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Lieux hantés au Canada

Certains lieux sont dits « hantés » à cause d’événements tragiques qui y sont survenus, de personnages historiques qui y sont associés ou du milieu où ils se trouvent. Au Canada, les lieux hantés ne sont pas que de simples endroits où logent les fantômes et esprits : ce sont des lieux qui racontent une histoire et préservent tout le folklore qui y est associé. Dans l’article qui suit, il est question de trois lieux réputés hantés qui ont une importance historique.

Panneau à l’extérieur du moulin Watson.

Moulin Watson, Manotick, Ontario

Situé à Manotick (mot ojibwé signifiant « île dans la rivière »), en Ontario, sur la rivière Rideau, le moulin Watson est construit en 1860. Faisant à l’origine partie du complexe des Long Island Mills appartenant à Moss Kent Dickinson et Joseph Merrill Currier, le moulin est l’un des sites industriels du 19e siècle les mieux préservés du Canada. Le complexe comprend un moulin à farine et à mouture (moulin Watson), un moulin à carder la laine, un moulin à scie, un barrage et une usine à bondons. La maison Dickinson et deux remises à calèche font également partie du complexe. Le complexe transforme Manotick en un centre industriel prospère d’où sont exportées de la farine et des marchandises essentielles à une époque de croissance de la population. Le moulin change de main au fil du temps, mais en demeure le point névralgique. Aujourd’hui, c’est un musée et un site patrimonial où le passé industriel est mis en valeur pour les générations futures. Le moulin Watson n’est pas seulement connu pour son passé glorieux : il y vivrait aussi un fantôme.

Le saviez-vous?
La première fin de semaine de juin, les résidents de Manotick organisent les Dickinson Days en l’honneur de Moss Kent Dickinson, fondateur de la ville. La tradition date de 1975 et est devenue un vrai festival annuel aussi ouvert aux visiteurs.


Ann Crosby Currier, le fantôme du moulin, meurt sur place en 1861 à 20 ans, six semaines seulement après avoir épousé Joseph Merrill Currier. Sa crinoline se coince dans un arbre de turbine et elle est projetée, sa tête heurtant un pilier. Depuis, la croyance veut que son esprit erre dans le moulin. Certains disent avoir vu une femme aux fenêtres du deuxième étage ou descendre les escaliers du grenier tandis que d’autres mentionnent avoir entendu des pas ou senti des mains invisibles.

Le saviez-vous?
En 2010, Postes Canada a émis un timbre commémorant le moulin Watson.


Image stylisée de l’intérieur du moulin Watson.

Maison Mackenzie, Toronto, Ontario

La maison Mackenzie, située au centre-ville de Toronto près du square Sankofa (anciennement le square Yonge-Dundas) est construite en 1858 par William Rogers. Elle devient la dernière demeure de William Lyon Mackenzie, premier maire de Toronto, qui y vit de 1859 à 1861. Elle fait partie à l’origine d’une série de trois maisons en rangée et est la seule à avoir échappé à la démolition en 1936. Aujourd’hui, la maison est un musée avec une imprimerie du 19e siècle qui donne aux visiteurs un aperçu de la vie à Toronto à l’époque victorienne. Elle symbolise également la transformation du quartier alors que les maisons du passé ont laissé place à des gratte-ciel détenus en copropriété.

La maison a la réputation d’être parmi les lieux les plus hantés de Toronto. Le personnel et les visiteurs parlent notamment de points froids, de pas fantômes et de sensation qu’une femme est présente, en l’occurrence Isabel Mackenzie (née Baxter), l’épouse de William Lyon Mackenzie. L’importance historique du lieu n’est qu’amplifiée par la présence du surnaturel, le passé politique de Toronto s’y entremêlant avec le folklore.

Le saviez-vous?
En 1960, la Ville de Toronto a reçu la maison en don. Parmi la liste des artefacts se trouvait à la fin une note : « Un fantôme. »


Extérieur de la maison Mackenzie

Phare de West Point, Î.-P.-É.

Construit en 1876 par Mugridge and Company de Shediac, au Nouveau-Brunswick, le phare de West Point est le premier phare en bois carré à l’Île-du-Prince-Édouard. Située près d’O’Leary sur la côte ouest de l’île, la tour est commandée par le ministère de la Marine et des Pêcheries et construite sur une fondation en pierre attachée à une maison d’un étage et demi pour le gardien. Seuls deux hommes sont gardiens du phare avant l’automatisation de ce dernier en mai 1963. Le premier, William Anderson MacDonald, surnommé « Lighthouse Willie », participe à la construction du phare et en assure le fonctionnement pendant 50 ans, de 1875 à 1925, sans manquer une seule nuit. Benjamin MacIsaac, ancien combattant de la Première Guerre mondiale, le remplace en 1925 jusqu’à l’automatisation du phare.

Aujourd’hui, le phare abrite une auberge. Nombreux sont ceux qui pensent que les gardiens du phare ne sont jamais partis. Les employés et visiteurs font état de lumières qui s’allument et s’éteignent dans la tour et les bâtiments annexes. Le phare est aujourd’hui entretenu par Carol Livingstone, qui perpétue la tradition des gardiens sous une forme moderne. Les histoires de fantômes confèrent au phare un côté mystérieux, certes, mais il y a aussi un héritage culturel qui remonte aux légendes de Premières Nations et des premiers colons écossais et irlandais. Ce sont tous ces récits, factuels et fictionnels, qui font du phare de West Point ce qu’il est aujourd’hui. Bien plus qu’un simple point de repère, ce phare est un lieu vivant où se transmettent la mémoire collective, le patrimoine maritime et les récits du folklore.

Le saviez-vous?
Le 1er juillet 1984, le bâtiment est devenu le seul phare à abriter une auberge. En 2002, il est devenu le premier phare de l’Île-du-Prince-Édouard à passer des mains du gouvernement fédéral à celles d’un organisme communautaire.


Photographie en contre-plongée du phare avec ses rayures noires et blanches.
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