Jean Allaire, homme politique, avocat, militant (né en 1930). Jean Allaire est l’auteur du rapport Un Québec libre de ses choix : Rapport du Comité constitutionnel du Parti libéral du Québec. (Voir Rapport Allaire.) Il a également fondé, avec Mario Dumont, le parti de l’Action démocratique du Québec en 1994. Il en a été le premier chef. Cette formation politique souhaitait rapprocher les fédéralistes et les souverainistes. (Voir Souveraineté-association.) On cherchait aussi à mettre fin à plusieurs années de bipartisme formé par le Parti québécois et le Parti libéral du Québec.
Formation
Dès ses premières années d’études au collège André-Grasset, Jean Allaire montre un vif intérêt pour le droit et la politique. Il reçoit son diplôme de cet établissement en 1951. Puis il poursuit avec succès des études en droit à l’Université de Montréal, de 1951 à 1954. Sa formation jette les bases de sa carrière.
Parcours juridique
Dès l’obtention de son diplôme en droit, Jean Allaire amorce une carrière fructueuse en tant qu’avocat. Ses grandes qualités de défenseur et sa passion pour la justice en font rapidement une figure respectée au sein du barreau québécois. Son expertise juridique s’avère cruciale dans plusieurs causes publiques, ce qui contribue à favoriser sa bonne réputation.
Engagement politique
Jean Allaire est un homme politisé. Dès les années 1950, il devient membre du Parti libéral du Québec (PLQ).
Les événements qui mènent à son implication publique en politique débutent avec le rapatriement de la constitution canadienne, en 1982. Malgré le désaccord du Québec, alors dirigé par René Lévesque, des modifications essentielles à la constitution de 1867 sont approuvées par les autres provinces. Elles touchent directement, sous certains aspects, aux prérogatives et aux avantages historiques du Québec.
En 1985, le PLQ de Robert Bourassa accède au pouvoir. L’une des priorités du parti est de sortir du statu quo politique et constitutionnel. Le PLQ tente de rendre la Loi constitutionnelle de 1982 acceptable au Québec pour être mieux en mesure de répartir les pouvoirs et de mettre en marche une réforme des institutions.
En mai 1986, le gouvernement québécois fait connaître au reste du Canada les modifications nécessaires à apporter à la Loi constitutionnelle de 1982 pour que le Québec y adhère :
- la reconnaissance formelle du Québec en tant que société distincte;
- des pouvoirs accrus de la province relativement à l’immigration (voir Politique d’immigration québécoise);
- la limitation du pouvoir fédéral quant aux dépenses;
- la récupération du droit de veto par le Québec;
- la participation du Québec au processus de nomination des juges de la Cour suprême du Canada.
C’est avec cette position que le gouvernement du Québec négocie avec le reste du Canada pour conclure l’Accord du lac Meech en 1987. L’Accord exige cependant l’approbation de toutes les provinces canadiennes et du gouvernement fédéral dans un délai de trois ans se terminant le 23 juin 1990.
En février 1990, le Comité constitutionnel du Parti libéral du Québec, dirigé par Jean Allaire, est créé. Il a pour mission de définir la position constitutionnelle des libéraux par rapport aux deux scénarios envisagés : la réussite ou l’échec de l’Accord du lac Meech.
Finalement, le Manitoba (voir Elijah Harper) et Terre-Neuve ne ratifient pas l’accord constitutionnel avant la date limite, ce qui met fin à une possible inclusion du Québec dans la constitution canadienne.
Rapport Allaire
En janvier 1991, Jean Allaire et le Comité constitutionnel du PLQ publient le rapport Un Québec libre de ses choix : Rapport du Comité constitutionnel du Parti libéral du Québec, qu’on appelle communément rapport Allaire. Ce document préconise une approche novatrice qui vise à renforcer la position du Québec au sein de la fédération canadienne. Il recommande des négociations bilatérales entre le Québec et le gouvernement fédéral pour accroître l’autonomie provinciale. Ce rapport marque profondément la politique québécoise et influence le débat constitutionnel qui a lieu avant le référendum sur la souveraineté du Québec de 1995. (Voir aussi Souveraineté-association.) La proposition politique est adoptée par une large majorité des personnes présentes au Congrès des membres du PLQ en mars 1991. Elle est toutefois mise de côté en 1992, dans la foulée d’une nouvelle entente constitutionnelle à Charlottetown. (Voir Accord de Charlottetown.)
Création d’un parti
Après l’échec de l’Accord du lac Meech, de nouvelles discussions ont lieu, qui mènent à l’Accord de Charlottetown, en août 1992. Cet Accord doit être approuvé au cours d’un congrès du PLQ. La résolution en faveur de l’entente est acceptée par la très grande majorité des membres. Néanmoins, la frange nationaliste du PLQ s’oppose à cette résolution. Elle juge que les pouvoirs rapatriés au Québec sont insuffisants. Les désaccords constitutionnels divisent la direction du PLQ. Jean Allaire accuse Robert Bourassa de trahir ses engagements puisque l’Accord de Charlottetown met de côté le droit à l’autodétermination du Québec et aucun statut particulier n’est enchâssé dans cet accord constitutionnel. Jean Allaire décide de quitter le parti avec plusieurs membres de l’aile jeunesse du parti. Parmi ces personnes se trouve Mario Dumont.
En 1993, Mario Dumont et Jean Allaire mènent un groupe de réflexion qui a pour objectif de jeter un regard nouveau sur le Québec des années 1990. La consultation tente ainsi d’élaborer des ébauches de solutions et de lancer un débat public sur les préoccupations réelles de la population québécoise. Ce groupe publie un rapport intitulé Un Québec responsable, qui expose une vision plutôt de centre droit sur l’échiquier politique. Cette période est le théâtre de débats intenses concernant le destin du Québec.
En 1994, ces discussions mènent à la fondation d’un nouveau parti : l’Action démocratique du Québec (ADQ). Quelques semaines suivant le premier congrès de l’ADQ, Jean Allaire est élu chef du parti. Cependant, il se retire peu après de la politique active en raison de problèmes cardiaques. Mario Dumont prend alors les rênes de l’ADQ.
Le 14 février 2012, l’ADQ fusionne avec la Coalition Avenir Québec de François Legault. Les deux partis proposent une plus grande autonomie du Québec sans renier son appartenance au Canada.
Influence politique
Jean Allaire est un ardent défenseur de l’autonomie du Québec. Il milite pour que le Québec exerce un plus grand contrôle sur ses affaires internes et cherche à renforcer les compétences provinciales dans le cadre de la fédération canadienne. Son engagement envers l’autonomie provinciale contribue à alimenter le débat sur la place du Québec au sein du Canada.
Par ailleurs, en 2007, Jean Allaire est membre d’un collectif composé de personnalités sociopolitiques qui sonnent l’alarme sur l’urgence de recourir à un mode de scrutin proportionnel.