Le
shaganappi est une corde faite de cuir brut. Les Métis l’utilisaient auparavant pour attacher ensemble
des parties de leurs charrettes de la rivière Rouge et leurs traîneaux à chiens, et pour réparer ceux-ci. De nos
jours, nombreux sont ceux pour qui Shaganappi évoque plutôt le quartier du même
nom dans le sud-ouest de Calgary (en Alberta).
Une charette de la rivière Rouge avec le shaganappi, Fort Edmonton Park, Harvest Festival (2007).
Qu’est-ce que le shaganappi?
Le terme shaganappi est une déformation du mot cri pesaganappi, qui signifie « découper en cercle ». Certaines sources indiquent qu’il dériverait plutôt de l’algonquien et se traduirait approximativement par « corde écorchée », « lanière de cuir brut » ou « laçage de cuir brut ». (D’autres variantes orthographiques existent, dont shaggineppi et shaggunappy.)
Pendant la colonisation des Prairies canadiennes du milieu à la fin des années 1800, les Métis se servent du shaganappi pour fabriquer des harnais pour leurs traîneaux à chiens et leurs charrettes de la rivière Rouge. Ils enveloppent également les roues de shaganappi, en faisant ainsi des sortes de pneus.
Selon l’anthropologue, archéologue et historien Frederick Webb Hodge (1864–1956), le shaganappi constitue « un facteur important dans le développement économique du Nord-Ouest » en raison de sa polyvalence, et est abondamment utilisé autant par les Autochtones que les non-Autochtones. Dans la même ligne de pensée, l’auteur canadien George Monro Grant écrit en 1872 que le shaganappi est un outil important et multifonctionnel puisqu’il est employé comme « du cuir, du tissu, de la corde, des clous, de la colle, des lanières, des cordons [et] du ruban adhésif ». Il ajoute que sans le shaganappi, « la charrette de la rivière Rouge, qui n’est rien de plus qu’une charrette légère mais d’allure maladroite pourvue de roues de six ou même sept pieds de diamètre et ne contenant pas le moindre fer, serait une impossibilité. »
Comment le shaganappi est-il fabriqué?
La préparation du shaganappi variait d’une communauté autochtone à l’autre. Toutefois, le processus impliquait souvent que le cuir brut (souvent du cuir de bison) soit nettoyé, gratté pour retirer les poils d’animaux et taillé afin d’obtenir une épaisseur uniforme (si ce n’était pas déjà le cas). Le cuir était alors découpé en longues lanières, qui étaient parfois graissées, puis laissées à sécher. Dans certaines communautés, on frappait les lanières à l’aide d’un maillet ou on les mastiquait pour les assouplir. Certains peuples autochtones tressaient le cuir brut avant de l’utiliser. Les Autochtones ont aussi inventé un autre type de corde en cuir brut nommé babiche.
Autres utilisations du terme
Au fil du temps, le mot shaganappi a revêtu différentes significations. Ainsi, un poney shaganappi renvoie à un poney non dressé ou de taille inférieure à la norme. Par ailleurs, de nos jours, de nombreux Canadiens reconnaissent Shaganappi comme le nom d’un quartier du sud-ouest de Calgary.