Le monarque (Danaus plexippus) est une espèce de papillon surtout connue pour ses habitudes migratoires. Sa migration annuelle est différente de tout autre insecte trouvé en Amérique du Nord. Durant les étés canadiens, on trouve habituellement le monarque dans toutes les provinces à l’exception de Terre-Neuve-et-Labrador, et il est abondant partout où pousse sa plante hôte, l’asclépiade. En raison d’un déclin de l’asclépiade, entre autres facteurs, le monarque est une espèce en voie de disparition. Malgré cela, sa large taille, sa coloration orange et noire, et son vol lent font de lui un papillon familier dans la majeure partie du Canada.
Description
Les monarques sont de grands papillons avec une envergure d’ailes d’environ 9 à 10 centimètres. Ils ont des ailes orange bordées de noir, et deux rangées de taches blanches le long des bordures. Les adultes ont une longue trompe enroulée qu’ils étendent et utilisent comme une paille pour boire du nectar et de l’eau. Les chenilles du monarque ont des rayures jaunes, blanches, et noires, et ont une paire d’appendices noirs près de chaque extrémité de leur corps. Ils utilisent un ensemble de pièces buccales masticatrices appelées mandibules pour manger des tissus végétaux.
Migration
Chaque printemps, les monarques migrent vers le nord en partant du Mexique et de la Californie et en traversant les États-Unis vers le sud du Canada. Cette migration vers le nord est lente et graduelle, et elle implique jusqu’à trois générations successives de papillons. Chaque génération voyage à mi-chemin vers la destination la plus au nord avant de se reproduire. Lorsqu’ils arrivent au Canada, les monarques se reproduisent au moins une fois de plus, et seule la dernière génération, née à la fin de l’été, refait toute la distance inverse jusqu’au site d’hivernage.
Comme les monarques se reproduisent sur les asclépiades, chaque génération suit le développement saisonnier de ces plantes. Les monarques orientent leur vol en utilisant une boussole interne qui est calibrée selon la position du soleil, et possiblement également selon les pôles magnétiques de la Terre. Ce sens inné de l’orientation est essentiel parce que les adultes qui retournent dans le sud pour l’hiver ne sont en fait jamais allés au site d’hivernage eux-mêmes.
Tous les monarques d’Amérique du Nord hivernent dans l’un des deux endroits suivants : ceux qui naissent à l’ouest des Rocheuses hivernent en Californie, et ceux qui naissent dans le centre et l’est de l’Amérique du Nord hivernent dans le centre du Mexique. La migration vers le sud commence à la fin de l’été et est entreprise par une seule génération d’adultes. Ces adultes parcourent environ 3000 à 4000 km vers le sud jusqu’à leurs sites d’hivernage, où ils entrent en état de dormance jusqu’au printemps suivant.
Régime alimentaire, reproduction et développement
Les chenilles du monarque sont des spécialistes de l’asclépiade, c’est-à-dire qu’elles ne mangent que les tissus des plantes de la famille des asclépiades (Asclepiadaceae). Au printemps, les femelles pondent leurs œufs sur les plants d’asclépiades, soit environ 300 à 400 œufs par femelles, sur une période de deux à cinq semaines. Les chenilles (également appelées larves) éclosent en quatre jours environ et commencent à se nourrir des feuilles. Au fur et à mesure qu’elles grandissent, les chenilles muent ou perdent leur exosquelette quatre fois, atteignant une longueur d’environ 2,5 à 4,5 cm en 9 à 14 jours. La chenille adulte se tisse un coussin de soie sur une feuille ou une tige, à partir de laquelle elle pend à l’envers et se mue en une pupe immobile, également appelée chrysalide. Contrairement à la croyance populaire, à ce stade la chenille ne se dissout pas en liquide avant de se reformer à l’âge adulte. Au lieu de cela, de nombreux tissus et structures adultes se développent progressivement au fur et à mesure que la chenille grandit, et le changement le plus spectaculaire, celui de la formation des ailes, se produit durant le stade nymphal. Les adultes émergent après environ 9 à 15 jours et poursuivent leur migration progressive vers le nord durant deux ou trois générations. La durée de vie des adultes de ces générations est d’environ de deux à cinq semaines. Durant cette période, ils s’accouplent et se reproduisent. Les adultes de la dernière génération émergent dans un état de diapause reproductive, ce qui signifie qu’ils ne reproduiront qu’au printemps suivant. Ceci les aide à conserver leur énergie pour leur vol de 3000 à 4000 km vers le sud, leur laissant également suffisamment de réserves pour survivre à l’hiver. Les adultes hibernants sont pour la plupart dormants, n’étant qu’occasionnellement actifs lors des jours plus chauds. Ils reprennent leurs activités de reproduction au printemps, au début de la migration vers le nord.
Conservation
Selon le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada et l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature, le monarque est une espèce en voie de disparition. Ses populations ont considérablement diminué depuis la fin des années 1980; soit de plus de 95 % dans le cas des monarques de l’ouest, et d’au moins 70 % sans le cas des monarques de l’est. Ceci est principalement dû à la perte et à la dégradation de leur habitat.
Environ 90 % des monarques d’Amérique du Nord passent l’hiver dans le centre du Mexique, principalement dans la Réserve de biosphère du papillon monarque. Au fil du temps, l’exploitation forestière illégale et les feux de forêt ont réduit l’étendue de cet habitat d’hivernage. En 2016, le Canada, les États-Unis, et le Mexique se sont engagés conjointement à protéger au moins six hectares d’habitat d’hivernage occupé au Mexique. Ces six hectares sont considérés comme étant suffisants pour atténuer les risques d’extinction du monarque de l’est à court terme. Sur les sites d’hivernage de la Californie, les monarques de l’ouest sont principalement surveillés par des bénévoles qui participent à deux comptages annuels; le comptage de Thanksgiving qui commence en novembre, et le comptage du Nouvel An qui commence en décembre. Depuis le début de ces comptages en 1997, les trois comptages les plus bas ont été enregistrés en 2018, 2019, et 2020, et ce en date de 2022.
Les monarques se reproduisent et se développent sur l’asclépiade, mais en raison de l’utilisation généralisée d’herbicides, des sécheresses plus fréquentes, et de la météo printanière de plus en plus erratique, ces plantes sont de moins en moins disponibles pour y vivre. Les nombreux efforts à faire pour protéger les monarques impliquent donc la plantation d’asclépiades. Ces dernières peuvent être facilement incorporées dans les jardins pour pollinisateurs, plantées le long des routes, ou dans d’autres zones ouvertes protégées de la tonte et de l’utilisation des pesticides.
Écologie
Les monarques sont mangés par les oiseaux et par des insectes comme les fourmis, les araignées, et les guêpes, et ils agissent comme hôtes pour les guêpes et les mouches parasites. Comme forme de défense, les monarques peuvent incorporer des substances chimiques toxiques dans leur corps, qu’ils obtiennent par le biais de leurs plantes hôtes. Ces substances chimiques, appelées glycosides cardiaques, ont un très mauvais goût pour les prédateurs, un fait qui est annoncé par les couleurs vives et contrastées (connu sous le nom d’aposématisme) du monarque. Toutefois, ce ne sont pas toutes les asclépiades qui produisent ces toxines, ce qui laisse certains monarques sans défense. Ils bénéficient néanmoins de leur couleur d’avertissement, ce qui fait que les prédateurs potentiels sont plus susceptibles de trouver quelque chose d’autre à manger plutôt que de risque de manger quelque chose de poison. Le papillon vice-roi (Limenitis archippus) a un motif de couleur très semblable à celui du monarque, et il a lui-même un goût horrible, ce qui amplifie le signal et qui fait en sorte que les prédateurs sont encore plus susceptibles d’éviter de manger les deux espèces. Malgré ceci, certains oiseaux ont appris à ne trouver et à ne manger que des monarques sans défense (par exemple l’oriole d’abeillé), alors que d’autres ne sont simplement pas affectés ou découragés par le poison (par exemple le cardinal à tête noire).
Relation avec les humains
Les monarques captivent les humains depuis longtemps. Leur migration annuelle est importante dans la mythologie des peuples autochtones du centre du Mexique, pour qui le retour des papillons signifie le retour des âmes de leurs ancêtres d’entre les morts, ainsi que le début de la récolte du maïs. Les monarques attirent également l’écotourisme à des points importants de leur route de migration, comme dans le parc national de la Pointe-Pelée, dans le sud de l’Ontario, et dans les sites d’hivernage en Californie et au Mexique. En raison de leur popularité, les monarques inspirent le soutien pour la conservation de la biodiversité en général.