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Waneek Horn-Miller

Waneek Horn-Miller, athlète, militante et animatrice (née le 30 novembre 1975 à Montréal, Québec). Waneek Horn-Miller, une Mohawk de Kahnawake, au Québec, a été co-capitaine de la toute première équipe olympique canadienne de water-polo féminin et est médaillée d’or des Jeux panaméricains de 1999. Elle est également connue en tant que militante pour les droits des Autochtones ainsi que comme modèle à suivre, mentore et championne de l’implication des jeunes dans le sport. En 2015, l’Association canadienne pour l’avancement des femmes, du sport et de l’activité physique l’a nommée parmi les femmes les plus influentes du monde du sport.
Jeux panaméricains de 2015 \u00e0 Toronto
Faits saillants
  • Née le 30 novembre 1975
  • Médaillée d’or en water-polo aux Jeux panaméricains de 1999
  • Co-capitaine de la première équipe olympique canadienne de water-polo féminin (2000)
  • Militante pour les droits des Autochtones

Jeunesse

Waneek Horn-Miller naît de parents mohawk à Montréal, au Québec, en 1975; elle est la troisième de quatre filles. Sa mère, Kahn-Tineta Horn, est une militante pour les droits autochtones renommée, tandis que son père, George Miller, est un universitaire. La sœur benjamine de Waneek Horn-Miller, Kaniehtiio Horn, est une actrice nommée pour un prix Gemini, et ses deux sœurs plus vieilles sont respectivement médecin et professeure.

Waneek Horn-Miller commence la natation compétitive à 7 ans et prend part à des compétitions de 1982 à 1997. Afin de l’aider à se dépasser, Kahn-Tineta Horn, alors devenue mère monoparentale, déménage toute la famille à Ottawa, en Ontario, près d’un YMCA où Waneek Horn-Miller peut nager régulièrement. En 1989, Waneek Horn-Miller devient championne provinciale dans son groupe d’âge.

Crise d’Oka

Waneek Horn-Miller se fait remarquer pour la première fois par la presse nationale pendant la crise d’Oka de 1990. En effet, le 11 juillet 1990, des manifestants mohawks s’opposent aux agents de la Sûreté du Québec au sujet d’un territoire disputé à Oka, au Québec. La municipalité, en effet, prévoit de bâtir des condominiums et d’agrandir un parcours de golf dans une forêt et un cimetière ancestral considérés sacrés par les Mohawks. Les guerriers mohawks, un groupe de militants de la réserve de Kanesatake, érigent donc une barricade pour entraver la route qui mène au golf, ignorant par la même occasion une ordonnance de la Cour qui leur demande de se désister.

Le conflit, aussi appelé crise d’Oka, dure 78 jours et attire l’attention des médias partout sur la planète. Tandis que sa mère défend le mandat de négociatrice, la jeune Waneek Horn-Miller passe trois semaines tendues derrière la barricade. À 14 ans, elle s’implique en cuisinant les repas de minuit et les déjeuners des guerriers qui gardent la barricade.

Après une intervention bâclée et un échange de tirs qui mène à la mort d’un caporal, l’armée décide d’encercler le campement des Mohawks de fils barbelés, forçant les militants à se réfugier dans un centre de traitement pour toxicomanes à Kanesatake.

Le 26 septembre, après qu’une trêve soit négociée, Waneek Horn-Miller quitte le centre, portant sa petite sœur Kaniehtiio, 4 ans, dans les bras. Au milieu du chaos causé par la foule et les soldats, Waneek Horn-Miller est poignardée près du cœur par un soldat armé d’une baïonnette. La blessure emporte presque sa vie. (Elle dépose plus tard une plainte pour atteinte aux droits de la personne, mais celle-ci n’aboutit à rien après qu’elle ne parvient pas à identifier le soldat qui l’a blessée.) Après l’incident, elle envisage de quitter le sport, mais sa résilience et sa détermination l’en empêchent.

Le saviez-vous?
Un an après la blessure qu’elle a subie durant la crise d’Oka, Waneek Horn-Miller est une des porteuses de la flamme à la course sacrée du Canada en 1991, un périple commençant à Victoria, en Colombie-Britannique, et se terminant à Kahnawake, au Québec. Dans le cadre de ces courses sacrées, les coureurs font passer la flamme d’une nation autochtone à l’autre afin de stimuler chez eux un sentiment de force et d’unité. Ces courses interculturelles organisées par des Autochtones encouragent la diversité culturelle, la tolérance et la paix. En 1992, Waneek Horn-Miller participe à la course sacrée de l’Amérique du Nord, qui part de Fairbanks, en Alaska, et se termine à Santa Fe, au Nouveau-Mexique.


Carrière d’athlète

Waneek Horn-Miller commence à jouer au water-polo à l’école secondaire en 1989. À l’Université Carleton, où elle étudie les sciences politiques, elle est une des meilleures joueuses de son équipe (elle obtient son diplôme en 2000). L’équipe remporte les championnats des Sports universitaires de l’Ontario en 1994-1995 et en 1995-1996, et Waneek Horn-Miller devient la première étudiante de Carleton à recevoir le Prix de l’athlète féminine de l’année trois années de suite (de 1994 à 1997). Elle est également des équipes d’étoiles de water-polo junior et sénior de 1991 à 1999. Au cours de cette période, elle participe également aux Jeux autochtones de l’Amérique du Nord, remportant 20 médailles d’or entre 1990 et 1997, dont une en tir au fusil.

En 1999, Waneek Horn-Miller et l’équipe nationale de water-polo féminin remportent l’or aux Jeux panaméricains à Winnipeg. L’année suivante, elle est co-capitaine de l’équipe olympique canadienne aux Jeux olympiques d’été de 2000 à Sydney, en Australie. L’équipe se classe au 5e rang.

Dans les mois qui précèdent les Jeux olympiques, Waneek Horn-Miller pose nue, un ballon de water-polo couvrant sa poitrine, sur la première page du magazine TIME. La photo vise à promouvoir l’activité physique et à projeter une image corporelle positive de force et de santé auprès des femmes et des jeunes filles, des thèmes qu’elle défendra tout au long de sa carrière de militante et de mentore.

En 2001, Waneek Horn-Miller aide également l’équipe du Canada à gagner le bronze à l’épreuve de water-polo féminin aux Championnats du monde de la Fédération internationale de natation (FINA) à Fukuoka, au Japon. En 2006, elle est choisie porteuse de la flamme aux Jeux olympiques d’hiver à Turin, en Italie, tandis qu’elle défend le mandat d’aide-chef de mission (ambassadrice) aux Jeux panaméricains de 2015 à Toronto.

Animatrice et militante

Waneek Horn-Miller prend sa retraite sportive en 2008. Cette même année, elle travaille comme commentatrice pour la CBC aux Jeux olympiques d’été à Beijing, où son fiancé, Keith Morgan, participe aux épreuves de judo. En 2010, elle assure la couverture des Jeux olympiques d’hiver de 2010 à Vancouver pour le Réseau de télévision des peuples autochtones (RTPA). C’est dans le cadre de ses fonctions qu’elle remarque le très petit nombre d’athlètes autochtones aux Jeux de Vancouver, malgré tous les efforts déployés pour promouvoir l’art et la culture autochtones. Elle décide donc de devenir l’ambassadrice IndigènACTION de l’Assemblée des Premières Nations, où elle travaille à développer une Stratégie nationale autochtone en matière de sport, de condition physique et de bien-être. En octobre 2011, elle lance en collaboration avec le RTPA une initiative de promotion de la condition physique et de l’alimentation saine. Dans le cadre de la Journée UNIS de 2014, organisée par Enfants Entraide à Toronto, Waneek Horn-Miller s’adresse à des jeunes provenant de plus de 1 000 écoles nord-américaines afin de promouvoir un changement social positif dans les communautés autochtones au Canada.

En février 2017, Waneek Horn-Miller devient la directrice de l’implication communautaire pour l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues ou assassinées. Elle démissionne de son poste en août de la même année, environ un mois après la commissaire Marilyn Poitras, au milieu des inquiétudes croissantes des militants et des universitaires concernant la structure coloniale de l’Enquête.

Waneek Horn-Miller sert aussi d’ambassadrice pour Nike N7, qui soutient des programmes sportifs pour les jeunes autochtones, et pour Manitobah Mukluks, une entreprise autochtone.

Vie personnelle

Waneek Horn-Miller est mariée à Keith Morgan, un judoka et quadruple olympien non autochtone de Calgary. Le couple a trois enfants.

Affaire judiciaire

La relation entre Keith Morgan et Waneek Horn-Miller est au cœur d’une dispute légale menée par Waneek Horn-Miller et 15 autres plaignants contre le Conseil mohawk de Kahnawake. En 2010, Waneek Horn-Miller, alors enceinte de son premier enfant, entreprend la construction d’une maison à Kahnawake. Elle prévoit y déménager avec son mari en août. Une soixantaine de voisins, cependant, remettent en question leur droit d’habiter sur la réserve et, la même année, un avis d’expulsion est envoyé à tous les couples interraciaux. Une loi du Conseil votée en 1981 interdit en effet aux membres d’une bande autochtone de vivre sur le territoire ancestral si leur conjoint n’est pas autochtone (voir Droits des Autochtones au Canada). Bien que Waneek Horn-Miller et sa famille vivent à Ottawa pendant que Keith Morgan termine sa résidence en médecine familiale, ils désirent retourner à Kahnawake pour s’y installer de façon permanente.

En 2014, Waneek Horn-Miller et six autres personnes intentent une action contre le Conseil et contestent sa loi. En 2015, neuf autres plaignants se joignent à eux. L’affaire est entendue par la Cour supérieure du Québec en 2017. En avril 2018, le juge de la Cour supérieure du Québec Thomas Davis statue que la disposition sur l’appartenance de la loi de Kahnawake viole la ​Charte canadienne des droits et libertés​, puisqu’elle discrimine ses membres sur la base du statut civil et familial. Le juge accorde par le fait même 35 000 dollars pour préjudice moral à séparer équitablement entre les sept plaignants. Le jugement donne au Conseil mohawk de Kahnawake une certaine autonomie pour régler la situation, et ouvre la voie à d’autres façons d’aider à protéger la langue, la culture et le territoire de la réserve de Kahnawake. « Peut-être qu’à l’avenir, [le conseil] devrait penser à accorder plus d’importance à cet engagement [par rapport à la langue et à la culture] qu’à l’origine des époux, » écrit le juge Davis. Le grand chef Joe Norton et le conseil déclarent leur intention d’étudier la décision, mais maintiennent également leur position, à savoir que « les questions qui font à ce point partie intégrante de notre identité n’ont pas lieu d’être influencées par les tribunaux étrangers. »

Prix

  • Athlète féminine de l’année, Université Carleton (1994-1997)
  • Prix Tom Longboat (1999)
  • Prix de la joueuse la plus utile, Championnats canadiens de water-polo féminin sénior (1999)
  • Médaille d’or, water-polo féminin, Jeux panaméricains (1999)
  • Prix de la jeunesse, Prix nationaux d’excellence décernés aux Autochtones (2000)
  • Prix de la culture DAREarts (2015)
  • Femmes canadiennes les plus influentes, Association canadienne pour l’avancement des femmes, du sport et de l’activité physique (2015)