainy) (Border Bull‑Moose). L’unité est basée à Fort Frances, avec des bureaux de recrutement à Fort William et à Port Arthur, en Ontario (deux localités fusionnées sous le nom de Thunder Bay, en 1970). En août 1916, il est envoyé, avec d’autres bénévoles de Kenora, à Port Arthur, où il passe l’automne et l’hiver à s’entraîner.
En avril 1917, le 141e part de Port Arthur en train pour Halifax, la première étape de son départ vers l’Europe. Le bataillon quitte Halifax le 28 avril 1917 à bord du SS Olympic et accoste dans le port britannique de Liverpool, le 7 mai. À leur arrivée, David Kejick et les soldats du 141e Bataillon sont intégrés au 18e Bataillon de réserve pour fournir des renforts sur le terrain au Corps expéditionnaire canadien (voir Corps expéditionnaire canadien). Pendant les cinq mois suivants, les hommes s’entraînent en Grande‑Bretagne.
David Kejick est ensuite transféré au 52e Bataillon (nouvel Ontario), une unité formée dans le nord‑ouest de l’Ontario. Il débarque en France le 27 septembre 1917. Comme tous les nouveaux soldats arrivant sur le continent, il est orienté vers un dépôt de base, puis vers le camp de renfort nouvellement créé du Corps expéditionnaire canadien, avant d’être envoyé dans son unité sur le terrain. Le 4 novembre, il intègre le 52e Bataillon, affecté à la 9e Brigade d’infanterie de la 3e Division du Canada.
À l’époque, le 52e stationne dans le saillant d’Ypres, en Belgique, où il participe aux combats massifs pour s’emparer de la crête de Passchendaele (voir La bataille de Passchendaele). Cette bataille en est venue à symboliser les conditions terribles dans lesquelles les soldats canadiens ont vécu, ont combattu et sont morts pendant la Première Guerre mondiale. Lorsque David Kejick intègre sa nouvelle unité, dans le cadre d’un groupe de renfort, elle a déjà subi de lourdes pertes au cours de cette longue bataille. Après la capture de la crête, le bataillon poursuit ses déplacements dans les tranchées de première ligne et subit des pertes supplémentaires à l’occasion de combats qui constituent le baptême du feu du natif de Shoal Lake.
Après Passchendaele, le Corps expéditionnaire canadien quitte le saillant d’Ypres en direction du sud dans la région de Lens, en France (voir Bataille de la côte 70). Là, il passe l’hiver et le printemps à tenir une longue portion de la ligne de front. Bien que, durant cette période, le Corps expéditionnaire canadien ne participe à aucune bataille majeure, le 52e et d’autres bataillons alternent régulièrement entre des séjours dans les tranchées de première ligne, des périodes de réserve, des périodes de repos, des activités de patrouille et des raids. À l’arrivée de l’été, les soldats sont formés aux nouvelles tactiques de guerre ouverte et au combat avec des chars et des avions. Puis, début août, le Corps part pour la région d’Amiens, en France, en prévision des derniers assauts de la guerre.
Monument dédié aux soldats autochtones, comme Frank Narcisse Jérome, qui ont combattu pendant la Première et la Deuxième Guerre mondiale.
Médaille de conduite distinguée
On appelle « les cent jours du Canada » la période s’étalant du 8 août au 11 novembre 1918, au cours de laquelle le Corps expéditionnaire canadien joue un rôle prépondérant dans le succès de l’avancée des forces alliées, depuis Amiens jusqu’à Mons, en Belgique. Cette progression est marquée par une série de batailles épiques, parmi lesquelles celles d’Amiens, de la ligne Drocourt‑Quéant, du canal du Nord, de la ligne Hindenburg, de Cambrai, de Valenciennes et de Mons. Ensemble, ces batailles représentent le plus grand exploit militaire de l’histoire du Canada.
David Kejick contribue à ces prouesses étonnantes des Canadiens et reçoit la Médaille de conduite distinguée (DCM) pour sa bravoure au cours des cent jours. Le 1er octobre 1918, six semaines seulement avant l’armistice du 11 novembre, il combat sur une haute crête de terrain, à l’est de Tilloy‑les‑Cambrai, le 55e jour des cent jours. Sa citation pour la remise de sa médaille indique que ce jour‑là : « il fit preuve d’un courage et d’une vivacité d’esprit exceptionnels durant l’attaque sur les positions ennemies ». Cette journée marque également la fin officielle de la bataille, ayant commencé le 27 septembre, pour traverser le canal du Nord partiellement achevé.
La citation se poursuit en ces termes : « Lorsque sa compagnie était aux prises avec un tir nourri, de sa propre initiative, il a couru à découvert et, mitrailleuse Lewis à la hanche, il a tiré quatre tambours (des chargeurs de 47 cartouches s’enclenchant sur la partie supérieure de l’arme) sur les mitrailleuses ennemies. Son tir était tellement efficace qu’un détachement de la compagnie sur la droite a pu avancer et s’emparer des quatre mitrailleuses, ainsi que de quelque soixante‑dix prisonniers, dont l’un était un officier ennemi. Il a fait un travail remarquable. » Les combats à l’est de Tilloy‑les‑Cambrai constituent les seuls événements marquants de la guerre le 1er octobre.
Vie après‑guerre
David Kejick reçoit sa Médaille de conduite distinguée (DCM) en Belgique, le 13 décembre 1918, alors qu’il attend son rapatriement au Canada. Le 10 février 1919, il revient tout d’abord en Grande‑Bretagne, avant de s’embarquer, à Southampton, le 17 mars, sur le SS Olympic (navire jumeau du Titanic dont on connaît la fin tragique). Lorsque le 52e arrive à Port Arthur, en Ontario, ses soldats sont accueillis lors d’une immense réception, l’unité étant démobilisée sur place le 31 mars. La réception de Port Arthur est suivie d’une autre, pour les anciens combattants de Kenora, à Kenora, le 1er avril. Cette dernière a lieu à l’hôtel Tourist, en présence de plus de 200 anciens combattants de retour au pays.
David Kejick retourne à Shoal Lake, où il travaille comme guide de pêche et élève une famille de cinq enfants. On sait de lui qu’il était un homme bon et humble, toujours volontaire pour aider les autres dans le besoin. Il était également un membre actif de la collectivité. Comme son père, il est élu chef de la Première Nation de Shoal Lake, une fonction qu’il occupera pendant trois mandats successifs, de mai 1935 à juin 1944. Au cours de la visite du roi George VI et de la reine Elizabeth au Canada en 1939, il est présenté au couple royal, à Winnipeg, vêtu de sa « parure autochtone décorée de franges en peau de daim et en queues d’hermine », mesurant « près de 2 m dans ses mocassins ». Il porte sa DCM enfouie dans les plis de ses vêtements.
Des descendants de David Kejick se réunissent lors du changement de nom du manège militaire de Kenora en son honneur, Kenora, Ontario, 29 septembre 2018
Postérité
David Kejick est l’un des soldats autochtones les plus décorés de la Première Guerre mondiale. Le village de Kejick, ainsi que l’école et le bureau de poste de Shoal Lake, ont été nommés en son honneur. Son nom figure sur la plaque des héros, anciens combattants anishinaabe (ojibwés), au Ne‑Chee Friendship Centre à Kenora, en Ontario. En septembre 2018, le manège militaire de Kenora est renommé manège militaire du soldat David Kejick, DCM, en reconnaissance de son statut de soldat le plus décoré de la région de Kenora.