Clayton Stones a servi dans la marine marchande pendant la Deuxième Guerre mondiale.
Transcription
Je m’appelle Clayton Stones. J’ai servi dans la marine marchande durant la Deuxième Guerre mondiale. J’ai quitté la marine marchande en tant que machiniste. Je faisais partie de la réserve des Queen’s Own Rifle. Nous étions les... ou plutôt ils ont été mis en service actif et, comme je n’avais que seize ans, ils m’ont mis à la porte. Quand je suis parti de là, j’ai décidé d’aller tout de suite à Wellington Street à Toronto et je me suis joint à la marine marchande. Et ils m’ont immédiatement envoyé à New York cette nuit-là. Je n’avais pas d’argent sur moi. J’ai dû marcher jusqu’à Broad Street, où se trouvait le consul de la Norvège, parce qu’à l’époque, les Canadiens n’avaient pas assez de navires pour nous embarquer tous. Ils m’ont assigné à un navire. Après avoir passé environ une heure sur ce navire, nous disions au revoir à la Statue de la Liberté. Je crois qu’il y a eu une erreur parce que quand je suis monté à bord de ce navire, j’étais le seul qui parlait anglais. Et à seize ans, c’est... (rires) assez terrifiant en soi.
Vous devez garder à l’esprit qu’aucun d’entre nous n’avait reçu de formation. Nous n’étions pas comme les forces armées qui étaient entrainées à aller au combat, nous ne l’étions pas. Et à cette époque, nous étions un groupe de civils. Et nous étions strictement des volontaires. Et ce que je veux dire par là, c’est que si vous ne pouviez pas vous enrôler dans les forces armées, soit parce que vous étiez trop jeune ou trop vieux, vous alliez dans la marine marchande. Nous faisions traverser toutes les troupes et tous les avions. Pas tous, mais une grande partie. Et bien sûr, le pétrole, le gaz et les munitions dont ils avaient besoin, nous devions tout emporter avec nous. Et lorsque vous êtes sur un navire qui transporte huit mille tonnes de munitions et que vous êtes frappé par une torpille, c’est fini. Vous êtes de l’histoire ancienne. Il ne reste plus rien, le navire entier explose.
Le premier navire sur lequel j’ai été n’était pas armé. Quand vous vous retrouvez au beau milieu de l’Atlantique Nord, dans la bataille de l’Atlantique, et que des sous-marins vous attaquent avec des torpilles, c’est plutôt risqué. Alors tous nos cargos qui transportaient des munitions et du pétrole, ils essayaient de nous garder dans les coins du convoi. Et donc si nous étions touchés, nous ne coulerions pas la moitié du convoi avec nous. Vers 1946, je crois, je suis allé à Christie Street pour essayer d’obtenir de l’aide. J’avais toujours de sévères bourdonnements dans les oreilles à cause des explosions ou quoi que ce soit qui était survenu sur le navire. Alors je suis allé là-bas pour leur demander de l’aide et ils m’ont dit : « Non, ici, nous ne traitons que les anciens combattants. » Ensuite, nous avons fait des demandes pour obtenir des choses, comme les gratuités que ceux de l’armée recevaient : « Non, vous n’êtes pas des anciens combattants. Vous n’êtes que... vous êtes tous des civils. » Et c’est de cette manière qu’on nous a traités jusqu’à il y a environ dix ans. Le Canada ne nous reconnaissait pas comme anciens combattants. Et puis, j’ai fait une demande au gouvernement norvégien pour quelque chose et ils m’ont envoyé deux médailles, une du roi de Norvège et une du ministre de la Défense norvégien, pour ma participation aux Forces norvégiennes libres durant la guerre. Trois mois plus tard, le gouvernement canadien m’a envoyé un tas de médailles que j’ai reçues pour les différents endroits où je suis allé. Et en 1993, je crois, ils ont commencé à me reconnaitre en tant qu’ancien combattant et à me verser une pension. En 1950, la Légion [royale canadienne] m’a reconnu comme ancien combattant. Je me suis fortement impliqué dans la Légion.