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Lee Maracle

Lee Maracle, O.C., écrivaine et critique (née le 2 juillet 1950 à Vancouver, en Colombie-Britannique; décédée le 11 novembre 2021 à Surrey en Colombie-Britannique). Lee Maracle a été une écrivaine autochtone prolifique, une experte de l’histoire et de la culture des Premières Nations et une figure autochtone influente dans la critique canadienne postcoloniale.

Lee Maracle

Enfance

Lee Maracle est membre de la nation Stó:lō. Sa mère est d’origine métisse, son père est un Salish et son grand-père est le chef Dan George. Lee Maracle grandit dans un quartier pauvre nommé les vasières du North Shore dans la ville de North Vancouver, à l’est du pont Second Narrows. Lee Maracle sent de la distance entre elle et la culture autochtone, la culture canadienne plus large est étrange pour elle aussi, c’est pourquoi elle abandonne l’école et elle devient membre de la sous-culture hippie de Vancouver et membre du mouvement Red Power. Elle va en Californie, puis à Toronto, où elle fait différents métiers, elle fait même des monologues comiques et travaille dans l’industrie cinématographique avant de retourner à Vancouver pour faire ses études à l’Université Simon Fraser. Lee Maracle est militante dans la lutte des peuples autochtones contre le racisme, le sexisme et l’oppression économique (voir Organisation politique des Autochtones et activisme au Canada).

Œuvres littéraires

Lee Maracle est l’une des écrivaines autochtones canadiennes les plus prolifiques. Elle publie des romans, des poèmes, des recueils de nouvelles et des anthologies collectives. Son style d’écriture présente un mélange innovateur des genres tels que le roman, l’œuvre non romanesque, la légende et les mémoires, mettant des histoires traditionnelles autochtones dans un encadrement plus moderne.

Son sujet principal est le destin des femmes autochtones dans le contexte du féminisme nord-américain, une approche qu’elle décrit comme la « décolonisation du féminin  ». Avec cette approche féminine du monde, Lee Maracle traite du racisme, du post-colonialisme, de la sexualité féminine, du pouvoir créatif et de la solitude des races, mais son thème principal est l’autochtonie (l’identité autochtone). Elle examine le fonctionnement des éléments différents de la nature d’une femme autochtone qui vit dans deux cultures, puis elle explore comment l’autochtonie relie en soi l’identité culturelle, la conscience politique et le plaidoyer à travers ce que l’on comprend de l’expérience, des connaissances et du pouvoir sexuel autochtones.

Comme on le fait remarquer souvent dans les comptes rendus sur ses ouvrages, Lee Maracle démontre son attitude négative envers la domination culturelle des Blancs dans ses œuvres, en disant que ce que nous connaissons sur l’histoire en général, les Blancs comme les peuples autochtones, présente le point de vue patriarcal. Lee Maracle croit que les hommes autochtones sont « infectés » par des paradigmes culturels masculins des Blancs. Ces derniers empêchent le rétablissement de la culture autochtone.

Le premier ouvrage de Lee Maracle, le roman autobiographique Bobbi Lee : Indian Rebel (1975, 1990) est un des premiers ouvrages autochtones publiés au Canada. C’est l’histoire d’une femme autochtone qui grandit faisant partie d’un groupe minoritaire opprimé dans les années 1960 et 1970 et qui cherche son chemin vers la conscience politique. À ce dernier égard, c’est une histoire de tous les peuples opprimés. C’est toutefois un ouvrage plein d’espoir, qui propose une idée d’un monde dans lequel on n’opprime pas sans cesse les peuples autochtones.

Le thème de frontières et de divisions entre les colonisés et les colonisateurs et entre les Blancs et les peuples autochtones est présenté souvent dans les ouvrages de Lee Maracle. I Am Woman : A Native Perspective on Sociology and Feminism (1988, 1996) est aussi un ouvrage biographique. Elle y exprime son conflit avec la féminité, la culture, la tradition, la spiritualité et les autorités politiques à travers sa poésie, ses nouvelles et ses essais. Elle écrit, comme elle l’explique dans la préface, « pour encourager les femmes autochtones à embrasser leur lutte personnelle pour un être autochtone féministe ». L’ouvrage examine les facettes d’une femme colonisée restreinte par un chemin historique qui n’est pas créé par ses ancêtres, mais qui est imposé d’une manière artificielle par une autre culture, la culture dominante blanche patriarcale possédant des traits du sexisme et du racisme et ayant son propre système éducatif.

De même, Ravensong : A Novel (1993), dont l’action se passe dans une réserve de la côte ouest au début des années 1950, a comme sujet les frontières culturelles, en commençant par les premiers contacts entre les colonisés et les colonisateurs. Ces contacts se passent à travers un corps féminin, c’est-à-dire à travers les femmes autochtones qui sont envoyées au bord du premier bateau à la destination du village de la côte. Elles retournent au village comme « les premières victimes intouchables d’une maladie ». L’espace physique du village est redéfini par la présence d’hommes blancs qui affirment leur domination sur le village en aliénant et en marginalisant les femmes au sein de leur propre espace culturel.

En 2015, Lee Maracle publie Memory Serves and Others Essays, un recueil de conférences qu’elle a données au cours des dernières décennies et qui sont « intrinsèquement liées au peuple salish en général et aux Stó:lō en particulier ».

Parmi les autres ouvrages publiés de Lee Maracle figurent Sojourner’s Truth (1990), Telling It : Women and Language Across Cultures (1990), Sundogs: A Novel (1992), Bent Box (2000), My Home as I Remember (éd., 2000), Daughters are Forever (2002), Will’s Garden (2002, 2008), First Wives Club: Coast Salish Style (2010), Talking to the Diaspora (2015), My Conversations with Canadians (2017, finaliste du Toronto Book Award en 2018) et Hope Matters (2019).

Le saviez-vous?
Lee Maracle a fait partie de la liste courte des nommés pour le prix international de littérature Neustadt 2020, un des prix littéraires les plus prestigieux de la planète. Parmi les nommés canadiens précédents, on compte Alice Munro, détentrice du prix Nobel de littérature, et Rohinton Mistry, lauréat du Neustadt en 2012.


Prix et distinctions

Lee Maracle occupe un grand nombre de postes académiques, dont ceux de professeure invitée d’études canadiennes Stanley Knowles à l’Université de Waterloo, de professeure émérite invitée de la culture canadienne à l’Université Western Washington, d’écrivaine résidente à l’Université de Guelph, d’écrivaine résidente au Centre d’apprentissage des Premières Nations à l’Univesité de Toronto, d’enseignante du programme en études autochtones de l’Université de Toronto et de directrice de la culture traditionnelle de l’Indigenous Theatre School à Toronto.

Elle obtient les prix suivants : le prix J.T. Stewart Voices of Change (2000) et le American Book Award de la Before Columbus Foundation (2000). En 2009, elle obtient un doctorat honorifique en lettres de l’Université St. Thomas. En 2019, elle reçoit un doctorat honorifique de l’Université de Waterloo pour son travail en tant que « voix autochtone défendant la vérité ».

Reconnue comme « l’une des voix autochtones les plus influentes dans le paysage littéraire au Canada » et comme une auteure ayant « joué un rôle crucial dans la promotion de la justice sociale au Canada », Lee Maracle est admise à l’Ordre du Canada en 2018. Il s’agit d’un des plus grands honneurs que l’on peut recevoir au Canada.

Lee Maracle est une cofondatrice de l’En'owkin International School of Writing, un institut d’apprentissage à Penticton, en Colombie-Britannique, qui possède un programme des beaux-arts autochtones et un programme linguistique d’Okanagan.

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