Les cellules souches sont les « éléments constitutifs » du corps; tous les tissus et les organes sont issus de ces cellules. Elles peuvent se diviser sans perdre leur identité et même se développer en cellules spécialisées en réponse à certains stimulus. On les trouve dans une grande variété de tissus de mammifères à différents stades de développement et dans les tissus nerveux, musculaires et cutanés des organismes adultes. Chez les adultes, les stades de développement des cellules souches sont plus restreints. Pour développer de nouveaux traitements pour des maladies précises, les chercheurs doivent mieux comprendre comment les signaux biologiques stimulent la différenciation cellulaire. On doit découvrir de nouvelles méthodes pour cultiver un large nombre de cellules souhaitées, et davantage d’expérimentations impliquant différents types de cellules souches sont également cruciales. Il faudra encore bon nombre d’années pour que les projets de recherche permettent aux scientifiques d’acquérir de nouvelles connaissances sur les cellules souches pour que de nouveaux traitements soient rendus possibles (voir Recherche médicale).
Contexte
Les scientifiques mènent des recherches sur les cellules souches depuis bien plus longtemps que ce que la plupart des gens en pensent. Ce sont les chercheurs canadiens James Till et Ernest McCulloch qui prouvent de l’existence des cellules souches en 1961. Leur article sur ce qui à l’époque est appelé « des cellules formant des colonies » est la percée scientifique qui lance la science des cellules souches. Leur travail est suivi, en 1978, par la découverte aux États-Unis de cellules souches hématopoïétiques dans le sang des cordons ombilicaux humains.
Au Canada, la recherche médicale sur les cellules souches fait de grands progrès au fil des ans. L’un des premiers cas survient en 1992 lorsque le docteur Sam Weiss de l’Université de Calgary identifie des cellules souches dans le cerveau humain adulte. Il découvre que le cerveau adulte produit des cellules souches pour s’autoguérir. En 1994, le docteur John Dick de l’Université de Toronto isole la première cellule souche cancéreuse provenant d’un patient atteint de leucémie, produisant ainsi la première preuve directe de l’existence de cellules souches cancéreuses. Également en 1994, le docteur Derek van der Kooy de l’Université de Toronto identifie des cellules souches dans la rétine de souris.
Une percée majeure dans ce domaine survient en 1998 aux États-Unis lorsque James Thomson développe des cellules souches de tissus embryonnaire et fœtal humains. Les cellules souches présentant le meilleur potentiel de recherche proviennent du stade qui suit immédiatement l’union d’un ovule et d’un spermatozoïde. Ces cellules sont appelées totipotentes ou pluripotentes, et elles peuvent devenir l’un des 300 types différents de cellules qui composent le corps humain adulte. La thérapie par cellules souches pourrait éventuellement traiter des maladies auparavant incurables et des conditions dévastatrices comme l’accident vasculaire cérébral, certains types de cancer (leucémie, lymphome, cancer du poumon), la dystrophie musculaire, l’Alzheimer, le Parkinson, le diabète, les maladies cardiaques, et les lésions de la moelle épinière.
Recherche sur les cellules souches
La recherche sur les cellules souches contribue également à une compréhension plus vaste dans d’autres domaines. Par exemple, la recherche sur le traitement de la sclérose en plaques contribue à comprendre les mécanismes biologiques qui sous-tendent un vaste éventail d’autres maladies auto-immunes (comme l’arthrite rhumatoïde, la maladie de Crohn et le lupus). À l’avenir, un même traitement pourrait s’avérer utile pour plusieurs maladies.
Le potentiel pour de tels traitements est évident dans les progrès réalisés dans le domaine du traitement du diabète. En 1999, le protocole d’Edmonton est mis sur pied pour le traitement du diabète de type 1. Il consiste en greffes d’îlots pancréatiques et il se révèle bénéfique pour plusieurs patients. Toutefois, l’efficacité de la collecte d’un nombre suffisant d’îlots est entravée par le nombre limité de dons d’organes, et par la nécessité de créer deux pancréas pour obtenir suffisamment d’îlots pour un patient. Même si l’on améliorait l’efficacité du processus d’extraction d’îlots, la majorité des gens souffrant de diabète de type 1 ne seraient pas traités. Les chercheurs tentent de trouver un moyen de produire en masse des îlots à partir de cellules souches en laboratoire. Ils croient pouvoir y arriver en identifiant les cellules souches adultes qui produisent des îlots ou en programmant les cellules souches embryonnaires à se transformer en îlots.
Les cellules souches ont également des applications potentielles dans la recherche pharmaceutique. Les cellules souches humaines pourraient être utilisées pour la conception et les essais des médicaments afin d’en évaluer la sécurité et l’efficacité dans un modèle humain au lieu d’un modèle animal. La recherche à l’aide de modèles animaliers est compliquée par la nécessité de traduire les résultats précis de réactions animales à des réactions humaines. Le développement d’un modèle humain pour la recherche pourrait réduire considérablement le nombre d’années requises pour créer de nouveaux médicaments.
Questions morales et éthiques liées à la recherche sur les cellules souches
La recherche sur les cellules souches est remplie de promesses sur le plan thérapeutique, mais il faut mesurer les avantages possibles par rapport aux questions éthiques (voir Éthique médicale). La controverse est inhérente à la recherche scientifique; la question à savoir si les préoccupations l’emportent sur les avantages dépend surtout de l’opinion de chacun. Les préoccupations éthiques comprennent le potentiel que la recherche sur les cellules souches soit motivée par des profits financiers, si la recherche proposée est scientifiquement valable, et si les chercheurs mènent les projets de recherches de façon responsable.
La question la plus épineuse concerne la source du tissu embryonnaire. Les cellules souches peuvent provenir d’embryons excédentaires créés par des traitements de fécondation in vitro, du tissu fœtal provenant de l’interruption volontaire de la grossesse et de gamètes de sperme ou d’ovule utilisés en recherche médicale. L’ovule fécondé, le blastocyste, est constitué de cellules groupées dont le statut est à l’origine de cette controverse. Certains soutiennent que le blastocyste est une personne potentielle et qu’il mérite le respect et la protection auxquels tout être humain a droit. D’autres soutiennent que le blastocyste, bien qu’il soit génétiquement humain, ne possède aucune des caractéristiques d’un être humain, il n’est ni conscient de ce qui l’entoure ni conscient de sa propre existence. Un troisième groupe affirme que bien que le blastocyste ne soit clairement pas un être humain, il fait partie du cycle de la vie et doit donc être traité avec un certain respect.
Lignes directrices canadiennes régissant la recherche sur les cellules souches
Les opinions au sujet de la recherche sur les cellules souches diffèrent grandement d’une personne à l’autre, et c’est pourquoi le gouvernement canadien s’est engagé à mettre sur pied des lignes directrices qui respectent cette diversité. En 2002, les Instituts de recherche en santé du Canada mettent en place des lignes directrices régissant l’utilisation des cellules souches dans le domaine de la recherche au Canada. On porte une attention particulière à l’élaboration des lignes directrices permettant d’importantes recherches médicales tout en respectant les préoccupations éthiques des Canadiens. Les lignes directrices en matière de recherche médicale au Canada précisent que les projets de recherche sur les cellules souches doivent obtenir le consentement éclairé des donneurs adultes de sperme ou d’ovules. Autrement dit, lorsqu’un couple décide de recourir à la fécondation in vitro, l’homme qui donne du sperme et la femme qui donne un ovule doivent tous deux consentir à ce que les embryons excédentaires soient utilisés à des fins de recherches sur les cellules souches. Si une femme célibataire a recourt à la fécondation in vitro, elle est la seule personne à devoir donner son consentement pour que les embryons excédentaires soient utilisés.
Tous les projets de recherche visés par ces lignes directrices doivent offrir des bienfaits potentiels pour la santé de tous les Canadiens et non d’un groupe précis. De plus, la recherche doit respecter la vie privée et la confidentialité des parties concernées. Les lignes directrices canadiennes interdisent spécifiquement toute motivation financière dans la recherche sur les cellules souches ou sur les embryons utilisés dans de telles recherches. Les lignes directrices qui régissent l’origine des embryons précisent que ces embryons ne peuvent pas être créés spécifiquement à des fins de recherches sur les cellules souches. Selon les lignes directrices canadiennes, les recherches ne peuvent être menées que dans les 14 premiers jours suivant l’union du sperme et de l’ovule. La recherche combinant des cellules non humaines à des embryons humains est interdite.
Il est impossible de prédire comment la recherche sur les cellules souches se développera. Aujourd’hui, des recherches dans des domaines spécifiques sont en cours, mais il ne fait aucun doute que des intérêts dans d’autres domaines de recherche ainsi que d’autres problèmes vont surgir. À mesure que la recherche sur les cellules souches progresse, de nouvelles préoccupations éthiques inattendues peuvent surgir. Ces préoccupations devront être résolues par de nouvelles règles ou par la modification de celles-ci.