La deuxième bataille de Cambrai dans le nord de la France s’est déroulée du 27 septembre au 11 octobre 1918, pendant la Première Guerre mondiale. Cette bataille a été l’une des victoires tactiques les plus impressionnantes du Corps expéditionnaire canadien durant la guerre, particulièrement en raison de l’utilisation habile des ingénieurs militaires par les Canadiens. Elle a fait partie d’une série de batailles reliées au début de l’offensive des Cent Jours, qui a mené à la défaite de l’Allemagne et à la fin de la guerre. La victoire a cependant eu un coût élevé : plus de 30 000 Canadiens ont été tués ou blessés.

Faits importants sur la deuxième bataille de Cambrai
Date |
Du 27 septembre au 11 octobre 1918 |
Emplacement |
Cambrai, dans le nord de la France |
Participants |
Royaume-Uni, Canada, Nouvelle-Zélande Allemagne |
Pertes |
Estimation de 42 000 victimes britanniques et du Commonwealth (dont 30 000 Canadiens tués/blessés) Estimation de 10 000 victimes allemandes (tuées/blessées) et de 10 000 prisonniers |
Les Cent Jours
Après des années d’impasse dans le vaste réseau de tranchées du front de l’ouest, les armées de la France, de la Grande-Bretagne et de leurs empires trouvent enfin le moyen de battre les Allemands; en exploitant de nouvelles tactiques et de nouvelles armes sur le champ de bataille. Les Alliés sont également aidés par l’arrivée de nouvelles troupes arrivées des États-Unis pour la guerre. Enhardis par leur victoire décisive à Amiens plus tôt cette année-là, les commandants alliés décident de rester en offensive durant l’automne 1918. Ils lancent de multiples attaques contre les fortifications allemandes dans tout le nord de la France, notamment contre les forces ennemies qui tiennent la ville de Cambrai, un important centre ferroviaire et centre d’approvisionnement de l’armée allemande.
Ces attaques deviennent connues sous le nom de l’offensive des Cent Jours, une offensive alliée spectaculaire qui met les forces allemandes en fuite et qui mène à la signature de l’armistice le 11 novembre.

Les défenses de Cambrai
Cambrai est non seulement solidement défendue par les forces allemandes, mais elle est également entourée de canaux artificiels entrecroisés qui sont naturellement difficiles à travers pour les fantassins et les chars d’assaut, l’une des armes les plus récentes utilisées sur les champs de bataille. Ces canaux sont également gardés par des postes de mitrailleuses ennemis, par des fils barbelés et d’autres défenses.
Pour entrer dans Cambrai, les forces alliées doivent traverser le Canal du Nord à l’ouest de la ville et s’emparer des hauteurs du bois de Bourlon, une colline boisée qui surplombe ses rives. La difficile tâche de s’emparer de ces deux obstacles est confiée au Corps expéditionnaire canadien, sous le commandement du lieutenant-général Arthur Currie. Leur tâche est d’autant plus difficile que les Allemands ont inondé une grande partie des terres entourant le canal et les bois.
Arthur Currie passe la fin du mois de septembre à planifier soigneusement son attaque. Les ingénieurs canadiens et britanniques bénéficient de ressources et d’effectifs accrus, et ils reçoivent l’ordre de construire des ponts qui seront utilisés pour traverser le canal lors de l’attaque, ainsi que des lignes de tramway pour transporter l’artillerie et autres équipements sur le champ de bataille.

L’assaut
Le matin du 27 septembre, le Corps canadien, avec les forces britanniques sur ses flancs, prend d’assaut une partie sèche du canal partiellement creusé à la suite d’un barrage d’artillerie roulant qui maintient les défenseurs allemands dans leurs abris ou dans leurs postes de mitrailleuses en béton. À la tombée de la nuit, après une journée de durs combats, le canal est franchi et sécurisé, et le bois de Bourlon est capturé.
Durant les jours qui suivent, les Canadiens repoussent de lourdes contre-attaques allemandes. Tout au long de la bataille, les soldats canadiens sont assistés, sur un terrain difficile et souvent inondé, par les ingénieurs qui réparent les routes et assemblent à la hâte les ponts pour permettre à l’infanterie et à l’artillerie de traverser.
Une fois les défenses extérieures de Cambrai envahies, la ville est libérée par les Alliés le 11 octobre.

Les Croix de Victoria
Plusieurs Croix de Victoria, la plus haute distinction de l’Empire britannique pour bravoure militaire, sont décernées à des membres du Corps expéditionnaire canadien des batailles du Canal du Nord et de Cambrai. Le lieutenant G. T. Lyall, ingénieur en mécanique de formation, fait partie des récipiendaires. Le premier jour de la bataille, lui et ses hommes se trouvent confrontés à une fortification allemande dans le bois de Bourlon. Ils débordent la fortification et capturent 13 soldats, un canon de campagne et quatre mitrailleuses. Plus tard, G. T. Lyall charge à lui seul une autre poche de résistance, capturant 45 prisonniers et cinq mitrailleuses. Une fois son objectif final atteint, il fait 47 autres prisonniers tout en sécurisant la position de sa compagnie.
Plus tard, il capture 80 prisonniers supplémentaires et dix-sept mitrailleuses après avoir pris d’assaut une fortification allemande.
Un autre récipiendaire de la Croix de Victoria, S. L. Honey, reçoit également la Médaille militaire et la Médaille de conduite distinguée pour ses actions lors de la bataille de la crête de Vimy en 1917. Au cours de l’assaut sur le bois de Bourlon le 27 septembre, tous les officiers de l’unité de S. L. Honey sont blessés ou tués. S. L. Honey prend le commandement de sa compagnie et il réorganise son avancée sous des tirs incessants. Il charge un nid de mitrailleuses et capture cette position à lui seul, faisant dix prisonniers et s’emparant du canon. Il résiste alors à quatre contre-attaques allemandes avant de diriger la capture d’un autre poste qu’il a découvert durant une mission de reconnaissance solitaire après la tombée de la nuit. Le 29 septembre, il mène une autre attaque contre une fortification allemande au cours de laquelle il est blessé; il meurt de ses blessures le lendemain.
Les victimes
La prise du Canal du Nord est largement considérée par les historiens comme étant l’une des plus grandes réussites tactiques des Canadiens pendant la guerre, éclipsée seulement par la victoire de 1917 sur la crête de Vimy, mais non moins impressionnante. Elle témoigne de l’efficacité d’une infanterie hautement mobile soutenue par des forces aériennes, des forces d’artillerie et d’ingénierie, une recette de succès que le Corps expéditionnaire canadien utilise tout au long du reste de la campagne des Cent Jours.
Cependant, les coûts sont effroyables. Plus de 13 600 Canadiens sont tués ou blessés durant les six jours de combats pour la prise du canal et des hauteurs entourant Cambrai, faisant de cette bataille l’une des opérations canadiennes les plus sanglantes de la guerre. Au total, plus de 30 000 Canadiens sont tués ou blessés dans la bataille de Cambrai.
Le saviez-vous?
Le Newfoundland Regiment a combattu lors de la première bataille de Cambrai en 1917. (À l’époque, Terre-Neuve ne faisait pas partie du Canada; voir Terre-Neuve-et-Labrador et la Confédération.) Près de 110 hommes de l’unité du Newfoundland Regiment ont perdu la vie au cours de la bataille. Le roi George V a décerné le titre de « Royal » au régiment pour sa performance à Cambrai et lors de la troisième bataille d’Ypres (bataille de Passchendaele).