L'article suivant fait partie d'une exposition. Les expositions précédentes ne sont pas mises à jour.
Les femmes noires sont parmi les artistes les plus innovantes du Canada. À la fois femme et personne de descendance africaine, elles sont motivées à surmonter une histoire faite de préjugés et de marginalisation. Poètes, dramaturges, cinéastes, musiciennes et artistes visuelles, les 15 femmes présentées dans cette exposition refusent de se limiter à un seul médium ou de se laisser définir par un style. À travers leur art, elles ont su prendre le pouls de cette culture multitâche et multidisciplinaire du XXIe siècle.
Ainsi, Dionne Brand est une poète récipiendaire de nombreux prix, mais aussi une écrivaine, une cinéaste et une professeure accomplie. Lillian Allen pour sa part, s’est épanouie dans la poésie dub, récitant ses vers accompagnée par de la musique reggae. Comédienne, trey anthony est aussi dramaturge et cinéaste. Toutes ces femmes et plusieurs autres présentées ici-bas, sont des militantes passionnées et des représentantes engagées de leurs communautés.
Littérature
Dionne Brand
Dionne Brand, poète, écrivaine, cinéaste, enseignante et militante (née le 7 janvier 1953 à Guayaguayare, à Trinité).
Lauréate du Prix du Gouverneur général et du prix Griffin de poésie, Dionne Brand, ancienne poète officielle de Toronto, est considérée comme l’une des voix poétiques les plus accomplies du Canada. Elle mène une double carrière de professeure, enseignant la littérature, la création littéraire et les études féminines dans différentes universités au Canada et aux États‑Unis, et d’auteure, publiant notamment de la poésie, des œuvres de fiction et des essais. Elle est également une militante influente des droits de la personne.
Sa poésie, une tentative pour exprimer avec honnêteté et passion l’expérience d’une femme immigrante de couleur au Canada, se caractérise par une expérimentation formelle et linguistique. Dans un long poème devenu célèbre, No Language Is Neutral, datant de 1990, elle médite sur son « échappée » de Trinité au Canada, un pays où la langue peut également constituer un esclavage et où les récits dominants, produits généralement par des hommes blancs hétérosexuels, tendent à rejeter dans l’ombre sa propre histoire : « L’histoire se souviendra de vous seulement si vous donnez naissance à une / femme qui lisse le linge dans l’armoire / et dans les tiroirs », écrit‑elle, « et qui donne naissance à une femme qui est / poète, et encore » [traduction libre].
M. NourbeSe Philip
Marlene Nourbese Philip, poète, romancière, essayiste (née le 3 février 1947 à Moriah, sur l’île de Tobago).
Marlene Nourbese Philip, qui publie sous le nom de plume de M. NourbeSe Philip, est l’auteure influente de plusieurs romans, nouvelles, essais et pièces de théâtre sur les questions politiques liées au sexe, aux races et au langage. Un des thèmes centraux de l’œuvre de Marlene Philip est sa lutte permanente pour rétablir un lien avec son héritage culturel perdu.
Son premier recueil de poèmes, Thorns, est publié en 1980, suivi de Salmon Courage en1983.Son troisième recueil, She Tries Her Tongue, Her Silence Softly Breaks, est publié en 1989 et reçoit le prix Casa de las Américas. C’est la deuxième Canadienne qui se voit décerner ce prix. Dans She Tries Her Tongue, Her Silence Softy Breaks, le problème de parler et d’écrire en anglais, une « lan lan lan lang / langue étrangère » est mis en avant. Les poèmes constituent ici une quête linguistique visant à exprimer les souvenirs et les expériences personnels qui forment l’histoire d’une personne.
Lillian Allen
Lillian Allen, poète, vocaliste, parolière, militante communautaire, enseignante (née le 5 avril 1951 à Kingston, en Jamaïque).
Lillian Allen est la plus réputée des poètes dub du Canada. Elle déclame ses vers à teneur sociale et politique dans un style rythmé soutenu par un accompagnement de reggae. Elle s’est produite lors de festivals littéraires, musicaux et féministes au Canada, aux États-Unis, dans les Caraïbes, en Angleterre et en Europe et on l’a entendue lors de l’ Expo 86.
En 1989, le poème « Unnatural Causes » de Lillian Allen est le sujet d’un film produit par l’Office national du film. D’une durée de seulement six minutes, le film montre des politiciens qui se prélassent dans des lieux luxueux et confortables, ces scènes étant entrecoupées d’images de femmes sans abri et d’images d’archives de mouvements de protestation au Canada. En 1993, Lillian Allen coproduit et codirige le documentaire Blak Wi Blakk qui porte sur la vie et l’œuvre du poète dub Mutabaruka. En 1999, elle sort son troisième album, Freedom and Dance.
Elle s’investit en 2003 dans la création du Dub Poets Collective, avec Afua Cooper, Klyde Broox, Chet Singh, Clifton Joseph, d'bi.young anitafrika et Sankofa Juba, puis anime en 2004 Wordbeat, une émission de radio de la CBC consacrée à la poésie et à la création parlée.
Théâtre
Lorena Gale
Lorena Gale, actrice, dramaturge, militante (née le 9 mai 1958 à Montréal, au Québec; décédée le 21 juin 2009 à Vancouver, en Colombie-Britannique).
Lorena Gale a laissé dernière elle une œuvre imposante et variée qui a marqué le théâtre canadien, mais elle était peut-être plus connue pour son interprétation de la grande prêtresse Elosha dans la série télévisée Battlestar Galactica, diffusée de 2004 à 2008.
Le militantisme faisait partie de la vie de Lorena Gale. Elle a fait entendre sa voix, défendu la cause des Noirs et fait part de ses préoccupations concernant la communauté noire à travers ses pièces de théâtre, notamment Angélique, qui relate l’histoire d’une esclave noire pendue à Montréal pour incendie criminel en 1734 (voir Marie-Joseph Angélique ). La pièce remporte en 1995 la du Maurier National Playwriting Competition et est montée « Off-Broadway » en 1999.
Je me souviens, son spectacle solo qui expose ce que vivent les Noirs qui grandissent dans le riche quartier d’Outremont, à Montréal, est une attaque percutante – mais souvent pleine d’humour – de l’attitude des Blancs dans ce quartier francophone de la ville. La pièce arrivera en finale pour l’attribution, en 2002, du Prix littéraire du Gouverneur général dans la catégorie Théâtre.
La pièce What Colour is Black: Art, Politics and Racial Identity est jouée pour la première fois en 1995, dans le cadre d’une série de spectacles multidisciplinaires à la galerie Grunt de Vancouver. Sa dernière pièce, The Voice, un monologue sur la foi et la puissance de l’autonomie, est jouée en 2008.
trey anthony
trey anthony, humoriste, dramaturge, scénariste, productrice (née en 1974 à Londres, en Angleterre).
La première pièce écrite par trey anthony pour le théâtre, ’da Kink in my Hair, est jouée pour la première fois au festival de théâtre marginal de Toronto en 2001. L’action se passe dans un salon de beauté d’un quartier antillais de Toronto et fait le récit à la fois hilarant et déchirant des aventures des clientes. En s’adressant au public, Novelette, un personnage qu’incarne l’auteure elle‑même lors de la création de la pièce, déclare : « Si vous voulez savoir qui est une femme noire, touchez ses cheveux. Parce que c’est dans notre chevelure que s’inscrit notre périple. »
Le soir de la première de ’da Kink in my Hair, trey anthony offre des billets gratuits à tous les barbiers et coiffeurs et la pièce va devenir l’un des spectacles ayant rencontré le plus grand succès jamais produit au Fringe Festival de Toronto. En 2005, une version rallongée de ’da Kink in my Hair devient la première pièce produite par le Princess of Wales Theatre à Toronto.
'da Kink in my Hair est ensuite adaptée en une série télévisée qui sera diffusée de 2007 à 2009 sur Global TV. Il s’agit de la première émission télévisée canadienne diffusée à une heure de grande écoute sur un réseau majeur avec une distribution exclusivement canadienne noire.
Cinéma
Jennifer Hodge de Silva
Jennifer Hodge de Silva, née Hodge, cinéaste documentariste (née le 28 janvier 1951 à Montréal, au Québec; décédée le 5 mai 1989 à Montréal).
Jennifer Hodge de Silva était une cinéaste pionnière afro‑canadienne des années 1970 et 1980. Elle a produit un corpus d’œuvres documentaires encensées qui ont exercé une grande influence sur ses pairs, relevant de ce que l’on appelle le réalisme social. Partout au Canada, les programmes d’études postsecondaires en cinéma ont largement recours, pour leur enseignement, à son film de 1983 Home Feeling: A Struggle for Community, une œuvre tenue en haute estime par la critique.
Home Feeling: Struggle for a Community examine les relations équivoques entre la police de Toronto et les résidents du quartier torontois à prédominance noire de Jane‑Finch. Le portrait intense et complexe de la situation générale du quartier qu’elle propose, qui présente aussi bien des points de vue de policiers que de résidents, demeure toujours d’actualité. La critique reconnaît en Home Feeling un documentaire réaliste et ouvert dans son approche qui donne une voix à une collectivité autrement marginalisée.
La démarche empreinte de sensibilité, quoique sans concession, qu’adopte Jennifer Hodge de Silva pour la production de ses documentaires consiste à proposer au spectateur la description de situations sociales complexes par le canal d’une exploration intime d’expériences personnelles. Elle est la première cinéaste noire à collaborer régulièrement à la fois avec l’ ONF et avec la CBC. Son travail de pionnière a ouvert la voie à de futurs réalisateurs comme Clement Virgo, Sylvia Hamilton et Jennifer Holness.
Sylvia Hamilton
Sylvia D. Hamilton, cinéaste, écrivaine, enseignante (née à Beechville, en Nouvelle‑Écosse).
Sylvia Hamilton s’est fait une spécialité de la réévaluation des récits expurgés de l’histoire canadienne en mettant l’accent sur les points de vue des Canadiens noirs et en particulier des femmes. Elle a à son actif des films comme Black Mother Black Daughter, sorti en 1989, Speak It! From the Heart of Black Nova Scotia, un film de 1993 qui remporte un prix Gemini, le documentaire biographique de 2000 Portia White : Think on Me et The Little Black Schoolhouse en 2007. Sa démarche consiste à partir d’expériences collectives pour coucher, sur la pellicule ou sur le papier, la vie de communautés plurielles où chacun a sa place, mettant en lumière une réalité que les historiens avaient souvent négligée.
Le long article de Sylvia Hamilton publié sous le titre « Stories from The Little Black Schoolhouse » est particulièrement significatif à cet égard; elle y approfondit, en relation avec son film, son exploration de l’histoire et de la mémoire des Noirs canadiens inscrites dans l’espace en explicitant notamment le concept de « lieux de mémoire ». Elle y écrit : « […] nous sommes en présence de récits invisibles s’étendant sur plusieurs générations enchâssés sur ces lieux et dans les souvenirs des élèves, des enseignants, des parents et des administrateurs qui formaient ensemble le milieu scolaire de cette époque. Les écoles réservées aux Noirs étaient un héritage direct de l’esclavage et perpétuaient les attitudes sociales racistes, conscientes et inconscientes, inextricablement liées à cet odieux système de haine. » [Traduction libre]
Jennifer Holness
Jennifer Holness, productrice, scénariste, metteuse en scène (née en 1969 à Montego Bay, en Jamaïque).
Jennifer Holness est présidente et cofondatrice de Hungry Eyes Film & Television, qui privilégie les histoires qui traitent de questions sociales et une représentation dynamique des Canadiens noirs. « Pour moi, confie-t-elle au Toronto Star en 2012, tourner un film consiste à raconter des histoires qui ne sont pas souvent racontées ». Parmi ses œuvres les plus notoires on peut citer les très primés Love, Sex, and Eating the Bones (2003), Home Again (2012) et la minisérie Guns (2009), récompensée par un prix Gemini.
Jennifer Holness coréalise avec David Sutherland le documentaire Au nom des morts (v.f. de Speakers for the Dead [2000]), produit par l’ONF. Le film décrit la lutte engagée pour restaurer un cimetière afro-canadien à Priceville, en Ontario, et il révèle la volonté de Jennifer Holness de prendre à contre-pied l’iconographie aseptisée du Canada. « J’ai été élevée au Canada, et j’étais très consciente du fait que ma culture ne faisait pas partie du contexte historique : l’histoire des Noirs était tout simplement passée sous silence », raconte-t-elle dans une entrevue enregistrée lors de la sortie du film. Elle déclarera également qu’« historiquement, on ne peut pas dire que le Canada ait de leçons à donner en matière de racisme ».
Musique
Portia White
Portia May White, contralto et enseignante (née le 24 juin 1911 à Truro, en Nouvelle-Écosse; décédée le 13 février 1968 à Toronto, en Ontario).
Portia White parvient à briser la barrière de la couleur de peau pour devenir la première cantatrice canadienne noire de renommée internationale. Considérée comme l’une des meilleures chanteuses classiques du XXe siècle et souvent comparée à la célèbre contralto afro-américaine Marian Anderson, Portia White possède une voix qu’un critique décrit comme « un cadeau du ciel ». En 1995, elle est nommée « personne d'importance historique nationale » par le Gouvernement du Canada.
Portia White n’a jamais réalisé d’enregistrements en studio, mais sa voix peut être entendue sur plusieurs enregistrements de concerts, parmi lesquels un récital de chants intitulé Think on Me (1968). La famille White a fait don à Bibliothèque et Archives Canada d’enregistrements audio des concerts que la cantatrice a donnés à New York et à Moncton, au Nouveau‑Brunswick, en 1944 et en 1945.
Le prix Portia White est attribué chaque année par le Conseil des arts de la Nouvelle-Écosse à un artiste néoécossais d’exception. Le premier lauréat de ce prix est, en 1998, l’écrivain George Elliott Clarke, petit neveu de Portia White.
Jully Black
Jully Ann Inderia Gordon, chanteuse, compositrice, actrice, femme de télévision (née le 8 novembre 1977 à Toronto, en Ontario).
Auteure‑compositrice‑interprète de musique R&B et soul, surnommée la reine du R&B au Canada, Jully Black a remporté de nombreux prix Juno. En 2013, CBC Music la nomme dans sa liste des 25 plus grands interprètes canadiens de tous les temps. Sa voix rauque d’alto parfaitement reconnaissable suscite des comparaisons avec Tina Turner et Amy Winehouse. Outre ses nombreux accomplissements et récompenses obtenues dans le domaine musical, elle a aussi été remarquée dans une production torontoise de la pièce de trey anthony 'da Kink in my Hair. Sa personnalité charismatique et attachante lui vaut une grande popularité comme animatrice de divers spectacles et manifestations.
À 21 ans, elle signe chez Warner/Chappell Music Canada et continue à écrire des chansons pour Destiny’s Child, Nas, Sean Paul, Missy Elliott et de nombreux autres artistes. En 2007, le deuxième album de Jully Black, Revival, intègre le morceau « Seven Day Fool », qui demeure à ce jour le simple de Jully Black ayant réalisé les meilleures ventes, culminant à la neuvième place du classement des meilleures ventes canadiennes du magazine Billboard. Jully Black défend un vaste éventail de causes et participe à de nombreuses manifestations caritatives.
Jackie Richardson
Jackie Richardson, actrice et chanteuse (née en 1947 à Donora, en Pennsylvanie).
Jackie Richardson est une chanteuse et une actrice acclamée dont la carrière s’étend sur plus de cinquante ans. Surnommée par plusieurs « reine canadienne du jazz, du blues et du gospel », elle a reçu un prix Maple Blues pour l’ensemble de ses réalisations. Elle s’est également vu décerner un prix Gemini et un prix Dora pour son interprétation théâtrale dans de nombreux films, comédies musicales et séries télévisées. En 2014, le Toronto Star inscrit le nom de Jackie Richardson sur une liste de 180 personnes ayant joué un rôle fondamental dans le développement de la ville depuis sa fondation.
Tout au long de sa carrière, Jackie Richardson participe à l’enregistrement de nombreux albums et chansons à succès, dont Africville Suite (1996) de Joe Sealy, récipiendaire d’un prix Juno, What a Wonderful World: 26 Inspirational Classics (1999) d’Anne Murray, Norm Amadio and Friends (2009) de Norm Amadio, « Georgia » (2012) de Peter Appleyard, « Freedom for the Stallion » (2015) de David Clayton-Thomas et « New York Story Duet » (2016) de Micah Barnes. L’artiste collabore également avec de nombreux musiciens sur scène, y compris avec l’Orchestre symphonique de Toronto.
Arts visuels
Deanna Bowen
Deanna Bowen, artiste visuelle (née le 5 novembre 1969 à Oakland, en Californie).
Les travaux de cette artiste multidisciplinaire, s’appuyant souvent sur des documents d’archives pour créer des œuvres témoignant d’un passé traumatisant, portent sur les migrations africaines, sur des récits personnels et collectifs ainsi que sur la généalogie et l’histoire de l’esclavage. Les œuvres de Deanna Bowen sont largement exposées dans tout le Canada ainsi qu’aux États‑Unis et en Europe.
Deanna Bowen descend de colons originaires des communautés noires d’Amber Valley et de Campsie, en Alberta – ses grands‑parents, originaires de l’Alabama et du Kentucky, avaient fui les États‑Unis après la promulgation des lois dites « Jim Crow » à la fin du XIXe siècle –, son histoire familiale constituant une clé essentielle de nombre de ses œuvres. Durant son enfance, la petite Deanna vit régulièrement chez ses grands‑parents lorsque sa mère, qui partage son temps entre Vancouver et Seattle, est absente. La tension entre le racisme au Canada et aux États‑Unis tout comme une recherche sur le refus du Canada d’accepter des récits témoignant de sa propre hostilité à l’égard des immigrants noirs inspirent une grande partie du travail de l’artiste.
Sandra Brewster
Sandra Brewster, artiste visuelle (née en 1973 à Toronto, en Ontario).
Sandra Brewster est une créatrice multimédia exerçant son art essentiellement dans les domaines du dessin, de la peinture et des techniques mixtes. Ses œuvres explorent les enjeux de la race, de la représentation et de la mémoire. En tant qu’artiste, éducatrice et organisatrice, elle est particulièrement présente et active dans le monde artistique torontois. Ses travaux ont été exposés dans tout le Canada et à l’étranger.
Une grande partie de ses premiers travaux s’inspirent largement des techniques traditionnelles du portrait. La série Cool, réalisée entre 1997 et 2000, trouve son origine dans une recherche et un questionnement de l’artiste sur le fossé existant entre l’autoreprésentation et la perception qu’a le public des corps noirs. La série se compose de dessins sur papier, au crayon et au fusain représentant des visages solennels cadrés, avec une grande précision, en très gros plan. La série Stance, réalisée ultérieurement en 2003, ressortit d’une démarche artistique similaire. En partant de photographies d’Afro‑Antillais arrivés en Amérique du Nord dans les années 1960 et 1970, les dessins de cette série donnent à voir et interrogent la façon dont une génération d’immigrants se représentent eux‑mêmes dans le cadre de leur nouveau pays. Ce qui réunit ces portraits, c’est une tentative de déconstruire les perceptions du public à l’égard des communautés noires et d’attirer son attention sur la diversité culturelle de la diaspora africaine au Canada.
Camille Turner
Camille Turner, artiste (née le 11 mars 1960 à Kingston, en Jamaïque).
Qu’il s’agisse de ses performances ou de ses œuvres sur les nouveaux médias, le travail de Camille Turner s’articule autour de l’identité canadienne et du concept d’appartenance et interroge l’occultation de l’ histoire des Noirs des récits canadiens. Elle est active partout au Canada et dans de nombreux pays à l’étranger où elle se produit régulièrement sous la forme de son alter ego, la reine de beauté Miss Canadiana.
Camille Turner se produit sous la forme de cet alter ego lors de manifestations publiques pour interroger les standards de la beauté « blanche » et pour réaffirmer la présence des Noirs dans le récit historique constitutif de l’identité canadienne. Jouant avec les concepts d’origine, d’appartenance et de foyer, elle présente également un spectacle‑visite de « retour à la maison » qui renvoie à sa propre relation à Hamilton, en Ontario, en tant qu’immigrante de la première génération. Des productions autour du personnage de Miss Canadiana ont eu lieu dans tout le Canada ainsi qu’en Grande‑Bretagne, en Allemagne, au Sénégal, en Australie, au Mexique, à Cuba et en Jamaïque.