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Épinettes au Canada

Parmi la quarantaine d’espèces d’épinettes (genre Picea) présentes dans le monde, cinq sont indigènes du Canada. Ce conifère à feuillage persistant est connu pour son bois robuste, son système racinaire peu profond et son arôme souvent agréable. Trois provinces canadiennes ont choisi une espèce d’épinette comme arbre emblématique : l’épinette blanche au Manitoba, l’épinette rouge en Nouvelle-Écosse et l’épinette noire à Terre-Neuve-et-Labrador.

Paysage forestier brumeux.

Épinettes au Canada

Espèces

Description

Habitat et distribution

Picea engelmannii

Épinette d’Engelmann

L’épinette d’Engelmann à des aiguilles courtes (15-25 mm) et pointues d’un vert bleuâtre. Elle atteint généralement entre 35 et 55 m de hauteur. Ses racines sont peu profondes et son tronc est droit et étroit. Elle peut vivre jusqu’à 300 ans, mais certains spécimens vivent plus de 600 ans. Ses cônes s’ouvrent à l’automne et tombent en hiver.

On la trouve dans les régions montagneuses boréales de la Colombie-Britannique et, plus au sud, aux États-Unis, généralement à des altitudes comprises entre 1 000 et 2 000 m. L’épinette d’Engelmann est l’une des quatre espèces d’épinettes indigènes de la Colombie-Britannique.

Picea sitchensis

Épinette de Sitka

L’épinette de Sitka est l’une des plus grandes espèces d’épinettes au monde. Cet arbre atteint généralement atteint 55 m de hauteur, mais certains des plus grands spécimens de cet arbre se trouvent en Colombie-Britannique et mesurent plus de 70 m de haut. Ses aiguilles sont droites, aplaties et pointues. Ses cônes, aux écailles minces et cassantes, s’ouvrent à l’automne et tombent au cours des mois qui suivent. Comme beaucoup d’épinettes, l’épinette de Sitka a des racines superficielles et étalées.

Cet arbre pousse le long de la côte ouest de l’Alaska, de la Colombie-Britannique et des États-Unis. On le trouve en abondance sur l’île de Vancouver et l’archipel Haïda Gwaïi. Il pousse mieux dans les climats humides et frais le long des côtes.

Picea mariana

Épinette noire

L’épinette noire peut atteindre 30 m de hauteur et vivre plus de 200 ans. Ses aiguilles sont courtes (8-15 mm), obtuses et serrées le long du rameau. Son écorce mince se transforme en grandes plaques écailleuses avec l’âge.

Cette espèce transcontinentale est présente presque partout au Canada. Cet arbre à croissance lente s’adapte très bien à une variété de sols, mais il pousse davantage dans les sols secs et moins dans les sols humides et mal drainés.

Picea rubens

Épinette rouge

L’épinette rouge a des aiguilles vert jaunâtre obtuses et serrées sur des rameaux velus. Elle atteint généralement 25 m de hauteur et peut vivre jusqu’à 300 ans. Elle tire son nom de son écorce brun-rougeâtre qui fonce avec l’âge. Ne produisant des graines qu’après 30 à 40 ans, cet arbre se reproduit lentement.

Présente dans les provinces maritimes, en Ontario et au Québec, l’épinette rouge pousse mieux dans les climats frais et humides.

Picea glauca

Épinette blanche

Cette espèce de taille moyenne a des aiguilles vert bleuâtre courtes (15-22 mm) et pointues. Elle peut atteindre 25 m de hauteur et vivre jusqu’à 200 ans, certains spécimens vivant même près de 1000 ans. Son tronc est droit et recouvert d’une écorce lisse qui devient écailleuse avec l’âge. Cette épinette, comme beaucoup d’autres, a des racines superficielles. L’épinette blanche est connue pour l’odeur désagréable qu’elle dégage lorsqu’on écrase ses aiguilles.

L’épinette blanche est présente partout au Canada, sauf sur la côte ouest. Elle s’adapte à de nombreux types de sols et constitue souvent la limite forestière de l’Arctique.


Gros plan d’aiguilles d’épinette

Vie sauvage

Plusieurs espèces d’épinettes constituent une source précieuse de nourriture et d’abri pour la vie sauvage. De petits et grands animaux se nourrissent de l’écorce, des graines, des bourgeons et des branches des épinettes, notamment les lapins, les oiseaux, les écureuils, les cerfs, les porcs-épics et les ours noirs. L’épinette blanche étant largement répandue dans tout le pays, elle est reconnue comme une source de nourriture essentielle pour la vie sauvage.

Le saviez-vous?
De nombreuses espèces d’arbres (p. ex., le hêtre, l’érable et l’épinette) synchronisent leur production de graines au cours de ce que l’on appelle une année semencière, afin d’inonder l’écosystème d’une telle quantité de graines que leurs prédateurs ne peuvent pas toutes les manger et que certaines d’entre elles parviennent à germer. Ces années de semence peuvent se produire tous les ans ou tous les deux ans, comme pour les hêtres et les érables du sud du Québec, ou tous les trois à sept ans, comme pour l’épinette blanche au Yukon.


Plan serré d’un écureuil roux

Peuples autochtones

De nombreuses collectivités autochtones connaissent les multiples usages de l’épinette, allant de sa source alimentaire à ses vertus médicinales, en passant par la fabrication d’outils et de vêtement. Il est d’usage, chez les Autochtones, d’utiliser chaque partie de l’arbre, des racines aux feuilles, pour une fin particulière. Les épinettes blanches et noires étant les plus répandues au Canada, leur utilisation est courante dans de nombreuses cultures autochtones.

On peut infuser les cônes d’épinette pour en faire des tisanes pour soulager les symptômes du rhume. On peut aussi bouillir ou écraser les branches et les racines à des fins médicinales. On utilise souvent la gomme d’épinette à des fins médicinales et comme gomme à mâcher.

Les racines peuvent servir à fabriquer de la ficelle et de la corde pour coudre des paniers et des filets de pêche, tandis que le bois est utilisé pour la fabrication de canoés, de matériaux de construction et d’articles ménagers. On utilise souvent la sève de l’épinette comme liant pour sceller les bateaux ou réparer les trous.

Gros plan d’un bourgeon d’épinette

Utilisations

On utilise largement le bois et l’écorce d’épinette pour la fabrication de pâte à papier (voir Industrie des pâtes et papiers) et de bois d’œuvre pour divers besoins de construction (voir Industrie du bois). On utilise aussi l’écorce comme paillis ou on la brûle pour produire de l’énergie. De nombreuses espèces d’épinettes, comme l’épinette de Sitka, sont connues pour la légèreté, la flexibilité et la robustesse de leur bois, idéal pour la fabrication de pièces de bateaux et d’avions.

Très gros tronc d’épinette.

Menaces

Le dendroctone de l’épinette (Dendroctonus rufipennis) est un insecte transcontinental présent partout au Canada. Il attaque toutes les espèces indigènes d’épinettes en pondant ses œufs sous l’écorce et en se nourrissant du bois. Plusieurs éclosions ont été enregistrées au cours du dernier siècle, dont une récente de 2015 à 2021 en Colombie-Britannique. L’espèce a infecté environ 300 000 hectares de forêts par année en Colombie-Britannique entre 2017 et 2021, et un total estimé à 380 000 hectares au Yukon entre 1990 et 2007. Les aiguilles des arbres atteints deviennent graduellement d’un brun rougeâtre et finissent par tomber.

La tordeuse des bourgeons de l’épinette (Choristoneura fumiferana) représente une menace similaire pour ce genre d’arbre, puisqu’elle se nourrit principalement de l’épinette blanche, et, dans une moindre mesure, de l’épinette rouge et de l’épinette noire. Des éclosions se produisent tous les 30 à 40 ans, la plus récente ayant commencé en 2006 près du fleuve Saint-Laurent, au Québec. En 2019, plus de 9,6 millions d’hectares de forêt au Québec avaient été endommagés. On surveille actuellement la population de tordeuse des bourgeons de l’épinette afin d’éviter une autre éclosion (voir Quatre insectes nuisibles majeurs des forêts canadiennes).

Tordeuse des bourgeons de l’épinette

Une augmentation des feux de forêt (voir Incendies ravageurs au Canada) jumelée à un climat plus chaud et plus sec (voir Changement climatique) a empêché les épinettes de se régénérer après un incendie, une tâche dans laquelle des espèces comme l’épinette noire excellent généralement.

Grandes épinettes blanches sur fond de ciel turquoise

En savoir plus

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Liens externes