Naheed Kurban Nenshi, consultant en affaires, professeur, maire de Calgary en Alberta de 2010 à 2021 (né le 2 février 1972 à Toronto en Ontario). Naheed Nenshi a été élu maire de Calgary pour trois mandats, de 2010 à 2021. Il a été le premier maire musulman d’une grande ville de l’Amérique du Nord. Il a également été le premier maire canadien à recevoir le World Mayor Prize par la City Mayors Foundation, basée en Grande-Bretagne. Naheed Nenshi s’est illustré en tant que pionnier de l’utilisation des médias sociaux dans les campagnes politiques. Il a également fait la promotion de l’engagement civique, il a mené à bien divers projets d’infrastructure importants et il a guidé le redressement de Calgary après les inondations dévastatrices de 2013. Le 11 mars 2024, il a annoncé qu’il ferait campagne pour la direction du Nouveau Parti démocratique (NPD) de l’Alberta.
Jeunesse et éducation
Naheed Nenshi est l’un des deux enfants nés de l’union entre Kurbanali Hussein Nenshi, propriétaire d’une petite entreprise, et de Noorjah Nenshi. Le couple immigre au Canada en provenance de Tanzanie en 1971, un an avant la naissance de Naheed. L’enfant grandit dans le quartier de Marlborough à Calgary et il fréquente l’école secondaire à la Queen Elizabeth High School, où il participe au club de débats et s’initie à l’art dramatique.
« J’ai grandi dans un foyer où on lisait le journal tous les jours et où l’on parlait de politique durant le souper », dit-il. « J’ai toujours fait partie des associations étudiantes… et j’ai toujours été très, très impliqué dans les questions politiques, mais je n’ai jamais pensé que je deviendrais un politicien. Je croyais que je serais peut-être journaliste ou peut‑être professeur. »
Le héros de son enfance est l’ancien maire de Calgary et lieutenant‑gouverneur de l’Alberta Grant MacEwan, qu’il rencontre lors de la remise des diplômes de fin de neuvième année. Naheed Nenshi étudie en commerce à l’Université de Calgary, où il devient président du syndicat des étudiants. Il obtient son baccalauréat en 1993 et poursuit ses études jusqu’à l’obtention de sa maîtrise en politique publique à la John F. Kennedy School of Government de l’Université Harvard en 1998.
Consultant et professeur
Après l’université, Naheed Nenshi travaille pour McKinsey & Company, un cabinet de conseil international, en tant que directeur de mission. Il conseille de grandes entreprises du monde des télécommunications, des banques, des sociétés de vente au détail ainsi que des entreprises pétrolières et gazières en matière de stratégie d’entreprise. En 2001, il fonde sa propre société de conseil, le Ascend Group. Parmi ses clients, on compte les Nations Unies, le gouvernement de l’Alberta et différents détaillants de vêtements.
En tant que membre de Canada25, une organisation à but non lucratif aujourd’hui disparue qui aidait les jeunes adultes sur le plan des enjeux des politiques publiques, Naheed Nenshi rédige un document d’orientation en 2002 intitulé « Building Up: Making Canada’s Cities Magnets for Talent and Engines of Development » (Bâtir le progrès : faire des villes du Canada des aimants pour le talent et des moteurs de développement).
En 2004, Naheed Nenshi devient professeur agrégé à la Bisset School of Business de l’Université Mount Royal, où il se spécialise dans la gestion et le marketing du secteur non lucratif.
Politique municipale
En 2004, Naheed Nenshi tente sans succès d’obtenir un siège au conseil municipal de Calgary. Il poursuit alors sa carrière universitaire durant les six années suivantes. Pendant ces années, il exhorte ses concitoyens de tous les horizons à s’engager en politique municipale afin d’apporter des changements et de bâtir une communauté plus forte à Calgary. « Une des choses que j’ai apprises », dit-il, « c’est qu’il est très facile de faire en sorte que les gens s’impliquent dans leur communauté, il suffit de le leur demander. Mais il est beaucoup plus difficile de faire en sorte qu’ils s’impliquent en politique. »
En 2010, à l’âge de 38 ans, Naheed Nenshi se lance à nouveau dans la course à la mairie. Il prend cette décision afin de montrer aux jeunes que les électeurs « peuvent élire des gens bien au gouvernement… Je voulais prouver un point. Un universitaire relativement inconnu sans argent, mais avec de bonnes idées, était‑il en mesure d’obtenir de bons résultats dans une élection? Notre campagne avait pour but de répondre à cette question. »
Ric McIver, conseiller municipal sortant, et Barb Higgins, ancienne présentatrice des informations sur les ondes de CTV Calgary, sont les deux rivaux de Naheed Nenshi dans la course à la mairie. Plutôt que de mener une campagne traditionnelle, Naheed Nenshi s’en remet largement aux médias sociaux et à d’autres moyens alors peu orthodoxes pour mobiliser les électeurs. Sa campagne est surnommée « la révolution pourpre », parce qu’elle cherche à atteindre les électeurs de l’ensemble du spectre politique, et non pas seulement les libéraux (rouge) ou les conservateurs (bleu). La campagne se caractérise notamment par une quarantaine de cafés-rencontres qu’il organise aux domiciles de ses partisans, où il s’adresse aux amis et aux familles de ses hôtes au sujet de sa plate‑forme électorale.
En septembre 2010, un sondage mené par le Calgary Herald-CTV indique que Naheed Nenshi n’obtient que 8 % des voix, loin derrière Ric McIver (à 43 %) et Barb Higgins (à 28 %). Toutefois, un mois plus tard, un autre sondage Herald‑CTV place les trois concurrents pratiquement à égalité. Le 18 octobre, Naheed Nenshi est élu 36e maire de Calgary avec 40 % des votes et presque 28 000 voix de plus que Ric McIver.
Naheed Nenshi est réélu en 2013 avec près de 74 % des votes. Il est également réélu en 2017 pour un troisième mandat, avec 51,4 % des voix.
Maire
Fidèle à la stratégie utilisée lors de ses campagnes, Naheed Nenshi s’appuie sur les médias sociaux en tant que maire pour impliquer les citoyens. Durant les inondations de juin 2013, l’un des désastres naturels les plus coûteux de l’histoire canadienne à l’époque, il s’efforce sans relâche de réconforter les résidents assiégés et il exhorte les gens à aider leurs voisins plutôt que d’attendre les secours officiels. Selon un rapport de Marketwired, son compte Twitter gagne 28 261 abonnés dans les dix jours qui suivent les inondations.
Durant son mandat de maire, Naheed Nenshi demeure un prolifique gazouilleur sur Twitter, utilisant ce médium pour répondre directement aux préoccupations et aux questions des résidents de Calgary sur tous les sujets, de la politique en matière de transports publics aux contraventions de stationnement. En 2016, le New York Times le surnomme « A Mayor Fluent in Twitter » (un maire qui parle couramment le Twitter).
Après son entrée en fonction, Naheed Nenshi se montre un fervent défenseur de l’industrie pétrolière de l’Alberta, dont le siège social se trouve à Calgary. Il est également un ardent défenseur de nouveaux pipelines et de leur agrandissement pour transporter le pétrole de l’Alberta vers des marchés étrangers, une position très controversée parmi les maires des autres grandes villes canadiennes en dehors de l’Alberta.
Naheed Nenshi est parfois critiqué pour être plus doué à parler que pour faire avancer les choses dans sa ville. Toutefois, il préside à la modernisation du réseau de transport en commun de la ville, le CTrain, et il prend des mesures incitatives pour accroître le nombre de ses usagers. Il supervise également la construction d’un nouveau tunnel d’accès à l’aéroport. Son conseil municipal met en place une nouvelle structure d’audit de la mairie. Il s’efforce également, avec un succès mitigé, de contenir l’étalement urbain tout en défendant les projets de revitalisation des quartiers négligés ou dégradés. La passion de Naheed Nenshi est toujours d’améliorer le fonctionnement des communautés. Sur son site web 3ThingsforCalgary.ca, il met tous les résidents au défi de faire trois choses pour Calgary, qu’il s’agisse de vendre des tartes lors d’une vente de pâtisseries organisée par un organisme de bienfaisance ou de faire des dons de jouets à une banque de jouets communautaire.
Naheed Nenshi est un ardent défenseur d’une diversité ethnique et sexuelle parmi le personnel dirigeant de la Ville. Il est également le premier maire de Calgary à être le grand maréchal du défilé de la fierté gaie. En tant que maire, il est un puissant symbole de la diversité ethnique et politique croissante de Calgary au 21e siècle. Il préside également à une période de croissance de la ville, qui comprend des projets tels que la construction du Centre national de la musique (Studio Bell), la nouvelle bibliothèque centrale de 245 millions de dollars et la revitalisation du East Village, ainsi que la construction d’un tunnel aéroportuaire de 295 millions de dollars.
En avril 2021, Naheed Nenshi, âgé de 49 ans, annonce qu’il ne se représente pas pour un quatrième mandat à la mairie de Calgary.
Carrière après la politique
Après avoir choisi de ne pas briguer un quatrième mandat, Naheed Nenshi exprime publiquement une certaine ambivalence quant à sa décision. À la veille de l’élection qui fait de Jyoti Gondek la mairesse qui lui succède, il déclare à CTV News : « Je n’aurai plus jamais un poste comme celui-ci et ça me rend un peu mélancolique, mais je ne suis pas amer… Est-ce terrible d’abandonner la ville à ce moment crucial? Ce sont vraiment les choses qui me trottent dans la tête. »
Après avoir quitté ses fonctions, Naheed Nenshi retourne à sa société de conseil, le Ascend Group, et il devient un conférencier très recherché. À partir de février 2024, il participe à l’édition 2024 de Canada Reads, défendant le roman graphique Denison Avenue (2023) de Christina Wong et Daniel Innes.
Campagne à la direction du NPD de l’Alberta
Le 11 mars 2024, après des semaines d’intenses spéculations dans les médias et cinq jours avant la date limite, Naheed Nenshi annonce qu’il fait campagne pour la direction du NPD de l’Alberta. Il se joint aux cinq principaux candidats dans la course : Kathleen Ganley, Rakhi Pancholi, Sarah Hoffman et Jodi Calahoo Stonehouse, députés de l’Alberta, et Gil McGowan, leader syndical. Naheed Nenshi se dit préoccupé par le fait que le gouvernement du Parti conservateur uni de Danielle Smith est « non seulement incompétent, mais également immoral et dangereux… Idéalement, nous devons construire une Alberta qui soit une lueur d’espoir pour tous les habitants de la planète ».
Ayant fait campagne à plusieurs reprises pour la mairie sur une plate-forme notoirement non partisane, on considère que Naheed Nenshi a beaucoup de travail à faire pour convaincre les fidèles du NPD. Comme le déclare Lisa Young, professeure de sciences politiques à l’Université de Calgary, à CTV News : « Si le parti choisissait Nenshi comme leader, je pense que son image changerait certainement. Je crois que certainement, il lui faudrait trouver des domaines de compromis. » Naheed Nenshi déclare également qu’il désire mettre à jour la constitution du NPD de l’Alberta et améliorer ses relations avec le NPD fédéral. Le congrès à la direction du NPD de l’Alberta doit avoir lieu le 22 juin.
Distinctions
Naheed Nenshi reçoit le Young Leader Award du Forum économique mondial en 2011, et le prix du président de l’Institut canadien des urbanistes en 2012. En 2014, il reçoit le World Mayor Prize décerné par la City Mayors Foundation, un groupe de recherches spécialisé dans les affaires publiques basé au Royaume-Uni qui le décrit comme « un visionnaire urbain qui ne néglige pas les aspects pratiques de l’administration locale ». Naheed Nenshi devient le premier maire canadien à remporter ce prix. En 2017, il reçoit également le Honorary Peace Patron Award du Mosaic Institute en 2017.
Voir aussi Politique en Alberta.