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Carl Ray

Carl Ray, artiste, illustrateur, rédacteur en chef et professeur d’art cri (né en janvier 1943 à Sandy Lake, en Ontario; décédé le 26 septembre 1978 à Sioux Lookout, en Ontario). Carl Ray est réputé pour ses peintures innovantes dans le style de l’école des Woodlands. Il est un des membres fondateurs du Groupe indien des Sept. Son travail a influencé l’art autochtone au Canada et ses œuvres font partie des collections de divers musées et galeries d’un bout à l’autre du pays.

Oiseau-tonnerre

Jeunesse

Carl Ray naît en 1943 au sein de la Première Nation Sandy Lake, dans le Nord de l’Ontario. Après avoir quitté un pensionnat indien à McIntosh à l’âge de 15 ans lors du décès de son père, Carl Ray travaille comme trappeur, bûcheron et mineur dans les mines d’or pour subvenir à ses besoins. C’est à cette époque qu’il commence à peindre. Il a été décrit comme étant un peintre autodidacte.

Carl Ray quitte Sandy Lake pour travailler dans les mines de Red Lake. La tuberculose le frappe et il se retrouve convalescent au sanatorium de Fort William. Il se sert de la peinture comme une sorte de thérapie occupationnelle. Il retourne à Sandy Lake en 1966.

Style artistique

Au début de sa carrière, Carl Ray se lie d’amitié avec l’artiste ojibwé Norval Morrisseau, auquel on attribue souvent la création de l’école des Woodlands. À ne pas confondre avec un établissement d’enseignement, l’école des Woodlands est en fait un style artistique. Il consiste à illustrer les légendes autochtones traditionnelles et les relations entre les gens, les animaux et le surnaturel. C’est pour cette raison que les œuvres s’inspirant de l’école des Woodlands sont parfois qualifiées de « peintures des légendes » ou de « peintures de guérison ». Les artistes appartenant à ce courant ne peignent pas tous d’un même style, mais leurs œuvres sont connues pour arborer des couleurs vives et des formes surlignées de noirs, ainsi que pour leur manière unique de créer des clichés de rayons X qui montrent souvent les organes et les lignes d’énergie interne d’un animal ou d’un personnage mystique.

C’est son style de peinture qui vaut à Carl Ray la réputation d’appartenir à l’école des Woodlands. C’est l’un des premiers artistes cris du Canada à rejeter l’interdiction traditionnelle d’illustrer les légendes autochtones sacrées. Il représente fréquemment sur ces peintures les relations dynamiques qui existent entre les humains, les animaux et diverses créatures légendaires et il limite habituellement sa palette à deux ou trois couleurs, telles que le brun, le noir et le bleu, utilisant à la fois encres et aquarelles. Carl Ray adopte également le style rayon X et ses peintures reflètent l’interprétation qu’il se fait des histoires contées jadis par son grand-père, un guérisseur ojibwé vénéré de Sandy Lake. (Voir aussi Chaman.)

Le saviez-vous?
L’école des Woodlands tient son nom du fait que les artistes qui la composent étaient très souvent originaires de communautés situées dans le Nord de l’ Ontario. En plus de Norval Morrisseau et de Carl Ray, les artistes de l’école des Woodlands comptent parmi eux Daphne Odjig (1919-2016), Joshim Kakegamic (1952-1993), Blake Debassige (né en 1956) et Jackson Beardy (1944-1984).

Groupe indien des Sept

En 1972, trois artistes de l’école des Woodlands – Jackson Beardy, Alex Janvier et Daphne Odjig – prennent part à une exposition novatrice intitulée Treaty Numbers 23, 287, 1171 et présentée à Winnipeg. Les nombres figurant dans l’intitulé de l’exposition correspondent aux numéros de bande des artistes qui ont été assignés après la signature de certains traités entre leur Première Nation et le gouvernement du Canada. En 1973, à la suite du succès de l’exposition, les artistes, au côté de Carl Ray, Norval Morrisseau, Eddy Cobiness et Joe Sanchez, forment le groupe Professional Native Indian Artists Inc., communément appelé Groupe indien des Sept. Ils organisent un certain nombre d’expositions en groupe, notamment une série, en 1975, à la Gallerie Dominion de Montréal, aux galeries Wallack d’Ottawa et à l’Art Emporium de Vancouver, avant de se concentrer sur leur carrière respective en solo.

En tant que membre fondateur de la Professional Native Indian Artists Inc., Carl Ray jouit d’une visibilité accrue sur la scène artistique canadienne. Ses œuvres seront finalement acquises par des collectionneurs et des institutions publiques telles que la Collection McMichael d’art canadien, la division de la Culture du ministère des Affaires indiennes, la Société du Centre du centenaire du Manitoba, la Compagnie de la Baie d’Hudson, le Musée royal de l’Ontario et le Musée des beaux-arts du Canada.


Commandes majeures et expositions

Au début de sa carrière, Carl Ray collabore avec Norval Morrisseau sur une grande murale commandée à Norval Morrisseau pour le Pavillon des Indiens du Canada lors d’Expo ‘67. Norval Morrisseau conçoit la murale, intitulée Earth Mother With Her Children, en fait le croquis, puis passe la main à Carl Ray qui se charge de la phase finale, la mise en couleur au pinceau. La murale ne sera pas conservée et sera finalement détruite.

Carl Ray a également exécuté des murales à grande échelle pour l’école primaire de Sandy Lake (1971) et le Fellowship and Communication Centre de Sioux Lookout (1973).

Les œuvres de Carl Ray ont fait l’objet d’expositions exclusives à l’Université de Brandon (1969), au Collège Confederation de Thunder Bay (1970) et à l’Université du Minnesota (1972).

À partir de 1972, elles sont également exposées à la galerie Aggregation de Toronto. Cette galerie continuera à exposer ses œuvres durant plusieurs années et représentera son héritage après sa mort et jusqu’au début des années 1980.

Les œuvres de Carl Ray sont également apparues dans un certain nombre d’expositions en groupe, notamment Canadian Indian Art ‘74, Musée royal de l’Ontario (1974), Contemporary Indian Art: The Trail from the Past to the Future, Université Trent (1977), Contemporary Woodlands Indian Painting, New College, Université de Toronto (1980), Norval Morriseau and the Emergence of the Image Makers, Musée des beaux-arts de l’Ontario (1984), The Art of the Anishnabe: Works from the Permanent Collection, Thunder Bay Art Gallery (1993), Before and after the Horizon: Anishinaabe Artists of the Great Lakes, Musée des beaux-arts de l’Ontario/National Museum of the American Indian (2014) et 7: Professional Native Indian Artists Inc., Mackenzie Art Gallery (2013-2014).

Œuvres d’illustration, enseignement et rédaction

Carl Ray a réalisé l’illustration de couverture du livre de James R. Stevens, The Sacred Legends of the Sandy Lake Cree (1971). Plus tard, il crée l’image de couverture du livre de Tom Marshall, The White City (1976).

En 1971, Carl Ray enseigne à la Manitou Arts Foundation, sur l’île Schreiber. De 1971 à 1972, le ministère des Affaires indiennes et le gouvernement de l’Ontario le paient, ainsi que Norval Morriseau, pour visiter les communautés et les réserves du Nord dans le cadre du Northern Art Tour. En 1971, Carl Ray est rédacteur en chef de Kitiwin, le journal de la Première Nation Sandy Lake.

Mort et héritage

Carl Ray meurt des coups de couteau qu’il reçoit au cours d’une rixe à Sioux Lookout, en 1978. Il était alors âgé de 35 ans. Dans une interview enregistrée en 2003, son ami artiste Alex Janvier, de l’école des Woodlands, se souvient de Carl Ray comme d’un « gars qui aimait la rigolade, se moquer des gens, faire des blagues à leurs dépens et se tordre de rire ». L’influence de Carl Ray et des autres artistes de l’École des Woodlands se fait ressentir dans les œuvres contemporaines produites par les artistes de l’école Woodlands au Canada.