Le territoire non cédé de Wiikwemkoong est une réserve située sur la péninsule est de l’île Manitoulin, en Ontario. La réserve est détenue par la Première Nation de Wiikwemkoong, qui est composée des peuples Ojibwé, Outaouais et Potawatomi. Ensemble, ces nations forment la Confédération des Trois Feux. En tant que réserve non cédée, ceci signifie que Wiikwemkoong n’a pas cédé sa terre par traité, ou par aucun autre moyen. (Voir aussi Réserves en Ontario.)
La Première Nation de Wiikwemkoong compte une population de 8330 habitants inscrits, dont 3208 habitants vivants sur la réserve (2020). Anciennement connue comme la Réserve indienne non cédée de l’île Manitoulin, la réserve change son nom pour Réserve non cédée de Wiikwemkoong en 1968, lorsqu’elle fusionne avec la Première Nation de Point Grondine et la Première Nation de South Bay. Le nom change encore en 2014 pour son nom actuel, bien que le gouvernement fédéral se réfère toujours à la réserve en tant que Réserve non cédée de Wiikwemkoong.
Géographie
Avec une superficie totale de 426,14km carrés, le Territoire non cédé de Wiikwemkoong est la réserve la plus grande de l’Ontario en superficie. Wiikwemkoong est situé sur la péninsule est de l’île Manitoulin, dans la baie Georgienne. On peut y accéder du continent par l’autoroute6.
Avant le premier contact avec les Européens, le territoire autour du nord des Grands Lacs, ceci incluant l’île Manitoulin, était contrôlé par une confédération libre de peuples Anishinaabeg: les Outaouais, les Ojibwé et les Potawatomi. Leur alliance était connue sous le nom de la Confédération des Trois Feux. L’île Manitoulin est aussi connue sous le nom de l’île des Outaouais, en raison de l’importante population d’Outaouais vivant sur l’île.
La bande de Wiikwemkoong possède également le parc Point Grondine sur le continent, près de Killarney en Ontario. Point Grondine est dépeuplé depuis les années1940. En 2015, il a été transformé en parc de loisirs.
Traité Manitoulin de 1836
En 1836, les Ojibwé et les Outaouais de l’île Manitoulin concluent un accord avec le gouvernement colonial. Cet accord est maintenant connu sous le nom de Traité Manitoulin, de Traité de Bond Head, ou parfois Traiténo.45. À cette époque, Sir Francis Bond Head est lieutenant-gouverneur du Haut-Canada. Francis Bond Head croit que les efforts des coloniaux visant à « civiliser » les Premières Nations et à les convertir à l’agriculture ont échoué et continueront d’échouer. Il estime qu’au lieu de tenter d’assimiler les Premières Nations à la culture européenne, le gouvernement colonial devrait plutôt séparer les peuples autochtones des blancs. Francis Bond Head suggère de mettre à la disposition des Premières Nations des lopins de terres protégées, mais que l’emplacement de ces terres devrait être éloigné et indésirable pour les colons. En concentrant les populations des Premières Nations à des endroits précis, Francis Bond Head a pour objectif d’ouvrir davantage de terres pour l’établissement des blancs.
Francis Bond Head visite l’île Manitoulin en 1836 pour la distribution annuelle de cadeaux aux Premières Nations qui y vivent. Connus sous l’appellation Présents du Roi, ces cadeaux ont pour objectif de maintenir les relations avec les peuples autochtones. Cependant, lorsqu’il arrive, il décide de tenter de convaincre les Premières Nations d’accepter son plan. Près de 1500 personnes se rassemblent pour écouter l’allocution de Francis Bond Head. Dans un de ses discours, il s’adresse précisément aux Ojibwé et aux Outaouais, et leur demande s’ils renonceraient à revendiquer Manitoulin et ses îles environnantes afin d’en laisser la propriété aux personnes autochtones du Haut-Canada qui souhaiteraient y vivre. Francis Bond Head recueille ensuite les signatures de 16 chefs Ojibwé et Outaouais sur le texte de son discours.
Le gouvernement colonial britannique accepte le discours signé de Francis Bond Head comme un accord légal. Bien que cet accord ait effectivement fait de l’île Manitoulin une réserve pour tous les peuples autochtones du Haut-Canada, il ne cède pas, contrairement à d’autres traités, les terres autochtones à la Couronne. En fait, on pourrait soutenir que le traité renforce la revendication des Premières Nations sur les terres, étant donné le fait que les îles sont nommées comme étant leur propriété.
Traité Manitoulin de 1862
(avec la permission de Native Land Digital / Native-Land.ca)
Sir Francis Bond Head et d’autres représentants du gouvernement espèrent qu’à la suite du Traité Manitoulin, les Premières Nations migreront et s’installeront sur l’île, ouvrant ainsi des terres pour l’établissement des blancs. En 1860, la population de l’île Manitoulin a augmenté, mais pas au niveau espéré par le gouvernement.
Bien que de nombreuses Premières Nations refusent de déménager sur l’île, quelques fermiers le font. Comme il y a une pénurie de terres agricoles ailleurs dans la province, de nombreux agriculteurs sont désireux de cultiver l’île. Le gouvernement réalise que pour pouvoir ouvrir l’île à la colonisation des blancs, les Premières Nations doivent céder leurs terres. En 1862, William McDougall, le surintendant général des Affaires indiennes, visite l’île Manitoulin afin de négocier un traité. La Première Nation de Wiikwemkoong refuse de signer le traité de William McDougall. Toutefois, d’autres bandes signent l’accord, qui est parfois appelé Traité McDougall ou Traiténo94. Ce traité cède la majorité de Manitoulin et ses îles environnantes au gouvernement. En échange, les Premières Nations obtiennent des réserves. Cinq réserves, en plus des terres non cédées de Wiikwemkoong sur la péninsule est de l’île, sont mises de côté.
Revendication territoriale
En 1997, la Première Nation de Wiikwemkoong présente une revendication territoriale particulière au gouvernement de l’Ontario. Les Premières Nations ont le droit de déposer des revendications territoriales particulières lorsqu’un traité est en place, mais qu’elles sont en désaccord avec l’exécution des clauses. Dans sa revendication territoriale, la Première Nation de Wiikwemkoong conteste que le Traité Manitoulin de 1836 affirme que la bande a droit aux îles au large de la rive est de Manitoulin. Comme la réserve principale de Wiikwemkoong, ces terres n’ont jamais été cédées. Si un règlement venait à être conclu, environ 105km carrés des terres seraient mis de côté en tant que terres de réserve pour la Première Nation de Wiikwemkoong.
Gouvernement et politiques
Le Territoire non cédé de Wiikwemkoong élit un chef et douze conseillers pour un mandat de deux ans en vertu du système électoral de la Loi sur les Indiens. La communauté travaille à la mise en œuvre de sa propre loi électorale. En 2014, la Première Nation ratifie sa constitution, Wiikwemkoong Gchi Naaknigewin, consolidant les droits des membres de la bande.
Arts et culture
Parmi les personnalités venant du Territoire non cédé de Wiikwemkoong, on trouve l’artiste Daphne Odjig, les protecteurs de l’eau Josephine Mandamin et Autumn Peltier, l’avocate des droits des femmes autochtones Jeannette Corbiere Lavell, le juge de la Cour fédérale du Canada Leonard S. Mandamin, la musicienne Crystal Shawanda, l’acteur Sladen Peltier et le chef Joseph Shawana.
Au mois d’août, la réserve organise le festival culturel annuel de Wiikwemkoong, qui met en vedette l’artisanat traditionnel Anishinaabeg, de la danse, de la gastronomie et des œuvres d’art. Le premier pow-wow ayant eu lieu en 1961, il est considéré comme étant l’un des plus anciens du nord-est de l’Amérique du Nord.
Wiikwemkoong est également le foyer de l’un des plus anciens théâtres autochtones du Canada, le Debajehmujig Theatre Group. En tant que seule compagnie de théâtre professionnel située sur une réserve au Canada, Debajehmujig produit et met en scène des œuvres basées sur la culture Anishinaabeg.
Les Premières Nations offrent aussi des visites culturelles à longueur d’année, incluant des enseignements culturels et des visites de sites historiques et naturels.