Prenez note que les sources primaires du Projet Memoire abordent des temoignages personnels qui refletent les interpretations de l'orateur. Les temoignages ne refletent pas necessairement les opinions du Projet Memoire ou de Historica Canada.
Transcription
Je m’appelle Jack Strong et je suis né le 15 mars 1928 à Lowestoft, dans le Suffolk, en Angleterre. C’est là que je suis allé à l’école. C’est une grande ville de pêcheurs, ou du moins c’était le cas à l’époque. C’est la ville la plus à l’est de l’Angleterre ou des îles britanniques. Lorsque la guerre a éclaté, j’ai été évacué lors des évacuations des écoles dans les Midlands. J’ai quitté l’école à 14 ans pour aller à Norwich parce que Lowestoft était devenue un grand port naval pour le service de patrouille, notamment. À 14 ans, je suis allé travailler chez Lawrence and Scotts Electric Motors où je participais à la fabrication de moteurs électriques pour les élévateurs de munitions et les moteurs de sous-marins. J’ai rejoint les cadets de la marine à ce moment-là, j’ai participé à leurs différents camps et, à 16 ans, je me suis enrôlé dans la marine marchande.
J’ai eu une période d’hésitation au début, lorsque la guerre a éclaté et qu’en l’espace de quelques semaines, le fils non pas d’un ami, mais d’un voisin, qui n’avait que 18 ou 19 ans et qui était dans la RAF [Royal Air Force], a perdu la vie au cours des deux ou trois premières semaines de la guerre.
Le navire avait à son bord des pilotes du port (Liverpool, en l’occurrence) qui nous ont guidés jusqu’au bateau-phare et à la station de pilotage de Holly Road. Après, nous étions livrés à nous-mêmes. L’équipage se relayait, avec des quarts sur le pont, dans la salle des machines et dans le service de restauration. À partir de là, nous faisions notre travail jusqu’à ce que nous atteignions New York.
Lors d’un deuxième voyage en Australie, on a signalé un soir la présence d’un sous-marin allemand dans les environs, et les gens de la marine ont essayé de le retrouver. Mais je dormais ou j’étais de garde, alors je n’ai rien su avant le lendemain.
J’ai donc eu beaucoup de chance, mais d’après ce que m’ont dit certains membres d’équipage qui avaient pris la mer depuis le début de la guerre, certains pendant deux ou trois ans, il arrivait souvent d’éviter de peu des naufrages et des incendies, notamment.
J’ai eu beaucoup de chance, surtout parce que c’était vers la fin de la guerre et je n’ai pas eu à subir d’attaques aériennes ou d’autres choses de ce genre. Lorsque je travaillais à l’usine de guerre, lors du blitz à Norwich, nous avons eu une bombe incendiaire juste devant notre porte d’entrée. J’ai dû aller travailler le lendemain : il y avait des débris des magasins bombardés partout dans les rues, et je devais soulever mon vélo par-dessus les tuyaux des pompiers pour aller au travail. Nous avons juste continué comme si de rien n’était.
C’était la seule option. Nous espérions seulement ne pas être touchés ou attaqués. C’était la simple routine. Oui, nous regardions s’il y avait des périscopes ou tout autre signe de ce genre. Mais heureusement, j’ai été l’un des plus chanceux, je n’ai pas eu de gros problèmes sur ce plan.
Les gens pensent que les armes, le matériel, les munitions et le carburant apparaissent de nulle part sur le champ de bataille. Ils ne se rendent pas compte qu’il a fallu les transporter sur des navires marchands jusqu’aux zones de combat partout dans le monde puis sur la terre ferme par divers moyens.