Article

Ronnie Hawkins

Ronald Cornett Hawkins, O.C. (à titre honorifique), auteur-compositeur-interprète, entrepreneur, comédien (né le 10 janvier 1935 à Huntsville, en Arkansas; décédé le 29 mai 2022). Le légendaire leader de groupe rockabilly Ronnie Hawkins a été un pionnier de la musique rock au Canada et un mentor pour de nombreux musiciens rock de premier plan au pays. Également connu sous les noms de « Rompin’ Ronnie Hawkins », « The King of Rockabilly », « The Hawk » et « Mr. Dynamo », il était réputé pour ses performances énergiques et sa personnalité plus grande que nature, sur scène comme en dehors. L’une des personnalités les plus colorées du rock, Ronald Hawkins est considéré par beaucoup comme « le grand-père du rock’n’roll canadien ». Officier honoraire de l’Ordre du Canada, il a été intronisé au Temple de la renommée de l’industrie de la musique canadienne, à l’Allée des célébrités du Canada, à l’Arkansas Entertainers Hall of Fame et au Rockabilly Hall of Fame.

Ronnie Hawkins

Éducation et début de carrière

Ronnie Hawkins grandit à Fayetteville, en Arkansas, où il est influencé par le jazz Dixieland, le gospel et le blues. Son père est barbier et sa mère enseignante. Alors qu’il étudie l’éducation physique à l’Université de l’Arkansas, il forme son groupe, The Hawks, avec lequel il part en tournée en Arkansas et dans les États voisins. Après avoir abandonné ses études, il sert dans l’armée américaine pendant six mois en 1956 et 1957, période pendant laquelle il dirige un groupe de rock’n’roll, The Black Hawks, composé de musiciens afro-américains – une initiative audacieuse dans le sud des États-Unis à l’époque précédant le mouvement des droits civiques.

Ronnie Hawkins entretient d’autres liens avec la scène rock’n’roll de Fayetteville grâce à sa propre boîte de nuit, le Rockwood Club, où il a engagé des figures légendaires telles que Jerry Lee Lewis, Carl Perkins et Conway Twitty. C’est d’ailleurs Twitty qui convainc Hawkins d’emmener The Hawks au Canada à la recherche de meilleurs débouchés.

Arrivée au Canada

Les premiers spectacles de Ronnie Hawkins et des Hawks dans les boîtes de nuit de l’Ontario ont lieu au Golden Rail Tavern et au Grange à Hamilton en 1958. Le son rockabilly d’Hawkins, qui rassemble des éléments de rock, de blues et de country, est mis en valeur par sa personnalité exubérante et ses mouvements athlétiques sur scène : il lui arrive de faire un saut périlleux arrière au milieu d’une chanson et sa marque de fabrique, la « marche du chameau », est un des prédécesseurs du célèbre moonwalk de Michael Jackson. L’énergie débordante de Hawkins sur scène lui vaut le surnom de « Mr. Dynamo ».

De 1959 à 1964, Hawkins et The Hawks sont sous contrat avec la maison de disques Roulette Records. Il connaît un certain succès aux États-Unis en 1959 avec les simples « Mary Lou » et « Forty Days » (une reprise de « Thirty Days » de Chuck Berry), qui lui valent des apparitions à la télévision aux États-Unis dans The Dick Clark Show et American Bandstand. Malgré les offres qu’il reçoit aux États-Unis, il choisit de rester en Ontario, où il est devenu populaire.

À partir de 1959-1960, une succession de boîtes de nuit de la rue Yonge (notamment Le Coq D’Or et The Hawk’s Nest) devient le port d’attache de Ronnie Hawkins. Pendant de nombreuses années, il exploite également la Campbell’s Tavern à London, en Ontario. En 1961, il s’installe à Toronto et en 1964, devient résident permanent du Canada (tout en conservant sa citoyenneté américaine). Il s’installe ensuite à Mississauga et, plus tard, près de Peterborough, en Ontario. Il gère également sa propre maison de disques, Hawk Records.

Mentor des musiciens rock canadiens

L’une des contributions les plus notables de Hawkins à la musique canadienne a été son rôle de mentor auprès de nombreux musiciens qui ont ensuite fait carrière avec succès. Il a nourri le talent de nombreux artistes qui ont joué avec lui au début de leur carrière, notamment les membres de The Band et de Crowbar, Jack DeKeyzer, Pat Travers, David Clayton-Thomas, Domenic Troiano, David Foster, B. J. Cook, Lawrence Gowan, King Biscuit Boy, Tobi Lark, Bob McBride (Lighthouse) et John Till (le Full Tilt Boogie Band de Janis Joplin).

Hawkins se produit ou effectue des tournées pratiquement sans interruption et a acquis la réputation d’avoir une forte éthique du travail; ses musiciens de soutien doivent s’entraîner fréquemment et avec acharnement, ce qui contribue à leur développement en tant que musiciens accomplis. Drummer (The Band) a décrit Hawkins comme « un grand leader, doté d’une étonnante capacité à choisir les meilleurs musiciens et à en faire des groupes de premier ordre ».

Enregistrements

Hawkins produit de nombreux simples à succès, dont sa version classique de la chanson de Bo Diddley, « Who Do You Love? » (1963), ainsi que « Bluebirds over the Mountain » (1965) et « Goin’ to the River » (1965). Bien que son intérêt naturel soit le rockabilly, il explore également d’autres genres musicaux. Son album de 1960, The Folk Ballads of Ronnie Hawkins, le positionne brièvement au centre du renouveau de la musique folk. Son enregistrement de « Home from the Forest » de Gordon Lightfoot (1967) représente une brève transition vers le country-folk. Il enregistre également un certain nombre d’albums country au début des années 1980, dont A Legend in his Spare Time (1981) et Songs of Hank Williams (1983). En 1982, Hawkins remporte le prix Juno du meilleur chanteur country de l’année et est nommé dans la même catégorie en 1985

John Lennon et retour aux États-Unis.

En 1969-1970, Ronnie Hawkins bénéficie d’un retour aux États-Unis très médiatisé (bien qu’il n’ait connu qu’un succès mitigé), qui se traduit par un article dans le magazine Rolling Stone en 1969 et un contrat d’enregistrement avec Atlantic Records. Ce retour est basé sur le succès international de The Band et sur une brève association personnelle avec l’ancien Beatle John Lennon – qui, avec Yoko Ono, a séjourné à la maison de Hawkins à Mississauga lors de la visite du couple au Canada en 1969. En 1969-1970, Ronnie Hawkins voyage avec Lennon et Ono dans leur « train de la paix » jusqu’à Ottawa pour rencontrer le premier ministre Pierre Trudeau, puis se rend dans le monde entier pour diffuser le message « Faites l’amour, pas la guerre » de Lennon.

Le retour se poursuit

Ronnie Hawkins se produit lors du concert d’adieu de The Band à San Francisco le 25 novembre 1976 et figure dans le film qui en résulte, The Last Waltz (1978), réalisé par Martin Scorsese. Suite à un regain d’intérêt international pour le rockabilly, Hawkins se produit aux Pays-Bas et en Belgique en 1980 et en Angleterre en 1982. Il enregistre l’album en direct The Hawk & Rock au Dingwalls de Londres.

Ronnie Hawkins anime sa propre émission de variétés musicales, CTV’s Honky Tonk (1981-1982), et accueille des invités tels que Johnny Nash, Bo Diddley, David Clayton-Thomas, Conway Twitty, Eddie Shack et Carroll Baker. Ronnie Hawkins continue à faire des tournées tout au long des années 1980, chante sur l’enregistrement de bienfaisance Tears Are Not Enough en 1985, se produit à l’Expo 86 à Vancouver et anime les célébrations du Nouvel An au Nathan Phillips Square de Toronto pendant de nombreuses années.

Ronnie Hawkins effectue des tournées et des spectacles tout au long des années 1990, par exemple à Cannes, en France (1992), à l’ambassade du Canada à Washington, DC (1995) et dans son Arkansas natal, ainsi qu’en Europe (1990 et 1991) et en Asie. Bill Clinton l’invite à se produire à plusieurs reprises au manoir du gouverneur de l’Arkansas et lors de son bal d’investiture présidentiel de 1993 à Washington, DC. En janvier 1995, Ronnie Hawkins célèbre son 60e anniversaire en donnant un concert à guichets fermés au Massey Hall de Toronto, avec des prestations de Jerry Lee Lewis, Carl Perkins, The Band, Jeff Healey et Lawrence Gowan. Ronnie Hawkins fait également une tournée au Canada pour soutenir l’album live qui en a résulté, Let It Rock! (1995).

Carrière après 2000

En 2000, Ronnie Hawkins participe à un épisode de la série biographique Life and Times de la chaîne CBC. En 2002, il lance son 27e album, Still Cruisin’. La même année, on lui diagnostique un cancer du pancréas en phase terminale et il fait l’objet d’une couverture médiatique considérable lorsqu’il demande à être traité par un guérisseur religieux de la Colombie-Britannique. En 2004, CTV diffuse un documentaire sur sa carrière intitulé Ronnie Hawkins: Still Alive and Kickin', qui remporte le prix Gemini du meilleur programme documentaire biographique.

Ronnie Hawkins se remet du cancer et célèbre son rétablissement par un concert hommage au Massey Hall en 2005. En raison de son âge avancé et des problèmes de santé qui se multiplient, Ronnie Hawkins réduit ses apparitions publiques, mais il donne néanmoins des concerts occasionnels, notamment à Stratford, en Ontario, en 2006 et 2008. À la fin de 2013, il entreprend une tournée dans six villes de l’Ontario, dont un autre concert au Massey Hall avec plusieurs invités, notamment Dan Hill, Amy Sky et Marc Jordan. Le fils de Hawkins, Robin, lui sert de guitariste depuis les années 1980, et sa fille, Leah, est souvent sa choriste.

Carrière d’acteur

Ronnie Hawkins se lance dans le métier d’acteur à la fin des années 1970, jouant une version de Bob Dylan dans le film Renaldo and Clara (1978). Il tient également des rôles mineurs dans les films Heaven’s Gate (1980), Meatballs III: Summer Job (1986) et Duct Tape Forever (2002) avec Steven Smith. À la télévision, il défend notamment des rôles invités dans les séries Seeing Things (1987), Due South (1998) et Doc (2004).

Engagement caritatif

Au fil des ans, Ronnie Hawkins soutient de nombreuses organisations caritatives, notamment la Société ontarienne de la schizophrénie.

Honneurs

Hawkins, l’une des personnalités du rock les plus colorées, est le sujet de « Silver Cloud Rolls Royce » de Gordon Lightfoot et au cœur d’une légende qu’il a lui-même créée. Son biographe, Peter Goddard, le décrit comme « Elvis, le père Noël et Robert E. Lee en un seul homme, le parrain du rock’n’roll pour deux générations de musiciens marginaux… Le seul yankee que les Canadiens revendiquent avec joie comme l’un des leurs ».

En 1996, Ronnie Hawkins est récompensé par le Walt Grealis Special Achievement Award à la cérémonie des prix Juno, en reconnaissance du rôle important qu’il a joué dans la création d’une industrie musicale solide au Canada. Il est intronisé sur l’Allée des célébrités canadiennes par Kris Kristofferson le 4 octobre 2002, date déclarée « Journée Ronnie Hawkins » par la ville de Toronto. En 2007, il reçoit un prix pour réalisations exceptionnelles de la SOCAN pour sa contribution à l’industrie musicale canadienne. En 2013, il est fait officier honoraire de l’Ordre du Canada.

Une version de cet article a été publiée dans l’Encyclopédie de la musique au Canada.

Prix

  • Chanteur country de l’année, Prix Juno (1982)
  • Prix Walt Grealis pour contribution exceptionnelle, Prix Juno (1996)
  • Intronisé, Allée des célébrités canadiennes (2002)
  • Intronisé, Temple de la renommée de l’industrie de la musique canadienne (2004)
  • Doctorat honorifique en lettres, Université Laurentienne (2005)
  • Prix pour réalisations exceptionnelles, SOCAN (2007)
  • Intronisé, Arkansas Entertainers Hall of Fame (2008)
  • Intronisé, Music Walk of Fame de Mississauga (2012)
  • Officier honoraire, Ordre du Canada (2013)
  • Intronisé, Rockabilly Hall of Fame