Hugh Segal C.M., O.Ont., sénateur, stratège politique, universitaire, administrateur, auteur, spécialiste (né le 13 octobre 1950 à Montréal, au Québec; décédé le 9 août 2023 à Kingston, en Ontario). Hugh Segal a été une figure marquante de la politique canadienne pendant plus de cinq décennies. Il a été chef de cabinet du premier ministre de l’Ontario, Bill Davis, et du premier ministre Brian Mulroney. Il a été candidat à la course à la direction du Parti progressiste-conservateur en 1998, se classant deuxième derrière Joe Clark. Très apprécié et respecté de toutes les lignes de parti, Hugh Segal a été nommé au Sénat par le premier ministre Paul Martin en 2005. Il a siégé au Sénat jusqu’en 2014, année à laquelle il est devenu maître du Collège Massey de l’Université de Toronto. Il a également été professeur à l’Université Queen’s et président de l’Institut de recherche en politiques publiques (IRPP).

Jeunesse et éducation
Hugh Segal grandit dans la pauvreté dans le quartier du Plateau à Montréal dans les années 1950 et 1960. À cette époque, le quartier est principalement habité par des immigrants juifs et européens. Son père, Morris, est souvent au chômage. Sa mère, Sadye, maintient la famille à flot en travaillant dans une pharmacie ouverte toute la nuit. Hugh Segal raconte que la situation financière de sa famille est souvent précaire. À plusieurs reprises, des huissiers viennent saisir la voiture et les meubles de la famille. C’est grâce à l’aide de ses proches que Hugh Segal bénéficie d’une éducation de qualité.
Hugh Segal décide de consacrer sa vie à la fonction publique lorsque le premier ministre John Diefenbaker visite son école pour parler de la Déclaration canadienne des droits. À la suite de cette visite du premier ministre du Canada, il s’engage auprès du Parti progressiste-conservateur. Il est impressionné par la description que fait John Diefenbaker du Canada en tant que démocratie ouverte et libre où les gens vivent dans la présomption d’innocence. Il annonce son soutien au premier ministre à table le soir même, ce qui déplaît à son père qui a travaillé comme directeur de campagne du Parti libéral.
Hugh Segal étudie ensuite l’histoire à l’Université d’Ottawa. Il devient l’assistant du chef du Parti progressiste-conservateur, Robert Stanfield. Il se présente aux élections fédérales de 1972 et de 1974 en tant que candidat conservateur dans la circonscription d’Ottawa-Centre. Il perd les deux fois. Mais son appétit pour la politique n’en est pas diminué pour autant.
Carrière politique
S’étant présenté deux fois sous la bannière du parti progressiste-conservateur du Canada avec lequel il tisse des liens étroits, Hugh Segal s’illustre comme secrétaire principal et secrétaire associé du Conseil des ministres sous Bill Davis, premier ministre de l’Ontario de 1971 à 1985. Pendant les négociations constitutionnelles tendues de 1980‑1982, Hugh Segal devient l’homme de confiance de Bill Davis. (Voir Rapatriement de la Constitution.) Succédant à John Tory, il devient le secrétaire du premier ministre Davis. Ce dernier évoque que Hugh Segal est aussi brillant que drôle.
Hugh Segal quitte la politique en 1983 pour faire carrière en marketing et en publicité. Il demeure un spécialiste et un analyste populaire de la politique canadienne. Reconnu et apprécié, il devient chef de cabinet du premier ministre Brian Mulroney. Le pays est de nouveau empêtré dans des débats complexes et souvent acrimonieux concernant l’Accord de Charlottetown et l’Accord de libre-échange nord-américain. La personnalité affable de Hugh Segal et son penchant pour la résolution de problèmes sont grandement appréciés.
Hugh Segal se porte candidat à la direction du Parti progressiste-conservateur en 1998. Il arrive deuxième derrière l’ancien premier ministre Joe Clark. Il est nommé au Sénat du Canada par le premier ministre libéral Paul Martin en 2005, qui dit de lui qu’il est presque universellement apprécié, et qu’il est doté « d’une vivacité d’esprit et d’une acuité intellectuelle ». Pendant son passage au Sénat, Hugh Segal occupe les postes de président du Comité des affaires étrangères et du Comité sénatorial spécial sur l’antiterrorisme.
Tout au long de sa carrière politique, Hugh Segal défend souvent des causes impopulaires auprès des conservateurs de la base. Il défend les laissés-pour-compte et milite en faveur des libertés civiles, même lorsque ce n’est pas populaire ou opportun d’un point de vue politique. Il défend notamment le bilinguisme officiel et les droits des hommes homosexuels en Ontario.
Carrière d’administrateur et d’universitaire
Hugh Segal siège au Sénat jusqu’en 2014. Cette même année, il devient maître du Collège Massey, l’établissement d’enseignement supérieur d’élite de l’Université de Toronto. Il est président de l’Institut de recherche en politiques publiques (IRPP), un centre d’études et de recherches basé à Montréal, et professeur et administrateur à l’Université Queen’s. Il est membre émérite de l’École des études politiques et directeur du Centre de politique internationale et de défense de l’Université Queen’s. Il est également président du conseil consultatif externe de l’École d’études politiques, ainsi que directeur et instructeur du Programme d’administration publique de l’Université Queen’s. Hugh Segal est aussi conseiller stratégique principal au sein du cabinet d’avocats Aird & Berlis LLP et membre émérite de l’École Munk des affaires internationales.
Revenu de base universel
Hugh Segal n’a jamais oublié qu’il a vécu dans la pauvreté pendant son enfance. Au cours de sa carrière politique, il milite en faveur d’un revenu de base universel (également appelé revenu annuel de base ou revenu annuel garanti) pour sortir les gens de la pauvreté. Son dernier livre, Bootstraps Need Boots: One Tory’s Lonely Fight to End Poverty in Canada (2019), témoigne de sa conviction selon laquelle les personnes très pauvres ne peuvent s’affranchir de la pauvreté sans aide.
Hugh Segal est un éminent défenseur conservateur d’un programme de revenu annuel de base pour tous les Canadiens. Il s’intéresse d’abord à l’idée lorsqu’il est étudiant à l’université, puis défend sa cause lorsqu’il devient sénateur. Son rêve n’est toutefois que partiellement réalisé. La première ministre de l’Ontario, Kathleen Wynne, demande à Hugh Segal de la conseiller sur l’élaboration d’un projet pilote de revenu de base universel. Il est lancé en 2017 et bénéficie à 4 000 Ontariens d’Hamilton, de Lindsay et de Thunder Bay. Bien que le projet soit une réussite selon certaines recherches, il est annulé par le premier ministre conservateur Doug Ford peu après son entrée en fonction en 2018. Hugh Segal est profondément déçu par l’annulation du programme et se dit embarrassé d’être associé au parti qu’il l’a tué.
Prix et distinctions
Hugh Segal est nommé membre de l’Ordre du Canada en 2003. Son engagement à améliorer la qualité du débat politique public, ainsi que son travail philanthropique sont soulignés lors de son investiture.
En 2014, Hugh Segal reçoit de la Société Churchill le prix d’excellence pour l’avancement de la démocratie parlementaire. En 2015, l’Institut de la Conférence des associations de la défense lui décerne le Prix Vimy pour sa contribution importante et exceptionnelle à la défense et à la sécurité de notre nation et à la préservation de nos valeurs démocratiques. Il est également capitaine de vaisseau honoraire de la Marine royale canadienne.
En 2016, Hugh Segal est promu officier de l’Ordre du Canada pour ses états de service en tant que président du Comité des affaires étrangères du Sénat, notamment pour sa contribution à la modernisation du programme canadien d’aide au développement international et pour son expertise en matière de sécurité nationale. Il est aussi salué pour son travail d’observation des droits de la personne et pour son engagement dans la fonction publique. Il est également nommé à l’Ordre de l’Ontario en 2016. Il reçoit des diplômes honorifiques de l’Université Queen’s, de l’Université d’Ottawa et du Collège militaire royal du Canada.