La Première Nation de Wauzhushk Onigum, plus communément appelée Première Nation de Rat Portage, est une communauté anichinabé située sur la rive nord du lac des Bois dans le nord-ouest de l’Ontario. La réserve principale de Wauzhushk Onigum, Kenora 38B, s’étend sur 22,3 km2. En 2021, la Première Nation comptait 802 membres inscrits, dont 383 membres habitant sur la réserve. La Nation Wauzhushk Onigum est membre du Traité no 3, signé en 1873. La ville de Kenora est située à 3 km au nord-ouest et elle est le centre de services le plus près pour la Première Nation.
Territoire traditionnel
Le territoire traditionnel de Wauzhushk Onigum, ainsi que la communauté voisine de la Première Nation Obashkaandagaang, englobe les terres le long de la rive nord du lac des Bois, incluant les terres sur lesquelles est située la ville de Kenora. Rat Portage, nom que portait la région avant qu’il soit changé pour Kenora, était reconnu pour sa traite des fourrures (du rat musqué plus particulièrement), son exploitation minière et son exploitation forestière. Kenora et la réserve de Wauzhushk Onigum étaient tous deux appelés Rat Portage à l’origine parce que la traduction grossière de Wauzhushk Onigum signifie « portage vers le pays des rats musqués ».
Mine d’or Sultana
En 1886, le gouvernement du Canada saisit l’île Sultana de la Nation Wauzhushk Onigum sous prétexte de faire profiter la Première Nation. L’île Sultana est située sur le lac des Bois, et à l’époque, elle fait partie des terres de réserve de Wauzhushk Onigum. Cinq ans auparavant, en 1881, des prospecteurs découvrent de l’or sur l’île. Selon l’histoire orale des négociations du Traité no 3, le lieutenant-gouverneur Alexander Morris promet aux Premières Nations des avantages financiers provenant des gisements minéraux de la réserve. Cette promesse n’est pas tenue. Durant son exploitation entre 1891 et 1906, la mine d’or Sultana est la principale productrice d’or en Ontario. Cependant, la Nation Wauzhushk Onigum n’en bénéficie pas. La Première Nation règle éventuellement ce grief grâce à une revendication particulière.
Pensionnat indien de St. Mary’s
Le pensionnat indien de St. Mary’s, situé sur la réserve de Wauzhushk Onigum, ouvre ses portes le 1er septembre 1897, et ferme le 30 juin 1972. D’abord appelée Rat Portage Boarding School, l’institution porte ensuite deux autres noms, Kenora Boarding School et St. Anthony’s Roman Catholic School, avant d’adopter le nom St. Mary’s en 1938. Les enfants de la Nation Wauzhushk Onigum, ainsi que des enfants d’autres Premières Nations fréquentent l’école. À un certain moment, la Nation Wauzhushk Onigum négocie une entente qui assure que les élèves ne seront pas convertis au catholicisme sans l’accord de leurs parents. Cependant, les administrateurs de l’école ne respectent pas cette entente. De plus, ils agressent physiquement et sexuellement les enfants. De nombreux enfants meurent, probablement des suites de sévices et de négligence.
L’histoire orale indique des lieux de sépultures de masse qui ne sont pas marqués, ainsi qu’un incinérateur qui disposait des corps d’enfants morts dans cette école. À St.Mary’s, les conditions entourant les enterrements d’enfants sont semblables à celles du pensionnat indien de Kamloops, où la découverte d’environ 200 tombes fait les manchettes nationales en mai 2021. Dans ces écoles, et dans plusieurs autres à travers le pays, il n’existe que peu de politique concernant les enterrements d’enfants ou l’entretien des cimetières. Bien qu’une photo du début des années 1900 illustre le cimetière du pensionnat indien de St. Mary’s, son emplacement précis demeure inconnu.
Entre 1948 et 1953, le gouvernement fédéral mène également des expériences de nutrition à St. Mary’s et dans cinq autres pensionnats indiens, comme en témoignent des survivants et l’historien Ian Mosby, qui fournit plus de détails. Lionel Pett, le directeur de la division des services de nutrition du gouvernement, dirige ces études. Lionel Pett croit que les enfants de ces écoles, reconnus comme souffrant de malnutrition chronique, offrent une excellente occasion d’expérimentation. À St. Mary’s, plusieurs enfants sont déficients en riboflavine, une condition qui cause de l’anémie. Une des expérimentations vise à combattre cette déficience, mais elle échoue. À la fin de cette étude, les enfants sont encore plus anémiques qu’ils ne l’étaient au début.
Un petit bâtiment qui faisait autrefois partie de St. Mary’s est toujours là. Il est relié à la salle de bingo et est l’ancien bureau de bande de Wauzhushk Onigum. Un monument pour les enfants du pensionnat se trouve sur l’ancien site. Durant la construction des installations de Pow Wow Island, sur la réserve de la Première Nation, les Sœurs grises ont offert un montant d’argent pour les torts causés alors qu’elles géraient St. Mary’s.
Occupation du parc Anicinabe
En 1974, la Ojibway Warrior Society occupe le parc Anicinabe, situé tout juste au sud de Kenora, ainsi que sur le territoire traditionnel. L’occupation est en réaction directe à la manière dont sont traités les peuples des Premières Nations au Canada. Un point central est la contamination au mercure de Grassy Narrows, mais les gens se rassemblent également pour d’autres raisons. Leurs revendications comprennent l’amélioration des conditions de vie pour les peuples des Premières Nations, comme l’accès au logement et à l’éducation. L’occupation dure six semaines, de la mi-juillet à la fin août. Bien que la manifestation se termine de façon pacifique, elle expose le racisme profondément enraciné qui règne dans le nord-ouest de l’Ontario. Des publications comme Bended Elbow, Kenora Talks Back, un manifeste raciste publié par la résidente Eleanor M. Jacobson, et le journal local de Kenora, le Kenora Miner & News, dépeignent les guerriers et les peuples des Premières Nations comme des ivrognes généralement violents cherchant la charité. Malgré le fait que ces manifestations secouent la région et les gens à travers le pays qui ont suivi l’occupation sur les médias, rien ne change, et les revendications ne sont pas comblées.
Entreprises et infrastructures
La Nation Wauzhushk Onigum possède et exploite des entreprises qui desservent à la fois les Premières Nations et les nombreux touristes durant l’été. Les entreprises sont le Golden Eagle Bingo Hall, la Devils Gap Marina, la Bare Point Marina, et le détaillant de cannabis The Reef Store. Toutes ces entreprises servent à soutenir la bande et les jeunes en particulier, par exemple en payant les frais d’inscriptions aux sports. En 2020, les travaux de raccordement de la conduite d’eau de la réserve à la ville de Kenora sont terminés, mettant ainsi fin à l’avis d’ébullition de l’eau qui était en vigueur depuis trois ans.
Gouvernance
Wauzhushk Onigum fait partie du Grand conseil du Traité no 3, qui représente toutes les Premières Nations Anichinabés de la zone du traité. La bande elle-même élit un chef et trois conseillers pour des mandats de quatre ans en vertu d’un code coutumier. Le terme code coutumier veut dire qu’une Première Nation utilise son propre système électoral pour déterminer sa représentation, incluant les procédés de nomination et de scrutin, plutôt que d’utiliser le format de Relations Couronne-Autochtones et Affaires du Nord Canada.
Arts et culture
Au début des années 1970, les membres de la Nation Wauzhushk Onigum fondent le Lake of the Woods Powwow Club (club pow-wow du lac des Bois). Ce club se rassemble autour des tambours sacrés des Anichinabé pour promouvoir la sobriété à une époque où l’alcoolisme est fortement répandu parmi les peuples de la Première Nation du Traité no 3. Le club joue un rôle essentiel pour instaurer une renaissance culturelle et spirituelle dans la région, et il est un point central pour la guérison de nombreux Aînés après les pensionnats indiens. De nos jours, les pow-wow, la spiritualité et la langue des Anichinabés continuent de croître dans le Traité no 3 alors que de plus en plus de jeunes retournent à leurs racines. La Nation Wauzhushk Onigum est le foyer de plusieurs pavillons, sites et médecines sacrés, ainsi que de deux pow-wow annuels.