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Villes fantômes au Canada

On trouve des villes abandonnées, ou villes fantômes, partout à travers le Canada. Souvent, l’essor et le déclin de ces villes sont liés aux hauts et bas de l’économie de l’extraction des ressources naturelles (voir Villes de ressources primaires au Canada). À d’autres moments, une ville peut subir plusieurs transformations avant d’être finalement désertée. Alors que certaines villes fantômes deviennent des attractions touristiques, d’autres s’effondrent. Voici l’histoire de cinq de ces endroits au Canada.


Bankhead (parc national Banff en Alberta)

Dans le parc national Banff, les visiteurs peuvent visiter la ville minière abandonnée de Bankhead, qui est créée par le chemin de fer Canadien Pacifique par l’intermédiaire d’une filiale. Surnommée la « ville de vingt ans », elle est en activité de 1903 à 1922. Contrairement aux autres villes de compagnie de l’époque, Bankhead est une ville planifiée et dotée d’un système municipal d’approvisionnement en eau, d’un système d’égouts, d’une plomberie intérieure dans la plupart des maisons et de l’électricité. À l’époque, le développement minier dans le parc national est non seulement autorisé, mais il est même encouragé; les sociétés minières payent au gouvernement une redevance de 10 cents par tonne de charbon extraite. La compagnie ferme brusquement la mine de Bankhead en 1922 à la suite d’une grève. Cependant, il est possible que l’effondrement du marché du charbon à l’époque et les objections à l’exploitation d’une mine dans un parc national aient également joué un rôle dans sa décision. La ville est démantelée et certains bâtiments sont déplacés vers Banff, la ville voisine.

Locomotive abandonnée

Camp 30 (Clarington en Ontario)

Le Camp 30 est un ancien établissement de redressement pour garçons qui est transformé en camp de prisonniers de guerre pour les officiers allemands capturés au cours de la Deuxième Guerre mondiale. Il est le théâtre d’une tentative d’évasion impliquant Otto Kretschmer, le lieutenant-commandant d’un sous-marin allemand, et trois autres prisonniers, qui tentent tous de s’échapper en creusant un tunnel. Lors d’un autre incident survenu en 1942, des prisonniers se barricadent à l’intérieur de plusieurs bâtiments, résistant à l’ordre du premier ministre britannique Winston Churchill que les prisonniers soient enchainés, en raison d’une querelle de plus en plus forte entre les Allemands et les Alliés en temps de guerre concernant l’enchainement des prisonniers. Les gardes canadiens descendent en rappel le long des murs à partir des fenêtres et ils attaquent les prisonniers avec des bâtons de baseball et des poêles à frire pour éviter de tirer sur des prisonniers non armés.

Les bâtiments continuent à servir d’école après la guerre jusqu’à ce qu’ils soient abandonnés en 2008. Le sort du site, que des promoteurs achètent, est débattu pendant longtemps et les bâtiments tombent en ruine. En 2022, on prévoit de transformer certaines parties du site en logements, tandis que d’autres parties sont restituées à la ville pour un usage communautaire (voir Camp de prisonniers de guerre 30).

Bâtiment détérioré et couvert de graffitis

Lac Minnewanka (parc national de Banff en Alberta)

Contrairement à la plupart des villes de cette liste, le site du lac Minnewanka n’est accessible qu’aux plongeurs. Un village de vacances s’y développe le long des rives du lac en 1888 avec la construction de l’hôtel Beach House. Le lac est endigué en 1895 pour améliorer le littoral, et à nouveau en 1912 pour l’hydroélectricité. En 1941, un nouveau barrage est construit en vertu de la Loi sur les mesures de guerre, ce qui a pour résultat d’inonder la ville. Les plongeurs peuvent y voir plusieurs lieux, dont le barrage de 1912, des fondations de maisons, un pont et plusieurs quais.

Île Bonaventure (Percé au Québec)

Aujourd’hui intégrée au parc national de l’Île-Bonaventure-et-du-Rocher-Percé au Québec, cette île offre aux visiteurs la possibilité de visiter une ville abandonnée et de faire une randonnée jusqu’à une colonie de fous de Bassan qui compte 110 000 oiseaux. Durant l’époque française, l’île Bonaventure fait partie des lieux de pêche à la morue sous le régime britannique et elle est ensuite colonisée par des compagnies de pêche de l’île de Jersey. La pêche demeure la principale industrie de l’île jusqu’en 1926, année où les pêcheries sont abandonnées. L’île devient le lieu de résidences d’été de nombreuses familles, mais vers 1967, elle ne compte plus d’habitants permanents. L’île est achetée par le gouvernement du Québec en 1971, qui exproprie les propriétaires restants. En 1985, elle est intégrée à un parc national du Québec et de nombreux bâtiments y sont restaurés depuis.

Maison près d’une falaise rouge

Broughton (île du Cap-Breton en Nouvelle-Écosse)

La ville de Broughton en Nouvelle-Écosse est censée être une ville de compagnie pour l’exploitation du charbon et elle doit accueillir jusqu’à 10 000 habitants, mais elle ne compte jamais ce nombre d’habitants. Elle est l’une des premières villes planifiées au Canada et sa construction commence au tournant du 20e siècle. La ville compte deux hôtels, 43 chalets et les premières portes tournantes d’Amérique du Nord. L’exploitation minière fait faillite en 1907 lorsque le projet de construction d’une voie ferrée pour acheminer le charbon vers le port tombe à l’eau. Durant la Première Guerre mondiale, la ville sert brièvement de camp d’entrainement et de quartier général pour le 185e régiment des Cape Breton Highlanders. Depuis, elle demeure abandonnée et de nos jours, il n’en reste que quelques fondations. Ce site n’est pas ouvert aux touristes.

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