Chênes au Canada

Le chêne (Quercus) est un genre d’arbres et d’arbustes de la famille du hêtre (Fagaceae). On en dénombre environ 500 espèces dans le monde, dont 75 à 80 sont indigènes de l’Amérique du Nord et 12 du Canada. Les espèces canadiennes poussent principalement en Ontario et vers l’est, à l’exception du chêne de Garry, qu’on ne trouve qu’en Colombie-Britannique, et du chêne à gros fruits, qui pousse aussi loin à l’ouest qu’en Saskatchewan. Au Canada, on classe généralement les chênes en deux groupes : les chênes rouges (rouge, de Shumard, noir, des marais et ellipsoïdal) et les chênes blancs (blanc, de Garry, à gros fruits, bicolore, jaune et nain). Ces arbres ont habituellement des feuilles lobées de formes et de tailles variables. Les glands qu’ils produisent en grandes quantités constituent un élément important de l’alimentation de nombreux animaux sauvages.

Connu pour sa résistance et sa longévité, le chêne a symbolisé plusieurs peuples et se retrouve fréquemment dans la littérature. L’Île-du-Prince-Édouard a choisi le chêne rouge comme arbre emblématique de la province. En raison de sa polyvalence et de sa longévité, on surnomme souvent le chêne « l’arbre de vie ».

Chênes au Canada

Espèces	Description	Habitat et distribution
Quercus garryana Chêne de Garry	Le chêne de Garry, aussi appelé chêne blanc de Garry, a des feuilles épaisses et rigides, chacune dotée de 5 à 7 lobes arrondis. Le dessus de la feuille est vert foncé et le dessous, vert jaunâtre. À l’automne, les feuilles rougissent avant de tomber. L’arbre peut atteindre 20 m de hauteur. Le tronc est court, l’écorce est écailleuse et les branches sont fourchues. Il peut vivre jusqu’à 200 ans.	C’est la seule espèce de chêne indigène de la Colombie-Britannique. Elle pousse habituellement sur la côte de l’île de Vancouver et dans les îles Gulf. On peut aussi la trouver un peu partout dans la vallée du bas Fraser Valley, mais elle est plus abondante le long de la côte ouest des États-Unis.
Quercus shumardii Chêne de Shumard	Les feuilles vert foncé du chêne de Shumard ont de 7 à 11 lobes dentés, caractérisés par des échancrures profondes. Le dessous de la feuille est pâle et la feuille entière devient rouge vif à l’automne. L’arbre, à l’écorce gris foncé, produit de gros glands. Il peut atteindre 40 m de hauteur.	On trouve cette espèce uniquement dans de petites régions du sud de l’Ontario, au nord du lac Érié. Elle pousse habituellement dans les basses terres le long des cours d’eau, et dans les sols lourds et mal drainés. Le COSEPAC classe le chêne de Shumard comme espèce préoccupante.
Quercus velutina Chêne noir	Le chêne noir a de larges feuilles dotées de 5 à 7 lobes. La feuille vert foncé sur le dessus et brun jaunâtre sur le dessous, vire au jaune, à l’orange et au brun à l’automne. L’écorce gris foncé à l’état jeune devient progressivement plus foncée et plus striée avec l’âge. Les glands sont petits et ronds. Le chêne noir peut atteindre 20 m de hauteur et vivre jusqu’à 200 ans.	On trouve cet arbre dans le sud de l’Ontario, au nord du lac Érié et du lac Ontario. Il pousse mieux dans des sols sablonneux secs et a besoin de beaucoup de soleil.
Quercus ilicipholia Chêne à feuilles de houx	Le chêne à feuilles de houx est un arbuste mesurant en moyenne 1 m au Canada, mais pouvant atteindre 6 m dans la partie sud de son aire de répartition. Sa feuille est petite, avec des lobes à pointe sétacée. L’écorce est lisse et grise, mais devient striée ou écailleuse avec l’âge.	Considéré comme rare au Canada, le chêne à feuilles de houx pousse uniquement dans une zone de 800 ha dans le comté de Lennox et Addington, dans le centre de l’Ontario. Plus au sud, on le trouve sur tout le littoral est des États-Unis.
Quercus macrocarpa Chêne à gros fruits	Les feuilles du chêne à gros fruits varient en forme et en taille, mais sont généralement vert foncé sur le dessus et vert pâle sur le dessous. À l’automne, elles deviennent orange et rouge vif. Les glands poussent individuellement et ont une cupule fortement frangée. Le tronc est rectiligne et l’écorce est gris foncé. Cet arbre peut atteindre 15 m de hauteur et vivre 200 ans.	Le chêne à gros fruits pousse dans une variété de sols et de climats, de l’est de la Saskatchewan jusqu’à l’Île-du-Prince-Édouard.
Quercus muehlenbergii Chêne jaune	Le chêne jaune se reconnaît à ses petites feuilles étroites et dentées, atténuées aux deux extrémités. Vert foncé pendant l’été, les feuilles deviennent rouge vif à l’automne. C’est l’un des plus grands chênes, atteignant jusqu’à 30 m de haut. Son tronc est rectiligne, étroit et robuste.	Cette espèce est peu commune au Canada, mais on la trouve dans le sud-ouest de l’Ontario sur des crêtes et versants rocailleux et secs. Elle ne tolère pas l’ombre et pousse mieux en plein soleil.
Quercus prinoides Chêne nain	Cette espèce naine a de petites feuilles étroites aux bords dentelés. L’écorce brun pâle est écailleuse. L’arbre n’atteint qu’environ 7 m.	Le chêne nain est très rare au Canada, mais on le trouve surtout en Ontario, ainsi qu’au Québec et au Nouveau-Brunswick. Il pousse mieux dans des sols secs et rocheux.
Quercus ellipsoidalis Chêne ellipsoïdal	Le chêne ellipsoïdal a des feuilles coriaces aux lobes pointus. Vert foncé sur le dessus et plus pâle en dessous, les feuilles deviennent rouge vif à l’automne. L’écorce est brun foncé à l’extérieur et jaune pâle à l’intérieur. Cet arbre atteint généralement entre 20 et 30 m de hauteur.	Cette espèce se trouve surtout dans le nord-est des États-Unis et s’étend légèrement jusqu’en Ontario, à l’ouest du lac Supérieur et au nord du lac Érié. Elle pousse mieux dans les sols sablonneux et en plein soleil.
Quercus palustris Chêne des marais	Le chêne des marais a des feuilles vert foncé dotées de 5 à 7 lobes pointus séparés par des sinus profonds. Vert foncé sur le dessus et plus pâle en dessous, les feuilles deviennent rouge vif ou vermillon à l’automne. L’arbre produit de petits glands au bout pointu. Le tronc est rectiligne et étroit. L’écorce est mince et lisse à l’état jeune, mais elle forme des crêtes avec l’âge. Il peut atteindre 20 m de hauteur et vivre jusqu’à 100 ans.	Comme la plupart des chênes du Canada, le chêne des marais pousse dans le sud de l’Ontario, près du lac Érié. On le trouve généralement le long des berges et des marécages. Il pousse mieux dans les sols humides et bien drainés, mais peut tolérer une variété de sols, ce qui en fait une plante ornementale idéale.
Quercus rubra Chêne rouge	Les feuilles du chêne rouge ont de 7 à 9 lobes atténués à la base et séparés par des sinus peu profonds et incurvés. Vert jaunâtre mat ou vert foncé sur le dessus et plus pâle sur le dessous, les feuilles deviennent rouge foncé à l’automne. Le tronc rectiligne et large est recouvert d’une écorce lisse et grisâtre à l’état jeune, qui se crevasse et s’assombrit avec l’âge. Le bois de l’arbre est d’un rouge rosé, comme son nom l’indique. Il atteint généralement 25 m de hauteur et vit jusqu’à 150 ans.	Le chêne rouge se trouve en Ontario, au Québec, au Nouveau-Brunswick, en Nouvelle-Écosse, sur l’Île-du-Prince-Édouard et s’étend jusqu’aux États-Unis. Il pousse dans une variété de sols, mais ne tolère pas l’ombre.
Quercus bicolor Chêne bicolore	Les feuilles du chêne bicolore sont effilées à la base de la tige et s’élargissent à l’extrémité. Vert foncé luisant sur le dessus et vert grisâtre pâle sur le dessous, les feuilles deviennent orange pâle à l’automne. L’arbre produit des glands, solitaires ou par paires, plus longs que larges. Le tronc est court et écailleux. Il peut atteindre 22 m de hauteur et vivre 200 ans.	Cet arbre est rare au Canada, mais on le trouve dans le sud de l’Ontario et du Québec, près des marécages et des zones humides
Quercus alba Chêne blanc	Le chêne blanc a des feuilles de formes très variées, allant de larges avec plusieurs lobes à étroites avec peu de lobes discernables. Vert vif sur le dessus et vert pâle sur le dessous, les feuilles deviennent rouge-violet et orange vif à l’automne. L’arbre produit des glands solitaires ou par paires. Le tronc rectiligne et large est couvert d’une écorce écailleuse gris pâle, tandis que le bois intérieur est brun pâle. Il peut atteindre 22 m de hauteur.	On trouve le chêne blanc dans les forêts du sud de l’Ontario et du Québec, où il pousse mieux en tant qu’arbre de sous-étage. Il tolère de nombreux types de sols et niveaux d’ombre.

Le saviez-vous?
Plusieurs autres espèces de chênes poussent au Canada, mais ne sont pas indigènes. Le chêne écarlate (Quercus coccinea), le chêne châtaignier (Quercus montana) et le chêne imbriqué (Quercus imbricaria) sont des espèces quasi indigènes, présentes dans le nord des États-Unis. Le changement climatique entraînant un réchauffement du climat, ces espèces pourraient étendre leur aire de répartition vers le nord, jusqu’au Canada. On a planté le chêne pédonculé (Quercus robur), une espèce provenant d’Europe, à des fins ornementales partout au Canada, et il pousse maintenant dans certains espaces sauvages.

Vie sauvage

Les chênes constituent une source précieuse de nourriture et d’abri pour de nombreux animaux sauvages. Des petits insectes qui se nourrissent de ses feuilles, aux oiseaux et aux écureuils qui se nourrissent de ses glands et nichent dans ses branches, le chêne contribue de manière polyvalente à l’écosystème.

Les glands constituent une source de nourriture essentielle pour un grand nombre d’animaux sauvages. Certains, comme les cerfs, les ours et quelques espèces d’oiseaux, peuvent même adapter leurs habitudes migratoires pour se concentrer dans les forêts dominées par les chênes lorsque les glands sont plus abondants. Étant donné que les glands tombent habituellement au sol à l’automne et en hiver lorsque d’autres sources de nourriture sont épuisées, ils constituent une source essentielle de subsistance.

Peuples autochtones

De nombreuses collectivités autochtones utilisaient le chêne à des fins médicinales, alimentaires ou artisanales. Elles transformaient souvent l’écorce infusée en tisane pour soulager le rhume et l’asthme, ou en lotion hydratante pour la peau sèche. Le bois de chêne servait à fabriquer des paniers, du bois de chauffage, du bois d’œuvre, des armes et des articles ménagers, comme des cuillères et des bols.

Les glands constituaient un aliment de base pour de nombreuses collectivités autochtones. Une fois récoltés, ils étaient souvent moulus en farine et utilisés dans la préparation du pain, des gâteaux, des soupes et d’autres plats. Ils étaient également souvent servis en accompagnement d’une source de protéines, comme la venaison ou le saumon. Certains types de glands ont un goût suffisamment doux pour être dégustés entiers une fois cuits à la vapeur ou bouillis.

Les glands et les chênes ont toujours une grande valeur dans la culture autochtone. Bien que la farine de glands puisse être produite à l’aide de méthodes modernes, le broyage traditionnel des glands est parfois encore célébré lors de rituels pour commémorer l’héritage culturel de cette pratique.

Utilisations

On exploite le chêne à des fins commerciales pour la fabrication de planchers, de meubles, de clôtures, de bois d’œuvre et de bois de chauffage. Il sert aussi à produire des matériaux de construction, tels que des traverses de chemin de fer ou des palettes en bois. On utilise également le chêne pour fabriquer des fûts pour la vinification, car ce bois ajoute une saveur naturelle au vin. On plante souvent des chênes comme arbres ornementaux en milieu urbain.

Menaces

Le Comité sur la situation des espèces en péril (COSEPAC) classe le chêne de Shumard comme espèce préoccupante.

La flétrissure du chêne représente une menace importante pour les chênes, en particulier le chêne rouge, en Ontario. Causée par le champignon Bretziella fagacearum, cette maladie entraîne la mort du chêne en une seule saison. Elle se propage par des greffons racinaires ou par des coléoptères porteurs de spores fongiques, et se manifeste souvent par la décoloration des feuilles, la fissuration des troncs et la chute prématurée des feuilles.