Roland « Rolly » Gravel (source primaire) | l'Encyclopédie Canadienne

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Roland « Rolly » Gravel (source primaire)

« Ça a commencé vers 5:00 et vers 11:00, on a vu arriver les tanks américains qui ont rentré dans le camp. Pour nous, la guerre finissait. »

Pour le témoignage complet de M. Gravel, veuillez consulter en bas.


Prenez note que les sources primaires du Projet Mémoire abordent des témoignages personnels qui reflètent les interprétations de l'orateur. Les témoignages ne reflètent pas nécessairement les opinions du Projet Mémoire ou de Historica Canada.

Lieutenant Roland Gravel à Farnborough, Angleterre, le 15 février 1941.
Lieutenant Roland Gravel à Farnborough, Angleterre, le 15 février 1941.
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(Avec la permission du Projet Mémoire/Les Fusiliers Mont-Royal)
Raid sur Dieppe
Raid sur Dieppe
<p>Chars alliés détruits et péniches de débarquement suite au raid sur Dieppe.<span style="color: rgb(51, 51, 51); font-family: Montserrat, sans-serif; font-size: 16px; background-color: rgb(234, 235, 237);"></span><br></p>
(Ministère de la Défense nationale)
Raid sur Dieppe
Raid sur Dieppe
Des soldats allemands conduisent des prisonniers de guerre canadiens dans les rues de Dieppe après le raid désastreux sur le port français le 19 août 1942.
Des soldats allemands conduisent des prisonniers de guerre canadiens dans les rues de Dieppe
Des soldats allemands conduisent des prisonniers de guerre canadiens dans les rues de Dieppe après le raid désastreux sur le port français le 19 août 1942.
Bibliothèque et archives Canada
Rolland Gravel à Montréal, Québec, le 27 janvier 2010.
Rolland Gravel à Montréal, Québec, le 27 janvier 2010.
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(Avec la permission du Projet Mémoire/Historica Canada)
Ça a commencé vers 5:00 et vers 11:00, on a vu arriver les tanks américains qui ont rentré dans le camp. Pour nous, la guerre finissait.

Transcription

Notre régiment, Les Fusiliers Mont-Royal, était en Angleterre depuis un an et demi pour s'entraîner et a été avec deux ou trois autres régiments pour passer une instruction spéciale sur une île qui s'appelle l'île de Wight, en Angleterre. C'était l'entraînement de «commando », pour faire des raids. Puis un raid et une invasion sont différents. Un raid, ça pouvait se faire sur la terre ou de la mer sur la terre ou ainsi de suite, et c'est une attaque, une bataille avec un objectif, et après ça un retrait le plus vite possible.

On s'est entraîné sur l'île de Wight pendant quatre mois et après ça nous sommes d'abord déménagés sur la côte anglaise. Une journée, le colonel a réuni le bataillon et il a dit, « Messieurs, ça fait presque deux ans que nous sommes ici et demain matin nous attaquons Dieppe ». Le port de France vous avez ici, nous étions à Newhaven. Et tous les soldats, c'est comme s'ils partaient en vacances parce qu'on était depuis un an et demi à s'entraîner jour et nuit, tout le temps. Tout le monde était heureux. C'était le commencement de juillet. Malheureusement, pour arriver puis attaquer par la mer, il y avait seulement trois jours par mois qu'on pouvait le faire à cause des marées. Nous sommes montés sur les bateaux mais malheureusement il a plu et il a plu pendant les trois jours, et tout a été cancellé. Nous sommes retournés dans nos camps et le mois suivant, le mois d'août, ils ont décidé de faire l'attaque encore. On était encore aussi heureux d'y aller.

Ce qui est arrivé le 19 août 1942, nous avons attaqué Dieppe le matin, les premières troupes à 5:30 et le tout s'est terminé dans l'après-midi entre midi et demi et une heure. Nous avons débarqué vers 7:00 le matin. Ma compagnie était directement au centre de la ville alors, comme n'importe quoi, on a nettoyé la plage et puis on a commencé à se battre. Malheureusement l'ennemi- sans le savoir qu'il y avait une accumulation d'Allemands en entraînement dans la région de Dieppe par hasard. Alors ils ont envoyé ces Allemands là vers la ville de Dieppe et nous étions en tout et partout approximativement à 5 miles. Et d'après le service d'intelligence britannique, après la guerre, ils ont calculé qu'il y avait au delà de douze mille Allemands qui nous faisaient face. Et malgré ça, nous avons combattu de 5:30 le matin à comme j'ai dit, jusqu'à 12:30 – 1:00 de l'après-midi. Il y avait des morts partout et aussi des blessés naturellement et nous nous sommes rendus avec un drapeau blanc vers 12:45- 1:00. Nous avions deux sensations; la première c'est de ne pas avoir obtenu tous les objectifs que nous avions à faire et la deuxième, la joie parce qu'on n'était pas mort, ceux qui restaient. C'étaient les deux sensations que nous avions.

Nous nous sommes déclarés prisonniers et nous avons laissé tombé nos armes, et on a traversé à pied la ville de Dieppe avec beaucoup de gardes autour de nous jusqu'en avant de l'hôpital, l'hôpital de la ville où ils nous ont séparés de nos hommes; les officiers d'un côté, les hommes de l'autre. Le premier soir les officiers, je ne parlerai pas pour les hommes parce que je ne sais pas (les soldats), ils nous ont amenés passer la nuit dans une église à Envermeu qui était peut-être 3 ou 4 kilomètres à l'extérieur de Dieppe. Nous avons passé la nuit dans l'église et maintenant après ça, un train nous a amené à Verneuil qui était un petit village à l'extérieur de Paris à un ancien camp de l'armée française qui ne servait plus. Ils nous ont amenés là, nous avons été dix jours là et les Allemands, ça paraissait, nous nourrissaient tellement peu parce que nous étions tous des jeunes bien entraînés puis bien en santé pour qu'on s'enlève l'idée de se sauver, étant trop faible. Au bout de dix jours, avec très peu à manger, ils nous ont mis sur des trains pour transporter des animaux. C'était marqué « 20 chevaux, 40 hommes », des choses comme ça et ça a pris deux jours pour se rendre dans une petite ville au sud, en Bavière, au sud de l'Allemagne, dans une petite ville qui se nomme Eichstätt, dans un camp de prisonniers pour officiers du Commonwealth. Dans des raids, c'était dans nos ordres, il fallait attacher nos prisonniers. Pas attacher les pieds et les mains, mais simplement attacher les deux pouces avec une corde et puis les deux pouces dans le dos, et la corde passait autour du cou. Ça c'était décrit parmi tous les ordres de la journée que nous avions à faire. Les Allemands, en ramassant toutes sortes de choses, ont réussi à trouver une copie des ordres, ils ont vu ça. Alors, à l'automne 1943, ils les ont lu et ils ont dit qu'on avait, pas nous mais nos officiers supérieurs, avaient agi contre les règlements de la cour internationale de Genève. Ils nous ont menottés- les canadiens seulement pas les autres officiers du Commonwealth- ils nous ont menottés avec des menottes spéciales et ils nous mettaient les menottes le matin à 8:00 et ils nous enlevaient les menottes le soir à 8:00. Ça a duré quatre mois. Ensuite, ils nous ont mis des chaînes, ça c'était un peu plus confortable parce que nous pouvions mettre nos mains dans nos poches mais il y avait des gros bracelets en métal. La mise en chaînes a duré neuf mois, de 8:00 le matin à 8:00 le soir. Le tout s'est terminé l'année suivante, je dirais pour Noël.

Ce qui était le plus difficile, c'est drôle de le dire, c'est quand on voyait arriver le courrier. Parce que le courrier n'arrivait pas tous les jours, pas besoin de vous le dire. Mais on recevait du courrier de nos familles, ça c'était le mieux pour notre moral. Alors un commandant qui était dur, il savait qu'on avait vu arriver le camion avec le courrier mais il ne nous le donnait pas. On attendait un jour, deux jours, une semaine avant d'avoir le courrier. Ça c'était dur, c'était vraiment dur.

La libération est arrivée comme ceci : c'est que les Allemands, par l'intermédiaire des représentants de la Croix-Rouge, ont fait une délégation d'Anglais et d'Américains pour aller rencontrer l'armée américaine qui était proche pour leur dire de donner une chance de déménager le camp. Et les américains ont dit simplement, « Voulez-vous déménager ou rester là ? » Ils ont dit, « Nous autres là, notre c'est cinq ans et il y a d'autres que ça fait trois ans qu'ils sont prisonniers». Puis ce n’était pas seulement des soldats, il y avait des aviateurs, il y avait des marins. Ils ont dit, « On reste là, attaquez, on reste là, on ne veut plus déménager ». Ils ont dit, « Dites aux allemands que demain matin à 5:00 on attaque ». Le lendemain matin exactement, ils ont attaqué, mais ils tiraient au-dessus d'un camp, d'un camp à l'autre. Ça a commencé vers 5:00 et vers 11:00, on a vu arriver les tanks américains qui ont rentré dans le camp. Pour nous, la guerre finissait.

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