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Militantes autochtones au Canada

Un militant ou une militante est une personne qui ?uvre a susciter des changements d’ordre social ou politique. Plusieurs Autochtones au Canada ont ete des figures de proue de mouvements pour l’environnement, les droits des Autochtones et relatifs aux traites, un acces equitable a l’education et aux soins de sante, les droits des femmes et des enfants, et plus encore. Des femmes autochtones, notamment, ont defendu des causes touchant leur famille et leur communaute. Cet article traite de quelques militantes autochtones au Canada qui ont milite efficacement pour des causes importantes. (Voir aussi Questions relatives aux femmes autochtones au Canada.)

1. Bertha Clark-Jones (née le 6 novembre 1922, décédée le 21 octobre 2014; Crie-Métisse)


Bertha Clark-Jones grandit sur une ferme en Alberta. En 1940, elle s’enrôle dans l’Aviation royale canadienne et devient rapidement caporale, se rendant dans les bases aériennes pour y former des escadrons aériens. (Voir aussi Service féminin de l’Aviation royale canadienne.) À l’issue de la guerre, elle se joint à l’Aboriginal Veterans Society, où elle défend les droits des anciens combattants autochtones. (Voir aussi Les peuples autochtones et les guerres mondiales.)

À Fort McMurray, Bertha Clark-Jones fonde Nistawoyou, un centre d’amitié, qui aide les personnes autochtones à trouver du travail. Elle crée aussi NewStart (« Nouveau départ »), un organisme qui aide les personnes autochtones à parfaire leur éducation. En 1968, elle cofonde la Voice of Alberta Native Women’s Society (VANWS), qui aide les femmes autochtones à défendre les droits que la Loi sur les Indiens leur refuse. En 1974, la VANWS devient l’Association des femmes autochtones du Canada, et Bertha Clark-Jones est la première à en assumer la présidence.

2. Autumn Peltier (née le 27 septembre 2004; Anichinabée)

Autumn Peltier

Autumn Peltier grandit sur l’île Manitoulin, en territoire anichinabé. De sa mère et de sa tante (Josephine Mandamin), qui sont elles aussi militantes politiques, elle apprend qu’on ne peut garder le silence face à une injustice. Alors qu’elle n’a que 12 ans, elle commence à s’exprimer haut et fort sur l’importance d’avoir accès à de l’eau potable propre, un droit refusé à de trop nombreuses communautés autochtones. Elle rencontre le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, et lui déclare sans ambages qu’il n’en fait pas assez pour résoudre ce problème. Dans un discours prononcé au Forum mondial sur les paysages de l’ONU, elle déclare que les décideurs doivent comprendre que « nous ne pouvons pas manger de l’argent, on ne peut pas boire du pétrole. » À 14 ans, elle est nommée commissaire en chef des eaux de la nation anichinabée, qui représente 39 Premières Nations en Ontario. À partir de 2017 et durant trois années consécutives, elle est en nomination pour le Prix international de la Paix des enfants.

3. Helen Mamayaok Maksagak (née le 15 April 1931, décédée le 23 janvier 2009; Inuvialuit)

Helen Mamayaok Maksagak

Helen Mamayaok Maksagak naît sur les terres situées à proximité de Bernard Harbour. Dans les années 1960 et 1970, elle dirige un centre d’accueil au sein de la Gendarmerie royale du Canada. Elle apporte également sa contribution à plusieurs comités, notamment au comité sur les drogues et l’alcool, au comité de l’association de l’habitation, au comité d’appel en matière d’aide sociale et à la Table ronde des Territoires du Nord-Ouest sur l’environnement.

Helen Mamayaok Maksagak occupe la fonction de Commissaire adjointe, puis de Commissaire des Territoires du Nord-Ouest; elle est la première femme inuite à occuper ce poste. (Voir aussi Gouvernements territoriaux au Canada.) En 1999, elle est nommée Commissaire du Nunavut, territoire récemment créé. Elle œuvre également au sein du Conseil du statut de la femme au Nunavut, du conseil d’administration de la Fondation autochtone de guérison, puis, en 2005, à titre de Commissaire adjointe du Nunavut. Elle soutient fidèlement les peuples du Nord qui souhaitent vivre selon le mode de vie ancestral.

4. Jean Cuthand Goodwill (née le 14 août 1928, décédée le 25 août 1997; Crie)

Jean Cuthand Goodwill est élevée au sein de la Première Nation Little Pine. En 1954, elle devient la première infirmière autochtone de la Saskatchewan, se déplaçant souvent en traîneau à chiens ou en avion de brousse. Elle assume le rôle de directrice générale du Centre d’amitié des Indiens et des Métis à Winnipeg.

En 1965, Jean Cuthand Goodwill promeut la santé des Autochtones en tant que membre du ministère des Affaires indiennes et du Nord. En 1974, elle cofonde Indian and Inuit Nurses of Canada (maintenant la Canadian Indigenous Nurses Association) et en assume la présidence de 1983 à 1990. En 1981, elle devient la première femme autochtone à agir en qualité de conseillère au sein du ministère de la Santé et du Bien-être social (aujourd’hui Santé Canada). (Voir aussi Services aux Autochtones Canada.) Jean Cuthand Goodwill participe à la mise sur pied du programme communautaire de soins infirmiers autochtones de l’Université de la Saskatchewan, en plus d’agir en qualité de cheffe du département des études en santé autochtone de l’Université des Premières Nations du Canada. Elle assume également la présidence de la Société canadienne pour la santé circumpolaire.

5. Cindy Blackstock (née en 1964; Première Nation gitxsane)

Née à Burns Lake, en Colombie-Britannique, Cindy Blackstock obtient un baccalauréat ès arts de l’Université de la Colombie-Britannique, deux maîtrises, l’une de l’Université McGill et l’autre de la Loyola University Chicago, ainsi qu’un doctorat en travail social de l’Université de Toronto. Elle publie plus de 75 articles qui présentent des problèmes complexes et des solutions sensées se rapportant aux droits des enfants autochtones. En 2007, elle intente des poursuites à l’encontre du gouvernement fédéral, l’accusant de priver systématiquement les enfants autochtones de la qualité de service à laquelle ont droit les enfants non autochtones. (Voir aussi Principe de Jordan.) Le Tribunal canadien des droits de la personne statue d’abord en sa faveur en 2016, mais le gouvernement interjette appel de certains éléments de cette décision et de décisions subséquentes, et donc les négociations se poursuivent. En tant que professeure à l’École de travail social de l’Université McGill et directrice générale de la Société de soutien à l’enfance et à la famille des Premières Nations, Cindy Blackstock continue de militer en faveur de changements et d’améliorations véritables dans la vie des enfants autochtones.

6. Sheila Watt-Cloutier (née le 2 décembre 1953; Inuite)

Sheila Watt-Cloutier

Sheila Watt-Cloutier naît dans une petite communauté inuite de Fort Chimo, aujourd’hui appelée Kuujjuaq, dans le nord du Québec. Elle passe plusieurs années dans le sud du Canada avant de retourner dans le nord, où elle constate que de trop nombreuses communautés et familles sont terrassées par la toxicomanie, la pauvreté et une éducation de piètre qualité. Elle se donne pour mission de trouver des solutions. En 1990, elle est élue secrétaire générale de la Société Makivik, qui gère les fonds provenant de la Convention de la baie James et du Nord québécois. Elle est élue présidente canadienne du Conseil circumpolaire inuit (CCI), pour ensuite occuper le poste de présidente internationale du CCI de 1995 à 2006. Ses prises de position en faveur des peuples autochtones et des solutions au changement climatique lui valent de recevoir, en 2007, une nomination pour le prix Nobel de la paix. Ses mémoires primés, The Right to be Cold: One Woman’s Story of Protecting Her Culture, the Arctic and the Whole Planet (trad. Le droit au froid : Le combat d’une femme pour protéger sa culture, l’Arctique et la planète), relatent sa vie et son combat pour la justice sociale, politique et environnementale.

7. Lorelei Williams (née en 1980 ou en 1981; Premières Nations de Skatin et de Sts'ailes)

La tante de Lorelei Williams disparaît il y a 40 ans, tandis que sa cousine est portée disparue jusqu’à l’élucidation de son meurtre en 1996. Ces événements tragiques incitent Lorelei Williams à se faire le porte-voix du mouvement représentant les femmes et filles autochtones disparues et assassinées. Pour sensibiliser les jeunes femmes autochtones et pour renforcer leur autonomie, elle forme une troupe de danse appelée « Butterflies in Spirit », qui se produit à travers le Canada. Elle est bénévole au sein de la Missing and Murdered Indigenous Women Coalition, qui rassemble 25 communautés urbaines et groupes de défense d’intérêts politiques. Lorelei Williams est également la coordonnatrice représentant les femmes au sein du Vancouver Aboriginal Community Policing Center, qui favorise le dialogue entre la police de Vancouver et les communautés autochtones. Elle assume également la fonction de gestionnaire de programme à la Restoring Circles Society, qui fournit du soutien aux personnes se relevant de traumatismes.

8. Jessica Gordon (Saulteaux/Crie), Sylvia McAdam (Crie), Nina Wilson (Nakota et Crie des plaines) et Sheelah McLean (non-Autochtone occupante née sur le territoire couvert par le Traité no 6)

Fin 2012, le gouvernement fédéral présente le projet de loi C-45. Ce dernier propose un grand nombre de modifications législatives, dont l’élimination de la protection des voies navigables qui traversent les terres autochtones, affaiblissant ainsi les droits issus de traités, les lois sur la protection de l’environnement et la capacité des communautés autochtones à être maîtres de leurs terres. Quatre femmes de la Saskatchewan, soit Jessica Gordon, Sylvia McAdam, Nina Wilson et Sheelah McLean, décident de contester ce projet de loi. Elles créent d’abord une page Facebook nommée Idle No More, qui devient le nom du mouvement subséquent. Peu après, elles organisent des manifestations et des barrages à travers le Canada, et inspirent d’autres à faire de même. Leurs efforts finissent par aller bien au-delà de la contestation du projet de loi C-45, puisqu’elles encouragent les Autochtones à s’exprimer et à réclamer une justice fondamentale et du respect pour les Autochtones et leur souveraineté. Chacune de ces femmes est également engagée à titre personnel dans d’autres voies d’action politique.

9. Elsie Knott (née le 20 septembre 1922; décédée le 3 décembre 1995; Anichinabée)

En 1951, une modification apportée à la Loi sur les Indiens accorde aux femmes autochtones le droit de voter et d’exercer une charge. Alors âgée de 33 ans, Elsie Knott tire parti de cette opportunité pour initier des changements favorables au sein de sa communauté (Première Nation de Curve Lake). En 1954, elle est élue et devient la première femme cheffe d’une Première Nation au Canada. Sa mobilisation de la collectivité et les pressions qu’elle exerce sur le gouvernement fédéral portent fruit : on creuse davantage de puits, on construit plus de maisons, on améliore les routes et on met sur pied de nouveaux établissements, dont une garderie, un centre communautaire et un foyer pour personnes âgées. Elle commence à donner des cours de langue ojibwée à l’école locale, redonne vie au pow-wow annuel et organise un tournoi de hockey annuel auquel prennent part des enfants autochtones de partout en Ontario. Afin d’assurer que davantage de jeunes puissent fréquenter l’école secondaire, elle organise le transport scolaire par autobus et conduit elle-même un autobus durant 31 ans. Elsie Knott est cheffe de sa Première Nation de 1954 à 1962, puis de nouveau de 1970 à 1976.

10. Jeannette Corbiere Lavell (née le 21 juin 1942; Anichinabée)

Jeannette Corbiere Lavell est l’une des nombreuses femmes autochtones à avoir sensibilisé le public quant à la discrimination fondée sur le sexe présente dans la Loi sur les Indiens. Comme des milliers d’autres femmes autochtones, elle perd son statut d’Indienne lors son mariage avec un homme n’étant pas un Indien inscrit. En 1971, elle poursuit le gouvernement fédéral en justice. Cette affaire devient associée à une autre similaire, R c. Bédard, sur la perte de statut d’Yvonne Bédard. La poursuite échoue, mais les femmes autochtones continuent de mettre l’enjeu de l’avant. Sandra Lovelace Nicholas, une femme wolastoqiyik (malécite), finit par entamer sa propre poursuite sur le sujet, Lovelace c. Canada.

En affrontant l’État canadien, Jeannette Corbiere Lavell, Sandra Lovelace Nicholas et Yvonne Bédard contribuent directement à la modification de l’article 35 de la Loi constitutionnelle de 1982. En 1983, l’article est en effet modifié pour garantir l’égalité juridique des hommes et des femmes en ce qui a trait au respect des droits autochtones et relatifs aux traités. Ces efforts entraînent l’adoption, en 1985, du projet de loi C-31 visant l’abrogation des articles discriminatoires de la Loi sur les Indiens. En 1985, Jeannette Corbiere Lavell fait ainsi partie des nombreuses femmes autochtones à récupérer leur statut. Malgré ces avancées, il existe encore des dispositions inéquitables sur le statut dans la Loi sur les Indiens. D’ailleurs, les affaires McIvor c. Canada (2009) et Descheneaux c. Canada (2015) contestent d’autres dispositions sur le statut qui sont fondées sur le sexe. Quoiqu’il en soit, les efforts de Jeannette Corbiere Lavell inspirent d’autres militantes puisque celle-ci a joué un rôle clé dans la révision de plusieurs aspects du code juridique canadien où dominaient les hommes. (Voir aussi Les femmes et la Loi sur les Indiens.)