Bjarni Valdimar Tryggvason, ingénieur, pilote, astronaute, scientifique, éducateur (né le 21 septembre 1945, à Reykjavik, en Islande; décédé le 5 avril 2022, à London, en Ontario). Bjarni Tryggvason a été l’un des six premiers astronautes canadiens sélectionnés par le Conseil national de recherches du Canada en 1983. (Voir aussi Agence spatiale canadienne.) Il a participé, en 1997, à la mission STS‑85, volant à bord de la navette spatiale Discovery de la NASA. Il était membre associé de la Society of Experimental Test Pilots et a reçu, tout au long de sa carrière, de multiples prix et distinctions.
Jeunesse et formation
Bjarni Tryggvason est encore enfant lorsque sa famille immigre au Canada. Il fréquente l’école primaire en Nouvelle‑Écosse, avant de déménager en Colombie‑Britannique où il termine ses études primaires et secondaires, à l’issue desquelles il s’inscrit à l’Université de la Colombie‑Britannique, obtenant, en 1972, un baccalauréat en sciences appliquées en génie physique. Il poursuit ensuite des travaux de troisième cycle en ingénierie, avec une spécialisation en mathématiques appliquées et en dynamique des fluides, à l’Université Western Ontario (aujourd’hui, l’Université Western), à London.
Plus tard dans sa vie, Bjarni Tryggvason se rappellera l’effet marquant qu’aura eu sur lui le lancement du satellite Spoutnik par l’URSS en 1957. Dans une entrevue de 2009 avec l’auteur John Melady, il déclare à ce sujet : « Le lancement de Spoutnik a été un événement extrêmement fort de ma vie, me dotant d’une sorte de “fil rouge” ou de but à atteindre, ce qui était alors nouveau pour moi! » Il passe des fins de semaine, quelques soirées et deux étés à la réserve de l’Aviation royale du Canada, à Comox, en Colombie‑Britannique, apprenant tout ce qu’il est capable d’ingurgiter en matière d’aviation (voir Aviation royale canadienne), participant également, à partir de cette base, à des opérations de recherche et de sauvetage sur l’île de Vancouver et suivant des cours de pilotage. Alors qu’il débute ses études à l’université, il détient déjà une licence de pilote privé, obtenant ultérieurement une licence de pilote professionnel, puis un grade de capitaine aux commandes d’un avion à réaction d’instruction de l’Aviation royale canadienne.
Carrière en sciences
De 1972 à 1973, Bjarni Tryggvason est météorologue au sein du groupe de physique des nuages du Service de l’environnement atmosphérique (aujourd’hui, le Service météorologique du Canada), à Toronto (voir Météorologie). De 1974 à 1979, il est associé de recherche en aérodynamique industrielle au Laboratoire de soufflerie à couche limite de l’Université Western. En 1979, il est invité, comme associé de recherche, à l’Université de Kyoto, au Japon, occupant, en 1980, un poste semblable à l’Université James‑Cook, à Townsville, en Australie. De 1980 à 1982, il est chargé de cours en mathématiques appliquées à l’Université Western, puis, de 1982 à 1984, agent de recherche au Laboratoire d’aérodynamique des faibles vitesses au Conseil national de recherches du Canada, à Ottawa. Il donne également des cours de deuxième cycle en dynamique structurelle et en vibrations aléatoires à l’Université d’Ottawa et à l’Université Carleton, de 1982 à 1992.
Le saviez‑vous?
Bjarni Tryggvason est l’un des principaux chercheurs ayant participé à l’enquête de la Commission royale sur le naufrage de la plate‑forme pétrolière Ocean Ranger en 1982.
Outre ses activités de recherche universitaire et d’enseignement, Bjarni Tryggvason exerce également comme instructeur de vol, comptant des milliers d’heures de vol, en tant que pilote, aux commandes de nombreux types d’aéronefs.
Astronaute canadien
En décembre 1983, Bjarni Tryggvason est sélectionné par le Conseil national de recherches du Canada pour devenir, aux côtés de Marc Garneau, Roberta Bondar, Ken Money, Steve MacLean et Robert Thirsk, l’un des six premiers astronautes canadiens du Groupe des astronautes canadiens (voir Agence spatiale canadienne). À l’exception de celle de Marc Garneau, la participation des membres de ce groupe aux projets de la NASA est toutefois retardée, en raison d’un manque de financement et de l’accident de la navette spatiale Challenger du 28 janvier 1986.
Bjarni Tryggvason occupe le poste d’ingénieur de projet du Space Vision System Target Spacecraft, déployé sur la mission STS‑52, en octobre 1992. À l’occasion de cette même mission, il est également spécialiste de la charge utile, à titre d’astronaute de relève de Steve MacLean, pour les expériences CANEX‑2. Il occupe, en outre, les fonctions de chercheur principal sur plusieurs projets, notamment la mise au point du grand support d’isolation contre les vibrations en microgravité (LMIM), fréquemment utilisé sur les appareils Boeing KC‑135 et DC‑9 de la NASA. Il participe aussi au projet canadien de support d’isolation contre les vibrations en microgravité (MIM), exploité entre avril 1996 et janvier 1998 à bord de la station spatiale Mir, dans le cadre de multiples expériences canadiennes et américaines en physique des fluides et en science des matériaux.
Membre de l’équipage de la navette spatiale
Le 7 août 1997, Bjarni Tryggvason prend part à un vol à bord de la navette spatiale Discovery, à titre de spécialiste de la charge utile de la mission STS‑85. L’équipage déploie le satellite CRISTA‑SPAS‑2 et met à l’essai un prédécesseur du système de télémanipulateur extérieur du module Kibo de l’Agence japonaise d’exploration aérospatiale sur la Station spatiale internationale (SSI). L’astronaute canadien a comme rôle principal de mettre à l’essai le MIM amélioré et d’effectuer des expériences de dynamique des fluides pour examiner la sensibilité aux vibrations des engins spatiaux, avec, comme objectif, d’acquérir une meilleure compréhension de la nécessité de systèmes du type MIM et d’étudier l’effet des vibrations sur les expériences réalisées à bord de la SSI. Il élabore également une plate‑forme de lévitation électromagnétique utilisée à bord de la station.
Une délégation islandaise, comptant notamment dans ses rangs le président Ólafur Ragnar Grímsson, assiste au décollage de Discovery du Centre spatial Kennedy, en Floride. La mission dure 11 jours, 19 heures et 18 minutes. La navette accomplit 185 orbites autour de la Terre, parcourant une distance de 4,7 millions de miles (7,56 millions de kilomètres).
Carrière ultérieure
En août 1998, Bjarni Tryggvason intègre le groupe d’astronautes 17 de la NASA, subissant un entraînement physique et recevant une formation scientifique de deux ans, en vue d’un éventuel vol, à titre de spécialiste de mission, à bord de la navette spatiale et de la SSI. Cependant, en dépit de cette formation, il ne retournera pas dans l’espace. Il occupe les fonctions de représentant d’équipage au Shuttle Avionics Integration Laboratory (SAIL), dans le cadre duquel les logiciels de vol de la navette sont mis à l’essai avant leur utilisation à bord. Il participe également à des simulations intégrées au centre de formation des astronautes du Johnson Space Center de la NASA.
En septembre 2005, Bjarni Tryggvason est détaché de l’Agence spatiale canadienne (ASC) à l’Université Western, où il devient professeur invité. Il enseigne également comme instructeur à l’International Test Pilots School, à London, en Ontario, tout en continuant à travailler lui‑même comme pilote d’essai. Il prend officiellement sa retraite de l’ASC en 2008.
Le saviez‑vous?
Bjarni Tryggvason a participé à des acrobaties aériennes de compétition et à des spectacles aériens. En 2009, pour marquer le centenaire du premier vol au Canada et dans l’Empire britannique, il a piloté une réplique du Silver Dart d’Alexander Graham Bell.
Vie personnelle
Bjarni Tryggvason décède à 76 ans et laisse dans le deuil son ex‑femme, Lilyanna Zmijak, et des enfants adultes, Michael Kristjan et Lauren Stephanie Chironne.
Postérité
En 2003, Bjarni Tryggvason faisait partie des huit astronautes canadiens auxquels Postes Canada rend hommage en émettant des timbres‑poste à leur effigie. Il est l’auteur de plus de 50 articles publiés et détient trois brevets.
Distinctions et récompenses
- Médaille du vol spatial de la NASA, NASA (1997)
- Doctorat honorifique en sciences, Université Western Ontario (aujourd’hui Université Western) (1998)
- Doctorat honorifique en philosophie, Université d’Islande (2000)
- Order of the Falcon, Islande (2000)
- Prix des innovateurs, Agence spatiale canadienne (2003)
- Membre, Panthéon de l’aviation du Canada (2020)