Zita Maria delle Grazie Adelgonda Micaela Raffaela Gabriella Giuseppina Antonia Luisa Agnese, princesse de Bourbon-Parme (née le 9 mai 1892 à Viareggio, en Italie; décédée le 14 mars 1989 à Zizers, en Suisse), impératrice d’Autriche et reine de Hongrie de 1916 à 1918. L’ancienne impératrice a vécu à Québec de 1940 à 1950, et quatre de ses enfants ont fréquenté l’Université Laval pendant la Deuxième Guerre mondiale.

Jeunesse
Zita est la 17e des 24 enfants de Robert, duc de Parme (1848-1907), un descendant de Louis XIV, roi de France, qui règne brièvement sur Parme et Plaisance entre 1854 et la deuxième guerre d’indépendance italienne en 1859. Sa mère, la princesse Marie-Antonia de Portugal (1862-1959), est la deuxième épouse du duc Robert. Zita fait ses études dans un pensionnat en Bavière et dans un couvent sur l’île de Wight. Elle parle français, sa langue maternelle, ainsi que l’italien, l’allemand et l’anglais.
Mariage et enfants
Le 21 octobre 1911, Zita épouse l’archiduc Charles d’Autriche (1887-1922), petit-neveu de François-Joseph, empereur d’Autriche et roi de Hongrie. Charles devient l’héritier de l’empire austro-hongrois le 28 juin 1914, lorsque son oncle, l’archiduc François-Ferdinand, est assassiné. Cet événement mène au déclenchement de la Première Guerre mondiale.
Zita et Charles ont huit enfants : le prince héritier Otto (1912-2011), l’archiduchesse Adélaïde (1914-1971), l’archiduc Robert (1915-1996), l’archiduc Félix (1916-2011), l’archiduc Charles-Louis (1918-2007), l’archiduc Rodolphe (1919-2010), l’archiduchesse Charlotte (1921-1989) et l’archiduchesse Élisabeth (1922-1993).
Impératrice
Le 21 novembre 1916, l’archiduc Charles devient empereur d’Autriche et roi de Hongrie à la mort de son oncle, l’empereur François-Joseph. En tant qu’impératrice, Zita est impliquée dans l’affaire Sixte, une tentative avortée de négociation du retrait de l’Autriche-Hongrie de la Première Guerre mondiale. Zita invite l’un de ses frères, le prince Sixte de Bourbon-Parme, un officier de l’armée belge, à se rendre à Vienne pour servir d’intermédiaire dans les pourparlers de paix entre l’Autriche-Hongrie et la France. En avril 1918, l’affaire Sixte est mise au jour, provoquant des tensions entre l’Autriche et son allié allemand, et portant atteinte à la réputation de l’empereur et de l’impératrice. L’affaire Sixte fait partie des événements, avec la défaite militaire et l’effondrement de l’empire austro-hongrois, qui mènent à la proclamation de la République d’Autriche allemande le 12 novembre 1918.

Exil
L’empereur Charles n’abdique jamais officiellement. Il est soutenu par Zita, qui déclare : « Un empereur ne peut jamais abdiquer. Il peut être déposé […] C’est la méthode violente. […] mais abdiquer : jamais, jamais, jamais. Je préfère périr ici avec toi. » Après la proclamation de la république, Charles, Zita et leurs enfants vivent dans leur pavillon de chasse d’Eckartsau, près de la frontière hongroise, dans l’espoir de conserver le trône hongrois. En mars 1919, alors que les tensions politiques montent, ils sont évacués par des officiers de l’armée britannique.
La famille se réfugie d’abord en Suisse, où les Bourbon-Parme possèdent un château à Rorschach, puis sur l’île de Madère. Charles y meurt d’une pneumonie en 1922, à l’âge de 34 ans. Zita, enceinte de leur huitième enfant, est à son chevet lorsqu’il prononce ses derniers mots : « Je t’aime tant ». Elle ne se remarie jamais.
Veuvage
À l’invitation du roi Alphonse XIII, Zita s’installe en Espagne avec ses enfants. C’est là que naît sa benjamine, Élisabeth, en 1922. La famille déménage à Steenokkerzeel, en Belgique, en 1929. Pendant la Deuxième Guerre mondiale, les forces nazies occupent la Belgique. Zita et ses enfants s’exilent alors à Québec en passant par la France, l’Espagne, le Portugal et les États-Unis. À son arrivée en Amérique du Nord, Zita publie un communiqué dans lequel elle déclare : « Après la défaite du nazisme, une confédération d’États d’Europe centrale, fondée sur des principes démocratiques, devrait être formée dans la région du Danube. »
Canada
Pierre-François Casgrain, secrétaire d’État du Canada (et époux de la féministe Thérèse Casgrain), facilite l’installation de Zita et de ses jeunes enfants au Québec. Les aînés, Otto et Félix, passent la guerre aux États-Unis, tandis que Robert réside à Londres. La sœur de Thérèse Casgrain, Marguerite, coordonne l’installation de Zita à la villa Saint-Joseph de Sillery (en banlieue de Québec), une résidence appartenant aux religieuses de Sainte-Jeanne d’Arc. La mère et la plus jeune sœur de Zita, Isabelle, rejoignent sa famille à Québec. Sa belle-sœur, la grande-duchesse Charlotte de Luxembourg, son frère, le prince Félix de Bourbon-Parme, ainsi que leurs enfants, vivent aussi à Québec pendant la Deuxième Guerre mondiale, le gouvernement luxembourgeois en exil étant basé à Montréal.
Trois des enfants de Zita, Charles-Louis, Rodolphe et Charlotte, poursuivent leurs études postsecondaires à l’Université Laval, à Québec. Sa benjamine, Élisabeth, termine ses études secondaires au Collège Jésus-Marie de Sillery avant de rejoindre ses frères et sœurs à l’Université Laval. Charlotte obtient un diplôme en économie de cette même université en 1942. Elle déménage ensuite à New York, où elle travaille comme assistante sociale à Harlem. Les fils de Zita parcourent le Canada et les États-Unis pour militer en faveur de la résistance à l’occupation nazie de l’Autriche. Félix et Charles-Louis s’engagent dans l’armée américaine.
Zita a des difficultés financières pendant son séjour au Canada, car elle n’a pas accès à ses fonds européens pendant une grande partie de la guerre. Pour nourrir sa famille, elle prépare des soupes et des salades à base de feuilles de pissenlit. Lorsqu’elle est invitée à prendre le thé chez Zita à Québec, la consort vice-royale, la comtesse d’Athlone, remarque que la famille ne boit que de l’eau.
« J’aime le Canada, confie Zita au journaliste du Toronto Daily Star, Ross Harkness, en décembre 1945. J’aime le Québec. J’aime beaucoup les Canadiens français. Ils se sont montrés gentils et attentionnés envers nous. Et malgré la rigueur des hivers québécois, ils me rappellent ceux de l’Autriche. Je n’ai pas l’intention de partir. » Ses amis les plus proches au Québec sont sir Eugène Fiset et lady Fiset (née Zoé-Mary Stella Taschereau), lieutenant-gouverneur et consort vice-royale du Québec de 1939 à 1950. (Voir aussi Lieutenants-gouverneurs du Québec.)
Après la guerre, Zita fonde au Québec un organisme de bienfaisance autrichien qui coopère avec d’autres organismes humanitaires en Amérique du Nord. Selon son biographe, Gordon Brook-Shepherd, « pendant trois ans, elle a parcouru le Canada et les États-Unis. Elle y a collecté des caisses de nourriture, de vêtements et de médicaments à expédier de l’autre côté de l’Atlantique et donné des conférences pour la cause de l’unité européenne ». À la fin de 1948, l’Autriche reçoit l’aide du plan Marshall.

Dernières années
Zita retourne définitivement en Europe en 1950 pour se rapprocher de ses enfants et petits-enfants. Elle meurt d’une pneumonie à l’âge de 96 ans à la maison de retraite de la Fondation Johannes, un ancien couvent-hôpital franciscain de Zizers. Elle repose dans la crypte impériale de Vienne.