Chan Tep, journaliste, animatrice, conceptrice, productrice, recherchiste, chroniqueuse, conseillère en diversité et inclusion (née le 11 décembre 1978, à Mongkol Borey, Cambodge). Chan Tep est une figure phare dans les médias québécois francophones (voir Québec). De 2015 à 2017, son émission Mosaïque en lumière présentée à MAtv traite des communautés culturelles de Montréal de manière innovante. Elle a collaboré avec plusieurs médias tels que Radio-Canada, MAtv, 98,5 FM, Noovo Info, HuffPost Québec, TVA et Vidéotron. Au cours de sa carrière, elle a lutté sans relâche pour la diversité et sa représentation dans les médias francophones québécois.

Jeunesse
Chan Tep est née à Mongkol Borey un soir de pleine lune, au terme du génocide cambodgien perpétré par la dictature communiste, et de la guerre entre le Vietnam et le Cambodge. Elle est prénommée Chan — qui signifie « lune » en khmer — en l’honneur de sa sœur ainée Sichan Tep, décédée après avoir mangé une grenouille empoisonnée durant une famine. La vie de Chan Tep commence alors que sa famille fuit son pays dans des conditions très dangereuses — rencontres avec des bandits, mines terrestres et embuscades — pour enfin arriver dans un camp de réfugiés en Thaïlande. Là-bas, la famille Tep rencontre le cardinal Paul-Émile Léger qui est en mission humanitaire. Ce dernier la désigne pour venir au Canada en tant que réfugiée. (Voir aussi Communauté cambodgienne ou khmère au Canada.)
Le 19 décembre 1979, la famille de Chan Tep, qui a 10 mois, arrive à Varennes. Parrainée par Yoland et Michel Côté, elle s’adapte à sa nouvelle vie québécoise. Le père de Chan Tep trouve un emploi de répartiteur de pièces chez Pratt & Whitney Canada. Sa mère est embauchée comme concierge d’école. Une partie de leur salaire sert à rembourser les frais de réinstallation au Québec.
La jeune Chan Tep grandit dans un milieu à majorité blanche et subit le racisme durant son enfance. (Voir aussi Racisme anti-asiatique au Canada). Elle se fait insulter et, une fois, se fait même cracher dessus. Ses parents, comme bon nombre de parents réfugiés, travaillent beaucoup pour subvenir aux besoins de leur famille et Chan Tep se retrouve souvent seule à la maison. La jeune fille passe ainsi des heures devant la télévision. Elle remarque alors que très peu de gens lui ressemblent dans les médias. Pour pallier ce problème, à 14 ans, elle envoie sa candidature à l’émission jeunesse Watatatow et annonce à son père qu’elle veut devenir actrice. Celui-ci, conscient de la précarité de cette industrie, refuse.
Éducation et carrière
Chan Tep obtient un baccalauréat ès beaux-arts à l’Université Concordia en 2003. Elle entreprend ensuite une carrière en marketing et communications chez IKEA Canada. Mais à 25 ans, on lui diagnostique une forme rare de cancer des ovaires (voir Cancer). Cette maladie bouleverse profondément sa vie. Tout près de la mort, la jeune femme réfléchit aux actes de racisme qu’elle a affrontés et au manque de diversité dans les médias. Elle réalise qu’elle veut désormais s’attacher à changer cette réalité et décide de réorienter sa carrière. Elle retourne aux études et obtient une attestation d’études collégiales en communication et médias au Conservatoire Lassalle en 2010. (Voir aussi Collège d’enseignement général et professionnel (CEGEP) au Québec.) Fraîchement diplômée, elle participe à un événement de carrière destiné aux talents issus de la diversité, organisé par VOX (actuellement MAtv). À cette occasion, Chan Tep se fait remarquer par le réalisateur Jean-François Drapeau. Il lui offre un poste de recherchiste à l’émission Scène municipale. Après quelques mois, elle est promue au rôle de journaliste à cette même émission. (Voir aussi Journalisme.) Entre 2011 et 2015, elle est recherchiste pour l’émission Sans filtre de la chaîne Vox, chroniqueuse culturelle à CIBL Radio-Montréal, chroniqueuse à Radio-Canada, recherchiste à 98,5 FM et elle fonde sa propre boîte de production C+ Créative Productions. Cependant, son désir de traiter des enjeux touchant à la diversité incommode souvent ses collègues. Certains lui disent même qu’elle ne devrait pas aborder ces enjeux, car elle-même fait partie de cette diversité.
Lassée de ne pas pouvoir faire le genre de travail qu’elle souhaite faire, Chan Tep crée sa propre émission. C’est ainsi qu’en 2015, Mosaïque en lumière voit le jour à MAtv. Cette émission traite des réalités des communautés culturelles de Montréal. La journaliste conçoit et réalise l’émission en entier. Elle embauche une équipe composée entièrement de personnes issues de la diversité, qui travaillent autant devant que derrière la caméra — une pratique qui n’est pas la norme à cette époque. Mosaïque en lumière est l’une des premières émissions francophones québécoises à aborder des enjeux reliés à l’intersectionnalité. Chan Tep se penche sur des thèmes tels que l’homosexualité dans les communautés racisées, les droits des femmes immigrantes et les réalités des personnes immigrantes ayant un visa de travail temporaire. (Voir aussi La révolution des droits au Canada; Programmes des travailleurs étrangers temporaires du Canada.) L’émission est diffusée jusqu’en 2017.
Entre 2019 et 2022, Chan Tep est recherchiste à TVA et à Bell Média, journaliste et chroniqueuse à Radio-Canada et chroniqueuse à HuffPost Québec. Dans ses chroniques elle aborde des enjeux de société et de diversité intersectionnelle. En 2021, elle fait partie de la première cohorte de journalistes multiplateformes à Noovo Info. Depuis 2022, Chan Tep occupe le poste de conseillère en planification stratégique et opérationnelle en matière de diversité et d’inclusion à Radio-Canada. Elle a pour mandat de recruter des talents issus de groupes sous-représentés et de les faire rayonner au sein de la programmation du média. Dans ses fonctions, elle a créé des programmes de stages rémunérés destinés aux personnes issues de la diversité et plusieurs partenariats avec des communautés culturelles. Elle a aussi organisé des événements de réseautage pour mettre en contact les gestionnaires et les talents de la diversité.
En mai 2024, à l’occasion du Mois du patrimoine asiatique, elle figure parmi les Canadiennes et les Canadiens d’exception d’origine asiatique sur la page de Patrimoine canadien. (Voir aussi Célébration du patrimoine asiatique au Canada.)
Vie personnelle
Chan Tep a deux filles.
Le décès de sa mère en 2019 bouleverse profondément sa vie. Elle devient encore plus sensible au besoin de léguer un héritage à sa famille, consciente du fait que la migration a interrompu cette chaîne de transmission intergénérationnelle.
Chaque année, le 19 décembre, la famille Tep célèbre son arrivée au Canada en 1979.