Jagmeet « Jimmy » Singh Dhaliwal, chef du Nouveau Parti démocratique du Canada depuis 2017, député fédéral, député provincial, avocat (né le 2 janvier 1979 à Scarborough en Ontario). Jagmeet Singh a été député provincial de l’Ontario de 2011 à 2017, jusqu’à ce qu’il remporte la direction du Nouveau Parti démocratique (NPD) fédéral. Il est ainsi devenu le premier chef racialisé d’un grand parti politique national au Canada. Il est également le premier sikh portant un turban à être élu à l’Assemblée législative de l’Ontario. Jagmeet Singh a toujours obtenu de meilleurs résultats que les autres chefs de partis fédéraux dans les sondages d’opinion publique, mais cela ne s’est pas encore traduit par un succès électoral à l’échelle nationale. Jagmeet Singh a été député de Burnaby-Sud (maintenant Barnaby-Centre) de 2019 au 28 avril 2025, lorsqu’il a perdu les élections et a annoncé sa démission en tant que chef du parti.
Jeunesse et éducation
Jagmeet Singh naît à Scarborough en Ontario. Il est l’aîné des trois enfants de Harmeet Kaur, sa mère, et de son père Jagtaran Singh, qui est psychiatre. Alors qu’il a un an, Jagmeet Singh est envoyé dans le Pendjab en Inde, la région natale de sa famille, pour vivre avec ses grands-parents. À l’époque, ses parents luttent pour boucler leurs fins de mois tout en s’occupant du bébé. Harmeet travaille dans une banque, tandis que Jagtaran travaille comme gardien de sécurité et il étudie en même temps pour obtenir une nouvelle certification médicale (il a fait sa formation de médecin en Inde, mais il doit obtenir un diplôme au Canada s’il veut y exercer sa profession). Malgré tout, Jagmeet Singh retrouve rapidement ses parents. La famille s’installe à St. John’s à Terre-Neuve-et-Labrador, où son père étudie à l’Université Memorial. C’est là que sa sœur Manjot et son frère Gurratan naissent. Jagmeet Singh apprend l’anglais à Terre-Neuve-et-Labrador où il est connu sous le nom de « Jimmy ».
Lorsque Jagmeet Singh a sept ans, sa famille déménage à Windsor en Ontario, où il grandit. Il commence à utiliser son prénom, Jagmeet. Préoccupé par l’intimidation, son père l’envoie étudier à l’école privée Detroit Country Day School aux États-Unis, de l’autre côté de la rivière qui longe Windsor. Jagmeet y excelle dans les études et dans le sport. Conformément à la coutume égalitaire sikhe, qui vise à réduire l’influence du système des castes et de la distinction sociale, il utilise le nom de famille Singh plutôt que Dhaliwal.
Après ses études secondaires, Jagmeet Singh fréquente l’Université Western, où il obtient un baccalauréat ès sciences en biologie, avant d’aller étudier au Osgoode Hall Law School de Toronto.
Début de carrière
Jagmeet Singh passe la majeure partie de sa jeunesse dans le foyer du Nouveau Parti démocrate (NPD) qu’est Windsor. Mais il affirme qu’il ne commence à s’intéresser à la politique partisane qu’après avoir travaillé comme avocat de la défense en droit pénal à Brampton en Ontario. « Je ne suis pas un activiste de parti de longue date, on peut plutôt dire que je suis un sympathisant de longue date. La défense au criminel est un domaine un peu plus libéral, un peu plus de gauche, en raison de son aspect lié à la justice sociale. Nous sommes des défenseurs de la Charte canadienne », confie-t-il au Toronto Star.
Jagmeet Singh fait du bénévolat juridique pour des groupes de justice sociale qui luttent contre la pauvreté. Il aide également des immigrants et des réfugiés à revendiquer leurs droits, et il visite des campus universitaires pour donner des séminaires juridiques gratuits aux étudiants.

Élections fédérales de 2011
Bouleversé par les injustices dont il est témoin, Jagmeet Singh décide de se lancer en politique électorale. Il se présente aux élections fédérales de mai 2011 sous la bannière du NPD dans la circonscription de Bramalea-Gore-Malton. Le chef du NPD de l’époque, Jack Layton, guide les néo-démocrates vers leurs meilleurs résultats jamais obtenus dans l’histoire du parti, et celui-ci finit deuxième derrière les conservateurs du premier ministre Stephen Harper. Mais Jagmeet Singh ne surfe pas sur cette « vague orange » vers la victoire. Battu par 539 votes seulement, il termine deuxième derrière le conservateur Bal Gosal. Toutefois, il devance le député libéral sortant Gurbax Malhi, lui-même un pionnier en 1993, en tant que premier député portant un turban à être élu à l’extérieur de l’Inde.
Bien que Jagmeet Singh soit amèrement déçu de sa défaite, son excellent résultat enthousiasme les néo-démocrates. « Après cette première tentative, j’ai voulu prendre une pause », déclare-t-il. « C’est dur de perdre, surtout par si peu. Le parti et la communauté m’ont vraiment encouragé. Environ 200 ou 300 personnes m’ont appelé pour me dire “Ne lâche pas”. »
Politique provinciale
Jagmeet Singh se fait convaincre de se présenter sous la bannière du NPD de l’Ontario qui est dirigé par la chef Andrea Horwath, dans la même circonscription (Bramalea-Gore-Malton) pour les élections provinciales d’octobre 2011. Il attire de nombreux jeunes bénévoles qui considèrent son bureau de campagne comme un centre communautaire après l’école, et utilisant efficacement les réseaux sociaux, Jagmeet Singh remporte sa circonscription avec 38,16 % des voix, comparativement à 32,93 % pour le député libéral sortant, Kuldip Kular. Jagmeet Singh devient le premier député provincial du NPD à être élu dans la région de Peel.
À l’Assemblée législative de Queen’s Park, ce nouveau venu affable et charismatique fait une entrée remarquée. Avec sa BMW Z4 M rouge, son vélo pliant Brompton, ses complets taillés sur mesure et ses turbans colorés, Jagmeet Singh devient rapidement l’un des députés les plus en vue de la province. Ayant des dizaines de milliers d’abonnés sur Twitter et Instagram, il s’impose comme une des rares célébrités de la politique canadienne, et il est souvent photographié lors de chics réceptions dans les pages mondaines.
Le Toronto Star nomme Jagmeet Singh l’une des 12 personnalités à surveiller en 2012, louangeant ses compétences en jiu-jitsu brésilien et soulignant qu’il est le premier sikh portant un turban à siéger à l’Assemblée législative de l’Ontario.

Premier mandat de député provincial, de 2011 à 2014
À Queen’s Park, Jagmeet Singh défend la réforme de l’assurance automobile. Il présente également une motion en 2013 visant à obliger le nouveau gouvernement minoritaire libéral de Kathleen Wynne à progressivement réduire de 15 % les primes d’assurance auto pour les voitures des particuliers. La réduction de ces primes est une revendication clé du Nouveau Parti démocrate d’Andrea Horwath en échange de son soutien au gouvernement de Kathleen Wynne.
En décembre 2013, Jagmeet Singh se voit refuser un visa pour entrer en Inde en raison de commentaires qu’il a faits au sujet du bilan de ce pays en matière de droits de la personne. Jagmeet Singh essaie de se rendre à Amritsar en Inde pour y recevoir le prix SEWA Sikh of the Year. Il doit se contenter d’accepter cette distinction lors d’une présentation vidéo. Il dédie son prix à Bhai Gurbakhsh Singh Khalsa, un activiste indien des droits de la personne. Jagmeet Singh affirme que le consulat indien à Toronto lui a dit que son visa lui a été refusé parce qu’il est un « critique virulent » du traitement réservé aux minorités en Inde, notamment les sikhs, les musulmans et les chrétiens.
Le 2 mai 2014, Andrea Horwath annonce que les néo-démocrates, avec les progressistes-conservateurs de Tim Hudak, ne soutiennent pas le budget du gouvernement libéral. Ceci plonge l’Ontario dans une campagne électorale. Bien que le NPD ait déclenché ces élections anticipées, la campagne terne du parti est désorganisée et minée de querelles internes. Toujours solidaire, Jagmeet Singh est l’un des seuls députés provinciaux à assister au lancement du programme électoral du parti à l’Université de Toronto.
Deuxième mandat de député provincial, de 2014 à 2017
Lors des élections du 12 juin 2014, Jagmeet Singh conserve son siège. Mais le NPD perd du terrain. Il devient le troisième parti dans une législature dominée par un gouvernement libéral majoritaire. Malgré tout, Jagmeet Singh demeure très en vue.
Il se prononce très ouvertement en faveur de la fin des contrôles aléatoires de pièces d’identité, une pratique qui cible injustement les minorités racialisées. Il parle avec émotion de l’humiliation qu’il a lui-même ressentie en se faisant demander ses cartes d’identité par la police à Toronto et Windsor, affirmant au Toronto Star : « Je me suis senti intimidé. J’ai ressenti un sentiment d’insécurité, comme si je n’étais pas à ma place. »
Lorsque le gouvernement de Kathleen Wynne décide de ne pas accorder aux sikhs portant un ruban une exemption à la loi de l’Ontario sur le port du casque à moto, Jagmeet Singh fait remarquer qu’il existe un soutien au sein des caucus libéral, conservateur et néo-démocrate en faveur d’une exemption légale, ce qui est déjà en vigueur en Grande-Bretagne, en Colombie-Britannique et au Manitoba.
Le 20 avril 2015, Andrea Horwath annonce que Jagmeet Singh est nommé chef adjoint du NPD. Cette décision surprise survient alors que Jagmeet Singh refuse depuis plusieurs semaines les invitations du chef du NPD fédéral, Thomas Mulcair, pour se présenter aux élections fédérales de 2015. « Je n’aurais jamais pensé qu’un petit gars de Windsor pourrait un jour devenir chef adjoint d’un parti provincial, alors c’est un grand honneur », confie-t-il.
En 2016, Jagmeet Singh et quatre autres députés néo-démocrates s’opposent à une motion conjointe du Parti libéral et du Parti progressiste-conservateur dénonçant le mouvement BDS, soit boycottage, désinvestissement et sanctions, qui cible Israël. Jagmeet Singh souligne que la motion est contraire au « droit à la dissidence », mais la loi est facilement adoptée par l’Assemblée.
Course à la chefferie du NPD, 2017
Après les résultats décevants du NPD fédéral aux élections fédérales de 2015, le parti destitue son chef Thomas Mulcair en 2016, ouvrant la voie à une nouvelle course à la chefferie. Jagmeet Singh demeure discret quant à sa candidature à la direction, préférant plutôt profiter de sa célébrité en tant que député provincial. En février 2017, il est le sujet d’un article dans le magazine américain pour hommes GQ. L’article est intitulé « A Chat with Jagmeet Singh, the Incredibly Well-Dressed Rising Star in Canadian Politics » (Discussion avec Jagmeet Singh, l’incroyablement bien habillée étoile montante de la politique canadienne). Jagmeet Singh s’y dit honoré d’être considéré comme un potentiel chef fédéral.
Le 15 mai 2017, Jagmeet Singh lance sa campagne dans une salle de réception de Brampton, sous le slogan « With Love & Courage ». Son programme comprend un plan visant à décriminaliser toutes les drogues illégales afin de traiter la toxicomanie comme une crise de santé publique plutôt qu’un problème d’application de la loi, et visant également à abolir le profilage racial par des entités fédérales comme la GRC. Le plan inclut aussi l’engagement de réformer le système électoral canadien. (Voir aussi Réforme électorale au Canada.)
Lors des débats réunissant tous les candidats, Jagmeet Singh, le seul candidat issu de la scène provinciale, se fait demander à plusieurs reprises s’il se présenterait aux élections fédérales même s’il perd la direction du parti. « Je vais gagner, et après ma victoire, je vais me présenter aux élections fédérales », déclare-t-il lors d’un débat à Vancouver. Cette déclaration suscite une réaction de la part de la candidate et députée du Manitoba Niki Ashton qui souligne à quel point l’establishment du NPD considère Jagmeet Singh comme un intrus. Elle lui répond : « Je tiens à rappeler que ce sont les membres du parti qui décideront qui gagnera la course ».
Le moment le plus sensationnel de cette course à la chefferie, qui est autrement plutôt tranquille, survient lors d’un rassemblement à Brampton le 6 septembre 2017. Alors qu’il se tient à l’avant de la salle, Jagmeet Singh est interpellé par Jennifer Bush, une perturbatrice partisane d’un groupe marginal anti-islamique. Sous l’œil des caméras, une Jennifer Bush très agitée accuse Jagmeet Singh d’être « de mèche avec les Frères musulmans ». Jagmeet Singh demeure calme. Faisant preuve de sang-froid et de grâce sous la pression, il encourage ses partisans à scander « love and courage » (amour et courage) afin d’enterrer la voix de la perturbatrice. La vidéo de cette rencontre est visionnée 35 millions de fois en ligne après être devenue virale sur Twitter et Facebook. Jagmeet Singh est également félicité pour être demeuré impassible lorsque Jennifer Bush a affirmé qu’il était musulman. « Je n’ai pas répondu à la question, car ma réponse à l’islamophobie n’a jamais été de dire : “Je ne suis pas musulman”. Ma réponse a toujours été et sera toujours de dire que la haine est inacceptable. Une fois qu’on la laisse prendre racine, la haine ne fait pas de distinction. »
Cette affaire galvanise les néo-démocrates. Même si on sait déjà que Jagmeet Singh a vendu plus d’adhésions au parti que ses rivaux, sa position de favori s’en trouve renforcée.
Le 1er octobre 2017, Jagmeet Singh remporte la victoire dès le premier tour avec 53,8 % des voix. Son plus proche rival, le député ontarien Charlie Angus, obtient 19,4 %. Trois semaines après avoir remporté la direction du parti fédéral, Jagmeet Singh démissionne de son siège de Bramalea-Gore-Malton à l’Assemblée législative de l’Ontario. Il est accueilli par une ovation debout par les députés des trois partis lors de sa visite d’adieu à Queen’s Park. En février 2018, le magazine Toronto Life qualifie Jagmeet Singh de « plus grand showman » et de « superstar de la politique ».
Chef du NPD fédéral, de 2017 à 2019
Comme il n’a pas de siège à la Chambre des communes, Jagmeet Singh nomme un autre candidat à la chefferie, le député du Québec Guy Caron, comme chef du parti au Parlement. Ce choix est perçu comme une concession aux Québécois, qui ont joué un rôle essentiel dans le succès de Jack Layton en 2011, mais qui se méfient du nouveau chef. Jagmeet Singh se dit « confiant […] que nous serons en mesure de nous développer au Québec » lors de l’élection de 2019. Toutefois, il adopte une ferme position contre le controversé projet de loi 62 de cette province. Ce projet de loi veut interdire aux femmes musulmanes de donner ou de recevoir des services publics lorsqu’elles portent un voile couvrant leur visage.
Au début de son mandat, Jagmeet Singh fait la une des journaux lors d’une entrevue accordée à la télévision de la CBC. On lui demande s’il condamne les sikhs qui vénèrent et exposent des affiches de Talwinder Singh Parmar, le présumé cerveau de l’attentat contre le vol 182 d’Air India qui a fait 329 victimes en 1985. Jagmeet Singh qualifie l’attentat de « massacre odieux ». Cependant, il se garde de dénoncer les sikhs qui continuent de rendre hommage à Talwinder Singh Parmar. (Talwinder Singh Parmar a été torturé et tué par la police indienne en 1992.) « Je ne sais pas qui est responsable [de la tragédie d’Air India], mais je pense qu’il faut trouver les responsables, nous devons nous assurer que l’enquête mène à la condamnation de la personne qui est réellement responsable », affirme-t-il.
L’un des défis les plus importants auxquels Jagmeet Singh et le NPD fédéral doivent faire face est le projet d’expansion du pipeline Trans Mountain. Rachel Notley, la première ministre néo-démocrate de l’Alberta, soutient le projet. Cependant, John Horgan, le premier ministre néo-démocrate de la Colombie-Britannique, s’y oppose. Le gouvernement minoritaire de John Horgan dépend du soutien du Parti vert de la Colombie-Britannique et il est fermement déterminé à mettre un terme à l’expansion du pipeline. Ce conflit met Jagmeet Singh et le NPD fédéral dans une position difficile. Pendant des mois, Jagmeet Singh tente de rester neutre, demandant une évaluation environnementale plus approfondie du projet. Cependant, en mai 2018, il annonce son opposition, ce qui mène Rachel Notley à qualifier sa position de « naïve ». À ce stade, Jagmeet Singh n’a toujours pas de siège à la Chambre des communes. En août 2018, il annonce qu’il a l’intention de se présenter aux élections partielles de Burnaby South en Colombie-Britannique. Cette circonscription de la région de Vancouver est sans représentant depuis juin, moment où le député néo-démocrate Kennedy Stewart a démissionné pour se présenter aux élections municipales pour la mairie de Vancouver. (Kennedy Stewart gagne les élections et devient maire en octobre 2018.) Le 25 février 2019, Jagmeet Singh est élu député de Burnaby South avec 39 % des votes.
Élections fédérales de 2019
Le 16 juin 2019, Jagmeet Singh et le NPD annoncent « La vision du NPD : des résultats pour vous! », le programme électoral du parti pour les élections fédérales d’octobre. L’une de ses principales politiques est un régime national d’assurance-médicaments. La plateforme aborde également le changement climatique, s’engageant à mettre fin aux subventions aux compagnies pétrolières et gazières et à augmenter les objectifs en matière d’émissions. Le parti promet également d’étendre la couverture cellulaire et l’internet à large bande et de fixer des plafonds pour les factures d’internet et de téléphone cellulaire. De plus, le programme du NPD met l’accent sur le logement abordable et confirme son engagement envers la réconciliation et les droits des Autochtones. Il promet également de meilleurs logements, de l’eau potable et une meilleure éducation pour les communautés des Premières nations, des Inuits et des Métis. Pour aider à payer ces plans, le NPD propose d’augmenter le taux d’imposition des sociétés et le taux d’imposition du revenu le plus élevé, ainsi que d’imposer un nouvel impôt sur la fortune de 1 % sur les fortunes de plus de 20 millions de dollars.
Au cours de la campagne de 2019, Jagmeet Singh annonce plusieurs nouvelles politiques visant à soutenir et à accroître le soutien au Québec, où les sondages indiquent que les Québécois abandonnent largement le parti. Ces politiques incluent la promesse d’un financement accru pour l’intégration des immigrants, la reconnaissance de l’importance de l’autonomie culturelle du Québec, et un droit de veto efficace sur les projets d’infrastructure qui ont un impact environnemental, comme les pipelines. Jagmeet Singh suggère également qu’il pourrait faire du Québec, la seule province qui n’a pas signé la Constitution canadienne, un signataire. Il ne précise toutefois pas comment il a l’intention d’y parvenir.
Jagmeet Singh est également critiqué, y compris par certains membres de son propre parti, pour avoir déclaré avant la campagne électorale qu’il ne travaillerait pas avec le gouvernement conservateur s’il remportait un gouvernement minoritaire. Les critiques suggèrent que Jagmeet Singh reconnait ainsi que le NPD ne peut pas gagner les élections à lui seul. Ils disent qu’il abandonne également une monnaie d’échange potentiellement précieuse dans un tel cas.
Au début de la campagne électorale, Jagmeet Singh et le NPD sont pratiquement à égalité avec le parti vert d’Elizabeth May dans les sondages d’opinion publique. Cependant, à l’approche des élections, les néo-démocrates devancent les verts, en grande partie à cause de la performance de Jagmeet Singh dans les débats télévisés des chefs. De plus, Jagmeet Singh est félicité pour sa réaction lorsque des photos et une vidéo font surface montrant le chef libéral Justin Trudeau maquillé d’un visage noir à trois reprises. Au lieu de s’attarder sur le comportement ou les motivations de Justin Trudeau, Jagmeet Singh se concentre sur les gens qui ont été victimes de racisme :
« Les enfants qui voient cette image, les gens qui voient cette image vont se rappeler toutes les fois où on s’est moqués d’eux, où ils ont été blessés, frappés, insultés, où ils se sont sentis diminués à cause de qui ils sont… Je veux que vous sachiez que vous avez de l’importance, que vous avez de la valeur et que vous êtes aimé. Et je ne veux pas que vous laissiez tomber le Canada, et s’il vous plaît, ne vous laissez pas tomber vous-mêmes. »
À la fin de la campagne électorale, Jagmeet Singh et le NPD ont des raisons d’être optimistes, malgré les prédictions antérieures selon lesquelles le parti pourrait perdre sa position. Cependant, les élections fédérales du 21 octobre 2019 déçoivent à bien des égards. Alors que Jagmeet Singh conserve son siège à Burnaby-Sud, le NPD est réduit à 39 sièges à la Chambre des communes, passant ainsi à la quatrième place du classement général. Le parti perd tous ses sièges sauf un au Québec, où le Bloc québécois connait une renaissance. Le NPD est également exclu de la région du Grand Toronto, qui est dominée par les libéraux. Malgré cela, Jagmeet Singh est optimiste quant à la capacité de son parti d’avoir une influence sur la politique du nouveau gouvernement minoritaire libéral.
Député de l’opposition, de 2019 à 2021
Débatteur chevronné, Jagmeet Singh demeure efficace en tant que député de l’opposition qui pose souvent des questions cinglantes pendant la période des questions. En juin 2020, Jagmeet Singh est à la tête des efforts déployés à la Chambre des communes pour que tous les partis acceptent une motion affirmant que le racisme systémique existe au sein de la GRC et que cela devrait faire l’objet d’une enquête et de mesures correctives. Le député du Bloc québécois Alain Therrien est le seul à ne pas appuyer la motion. À un moment donné, alors que Jagmeet Singh parle, Alain Therrien agite le bras comme pour rejeter les points soulevés. Jagmeet Singh traite alors Alain Therrien de raciste. Lorsque Jagmeet Singh refuse la directive du président de retirer l’insulte et de s’excuser, il est expulsé de la Chambre pour le reste de la journée. Il répète ensuite son accusation à l’extérieur de la Chambre. Les actions de Jagmeet Singh attirent l’attention nationale sur la question du racisme systémique et le présentent comme un défenseur des minorités racialisées au Canada.
Le gouvernement minoritaire libéral a besoin du soutien d’au moins un autre parti pour rester au pouvoir. Jagmeet Singh se montre habile dans ses négociations avec le premier ministre Justin Trudeau pour lui accorder le soutien du NPD. Il est particulièrement efficace pour aider à façonner la réponse du gouvernement à la pandémie de COVID-19.
À partir du printemps 2020, le gouvernement entreprend diverses initiatives pour aider la population canadienne. Les libéraux proposent une aide financière directe aux étudiants. Mais Jagmeet Singh indique clairement que le NPD ne soutiendrait pas ce programme sans une augmentation du montant de l’aide. Le gouvernement accepte. Jagmeet Singh dit au premier ministre Justin Trudeau qu’il peut compter sur le soutien continu du NPD, mais seulement s’il s’engage à améliorer les congés de maladie payés. Encore une fois, le premier ministre accepte. Pour aider les Canadiens et les Canadiennes qui ont perdu leur emploi en raison de la pandémie, le gouvernement offre une prestation canadienne d’urgence (PCU) de 1000 $ par mois pendant 16 semaines. Jagmeet Singh déclare qu’il ne voterait en faveur de la PCU que si elle est portée à 2000 $ par mois et étendue à 28 semaines. Le premier ministre accepte. Grâce aux pressions exercées par Jagmeet Singh et à sa promesse de soutien, le gouvernement accepte également d’augmenter sa subvention salariale initiale de 15 % à 75 %.
Élections fédérales de 2021
Le 15 août 2021, le premier ministre Justin Trudeau convoque des élections fédérales pour le 20 septembre. Comme en 2019, Jagmeet Singh mène une campagne enthousiaste et il utilise de nouveau les médias sociaux à son avantage. Contrairement aux autres chefs de parti, il publie régulièrement de courts clips sur TikTok qui démontrent son sens de l’humour autodérisoire. Jagmeet Singh visite 51 circonscriptions détenues par des députés conservateurs et libéraux dans l’espoir de les faire basculer du côté du NPD. Un sondage d’opinion publié par Abacus Data le 26 août révèle que Jagmeet Singh est « de loin le leader le plus populaire du pays », et 42 % des répondants expriment une opinion positive alors que seulement 24 % expriment une opinion négative.
Contrairement à 2019, Jagmeet Singh n’exclut pas la possibilité de travailler avec un gouvernement minoritaire conservateur. Mais il concentre la plupart de ses commentaires sur Justin Trudeau. Jagmeet Singh souligne dans presque tous ses discours et toutes ses réponses aux journalistes que Justin Trudeau s’exprime sur les questions importantes, mais qu’il ne tient pas ses promesses. Jagmeet Singh attire l’attention à plusieurs reprises sur des questions comme l’imposition des Canadiens riches, la résolution de la crise climatique, l’amélioration de l’accès au logement et l’assurance que toutes les communautés autochtones disposent d’eau potable.
Cependant, les résultats des élections sont décevants pour le NDP et Jagmeet Singh, même si ce dernier remporte sa circonscription avec plus de 4000 votes. Les libéraux maintiennent leur gouvernement minoritaire avec 159 sièges. Les conservateurs remportent 119 sièges, et le Bloc québécois arrive troisième avec 33 sièges. Bien que le NPD augmente sa part du vote populaire de 16,0 % en 2019 à 17,8 %, le parti termine de nouveau en quatrième position avec 25 sièges, soit un de plus qu’en 2019. Le soir des élections, Jagmeet Singh parle de continuer à se battre pour les Canadiens et les Canadiennes sur les questions qu’il a soulevées pendant la campagne.
Le parti entame ensuite un processus d’examen de la campagne. La pratique de Jagmeet Singh consistant à prélever des fonds dans les circonscriptions locales pour soutenir sa propre campagne est examinée de près et elle suscite de nombreuses critiques. Cette situation, combinée au deuxième résultat électoral décevant de Jagmeet Singh, mène certains membres du parti à se demander s’il n’est pas temps de changer de direction.
Accord de soutien sans participation, de 2022 à 2024
Le 22 mars 2022, Jagmeet Singh et le NPD concluent un accord de soutien sans participation avec le gouvernement minoritaire libéral de Justin Trudeau. Le NPD accepte de soutenir le gouvernement dans toutes les motions de confiance jusqu’en juin 2025. En échange, les libéraux doivent mettre en œuvre certaines priorités politiques du NPD, notamment les soins dentaires pour les Canadiens à faible revenu et un programme national d’assurance-médicaments.
Dans le cadre de cet accord, le gouvernement de Justin Trudeau augmente les congés de maladie annuels pour les personnes qui travaillent dans des milieux de travail sous réglementation fédérale. Il adopte la Loi canadienne sur les emplois durables afin de favoriser la création d’emplois durables et la croissance économique dans une économie carboneutre. Il présente une loi interdisant les briseurs de grève dans les milieux de travail sous réglementation fédérale pendant une grève. Il crée également une table ronde pour mettre en œuvre les recommandations de l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées.
Mais la politique la plus importante issue de l’accord est le Régime canadien de soins dentaires (RCSD). Entré en vigueur le 1er mai 2024, ce régime commence à offrir une couverture dentaire à environ 1,9 million de personnes âgées. En septembre, il s’étend aux enfants de moins de 18 ans et aux personnes bénéficiant du crédit d’impôt fédéral pour personnes handicapées. À terme, le programme doit couvrir un quart des Canadiens qui n’ont pas d’assurance dentaire privée, soit environ 9 millions de personnes, pour un coût prévu de 13 milliards de dollars sur cinq ans.
Cependant, un autre élément clé de l’accord, le programme national d’assurance-médicaments, ne réussit pas à prendre de l’ampleur. En février 2024, Jagmeet Singh accuse les libéraux de faire obstruction et il intensifie sa pression. Il menace de retirer le NPD de l’accord si les libéraux ne déposent pas de projet de loi avant la fin du mois de mars. Il demande également à son caucus de se préparer à une éventuelle résiliation soudaine de l’accord. Un projet de loi sur l’assurance-médicaments est déposé à la fin de février et est adopté à la Chambre des communes en juin. Mais au début du mois de septembre, il est toujours en suspens au Sénat.
Les gains que Jagmeet Singh obtient des libéraux grâce à cet accord lui donnent l’occasion de revendiquer la victoire pour les Canadiens sur de nombreux fronts. Après tout, il s’agit de la plus importante expansion des soins de santé gratuits au Canada depuis des décennies. Mais le message de Jagmeet Singh ne réussit pas à percer. Au lieu de cela, le chef de l’opposition officielle, Pierre Poilievre, donne le ton et impose son discours en s’attaquant sans relâche aux libéraux pendant plus de deux ans, affirmant que « le Canada est brisé » et que lui, Pierre Poilievre, ainsi que les conservateurs sont les seuls qui peuvent le redresser.
De plus, Pierre Poilievre réussit à mettre les libéraux et le NPD dans le même panier. Il critique le NPD pour avoir soutenu les libéraux impopulaires et il réussit à associer le NPD à l’image de plus en plus toxique des libéraux. Deux publicités d’attaque conservatrices diffusées en juillet 2024 accusent également Jagmeet Singh de soutenir le gouvernement libéral uniquement pour garantir sa pension de député, à laquelle il aurait droit en octobre 2025, qui est la date des prochaines élections. Ces publicités le surnomment « Sellout Singh » (Singh le vendu), et elles se terminent par la phrase « Il touche sa pension, vous en payez le prix ».
Alors que le Canada est aux prises avec un malaise post-pandémique et une inflation galopante, les libéraux et le NPD chutent dans les sondages d’opinion publique, tandis que les conservateurs progressent régulièrement. Le 4 septembre 2024, Jagmeet Singh tente d’endiguer l’hémorragie en annonçant qu’il a « déchiré » l’accord de soutien sans participation. Il présente le NPD comme la seule option viable pour empêcher le Parti conservateur de remporter les prochaines élections. « Les grandes sociétés et les riches PDG ont eu leur gouvernement. C’est maintenant au tour du peuple », déclare-t-il.
Au début du mois d’octobre, un sondage Nanos Research démontre que le NPD a pris de l’avance sur les libéraux pour la première fois depuis que Justin Trudeau est devenu premier ministre en 2015. Le NPD recueille 21,6 % des voix, contre 21,5 % pour les libéraux. Les conservateurs détiennent une avance considérable avec 41,6 %.
Cependant, le paysage politique du Canada est considérablement bouleversé au début de l’année 2025. Justin Trudeau, qui est assiégé, annonce sa démission le 6 janvier. Deux semaines plus tard, le nouveau président américain Donald Trump entame son deuxième mandat en menaçant le Canada d’une guerre commerciale, avec pour objectif déclaré d’annexer le pays pour en faire le 51e État. Le nationalisme canadien grimpe en flèche, et les inquiétudes quant à la souveraineté du pays s’intensifient, tout comme les inquiétudes quant à la capacité de Pierre Poilievre à tenir tête à Donald Trump, compte tenu de leurs similitudes en matière de style, de rhétorique et de positions politiques.
Élections fédérales de 2025
Le 14 mars 2025, lorsque l’ancien gouverneur de la Banque du Canada, Mark Carney, devient chef du Parti libéral et premier ministre, les sondages démontrent que les libéraux et les conservateurs sont à égalité. Après le 23 mars, Mark Carney convoque des élections anticipées pour le 28 avril, les libéraux prennent une avance considérable, en grande partie au détriment du NPD. Le NPD voit son soutien national chuter de plus de 50 % alors que de nombreux électeurs progressistes se rallient à Mark Carney et aux libéraux. Un sondage réalisé par 338Canada le 2 avril indique que le NPD ne bénéficie que de 10 % des intentions de vote contre 34 % pour les conservateurs et un remarquable 46 % pour les libéraux ressuscités.
La situation du NPD devient si désastreuse que de nombreux observateurs estiment que l’objectif principal de Jagmeet Singh lors des élections est simplement de « sauver les meubles », ce qui signifie de tenter de minimiser les pertes du parti et de conserver le plus de sièges possible. Le parti bénéficie d’un léger regain de popularité lorsqu’il est soutenu par le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP), le plus grand syndicat du Canada. Mais Jagmeet Singh semble incapable de renverser la tendance de l’opinion publique, même dans sa propre circonscription (la circonscription récemment redécoupée de Burnaby-Centre), où son soutien s’effondre à 25 %. Le candidat libéral, Wade Change, obtient 40 % des intentions de vote. Le 8 avril, 338Canada donne à Jagmeet Singh moins de 1 % de chances d’être réélu. De nombreux sondages indiquent également que le NPD risque de perdre son statut de parti officiel à la Chambre des communes, qui exige un minimum de 12 sièges.
Jagmeet Singh fait une bonne performance lors des deux débats télévisés des chefs, le premier en français et le deuxième en anglais. Cependant, à ce moment-là, il s’est déjà écarté de sa stratégie consistant à présenter le NPD comme le meilleur parti pour gouverner. Au lieu de cela, avec la quasi-certitude d’un gouvernement libéral, Jagmeet Singh présente plutôt un gouvernement minoritaire comme étant dans l’intérêt des Canadiens, et son parti comme étant le seul sur lequel les progressistes peuvent compter pour demander des comptes aux libéraux.
Le 11 avril, Jagmeet Singh déclare à un journaliste : « Demandez aux Canadiens : “Quand le Canada fonctionne-t-il le mieux?” Je vous répondrai que c’est lorsqu’un seul parti n’a pas tout le pouvoir. » Lors du débat des chefs en anglais, il déclare : « Les gens ont fait des choix, et c’est la direction qu’ils semblent prendre. Et je dis qu’il ne faut pas donner tout le pouvoir à [Carney]. Mark Carney va prendre des mesures qui sont très problématiques, et ses antécédents sont très problématiques. »
Quatre jours avant les élections, Jagmeet Singh déclare au Toronto Star qu’il a délibérément choisi de ne pas convoquer d’élections anticipées à l’automne 2024, car « bien que nous aurions pu gagner beaucoup de sièges, cela aurait signifié un gouvernement conservateur majoritaire dirigé par Pierre Poilievre, et je ne pouvais pas supporter cette idée. »
Le jour des élections, les résultats sont dévastateurs pour Jagmeet Singh et le NPD. Jagmeet Singh perd non seulement sa circonscription, mais il termine en troisième place avec seulement 18 % des voix. Dans son discours de concession, Jagmeet Singh déclare : « Ce fut un honneur pour moi de représenter les habitants de Burnaby-Centre. Ce soir, ils ont élu un nouveau député, et ce soir, je leur souhaite bonne chance dans la poursuite de leur travail acharné pour cette communauté. » Il annonce également qu’il démissionnera de son poste de chef du NPD une fois que le parti aura choisi un chef intérimaire.
Entre-temps, le NPD voit sa part du vote national chuter à 6,3 %, comparativement au 17,8 % qu’il avait en 2021. Son nombre total de sièges à la Chambre passe de 24 à 7, ce qui lui fait perdre son statut de parti officiel. Le plus inquiétant pour le parti est peut-être le fait qu’il perd des voix non seulement au profit des libéraux, mais également au profit des conservateurs. Ceci est particulièrement vrai en Ontario où les conservateurs reprennent trois sièges au NPD (Kapuskasing—Timmins—Mushkegowuk, Windsor-Ouest et London-Fanshawe). L’ancien stratège du NPD, Robin V. Sears, qualifie ce résultat de « soirée électorale la plus horrible pour le NPD depuis la victoire écrasante de Diefenbaker en 1958 ».
Et pourtant, une fois la poussière retombée, le Parti libéral se retrouve avec un gouvernement minoritaire de 169 sièges, soit trois de moins qu’une majorité. Cela place à nouveau le NPD dans une position de détenteur de la balance du pouvoir.
Après les élections, la chroniqueuse politique Althia Raj écrit dans le Toronto Star : « Singh restera peut-être dans les mémoires comme l’un des meilleurs chefs du parti; meilleur que Mulcair, peut-être même meilleur que Layton… Mais ce que Singh a fait, et ce pour quoi les progressistes devraient également se souvenir de lui, c’est qu’il a fait passer leurs intérêts avant tout… Ce que le NPD n’a pas réussi à obtenir en gains électoraux, il l’a obtenu en gains politiques. Des gains que même les conservateurs reconnaissent maintenant en partie comme trop populaires pour être supprimés. »
Vie personnelle
Le 22 février 2018, Jagmeet Singh épouse Gurkiran Kaur Sidhu, une créatrice de mode et entrepreneuse. Ils ont deux filles; Anhad (née en 2022) et Dani (née en 2023).
Jagmeet Singh pratique le jiu-jitsu brésilien. En plus de parler l’anglais et le français, il parle couramment le pendjabi.