Mark Joseph Carney, O.C., 24e premier ministre du Canada, chef du Parti libéral du Canada, économiste, banquier, fonctionnaire (né le 16 mars 1965 à Fort Smith dans les Territoires du Nord-Ouest). Mark Carney a été la deuxième plus jeune personne à occuper le poste de gouverneur de la Banque du Canada, un poste qu’il a occupé de 2008 à 2013. De 2013 à 2020, il a été le premier gouverneur non britannique de la Banque d’Angleterre. Mark Carney s’est forgé une réputation de gestionnaire de crise efficace dans les deux banques, guidant la première à travers la récession de 2008-2009 et la deuxième à travers la période d’incertitude qui a suivi le Brexit. Il a également travaillé pendant treize ans pour la société financière mondiale Goldman Sachs et il a été envoyé spécial des Nations unies pour le financement de l’action climatique. Nommé Officier de l’ Ordre du Canada, Mark Carney a été élu à la tête du Parti libéral du Canada le 9 mars 2025. Il a prêté serment en tant que 24e premier ministre du Canada le 14 mars, et il a été réélu à la tête d’un gouvernement minoritaire le 28 avril.

Jeunesse
Mark Carney naît à Fort Smith, dans les Territoires du Nord-Ouest. Son père, Bob, est le directeur de l’école secondaire locale. Quand Mark a quatre ans, sa famille déménage à Yellowknife. Deux ans plus tard, elle s’installe à Edmonton. Le père de Mark travaille alors pour le gouvernement de l’Alberta, au ministère des Affaires indiennes et du Nord, puis devient ensuite professeur d’histoire de l’éducation à l’Université de l’Alberta. En 1980, il se présente aux élections fédérales en tant que candidat du Parti libéral du Canada dans la circonscription d’Edmonton-Sud, terminant deuxième. Sa mère, Verlie, est une mère au foyer. Elle obtient plus tard un diplôme universitaire et devient enseignante.
Mark Carney est le troisième d’une fratrie de quatre enfants. Il a deux frères, Sean et Brian, et une sœur, Brenda. « Notre maison était remplie de livres et on discutait beaucoup de sujets d’actualité », se souvient-il. Sa famille vit dans le quartier Laurier Heights, dans l’ouest d’Edmonton. Le jeune Carney travaille comme livreur de journaux pour l’Edmonton Journal et fréquente l’école secondaire catholique St. Rose. En 1983, il obtient son diplôme de l’école secondaire catholique St. Francis Xavier, où il fait partie des concurrents de l’émission Reach for the Top. Un ancien enseignant décrit un jour Mark Carney comme un « élève très brillant et motivé, à la personnalité vraiment agréable », qui avait « toujours le sourire aux lèvres ».
Éducation et début de carrière
Comme ses deux frères, Mark Carney étudie à l’université Harvard. Il obtient une bourse d’études partielle et une aide financière. Il est le gardien de but remplaçant de l’équipe de hockey de Harvard. Il envisage initialement d’étudier la littérature anglaise et les mathématiques, mais il est attiré par l’économie après avoir assisté aux conférences de l’économiste canadien John Kenneth Galbraith. Selon Peter Chiarelli, son colocataire à l’université et futur dirigeant de la LNH, Mark Carney démontre un don naturel pour la gestion financière. Chaque été, il retourne à Edmonton pour y travailler comme paysagiste. En 1988, il obtient son baccalauréat ès arts en économie avec mention bien.
Après l’obtention de son diplôme, Mark Carney travaille pour la société financière internationale Goldman Sachs afin de rembourser ses dettes d’études « exorbitantes ». Il commence au bureau de la société à Londres, en Angleterre, avant d’être muté à Tokyo et à New York. En 1991, il retourne aux études à l’université d’Oxford, en Angleterre, où il obtient une maîtrise et un doctorat en économie, respectivement en 1993 et 1995. Pendant ses années universitaires à Oxford, Mark Carney est gardien de but pour l’Oxford University Ice Hockey Club. Il est également cocapitaine de l’équipe avec le futur député libéral et ministre du cabinet, David Lametti.
Mark Carney retourne ensuite chez Goldman Sachs en tant que coresponsable du risque souverain pour l’Europe, l’Afrique et le Moyen-Orient. Il gravit les échelons et devient directeur général des services bancaires d’investissement de l’entreprise à Toronto en 2002.
Vie personnelle
Mark Carney fait la connaissance de sa future épouse, Diana Fox, alors qu’il fréquente l’université d’Oxford. Elle joue dans l’équipe féminine de hockey d’Oxford. Elle devient économiste spécialisée en développement du tiers monde. Ils se marient en 1994 et ont quatre filles.
Mark Carney, d’origine irlandaise, est un catholique pratiquant. Il est un ami proche de la députée libérale et ministre du cabinet Chrystia Freeland, une autre Albertaine du nord ayant fréquenté Harvard et Oxford. Il est aussi le parrain de son fils. En 2015, l’hebdomadaire catholique The Tablet nomme Mark Carney le catholique le plus influent de Grande-Bretagne. Il possède également les nationalités britannique et irlandaise. Cependant, lorsqu’il se présente à la direction du Parti libéral, il entame le processus de renonciation à ces deux nationalités. Il affirme que, « comme premier ministre, je ne devrais en avoir qu’une seule ».
Mark Carney est un partisan des Oilers d’Edmonton, des Elks d’Edmonton et de l’Everton FC de Liverpool, en Angleterre. Il est également un marathonien. Il court le marathon d’Ottawa en 2011 et celui de Londres en 2015 en moins de quatre heures.
Début de carrière dans la fonction publique
Mark Carney entame sa carrière dans la fonction publique en août 2003. Il parvient à devenir l’un des quatre sous-gouverneurs de la Banque du Canada. ( David Dodge, gouverneur de la Banque du Canada, aurait confié à un proche : « Je viens d’embaucher mon successeur ».) Le salaire du poste se situe sous la barre des 400 000 $, ce qui est très loin du salaire annuel de plusieurs millions de dollars qu’il reçoit chez Goldman Sachs. Treize mois après son entrée en fonction, Mark Carney est nommé (en affectation provisoire) sous-ministre délégué principal au ministère des Finances. À ce titre, il représente les intérêts financiers du Canada lors des réunions du G7. Il supervise également la vente de la part détenue par le gouvernement dans Petro-Canada.
Mark Carney refuse des postes de sous-ministre dans deux ministères. Il retourne à la Banque du Canada en novembre 2007 comme conseiller du gouverneur, ayant obtenu ce poste un mois plus tôt.
Mark Carney, gouverneur de la Banque du Canada
Le 18 février 2008, le gouverneur de la Banque du Canada, Mark Carney, s’adresse à la Chambre de commerce de la Colombie-Britannique à Vancouver. Il indique que sa première décision en tant que chef de la banque centrale sera de réduire les taux d’intérêt.
(photo de Don Mackinnon, avec la permission de Bloomberg via Getty Images)
Mark Carney, gouverneur de la Banque du Canada, s’adressant à la Chambre de commerce… News Photo - Getty Images (en anglais)
Gouverneur de la Banque du Canada (2008-2013)
Mark Carney devient le huitième gouverneur de la Banque du Canada, poste qu’il occupe de février 2008 à 2013. Il est le deuxième plus jeune gouverneur de l’histoire de la Banque, derrière Graham F. Towers. Son entrée en fonction coïncide avec l’effondrement du système financier mondial, qui déclenche la récession de 2008-2009. Il prend alors plusieurs mesures pour faire face à la crise. Il baisse les taux d’intérêt à leur plus bas niveau historique et s’engage à les maintenir à ce niveau pendant au moins un an.
De nombreux observateurs attribuent à Mark Carney et à ses actions l’impact relativement faible de la crise financière au Canada par rapport au reste du monde. Pendant la crise, l’économie canadienne surpasse celle de tous les autres pays du G7, ne reculant que de 2,7 % en 2009. Comme l’écrit Fareed Zakaria dans la revue Newsweek en mars 2010 : « Dans le contexte de cette crise financière, le Canada prospère au lieu de simplement survivre. Les banques canadiennes disposent de suffisamment de capitaux pour saisir les occasions que les banques américaines et européennes doivent laisser passer. » Le Canada est également le premier pays du G7 à voir son taux d’emploi et son PIB revenir aux niveaux d’avant la récession.
En 2009, le Financial Times britannique classe Mark Carney parmi les 50 personnalités internationales susceptibles de « tracer la voie à suivre ». En 2010, le magazine Time le désigne comme l’une des 100 personnes les plus influentes au monde. En 2011, les éditeurs de Reader’s Digest Canada le nomment le Canadien le plus digne de confiance. (Les lecteurs du Reader’s Digest, quant à eux, le classent au 19e rang.)
À titre de gouverneur de la Banque du Canada, Mark Carney reçoit de nombreux éloges et se fait connaître du grand public. On le qualifie souvent de « vedette rock » du monde bancaire. En juin 2013, Alex Brummer du New Statesman le surnomme le « George Clooney de la finance ».
Gouverneur de la Banque d’Angleterre (2013-2020)
Mark Carney est vu comme un sauveur potentiel en 2012 quand une administration minée par les scandales le choisit pour diriger la Banque d’Angleterre et l’aider à se remettre des effets persistants de la crise financière mondiale. De juin 2013 à mars 2020, il occupe le poste le plus élevé de la Banque d’Angleterre. Il est le 120e gouverneur et le premier gouverneur non britannique de la Banque depuis sa création en 1694. Selon un sondage de l’époque, un tiers des Britanniques jugent sa nomination « inacceptable », tandis que 48 % l’approuvent.
En tant que gouverneur de la Banque d’Angleterre, Mark Carney introduit les billets de banque en plastique et une nouvelle politique appelée « cadrage prospectif ». Cette politique vise à donner aux investisseurs une idée plus précise de l’évolution des taux d’intérêt, mais elle est critiquée pour son caractère alambiqué et déroutant. Cela donne lieu à des messages contradictoires, ce qui pousse le député Pat McFadyen à comparer Mark Carney et la Banque à un « petit ami peu fiable […] tantôt brûlant, tantôt glacial ». On critique également le gouverneur Carney pour sa prise de position sur le Brexit en 2016, lorsqu’il déclare que le départ de l’Union européenne pourrait plonger l’économie britannique dans une récession. On lui reproche alors de politiser la banque centrale.
Mark Carney est scruté à la loupe lors de son passage à la Banque d’Angleterre. Il se forge une réputation de technocrate susceptible et autoritaire. Larry Elliott écrit dans le Guardian qu’il a un « tempérament volcanique » et qu’il « est respecté, mais pas particulièrement aimé », bien qu’il démontre qu’« il peut garder la tête froide en situation de crise ».
Carrière ultérieure dans la finance
En 2020, Mark Carney devient responsable des investissements de transition au sein de la société canado-américaine Brookfield Asset Management, ainsi qu’envoyé spécial des Nations Unies pour le financement de l’action climatique. Il est donc responsable de la Glasgow Financial Alliance for Net Zero (GFANZ), l’Alliance de Glasgow pour la neutralité carbone, lors de la conférence sur le changement climatique COP26. Il est également administrateur et membre du Groupe des trente (G30) et du Conseil de fondation du Forum économique mondial. En 2024, il est nommé conseiller spécial du Groupe de travail sur la croissance économique du Parti libéral du Canada. Il est auparavant conseiller du gouvernement de Justin Trudeau pendant la pandémie de COVID-19.
Autres activités
De 2011 à 2018, Mark Carney dirige le Conseil de stabilité financière, basé à Bâle, en Suisse. Ce conseil est créé pour recommander des stratégies de stabilisation des systèmes bancaires mondiaux après la crise financière mondiale. Il occupe aussi le poste de président du Comité sur le système financier mondial de la Banque des règlements internationaux de 2010 à 2011.
En 2021, la maison d’édition McClelland & Stewart publie le célèbre livre de Mark Carney, Value(s): Building a Better World for All, pour lequel il remporte (ex æquo) le prix national du livre d’affaires. Dans cet ouvrage, Mark Carney dénonce le capitalisme axé sur la finance, qui ne répond pas, selon lui, aux besoins de la société.
Chef du Parti libéral et premier ministre (début de 2025)
Lors d’une entrevue en 2011, Peter Chiarelli, dirigeant de la LNH et colocataire de Mark Carney lorsqu’ils étaient à Harvard, confie au Reader’s Digest : « Quand j’ai rencontré Mark, je me souviens avoir dit à mon ami “ce gars va devenir premier ministre.” Je le taquine à ce sujet chaque année. Et ça pourrait bien se réaliser, car il se soucie réellement de ce qu’il fait. »
Le 16 janvier 2025, Mark Carney fait sa première incursion en politique en annonçant qu’il se présente à la direction du Parti libéral du Canada. Le 9 mars 2025, il est élu, dès le premier tour avec plus de 85 % des votes, pour remplacer Justin Trudeau à la tête du parti et au poste de premier ministre.
Cette décision marque un renversement de situation radical pour le parti. Sous Justin Trudeau, les libéraux ont chuté dans les sondages, cédant une avance de plus de 20 points à Pierre Poilievre et au Parti conservateur. Une vague de démissions s’est produite au sein du caucus et du cabinet alors que de nombreux libéraux anticipaient un bain de sang électoral. De nombreux observateurs prédisent alors un gouvernement largement majoritaire pour les conservateurs lors des prochaines élections.
Cependant, le 6 janvier 2025, un Justin Trudeau assiégé annonce sa démission. Deux semaines plus tard, le président américain nouvellement investi, Donald Trump, entame son deuxième mandat en menaçant le Canada d’une guerre commerciale visant à l’annexer et à en faire le 51e État. Le nationalisme au Canada monte en flèche, et les inquiétudes quant à la souveraineté du pays s’intensifient, tout comme les inquiétudes quant à la capacité de Pierre Poilievre à tenir tête à Donald Trump, compte tenu de leurs similitudes en matière de style, de discours et de positions politiques..
Le 14 mars 2025, Mark Carney prête serment en tant que nouveau chef libéral et premier ministre. Il est la première personne dans l’histoire du Canada à ne pas avoir été député préalablement. Il est également le premier premier ministre à être né dans l’un des territoires du Canada.
La première mesure prise par Mark Carney est de supprimer la taxe sur le carbone à la consommation, éliminant ainsi l’enjeu phare autour duquel Pierre Poilievre a bâti sa plateforme; une « élection sur la taxe du carbone ». Mark Carney effectue ostensiblement sa première visite officielle à l’étranger et non pas aux États-Unis comme c’est la coutume, mais plutôt en France. Des visites en Grande-Bretagne s’ensuivent, où il rencontre le roi Charles III, ainsi qu’à Iqaluit, où il dévoile un projet de système de lignes de radars avancés de 6 milliards de dollars le long de la frontière canado-américaine jusqu’à l’Arctique. Il annonce également de nouveaux investissements de 420 millions de dollars pour protéger la souveraineté du Canada dans l’Arctique.
Élections de 2025
Le 23 mars 2025, Mark Carney convoque des élections anticipées pour le 28 avril, et les sondages démontrent que les libéraux et les conservateurs sont à nette égalité. Mais le momentum continue de jouer en faveur des libéraux. Un sondage réalisé par 338Canada le 28 mars indique que les libéraux ressuscités ont 41 % des intentions de vote contre 37 % pour les conservateurs. De nombreux sondages donnent également aux libéraux une avance considérable dans les provinces de l’Ontario et du Québec, qui sont riches en électeurs.
Cependant, le manque d’expérience en politique et en campagne électorale de Mark Carney se manifeste par une série de faux pas et d’erreurs évitables. Lors d’une conférence de presse, il se montre irritable envers deux journalistes qui remettent en question la viabilité de sa fiducie sans droit de regard et son potentiel pour les conflits d’intérêts. Lors de cet échange, il déclare à Rosemary Barton de CBC que « vous partez d’un passé conflictuel et d’une mauvaise volonté » et de « faire une introspection », tout en insistant sur le fait qu’il « respecte toutes les règles ». Mark Carney refuse également d’évincer du parti le député libéral sortant John Chiang, après que ce dernier ait suggéré de livrer un candidat conservateur aux autorités chinoises en échange d’une prime. La fureur suscitée par les propos de John Chiang ne s’apaise pas et il finit par retirer sa candidature de la course. (La circonscription de John Chiang, Markham-Unionville, est l’une des sept circonscriptions de la région de Toronto que les conservateurs réussissent à ravir aux libéraux, suffisamment pour empêcher les libéraux de pouvoir former un gouvernement majoritaire.)
Lors d’un événement en Nouvelle-Écosse, Mark Carney nomme la candidate libérale « Nathalie Pronovost » alors que son nom est « Provost », et il déclare à tort qu’elle est une survivante du massacre de l’Université Concordia alors qu’elle en fait une survivante de la fusillade de l’École Polytechnique de Montréal de 1989. Le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, souligne que cela est la preuve que Mark Carney est « un chef qui ne connait rien au Québec, qui ignore le Québec ». Mark Carney est également critiqué pour s’être retiré de l’un des deux débats en français prévus, car aucun des deux co-chefs du Parti vert n’y avait été invité. Cela mène à l’annulation du débat. Le chef conservateur Pierre Poilievre déclare que cela prouve que Mark Carney est « trop fragile » pour affronter les autres chefs et pour tenir tête à Donald Trump.
Bien que les adversaires de Mark Carney tentent de présenter son français hésitant et médiocre comme un handicap, les sondages démontrent qu’il bénéficie malgré cela d’un soutien important au Québec. Le 23 avril, la firme de sondage québécoise Léger évalue le soutien aux libéraux dans la province à 42 %, ce qui est loin devant le Bloc québécois (26 %) et presque deux fois plus que les conservateurs (22 %). Pour aggraver davantage la situation des conservateurs, un sondage Abacus Data révèle que 55 % des électeurs attribuent à Mark Carney le mérite d’avoir éliminé la très impopulaire taxe sur le carbone, contre 28 % pour Pierre Poilievre, qui a passé deux ans à faire campagne contre elle.
Au final, les élections s’avèrent être une course à deux. Les libéraux et les conservateurs obtiennent ensemble 85 % des voix. Les libéraux remportent 169 sièges (à 3 sièges de la majorité) avec 43,8 % des voix, tandis que les conservateurs remportent 41,3 % et 143 sièges. Un nombre étonnamment élevé de circonscriptions sont remportées par des marges très étroites, de quelques dizaines à quelques centaines de voix seulement. Les libéraux obtiennent la plus grande part de voix pour un parti vainqueur depuis 1984. C’est également la première élection depuis les années 1930 où deux partis terminent tous deux avec plus de 40 % des voix. Le taux de participation est élevé et atteint un solide 68,7 %, soit le plus élevé depuis 1993, mais toujours inférieur aux prévisions de certains experts, compte tenu de l’enjeu considérable de ces élections.
De nombreux sondages préélectoraux prédisent un gouvernement libéral majoritaire, mais les conservateurs font mieux que prévu, gagnant 23 sièges. La victoire libérale est assurée par le changement d’allégeance des électeurs du NPD à l’échelle nationale et des électeurs du Bloc au Québec à Mark Carney. La capacité de Mark Carney à transformer ce qui s’annonçait comme une défaite cuisante en un quatrième gouvernement libéral consécutif est tout simplement stupéfiante, surtout pour un néophyte en politique. Dans le journal The Walrus, le commentateur politique David Moscrop qualifie ce retour en force de « l’un des plus remarquables retours de l’histoire canadienne, peut-être le plus remarquable ».
Premier ministre et gouvernement minoritaire, de 2025 à aujourd’hui
Après les élections, le premier ministre Mark Carney déclare qu’il veillera à ce que des élections partielles soit tenue en Alberta « dès que possible… sans manigances, rien, en toute transparence », afin de permettre à Pierre Poilievre, qui a perdu son siège lors des élections, de remporter un siège au Parlement. La prochaine session parlementaire doit commencer le 26 mai. Mark Carney annonce que le roi Charles III doit prononcer le discours du Trône, une affirmation de la souveraineté du Canada que beaucoup perçoivent comme un signal clair adressé à Donald Trump qui admire depuis longtemps la famille royale britannique. Mark Carney continue également à se distancier des politiques de Justin Trudeau en refusant catégoriquement que son gouvernement minoritaire conclut un partenariat avec le NPD, dont le nombre est réduit à sept sièges à la Chambre des communes.
Plus important encore, Mark Carney établit cinq grandes priorités pour son gouvernement : (1) accroître la résilience économique du Canada en éliminant les barrières commerciales interprovinciales avant le 1er juillet 2025; (2) nommer un cabinet et le faire assermenter avant la semaine du 12 mai; (3) introduire rapidement une réforme fiscale et accélérer la construction de nouvelles maisons partout au pays; (4) embaucher 1000 nouveaux agents des services frontaliers et 1000 nouveaux agents de la GRC et ajouter 31 milliards de dollars aux dépenses de la défense afin d’atteindre l’objectif de seuil de l’OTAN de 2 % du PIB avant 2030; et (5) réduire l’immigration à des « niveaux soutenables » en diminuant le nombre de travailleurs temporaires et d’étudiants internationaux admis au Canada de 7,3 % de la population à 5 %.
Mark Carney doit faire face au premier véritable test de sa nouvelle administration le 7 mai 2025, lorsqu’il rencontre officiellement le président Donald Trump dans le Bureau ovale à Washington. Cette visite, très attendue et scrutée de près, se déroule très bien selon l’avis général. Un Donald Trump inhabituellement poli et conciliant félicite Mark Carney pour sa victoire et son retour au pouvoir (« peut-être même plus grand que le mien ») et il déclare que la seule concession qu’il demande est « une amitié ». Bien qu’il réitère son souhait de voir le Canada devenir le 51e État, il déclare également qu’il « faut être deux pour danser le tango » et à plusieurs reprises, il répond « c’est vrai » lorsque Mark Carney affirme qu’il « y a certains endroits qui ne sont jamais à vendre ». Mark Carney déclare également : « Après avoir rencontré les propriétaires du Canada au cours de la campagne ces derniers mois, je peux vous dire qu’il n’est pas à vendre et qu’il ne le sera pas. Jamais. »
Distinctions
- Médaille du jubilé de diamant de la reine Elizabeth (2012)
- Officier, Ordre du Canada (2014)
- Prix National Business Book (Value(s): Building a Better World for All) (2021)
- Médaille George Wise, Université de Tel-Aviv (2022)
Doctorats honorifiques
- Doctorat en droit, Université du Manitoba (2013)
- Doctorat en droit, Université de l’Alberta (2016)
- Doctorat en droit, Université de Toronto (2018)
- Doctorat honorifique, London Business School (2019)