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Histoire des premiers peuples autochtones au Canada

Les points de vue divergent quant à la date de l’arrivée des peuples autochtones dans ce qui est aujourd’hui l’Amérique du Nord et du Sud. Certaines traditions autochtones affirment que les peuples autochtones sont présents ici depuis des temps immémoriaux. Les recherches archéologiques font état d’arguments très divers en ce qui concerne la première arrivée, avec des dates remontant de 130 000 ans à 12 000 ans.

Pointes en pierre

Premiers peuples autochtones en Amérique du Nord

Il existe de nombreux points de vue dans le domaine de l’archéologie en ce qui concerne la première arrivée des peuples autochtones en Amérique du Nord. Certains archéologues soutiennent que les peuples seraient arrivés en Amérique du Nord il y a 130 000 ans. D’autres soutiennent que les premiers occupants humains du Canada seraient arrivés au cours de la dernière période glaciaire, qui commence il y a environ 80 000 ans et se termine il y a à peu près 12 000 ans. Pendant la majeure partie de cette période, presque tout le Canada est recouvert de plusieurs centaines de mètres de glace. La quantité d’eau confinée dans les glaciers continentaux fait baisser le niveau des mers du monde de plus de 100 mètres, créant ainsi des ponts terrestres dans des régions qui sont maintenant recouvertes de mers peu profondes. L’un de ces ponts terrestres traverse ce qui est aujourd’hui la mer de Béring, reliant la Sibérie à l’Alaska par une plaine de plus de 1000 km de largeur (voir aussi Béringie). Cette plaine permet le déplacement de grands herbivores comme le caribou, le bœuf musqué, le bison, le cheval et le mammouth. À un certain moment au cours de cette période glaciaire, ces animaux sont suivis par des chasseurs humains qui ont adapté leur mode de vie aux climats froids des latitudes septentrionales.

Il existe un débat continu au sujet du moment de l’arrivée des premiers peuples autochtones dans ce qui est maintenant le Canada. On croit longtemps que les humains ne peuvent pas atteindre les continents américains avant la fin de la période glaciaire. En effet, on croit qu’avant la dernière avancée glaciale majeure, il y a entre 25 000 et 15 000 ans, les cultures humaines des autres parties du monde ne développent ni les technologies permettant de vivre dans les conditions glaciales de l’Arctique du nord-est de l’Asie, ni les embarcations permettant de traverser les mers ouvertes d’un détroit de Béring inondé.

De récentes découvertes démontrent toutefois que les humains atteignent l’Australie par une large bande de mer ouverte il y a au moins 30 000 ans, et qu’aussi loin qu’il y a 200 000 ans, les occupants paléolithiques (l’âge de pierre) vivent dans des conditions environnementales extrêmement froides et disposent possiblement d’embarcations capables de traverser le détroit de Gibraltar. Il est donc possible que des humains en provenance de la Sibérie aient pu atteindre l’Amérique du Nord à n’importe quel moment au cours des 100 000 dernières années. De plus, des travaux récents menés par des chercheurs, dont certains érudits autochtones de renom, démontrent qu’il existe des preuves indiquant qu’il est possible que les peuples autochtones aient vécu sur les continents d’Amérique du Nord et d’Amérique du Sud il y a 130 000 ou même 200 000 ans.

Histoire des premiers peuples autochtones

Au cours des dernières décennies, plusieurs sites archéologiques du continent américain sont identifiés comme datant de la période de la dernière glaciation. La période la plus ancienne à laquelle les peuples autochtones auraient vécu sur les continents d’Amérique du Nord et du Sud fait l’objet de vifs débats dans le domaine de l’archéologie. Toutefois, les archéologues reconnaissent universellement que la première occupation généralisée des Amériques date d’il y a seulement 15 000 ans. La majeure partie de l’Alaska et du Yukon est demeurée sans glace tout au long de la période glaciaire, probablement en raison du climat sec et de chutes de neige insuffisantes (voir aussi Nunatak). Ainsi, ces régions qui sont appelées Béringie, sont reliées à la Sibérie par la plaine de Béringie et séparées du reste de l’Amérique du Nord par des glaciers. L’environnement est une toundra froide, bien que des forêts d’épinettes soient présentes au moins durant les périodes interstadiaires et non glaciaires, et elles abritent une grande variété d’animaux.

Certains chercheurs affirment que des découvertes archéologiques faites le long du bassin d’Old Crow dans le nord du Yukon indiquent la présence de populations de chasseurs du Paléolithique de la période d’il y a entre 25 000 et 30 000 ans. Toutefois, d’autres archéologues soutiennent que ces objets ont été trouvés dans des sédiments redéposés. Ainsi, ils affirment que plusieurs d’entre eux sont possiblement créés par des éléments autres que les humains (comme la mastication par des carnivores ou le mouvement des glaces). De plus, certains archéologues remettent en question l’âge des quelques artefacts assurément fabriqués par l’homme qui ont été trouvés dans ces endroits.

Les grottes du Poisson-Bleu sont largement reconnues comme étant un site archéologique qui démontre une occupation humaine des Amériques dans le nord du Yukon. À cet endroit, à l’intérieur de trois petites grottes surplombant un vaste bassin, quelques artefacts de pierre taillée sont découverts dans des couches de sédiments contenant des os d’animaux fossiles disparus qui, selon la datation au radiocarbone, datent d’il y a au moins entre 25 000 à 12 000 ans (voir aussi Datation géologique).

Certains de ces artefacts sont semblables à ceux de la dernière période du Paléolithique du nord-est de l’Asie, et ils représentent possiblement une expansion des peuples de chasseurs de l’Asie à travers la Béringie et l’Alaska jusqu’au nord-ouest du Canada. Les archéologues ne savent pas si des peuples semblables à ceux qui ont habité les grottes du Poisson-Bleu se sont étendus plus loin en Amérique du Nord. Un corridor relativement étroit et dépourvu de glace a possiblement existé entre les glaciers de la Cordillère des montagnes à l’ouest et la calotte glaciaire laurentidienne s’étendant à partir du Bouclier canadien, ou un tel corridor ne s’est peut-être ouvert qu’après que les glaciers aient commencé à fondre et à se retirer il y a environ 15 000 ans (voir aussi Glaciation).

De récentes découvertes suggèrent qu’une autre route pourrait avoir été suivie le long du littoral du Pacifique à l’ouest des glaciers de la Cordillère. Aucun ancien site n’a été trouvé le long des routes de ces corridors, mais, il y a 12 000 ans, certains groupes humains s’aventurent dans la région ouest des États-Unis et y développent un mode de vie adapté à la chasse aux gros herbivores qui broutent dans les prairies et les toundras des lisières de glace de cette période.

Culture plano et début de la culture archaïq
Le peuple plano, qui vivait il y a de 6000 à 9000 ans, a été nommé ainsi parce qu'on l'a identifié pour la première fois dans la région des grandes plaines. On aperçoit ici des pointes de lance planos mises au jour dans diverses régions du Nouveau-Brunswick et de la Nouvelle-Écosse (avec la permission du Musée canadien des civilisations).
Culture archaïque laurentienne
Une importante innovation technologique de cette période (il y a de 3000 à 6000 ans) est l'industrie bien développée de la pierre polie. Parmi ces objets en provenance de Spednik Lakes, au Nouveau-Brunswick, on trouve un poids de pierre pour les filets, des pointes de flèche et des gouges de pierre ainsi que des couteaux en ardoise polie (avec la permission du Musée canadien des civilisations).
Pointe de projectile
En provenance du Nord du Labrador. Pointe de lance ou de dart fabriquée par le peuple de tradition archaïque maritime, dans une pierre grise translucide appelée chert ramah; elle contient du manganèse (avec la permission de la Memorial University of Newfoundland).

Expansion à travers Canada

Il y a environ 11 000 ans, certains des premiers peuples autochtones commencent à se déplacer vers le nord à l’intérieur du Canada, à mesure que la marge sud des glaciers continentaux et la calotte glaciaire reculent. Des zones environnementales semblables à celles trouvées de nos jours dans l’Arctique et le subarctique du Canada se déplacent également vers le nord. Dans plusieurs régions, le front de glace est marqué d’immenses lacs d’eau de fonte (par exemple le lac Agassiz). Leurs décharges sont endiguées par des glaciers au nord, et ils sont entourés de terres qui abritent une végétation de toundra où broutent des caribous, des bœufs musqués et d’autres herbivores. Au sud de cette étroite bande de toundra s’étendent des forêts d’épinettes et des prairies, et les premiers peuples autochtones suivent probablement la limite nord de ces zones lorsqu’ils se déplacent à travers le Canada.

Les sites archéologiques liés aux premiers peuples autochtones sont datés au radiocarbone à environ 10 500 ans dans des régions aussi éloignées les unes des autres que le centre de la Nouvelle-Écosse et le nord de la Colombie-Britannique. Les plus importants sites découverts au Canada se concentrent dans le sud de l’Ontario, où ils sont groupés le long de la rive sud du lac Algonquin, le précurseur de l’actuel lac Huron et de la baie Georgienne (voir aussi Grands Lacs).

Il y a environ 10 000 ans, les premiers peuples autochtones occupent probablement au moins la partie sud de toutes les provinces à l’exception de Terre-Neuve. La plupart des sites sont définis par une dispersion d’artefacts de pierre taillée, parmi lesquels se trouvent des pointes de lance munies d’un canal ou une « cannelure » distincte enlevée de chaque côté de la base pour permettre de la monter sur un manche fendu. Ces « pointes cannelées » sont caractéristiques des technologies des premiers peuples autochtones du Canada jusqu’au sud de l’Amérique du Sud, et elles servent à définir la première occupation généralisée de l’Amérique du Nord et du Sud d’il y a environ 9000 à 12 000.

Culture de chasse

Étant donné que très peu de matières organiques sont préservées sur les sites archéologiques de cette période, il est difficile de reconstituer le mode de vie des premiers peuples autochtones. Dans les régions sèches de l’ouest des États-Unis, où les sites se sont mieux conservés, ils semblent être concentrés sur la chasse aux grands herbivores, dont le bison et le mammouth. Au Canada, les archéologues supposent que les premiers peuples autochtones chassent les troupeaux de caribous de l’est et les troupeaux de bisons des plaines du nord, et de plus ils pêchent et chassent le petit gibier. Les côtes situées bien au-dessous du niveau actuel de la mer, alors toutes preuves que les premiers peuples autochtones ont utilisé des ressources côtières sont détruites par l’élévation ultérieure du niveau de la mer.

Tandis que les premiers peuples autochtones vivent dans le sud du Canada, les glaciers continentaux fondent au cours de 4000 ans et disparaissent il y a environ 7000 ans. Un climat plus chaud règne jusqu’à il y a environ 4000 ans, et les environnements dans le pays se diversifient à mesure que les forêts de conifères, les forêts décidues, les prairies et la végétation de la toundra deviennent établies dans des zones propices. Les modes de vie des premiers peuples autochtones vivant dans ces zones environnementales deviennent diversifiés à mesure qu’ils s’adaptent aux conditions et aux ressources des régions locales. Le développement à travers le temps des diverses cultures des premiers peuples autochtones est donc mieux décrit sur une base régionale.

Mammouth laineux
(avec la permission du Yukon Beringia Interpretive Centre).

Côte ouest

Il existe peu de preuves démontrant que les « pointes cannelées » classiques des cultures des premiers autochtones atteignent les régions côtières de la Colombie-Britannique. Les premiers occupants de la région semblent être liés à d’autres traditions culturelles. Il y a entre 9000 et 5000 ans, les régions du sud sont occupées par des peuples de la tradition de la Cordillère ancienne, dont les sites sont marqués d’outils rudimentaires en galet fabriqués en frappant quelques éclats sur de gros galets de plage, et de pointes de projectile lancéolées plus finement travaillées, ou encore des couteaux taillés dans la pierre. Aucune matière organique n’est préservée sur ces sites, mais leur emplacement suggère que ces peuples s’adaptent principalement aux ressources intérieures et fluviales, faisant progressivement un plus grand usage des ressources marines.

La côte nord et centrale est occupée par des peuples de la première tradition des microlames de la côte, qui utilisent également aussi des outils de galet, mais n’ont pas de pointes lancéolées. Les microlames sont de petits outils en silex ou en obsidienne semblables à des rasoirs et fabriqués selon une technique spécialisée inventée, et ils sont largement utilisés durant cette période en Alaska et dans le nord-ouest du Canada. On suppose que ces peuples entrent en Colombie-Britannique par le nord et sont apparentés aux groupes de l’Alaska qui ont possiblement traversé le pont terrestre de Béring peu avant qu’il ne disparaisse.

Bol en stéatite

Pêche au saumon

On ne sait pas exactement comment ces deux groupes sont liés à ceux qui occupent la côte ouest il y a moins de 5000 ans, mais il semble qu’ils contribuent tous deux à l’ascendance des peuples autochtones ultérieurs. Il y a environ 5000 ans, un changement majeur survient dans cette occupation côtière. Alors que les sites plus anciens sont tous relativement petits, ce qui indique de brèves occupations par de petits groupes, la plupart des sites plus récents se caractérisent par de larges amas de coquillages ou des amas créés par l’homme.

La stabilisation du niveau des mers entraine probablement une augmentation des quantités de saumon, ce qui permet aux peuples d’entreposer davantage de nourriture et de mener une vie plus sédentaire dans des villages côtiers qui sont habités pendant des années ou même des générations. Les os d’animaux et les outils en os qui sont préservés dans les amas de coquillages, et les artefacts en bois ou en fibres végétales apparaissent occasionnellement dans des dépôts gorgés d’eau, ce qui permet aux archéologues de reconstituer une représentation plus complète du mode de vie de ces peuples que celui des premiers occupants de la région.

Les artefacts découverts dans les sites les plus anciens indiquent une adaptation efficace à l’environnement côtier. Des harpons barbelés pour attraper des mammifères marins, des hameçons, des poids pour les filets de pêche, des couteaux en ardoise taillée, des pointes d’armes et des outils pour le travail du bois possiblement utilisés pour la construction de bateaux sont trouvés dans les sites côtiers de cette période. Des sites gorgés d’eau produisent des exemples de vannerie, des filets, des tissus tissés et des boîtes de bois semblables à ceux de l’époque historique. Il y a des preuves selon lesquelles, il y a environ 3500 ans, cette adaptation commence à mener au développement des sociétés de la côte du Nord-Ouest.

La présence de sépultures qui montrent un traitement différentiel dans le nombre d’objets funéraires pour les membres de la communauté, ainsi que l’apparition dans certaines régions de déformations artificielles de crânes, suggèrent l’existence de sociétés hiérarchisées auxquelles ces pratiques sont plus tard associées. La quantité élevée d’ossements et de crânes brisés trouvés dans les sépultures masculines, qui coïncide avec l’apparition de massues décorées en pierre ou en os de baleine, suggère le développement d’un modèle de guerre.

Objets d’art

Les organisations sociales fondées sur le statut et la richesse peuvent également expliquer l’apparition à cette époque de nombreux objets d’art, d’articles exotiques, et d’ornements personnels comme des perles, des labrets et des boucles d’oreille, qui indiquent l’existence de vastes réseaux de traite dans l’intérieur et le sud. (voir aussi Art autochtone)

Une situation semblable semble caractériser la plupart des régions côtières au cours des 1500 dernières années. Cette interprétation se fonde sur le déclin des objets d’art en pierre sculptée qui ont marqué la période précédente, ce qui n’indique peut-être qu’un changement dans l’art en pierre vers l’art en bois et en tissus tissés, qui sont mal préservés sur le plan archéologique, mais qui sont très développés par les peuples autochtones ultérieurs de la région. Cette période produit les premières preuves définitives d’une occupation de grands villages de maisons de planches, qui sont caractéristiques de la période historique, ainsi que d’importants travaux de terrassement et de sites défensifs, signes d’une intensification des guerres. Les pipes en pierre marquent l’introduction du tabac. Les peuples des 1500 dernières années développent les diverses traditions et les divers modes de vie des peuples autochtones de la côte nord-ouest.

Statuette

Région intermontagneuse

Les vallées et les plateaux de l’intérieur de la Colombie-Britannique se caractérisent par des environnements divers, allant des forêts boréales aux prairies en passant par des conditions quasi désertiques. Les premières cultures autochtones de la région sont également diversifiées et cette variété, combinée à l’absence de recherches archéologiques suffisantes dans la région, laisse une image floue de cette époque dans cette région.

Le plus ancien squelette canadien

Les découvertes archéologiques des pointes de projectiles et d’autres artefacts des premiers peuples autochtones démontrent que les premiers peuples de la région viennent des plaines, adaptant leur mode de vie centré sur la chasse au bison dans les prairies à celui de la poursuite du bison, du wapiti et du caribou dans les vallées intermontagneuses. On ne connait que peu de choses sur ces peuples, mais le squelette d’un homme ayant péri dans un glissement de boue près de Kamloops est estimé à environ 8250 ans avec la datation au radiocarbone, et il est donc le plus ancien squelette humain bien daté connu au Canada. L’analyse de la composition des os indique que cet homme se nourrissait principalement d’animaux terrestres plutôt que des saumons de la rivière Thompson.

Il semblerait qu’il y a entre 8000 et 3000 ans, cette région est occupée par divers groupes qui fabriquent et utilisent des microlames, et qui seraient apparentés aux peuples de la côte nord ou de l’intérieur du Yukon qui utilisent également ces outils. L’emplacement fluvial de nombreux sites de fabrications de ces microlames suggère que ces groupes développent des adaptations basées sur les ressources de saumon des rivières de l’intérieur, mais on n’en sait guère plus à leur sujet.

Villages de maisons semi-souterraines

Un changement majeur dans l’occupation de la région commence il y a environ 3000 ans avec l’apparition de maisons semi-souterraines en provenance du plateau de Columbia. Les villages de maisons semi-souterraines s’agrandissent avec le temps, indiquant une économie plus efficace et un mode de vie de plus en plus sédentaire. À cette époque, dans les régions côtières de l’ouest, des sites archéologiques présentent des preuves d’objets commerciaux exotiques (coquillages), de sculptures en pierre et de modes de sépultures différents. Au cours des 3000 dernières années, les influences culturelles venant de la côte ouest, des plaines et du plateau de Columbia se combinent pour former les cultures des divers peuples de l’intérieur de la Colombie-Britannique (voir aussi Peuples autochtones du Plateau au Canada).

Les plaines et les prairies

Les plaines et les prairies du nord dans l’ouest du Canada, uniques en Amérique du Nord, offrent un environnement dans lequel les descendants des premiers peuples autochtones d’il y a 10 000 ans peuvent conserver leur mode de vie jusqu’à la période du contact avec les Européens. Quand les grands herbivores de la période glaciaire disparaissent au début de la période postglaciaire, ces peuples reportent leur poursuite sur diverses espèces de bisons, maintenant disparues, qui parcourent alors les prairies. Malgré le fait qu’ils soient très dépendants du bison, les premiers peuples autochtones et leurs descendants sont probablement également chasseurs de petit gibier et cueilleurs de plantes comestibles lorsqu’elles sont disponibles. Ils développent très certainement des techniques de chasse communautaire impliquant des embuscades ou le détournement des bisons vers des chasseurs armés de lances et de fléchettes lancées à l’aide de planches. L’archéologie connait ces peuples principalement grâce aux pointes de lance en silex taillé qu’ils utilisent.

Bison
Pierre préhistorique, centre Est de l'Alberta (avec la permission du Glenbow Museum).

Nouvelles méthodes de chasse

Il y a environ 9000 ans, leurs pointes de projectiles cannelées sont remplacées par des variétés lancéolées ou à tige qui sont caractéristiques des derniers peuples des cultures Plano. Il y a entre 9000 et 7000 ans environ, les peuples des cultures Plano développent une adaptation de chasse au bison répandue et efficace dans les plaines du nord. Il y a au moins 7000 ans, des chasseurs de caribou utilisant des pointes de lance manifestement apparentées à celles de la culture Plano progressent vers le nord jusqu’aux terres stériles entre le Grand lac de l’Ours et la baie d’Hudson.

On ne connait que très peu de choses au sujet des deux millénaires suivants sur les plaines du nord, soit il y a entre 7000 et 5000 ans. Cette période connait le point culminant de la période postglaciaire chaude ou altithermale, et il est suggéré que la chaleur et la sécheresse réduisent la capacité de charge des prairies, de sorte que le nombre de bisons dans la région diminue et que par conséquemment, celui des chasseurs de bison également.

Les sites situés à la périphérie des plaines, ainsi que quelques sites dans la région des plaines elle-même, témoignent d’une occupation continue et du développement des pointes de lance avec encoches pour l’emmanchement. Ces pointes sont caractéristiques d’il y a entre 5000 et 2000 ans, période durant laquelle divers groupes développent des techniques plus efficaces de chasse communautaire du bison, dont l’utilisation d’enclos et les précipices, vers lesquels les bisons sont dirigés et ensuite poussés (voir aussi Head-Smashed-In Buffalo Jump).

Technologie issue d’autres régions

Au cours des 2000 dernières années, la région des plaines est soumise à diverses influences des forêts de l’Est et des peuples des vallées du Mississippi et du Missouri, au sud. Durant le premier millénaire de notre ère, de petites pointes de flèche en pierre taillée commencent à remplacer les pointes de lance des périodes précédentes, et l’introduction de l’arc augmente l’efficacité de la chasse. On utilise des récipients de cuisson et des contenants en poterie de types semblables à ceux utilisés dans l’est et le sud. Des monticules funéraires sont construits dans certaines régions, particulièrement dans le sud du Manitoba (voir aussi Site archéologique des monticules linéaires), et la présence d’objets de traite exotiques indique des contacts avec des agriculteurs de la vallée du Missouri. Bien que la majeure partie des plaines du nord se trouve au-delà de la limite de l’agriculture primitive, une agriculture à une relativement petite échelle est tentée dans les régions plus au sud.

Les chevaux arrivent dans les Prairies

L’avancée vers l’ouest de la colonisation européenne au 18e siècle provoque une rapide accélération des changements dans la vie des plaines, alors que les peuples des forêts de l’est commencent à se déplacer vers l’ouest en direction des prairies. Les chevaux, qui se répandent progressivement vers le nord à partir des colonies espagnoles du sud-ouest américain, atteignent les plaines canadiennes vers 1730, provoquant une révolution dans les techniques de chasse, de déplacement et de guerre autochtones, jusqu’à la quasi-extinction du bison à la suite de la colonisation européenne à la fin du 19e siècle.

Les forêts de l’Est

Les premiers chasseurs autochtones utilisant des pointes de lance cannelées vivent dans le sud de l’Ontario, et probablement dans la vallée du Saint-Laurent, il y a au moins 10 000 ans, lorsque la calotte glaciaire se retire de la région. Avec l’assèchement des grands lacs et des mers de la région, l’extinction de la faune de l’ère glaciaire et l’établissement de forêts de conifères, l’environnement de ces régions change radicalement au cours des deux millénaires suivants. La région est ensuite occupée par les premiers peuples autochtones qui utilisent des artefacts semblables à ceux de la tradition Plano, qui se développe dans les plaines à l’ouest.

Les meilleures preuves de l’occupation des cultures Plano viennent des rives nord des lacs Supérieur et Huron, mais des sites liés à cette culture sont connus dans la haute vallée du Saint-Laurent et aussi loin à l’est que la péninsule gaspésienne. Ces peuples de la culture Plano de l’est, d’il y a entre 9000 et 7000 ans, sont probablement des chasseurs de gros gibier qui dépendent fortement du caribou, le principal herbivore des forêts subarctiques de cette période.

Cultures archaïques

Il y a environ 7000 ans, les climats plus chauds et l’établissement de forêts décidues favorisent le développement des cultures archaïques. Le terme archaïque s’applique aux cultures de l’est de l’Amérique du Nord qui démontrent des adaptations à l’utilisation des ressources locales d’animaux, de poissons et de plantes. Ces adaptations permettent probablement une augmentation des populations dans plusieurs régions, et une plus grande complexité sociale est suggérée par l’existence de pratiques funéraires complexes et de marchandages à longue distance. La période archaïque est également marquée, sur le plan archéologique, par le développement de nouveaux objets technologiques : des couteaux et pointes de lance à tige et à encoches, des harpons en os, des pointes d’arme en pierre polie, des outils pour le travail du bois (gouges, haches) et, dans certaines régions, des outils et parures en cuivre natif.

Les premiers peuples autochtones de la culture archaïque du Bouclier vivent dans la région du Bouclier canadien, dans le centre et le nord du Québec et de l’Ontario. Ils semblent s’être développés il y a environ 7000 ans à partir des cultures Plano du nord, comme celles qui occupent les terres stériles à l’ouest de la baie d’Hudson, ou celles connues du nord-ouest de l’Ontario. Puisque les sols forestiers acides de la région ont détruit tous les restes organiques, on ne sait relativement que peu de choses au sujet de leur mode de vie. Toutefois, d’après les emplacements de leurs camps, ils sont probablement des chasseurs généralisés qui dépendent fortement du caribou et du poisson. Bien que la poterie et d’autres éléments soient introduits du sud il y a environ 3000 ans, marquant ainsi la période sylvicole de l’histoire locale, il est probable que le mode de vie présent durant la période archaïque demeure relativement inchangé, et qu’il ressemble beaucoup à celui des peuples algonquiens de cette région à l’époque du contact avec les Européens et du début de la traite des fourrures.

Les régions de forêts décidues du sud abritent des populations plus denses que celles des forêts d’épinettes du nord, et elles voient apparaitre le développement, il y a environ 6000 ans, de la culture archaïque laurentienne, probablement issue de cultures archaïques antérieures de la région. Ces peuples sont des chasseurs généralisés de ressources animales et des cueilleurs de ressources végétales relativement abondantes dans cette région. Des matériaux exotiques comme le cuivre et les coquillages marins, qu’on trouve le plus souvent comme objets funéraires lors de cérémonies funéraires élaborées, indiquent des contacts de traite importants avec le sud, l’est et l’ouest.

Introduction de l’agriculture

L’apparition de la poterie, introduite des régions situées au sud des Grands Lacs il y a entre 3000 et 2500 ans, est utilisée en archéologie pour marquer le début de la période sylvicole. Comme dans les régions du nord, la période initiale du Sylvicole connait probablement peu de changements dans le mode de vie général des peuples locaux. Toutefois, au cours des siècles suivants, on constate une influence continue et croissante en provenance du sud, incluant un complexe funéraire élaboré qui comprend des monticules funéraires qui semblent avoir été transmis, ou du moins inspirés, par les cultures Adena et Hopewell de la vallée de l’Ohio (voir aussi Sépultures tumulaires de la rivière à la Pluie). L’introduction la plus importante est l’agriculture, qui est basée sur des cultures développées au Mexique et en Amérique centrale plusieurs millénaires auparavant et qui se répandent peu à peu vers le nord, à mesure qu’elles s’adaptent aux conditions climatiques plus froides.

La première récolte à apparaitre est celle du maïs qui commence à être cultivé dans le sud de l’Ontario il y a près de 1500 ans, et qui constitue un supplément important à une économie basée sur la chasse et la cueillette. Les premiers agriculteurs de maïs vivent dans des villages relativement permanents constitués de maisons multifamiliales en bois et en écorce, et souvent fortifiés par des palissades pour la protection contre les guerres qui semblent s’intensifier avec l’introduction de l’agriculture. Vers 1350 de notre ère, l’addition de la fève et de la courge à l’agriculture locale offre un régime alimentaire nutritionnellement équilibré qui mène à une diminution de l’importance de la chasse et de la cueillette (voir aussi Plantes traditionnelles et peuples autochtones au Canada).

Villages iroquoiens précoloniaux

À l’époque du contact avec les Européens, ce mode de vie agricole caractérise les peuples iroquoiens qui vivent dans la région s’étendant du sud-ouest de l’Ontario à la vallée centrale du Saint-Laurent. Il s’agit de la seule région du Canada où l’agriculture à ses débuts est établie comme la base économique locale, et c’est la région où la densité de population autochtone est la plus importante.

Les peuples iroquoiens vivent dans des villages composés de larges maisons longues multifamiliales, certaines des plus importantes communautés regroupant plus de 2000 individus. De vastes réseaux sociaux, commerciaux et politiques couvrent leur région d’occupation.

La côte est

Les premiers peuples autochtones vivent dans ce qui est maintenant les provinces maritimes, il y a au moins 10 000 ans, mais il ne reste que peu de preuves de leur présence puisque le niveau de la mer est alors beaucoup plus bas qu’il ne l’est aujourd’hui, et les seuls vestiges de campements érigés à l’intérieur des terres peuvent être trouvés au-dessus du présent niveau de la mer. Le même problème limite les connaissances au sujet des sites du début de l’Archaïque, bien que les archéologues supposent qu’il y a eu une occupation continue tout au long de cette période, comme dans la région des forêts de l’Est plus à l’ouest.

Outils de chasse marine

Les meilleures preuves d’une occupation humaine au début de la période archaïque se trouvent dans la région du détroit de Belle-Isle au Labrador où l’occupation initiale survient il y a plus de 8000 ans, et est marquée par des artefacts de pierre taillée qui suggèrent une transition ultérieure entre les premiers peuples autochtones et la période archaïque. L’emplacement côtier de ces sites de l’Archaïque ancien suggère une adaptation maritime, une interprétation qui est renforcée par la présence d’un tumulus vieux de 7500 ans au site de L’Anse Amour, dans lequel on découvre un harpon à tête détachable, une défense de morse et un artefact en ivoire de morse. On utilise le terme « Archaïque des Maritimes » pour désigner ces peuples et leurs descendants.

La chasse et la pêche côtières permettent aux peuples de l’Archaïque des Maritimes de s’étendre jusqu’à l’extrémité nord du Labrador il y a 6000 ans, et jusqu’à Terre-Neuve il y a environ 5000 ans. Pendant les 2000 ans qui suivent, ils sont les principaux occupants de ces régions, développant un mode de vie maritime distinct avec leurs harpons barbelés, leurs équipements de pêche, leurs armes en ardoise polie et leurs outils en pierre polie pour le travail du bois.

Les peuples de l’Archaïque Maritime élaborent également un complexe mortuaire dans lequel de vastes cimetières sont utilisés sur des périodes de temps considérables. Les sépultures sont accompagnées de nombreux objets funéraires et elles sont abondamment saupoudrées d’ocre rouge. Il existe des cimetières de ce genre dans les Maritimes et en Nouvelle-Angleterre. Les ressemblances dans les traditions funéraires, les artefacts et le type physique des squelettes suggèrent des relations avec les peuples de l’Archaïque laurentien contemporain des forêts de l’Est, et il semble probable que des peuples laurentiens aient occupé certaines régions des provinces maritimes.

Migration du nord et de l’est

Il y a entre 4000 et 2500 ans, les peuples de l’Archaïque Maritime sont délogés de la majeure partie de la côte du Labrador par des Paléo-Inuits venus de l’Arctique et par d’autres groupes archaïques qui se déplacent vers l’est en provenance de la région du Bouclier et de la vallée du Saint-Laurent. Les peuples de la culture Dorset occupent également Terre-Neuve durant à peu près 1000 ans, en commençant il y a environ 2500. Après le départ des Paléo-Inuits de Terre-Neuve et de tout le Labrador sauf le nord il y a 1500 ans environ, ces régions sont réoccupées par des peuples qui sont probablement les ancêtres des Innus du Labrador et des Béothuks de Terre-Neuve. Les archéologues ignorent si ceux-ci sont les descendants des premiers peuples de l’Archaïque Maritime ou d’autres groupes qui s’installent plus tard dans la région.

Influences commerciales et culturelles

Dans les provinces maritimes au sud du golfe du Saint-Laurent, les derniers 2500 ans voient l’introduction de la céramique en provenance du sud et de l’ouest. Un monticule funéraire vieux de 2300 ans découvert à Augustine au Nouveau-Brunswick, qui reproduit le cérémonial funéraire de la culture Adena de la vallée de l’Ohio et qui contient des artefacts funéraires importés de cette région, suggère l’étendue possible d’autres influences culturelles. Au début de cette période, il semble que certains groupes locaux commencent à adopter un mode de vie plus sédentaire, puisque les amas de coquillages commencent à se multiplier dans certaines régions côtières. Des preuves trouvées dans ces sites indiquent un mode de vie centré sur la chasse généralisée et la pêche, en utilisant les ressources tant côtières qu’intérieures. Ce mode de vie est caractéristique du Canada atlantique au moment du contact avec les Européens, et les sites datant des 2000 dernières années représentent presque assurément ceux des peuples ancestraux des Mi’kmaq et des Wolastoqiyik.

L’ouest subarctique

La région de forêt et de forêt-toundra entre la baie d’Hudson et l’Alaska demeure, sur le plan archéologique, l’une des régions les moins explorées du Canada. Bien qu’on ait trouvé les traces d’une occupation humaine extrêmement ancienne dans l’extrême nord-ouest de cette région, les développements ultérieurs ne sont que très vaguement connus.

Dans la région à l’ouest du fleuve Mackenzie, on pense qu’il existe des preuves de deux occupations postglaciaires distinctes, datant d’il y a entre 11 000 et 7000 ans. L’une des occupations est celle de groupes apparentés aux premiers peuples autochtones des régions plus au sud et elle se démarque par ses pointes de lance lancéolées. Il est probable que les premiers peuples autochtones vivant dans la région utilisent des pointes cannelées, puisque quelques artefacts de ce type sont trouvés en Alaska et au Yukon. Toutefois, ces découvertes ne sont pas datées à une époque plus tôt que celles retrouvées sur les sites plus au sud, de sorte qu’on ignore toujours si elles représentent le déplacement initial des premiers peuples autochtones vers le sud ou un mouvement ultérieur de retour vers le nord.

Des occupations un peu plus récentes sont révélées par des pointes de lance associées soit à la fin de la tradition du Plano des plaines du Nord, soit à la tradition de la Cordillère ancienne de la Colombie-Britannique et de l’ouest des États-Unis. La deuxième occupation majeure est celle de groupes rattachés à la tradition paléoarctique de l’Alaska.

Le lien entre ces premières occupations et celles de la période archaïque du Nord, qui remontent à il y a entre 6000 et 2000 ans au moins, n’est pas clair. Cette culture se caractérise par ses pointes de lance dentelées et d’autres éléments qui semblent venir du sud, mais au moins les premiers sites de cette période produisent également des microlames, et celles-ci sont possiblement utilisées dans certaines régions presque jusqu’à une date proche de la fin de cette période. On ne sait pas non plus quels liens existent entre la période archaïque du Nord et les ancêtres des peuples dénés qui occupent l’intérieur du nord-ouest du Canada. Dans cette région, on ne peut retracer des sites ancestraux définitivement dénés que depuis les derniers 1500 ans. Ce fait peut représenter un mouvement des Dénés en provenance d’ailleurs, ou un développement continu de la tradition plus ancienne de l’Archaïque du Nord.

La première occupation de la région se trouvant entre le fleuve Mackenzie et la baie d’Hudson est celle des peuples de la culture Plano qui arrivent du sud et s’installent dans les terres stériles il y a un peu plus de 7000 ans. Des pointes de lance entaillées et d’autres types d’outils en pierre datant d’au moins 6000 ans permettent de définir la tradition archaïque du Bouclier. Il semble que celle-ci se développe localement à partir de la culture Plano plutôt que de représenter un mouvement des peuples venant du sud, et que le mode de vie des groupes locaux ne change que très peu. Les peuples autochtones de la tradition archaïque du Bouclier continuent à vivre dans les terres stériles jusqu’à il y a 3500 ans environ, au moment où, peut-être en réponse au refroidissement climatique qui entraine le repoussement de la limite des forêts vers le sud, la région est envahie par des Paléo-Inuits de la côte arctique (voir aussi Changement climatique).

Cette occupation dure moins de 1000 ans, jusqu’au moment où des peuples utilisant diverses sortes de pointes de lance lancéolées et à tige, et plus tard des pointes de flèche, recommencent à occuper le territoire. L’origine de ces groupes n’est pas claire, mais ils se déplacent probablement dans les terres stériles en provenance du sud et de l’ouest, et arrivent possiblement à différents moments il y a entre 2500 et 1000 ans. Au moins les plus récents de ces groupes sont les ancêtres des Dénés, qui mènent un mode de vie basé sur la chasse au caribou assez semblable à celui des peuples plus anciens de la culture Plano et de l’Archaïque du Bouclier.

L’Arctique

Les côtes et les îles de l’Arctique canadien sont d’abord occupées il y a environ 5000 ans par des groupes connus sous le nom de Paléo-Inuits. Leur technologie et leur mode de vie diffèrent considérablement de ceux des groupes autochtones connus et ressemblent davantage à ceux des peuples de la Sibérie orientale. Bien que les archéologues ne s’entendent pas sur la question des origines des Paléo-Inuits, il semble probable que ces derniers aient traversé le détroit de Béring en provenance de la Sibérie, soit par bateau ou en marchant sur la glace de mer il y a environ 5000 ans, et qu’ils se soient rapidement répandus vers l’est à travers les régions inoccupées de la toundra de l’Alaska, du Canada et du Groenland. Ces premiers occupants semblent préférer les régions où ils peuvent vivre principalement de caribou et de bœuf musqué, mais ils sont également capables de harponner le phoque et, dans certaines régions, ils sont adaptés à un mode de vie maritime.

La technologie des premiers Paléo-Inuits, basée sur de minuscules outils en silex taillé et incluant des microlames, est beaucoup moins efficace que celle des Inuits de la région. On ne possède aucune preuve indiquant qu’ils utilisent des bateaux, des traineaux à chiens, des lampes à huile ou des igloos, puisqu’ils vivent la majeure partie du temps ou même toute l’année dans des tentes en peau chauffées par des feux d’os et de rares bois. Néanmoins, il y a entre 4000 et 3000 ans, ils occupent la plupart des régions arctiques et ils s’étendent vers le sud à travers les terres stériles et le long de la côte du Labrador, délogeant les autres occupants autochtones.

Le peuple Dorset

Après environ 2500 ans, le mode de vie des Paléo-Inuits se développe au point qu’on lui donne une nouvelle appellation, la culture Dorset. Il existe quelques preuves indiquant que les Dorsétiens utilisent des kayaks et qu’ils ont des chiens pour chasser ou encore pour tirer leurs traineaux; des lampes et des pots en stéatite font leur apparition ainsi que les maisons d’hiver semi-permanentes qui sont recouvertes de tourbe pour l’isolation. Les sites des Dorsétiens sont plus grands que ceux de leurs prédécesseurs, ce qui suggère une occupation plus permanente par des groupes plus larges, et dansz` certaines régions, il est évident que les Dorsétiens sont des chasseurs efficaces de mammifères marins comme le morse ou le béluga. Une forme d’art frappante se développe sous forme de petites sculptures de bois et d’ivoire (voir aussi Art inuit). Il y a environ 2500 ans, ce sont les Dorsétiens qui migrent vers le sud en direction de Terre-Neuve, où ils occupent l’île pendant près de 1000 ans.

Premiers Inuits

L’occupation de l’Arctique canadien par les Dorsétiens prend fin il y a entre 1000 et 500 ans avec le mouvement des premiers peuples inuits dans la région en provenance de l’Alaska. Au cours des 3000 ans précédents, ces ancêtres des Inuits, qui sont probablement descendants des Paléo-Inuits de l’Alaska, développent des techniques très efficaces de chasse au mammifère marin comprenant un flotteur de harpon et de l’équipement trainant, ainsi que des kayaks et de larges bateaux faits de peaux dans lesquels ils peuvent chasser les baleines. Le déplacement des premiers Inuits à travers l’Arctique s’effectue rapidement durant une période où le climat est relativement chaud et où il y a probablement une diminution de la glace marine et une augmentation des populations de baleines.

Se déplaçant en bateaux faits de peaux et en traineaux à chiens, vers 1200 de notre ère, ils établissent un mode de vie essentiellement caractéristique de l’Alaska dans presque tout l’Arctique du Canada, et ils délogent les Dorsétiens de la plupart des régions. Au Groenland et dans l’est de l’Arctique canadien, ils entrent rapidement en contact avec des Norses, qui arrivent au Groenland vers 980 de notre ère. Des artefacts norses sont découverts dans plusieurs sites des premiers Inuits (voir aussi Contact entre les Norses et les Autochtones).


Le mode de vie des premiers Inuits, caractérisé par la chasse en mer durant l’été et l’entreposage de nourriture en prévision de l’hiver qu’ils passent dans des maisons d’hiver permanentes en pierre et en tourbe, devient plus difficile après 1200 de notre ère alors que le climat arctique se refroidit, culminant avec le petit âge glaciaire entre 1600 et 1850 de notre ère. Durant cette période, plusieurs éléments de leur mode de vie doivent changer, et les premiers Inuits abandonnent certaines régions de l’Arctique ou s’adaptent rapidement aux nouvelles conditions. Au cours de la même période, les contacts avec les navigateurs, les baleiniers et les marchands européens (voir aussi Basque; Histoire de la pêche commerciale), ainsi que l’impact des maladies européennes, peuvent possiblement être aussi importants que le changement climatique dans les modifications du mode de vie traditionnel des premiers Inuits. C’est durant cette période qu’une grande partie de la culture inuite se développe (Voir aussi Inuits).

Pierre taillée en pointe cannelée.
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