Beaucoup de rues au Canada portent un nom influencé par les langues autochtones. Elles sont généralement nommées d’après une personne, un lieu ou une réalité culturelle. De plus en plus de dirigeants remplacent des noms de rue implantés depuis longtemps, car ils jugent que certains ont une origine coloniale qui n’est plus appropriée. Le fait de donner aux rues un nom autochtone permet de reconnaître l’histoire autochtone et de faire un pas vers la réconciliation. Cet article présente certaines des nombreuses rues canadiennes ayant une origine et une signification autochtones.
1. Route Yellowhead (Edmonton, Alberta)
Tête jaune, ainsi nommé à cause de ses mèches blondes, était un trappeur et guide haudenosaunee et métis. Au 19e siècle, il a travaillé pour des commerçants de fourrure français, puis pour la Compagnie de la Baie d’Hudson. (Voir aussi Traite des fourrures au Canada.) La route Yellowhead (tête jaune en français), à Edmonton, est nommée en son honneur. Étant une section très fréquentée de l’autoroute 16, c’est une route express est-ouest très importante dans la partie nord de la ville. (Voir aussi Col Yellowhead et Autoroutes emblématiques au Canada.)
2. Rue Brant (Burlington, Ontario)
Thayendanegea (Joseph Brant) était un dirigeant militaire, chef et diplomate Kanyen'kehà:ka (Mohawk). Il a persuadé de nombreux guerriers Kanyen'kehà:ka de se battre contre les Britanniques pendant la Révolution américaine. À la fin de la guerre, il les a aidés à se réinstaller dans la région aujourd’hui occupée par l’Ontario. Thayendanegea est décédé en 1807 dans sa maison près de la baie de Burlington, sur une crête surplombant le lac Ontario. La rue principale de la ville de Burlington, la rue Brant, porte son nom.
3. Autoroute Shaganappi (Calgary, Alberta)
Le shaganappi est une corde faite de cuir brut. Son nom dérive soit du mot cri pesaganappi, qui signifie « découper en cercle », soit d’un mot algonquien qui se traduirait par « corde écorchée » ou « lanière de cuir brut ». L’autoroute Shaganappi, dans le nord-ouest de Calgary, est une route express très fréquentée. Sa construction, amorcée dans les années 1970, visait à faciliter les déplacements nord-sud. Depuis, elle a été élargie à plusieurs reprises. Ironiquement, l’autoroute Shaganappi ne passe pas par la communauté du même nom établie à Calgary.
4. Rue Su'it (Victoria, Colombie-Britannique)
Joseph Trutch a été lieutenant-gouverneur de la Colombie-Britannique de 1871 à 1876. En plus de refuser aux peuples autochtones l’accès à des terres qui leur avaient été promises, il les a empêchés d’acheter d’autres terres. En février 2022, le conseil municipal de Victoria a donc renommé la rue Trutch pour lui donner le nom de Su’it, un mot de la langue lekwungen qui signifie « être vrai ». Le lekwungen est parlé par les Premières Nations d’Esquimalt et de Songhees. La ville de Victoria se trouve sur leurs terres ancestrales. (Voir aussi Salish de la côte.)
5. Rue Yukon (Halifax, Nouvelle-Écosse)
Le mot Yukon est dérivé du mot Yu-kun-ah, d’origine Dinjii Zhuh (Gwich’in). Signifiant grande rivière, il fait référence au fleuve Yukon. Il est aussi à l’origine du nom du territoire. La rue Yukon, à Halifax, se trouve dans une zone résidentielle, à quelques minutes à l’ouest du centre-ville. Des rues portent également le nom de Yukon à Vancouver et à Victoria, en Colombie-Britannique, ainsi qu’à Quinte West, en Ontario.
6. Avenue Spadina (Toronto, Ontario)
L’avenue Spadina est une artère nord-sud de six voies se trouvant dans l’ouest du centre-ville de Toronto. Sa construction a été amorcée en 1818 lorsque le docteur William Baldwin a fait bâtir sur une colline son imposante demeure, la Maison Spadina, donnant le même nom à la route qui permettait de s’y rendre. Spadina dérive de ishpadinaa, un mot ojibwé qui signifie « haute colline » ou « crête ». En 2016, l’avenue Spadina a vu ses panneaux – parmi de nombreux autres à Toronto – être modifiés pour y inclure le nom autochtone d’origine.
7. Rue Ontario (Montréal, Québec)
La rue Ontario traverse Montréal d’est en ouest, entre les quartiers de Ville-Marie et de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve. Au centre-ville, la rue plutôt commerciale grouille de passants, tandis que d’autres sections sont plus calmes et résidentielles. Le mot « Ontario » découle d’un mot haudenosaunee, kandario, qui signifie « eau pétillante ».
8. Avenue Assiniboine (Winnipeg, Manitoba)
L’avenue Assiniboine évolue parallèlement à la rivière Assiniboine, du côté nord. Elle traverse une zone résidentielle boisée dans laquelle se trouvent de belles maisons historiques, des immeubles d’appartements et des condominiums longeant la rivière. Tout comme le cours d’eau, la rue rend hommage au peuple assiniboine (Nakoda Oyadebi), dont les terres s’étendent du centre-sud du Canada au centre-nord des plaines américaines.
9. Chemin Hiawatha Park (Orléans, Ontario)
Hiawatha était un chef haudenosaunee important au 15e siècle. Il a joué un rôle important dans l’unification des peuples Onöndowa’ga (sénéca), Gayogohó:no' (cayuga), Onoñda’gegá’ (onondaga), Onyota’a:ka (oneida) et Kanyen'kehà:ka (mohawk) pour former la Confédération des Cinq Nations, à laquelle s’est plus tard joint le peuple Skarù∙ręʔ (tuscarora) pour créer les Six Nations. Le chemin Hiawatha Park, qui traverse une zone résidentielle d’Orléans du même nom, se trouve à quelques minutes à l’est du centre-ville d’Ottawa.
10. Chemin Louis Riel (de Regina à Prince Albert, Saskatchewan)
Le chemin Louis Riel prend naissance à Regina, traverse Saskatoon puis débouche au nord de Prince Albert. Autrefois appelé Autoroute 11, il a été renommé en 2001 en hommage à Louis Riel, homme à la tête de la Résistance de la rivière Rouge en 1869-1870, événement qui entraînera la fondation du Manitoba en tant que province. Louis Riel a aussi dirigé la Résistance du Nord-Ouest, une lutte pour la reconnaissance des droits des Métis. Circuler sur cette autoroute de 364 km permet d’admirer des prairies époustouflantes et des sculptures extérieures uniques illustrant des événements historiques d’importance.