Douglas Kirkland | l'Encyclopédie Canadienne

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Douglas Kirkland

Douglas Morely Kirkland, photographe (né le 16 août 1934 à Toronto, en Ontario; décédé le 2 octobre 2022 à Los Angeles, en Californie). Le photographe Douglas Kirkland est surtout connu pour ses portraits très stylisés et artistiques de célébrités hollywoodiennes. Son œuvre la plus notoire est une série de photos de Marilyn Monroe prises en 1961. L’artiste est aussi reconnu pour ses photos dans les coulisses de plusieurs productions cinématographiques. Premier photographe de plateau à devenir membre de l’American Society of Cinematographers (Société américaine des directeurs de la photographie), Douglas Kirkland est aussi auteur de plusieurs livres et récipiendaire de nombreux prix.

Jeunesse

Douglas Kirkland grandit à Fort Erie, en Ontario. Son père, tailleur, fabrique des costumes sur mesure dans une boutique de la rue Jarvis. Enfant, le futur photographe se rappelle nettement avoir attendu avec impatience chaque semaine l’arrivée du magazine Life. Tous les vendredis, il prend le temps, avec son père, de passer en revue chaque photo du magazine et de discuter de leur signification. Dans différentes entrevues, Douglas Kirkland affirme que son père et ce rituel sont à l’origine de l’amour qu’il porte à la photographie.

Douglas Kirkland reçoit à sept ou huit ans son premier appareil photo, une boîte photographique Kodak Brownie bon marché. C’était la Deuxième Guerre mondiale et les pellicules sont difficiles à obtenir pour les civils. La toute première photo qu’il prend est de sa famille, réunie dans le froid sur le porche avant le jour de Noël.

Éducation

L’intérêt de Douglas Kirkland pour la photographie se développe alors qu’il est encore enfant. Au début de l’adolescence, il travaille déjà comme photographe lors de mariages, puis il est accepté à l’école secondaire professionnelle Seneca, de l’autre côté de la rivière Niagara, à Buffalo, dans l’État de New York. À l’époque, il s’agit de la seule école secondaire à enseigner la photographie en Amérique du Nord.

Pendant ses études secondaires, Douglas Kirkland découvre l’Institut de photographie de New York. Déterminé à y étudier, il dort dans un YMCA à New York pour pouvoir assister à ses cours. Il rentre ensuite à Fort Erie lorsque ses parents expriment des préoccupations quant à la conscription américaine durant la guerre de Corée.

Débuts professionnels

Douglas Kirkland continue de travailler dans le sud de l’Ontario après le secondaire, notamment à titre de photographe pour le Fort Erie Times-Review. Il travaille également pour la Welland Tribune, où il affirme avoir appris à « penser comme un éditeur », s’assurant de toujours prendre des photos dignes d’être imprimées chaque fois qu’il décroche un contrat.

Croyant qu’il a de meilleures ouvertures professionnelles aux États-Unis, Douglas Kirkland déménage au sud de la frontière, dénichant un emploi dans un studio de photographie à Richmond, en Virginie. Son photographe favori de l’époque est Irving Penn, qui travaille pour Vogue. Il lui écrit à plusieurs reprises et reçoit une réponse de sa part à sa troisième tentative. Même si Irving Penn n’a aucun poste à temps plein à lui offrir, il l’invite tout de même à venir le rencontrer.

Irving Penn offre finalement à Douglas Kirkland de devenir son apprenti et lui propose un salaire de 65 $ par semaine. Le jeune photographe s’installe donc au New Jersey avec sa jeune famille. Il suit ensuite Irving Penn jusqu’en Floride pour travailler comme apprenti et l’aider à transporter son équipement. Il en profite alors pour en apprendre le plus possible. Cependant, la situation n’est pas viable à long terme, puisque son salaire ne suffit pas pour subvenir aux besoins de sa famille. L’artiste affirme toutefois en entrevue que l’expérience lui a appris des leçons importantes sur son art et sur l’impact qu’il pouvait avoir.

Douglas Kirkland retourne ensuite avec sa famille à Buffalo. Ce pas en arrière sera toutefois bref : le photographe sera embauché par le magazine Look à peine deux ans plus tard. À l’âge de 24 ans, il devient ainsi le deuxième plus jeune photographe à être embauché par ce magazine américain de grande renommée, après Stanley Kubrick, qui a rejoint l’équipe à 17 ans.

Réalisations professionnelles

Pendant qu’il travaille pour Look, Douglas Kirkland consolide sa réputation d’expert en photographie grâce à un talent pour la prise de photos intimes et artistiques. Ses photos de Marilyn Monroe prises en 1961, environ un an avant le décès de celle-ci, deviennent presque aussitôt légendaires. Environ à la même époque, il prend aussi des photos marquantes d’Elizabeth Taylor, d’Audrey Hepburn, de Marlene Dietrich et de Judy Garland.

À ce stade-ci de sa carrière, il n’est pas rare que Douglas Kirkland passe ses semaines à prendre des photos du quotidien partout aux États-Unis, visitant des lieux exotiques la fin de semaine venue. Ses essais photographiques, comptant jusqu’à une douzaine de pages, passent souvent sous les yeux de plus de la moitié des Américains. Douglas Kirkland réussit à se spécialiser en photographie de célébrités hollywoodiennes grâce à son éthique de travail et à sa capacité à rendre plus réelles des vedettes qui semblent autrement inaccessibles. Parmi les célébrités qu’il prend en photo, on compte notamment Sophia Loren, Catherine Deneuve, Charlie Chaplin, Coco Chanel, Diana Ross, Michael Jackson, Andy Warhol, Orson Welles, Mick Jagger, Arnold Schwarzenegger, Morgan Freeman et Leonardo DiCaprio.

Douglas Kirkland travaille aussi pendant un an pour le magazine Life, celui-là même qui l’a inspiré à devenir photographe, jusqu’à ce qu’il ferme ses portes en 1972.

L’artiste mène également une carrière importante en tant que photographe de plateau, où il est amené à immortaliser les coulisses de plus de 100 plateaux de tournage. Certaines de ces photos sont d’ailleurs compilées dans des livres. Il travaille notamment sur The Sound of Music (1965; v.f. La mélodie du bonheur), Butch Cassidy and the Sundance Kid (1969; v.f. Butch Cassidy et le Kid), 2001: A Space Odyssey (1968; v.f. 2001, l’Odyssée de l’espace), Saturday Night Fever (1977; v.f. La fièvre du samedi soir), Out of Africa (1985; v.f. Souvenirs d’Afrique), Titanic (1997) et Moulin Rouge! (2001; v.f. Moulin Rouge). Son livre intitulé James Cameron’s Titanic (trad. Titanic, James Cameron : Le livre du film) est le premier livre de photographie à atteindre le sommet de la liste des livres à succès du New York Times.

Le dernier projet de Douglas Kirkland, qu’il amorce en 2020, l’amène à prendre des photos de la pandémie de COVID-19 avec une caméra argentique 8x10.

Vie personnelle

Pendant l’un de ses contrats de photo avec Audrey Hepburn, Douglas Kirkland rencontre la fille de l’agente de presse de l’actrice, Françoise, qui deviendra sa deuxième femme. Les deux restent mariés jusqu’à ce que le photographe décède de causes naturelles à 88 ans. Douglas Kirkland a trois enfants avec sa première femme : Karen, Lisa et Mark. Son fils est un chef-animateur qui a travaillé, entre autres, sur bon nombre d’épisodes des Simpson.

Collections

L’œuvre de Douglas Kirkland peut être observée à la Smithsonian Institution, à la National Portrait Gallery (Galerie nationale de portraits) à Londres, à la National Portrait Gallery of Australia (Galerie nationale de portraits de l’Australie), à Canberra, ainsi qu’à l’Academy of Motion Picture Arts and Sciences (Académie des arts et des sciences du cinéma), à Los Angeles.

Prix et distinctions

Douglas Kirkland est le premier photographe de plateau à devenir membre de l’American Society of Cinematographers (Société américaine des directeurs de la photographie). Il remporte de nombreux prix, y compris un prix de la Society of Camera Operators (Société des opérateurs de prise de vues) pour l’ensemble de sa carrière en 1995, un prix Lucie pour sa contribution exceptionnelle à la photographie récréative en 2003 et le prix Golden Eye of Russia en avril 2006.

En février 2011, l’American Society of Cinematographers offre à Douglas Kirkland le prix des Présidents. Le Festival international du film de Taormine lui décerne également un ruban argenté spécial à l’été 2015.

En septembre 2017, le consul général du Canada à Los Angeles offre à Douglas Kirkland un prix d’excellence en reconnaissance de ses réussites remarquables tout au long de sa carrière. Pour reconnaître sa carrière en photo, les Canadian Arts and Fashion Awards (prix canadiens pour l’art et la mode) lui décernent de leur côté un prix pour ses réalisations exceptionnelles en 2019.

(Voir aussi Photographie au Canada.)