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Parti vert du Canada

Le Parti vert du Canada est un parti politique fédéral qui prône l’environnementalisme comme clé pour atteindre une société durable. Le parti a été fondé en 1983, et a été inspiré par des partis semblables en Nouvelle-Zélande et en Allemagne. Elizabeth May est devenue chef du Parti vert en 2006 et elle a guidé le parti vers une orientation plus centriste. Elle a également remporté le premier siège du parti à la Chambre des communes en 2011. Le Parti vert est passé d’un parti marginal obscur à un acteur sérieux, quoique mineur, de la politique canadienne. Le Parti vert est le premier parti au Canada à adopter un modèle de co-direction. Jonathan Pedneault co-dirige le parti fédéral avec Elizabeth May du 4 février 2025 jusqu’à sa démission le 30 avril 2025, laissant Elizabeth May seule à la tête du parti. Le parti fédéral ne détient actuellement que le siège d’Elizabeth May à la Chambre des communes, tandis que les partis verts provinciaux détiennent des sièges dans quatre assemblées législatives.

Idéologie

Fondé en 1983 et inspiré par le succès de partis semblables en Nouvelle-Zélande et en Allemagne, le Parti vert du Canada a pour objectif de remplacer le débat politique traditionnel entre la gauche et la droite par une nouvelle approche mettant l’accent sur la protection de l’environnement et la conservation des ressources naturelles. En 2002, le Parti vert adopte les six principes fondamentaux de la Charte des Verts mondiaux : la sagesse écologique, la justice sociale, la démocratie participative, la non-violence, le développement durable et le respect de la diversité.

Le chef fondateur du parti au Canada est Trevor Hancock, qui dirige l’organisation de 1983 à 1984. Il est suivi de Seymour Trieger (de 1984 à 1988), Kathryn Cholette (de 1988 à 1990), Chris Lea (de 1990 à 1996), Wendy Priesnitz (de 1996 à 1997), Harry Garfinkle (en 1997), Joan Russow (de 1997 à 2001), Chris Bradshaw (de 2001 à 2003), Jim Harris (de 2003 à 2006), Elizabeth May (de 2006 à 2019) et Annamie Paul (de 2020 à 2021).

Quelle direction?

Lorsque l’activisme environnemental passe du statut de préoccupation principale de groupes d’intérêt à celui d’intérêt central d’un parti politique, plusieurs questions se posent : où se situe ce nouveau parti sur l’échiquier politique? Adopte-t-il une idéologie complètement nouvelle? Comment peut-il dépasser le cadre d’un seul enjeu pour adopter une vision politique globale qui couvre un vaste éventail de questions?

Le Parti vert

Si le Parti vert tend vers la gauche, comment peut-il se distinguer des politiques sociales-démocrates du Nouveau Parti démocratique? De nombreux partisans du Parti vert affirment qu’ils ne sont « ni de droite ni de gauche », mais qu’ils adhèrent plutôt à un amalgame d’idées socialement progressistes, financièrement conservatrices, et écologiques sur le plan environnemental. Elizabeth May, qui devient chef du Parti vert en 2006, guide le parti dans une direction plus centriste.

D’autres questions clés sont de savoir si la prise de décision du parti devrait être centralisée ou décentralisée, et comment les partis verts provinciaux peuvent être coordonnés avec l’organisation nationale.

Premières luttes

Le Parti vert présente des candidats aux élections fédérales à partir de 1984. Durant les quatre premières élections, il présente moins de 100 candidats. En 2004, sous la direction de Jim Harris, il présente pour la première fois des candidats dans chacune des 308 circonscriptions fédérales.

À partir de ce moment, les performances du Parti vert s’améliorent progressivement. En 2004, il obtient plus de 582 000 votes (soit 4,3 % du total des votes exprimés). En 2006, il reçoit plus de 664 000 votes (4,5 %), une déception pour de nombreux membres qui s’attendent à beaucoup mieux en raison de l’excellent leadership d’Elizabeth May. Toutefois, deux ans plus tard, lors des élections de 2008, le Parti vert augmente son total de voix à plus de 937 000 votes (6,8 %).

Elizabeth May

Élections fédérales de 2011

Lors des élections fédérales de 2011, le total de voix pour le Parti vert retombe à 576 221 votes (3,9 %). Cependant, la déception est un peu atténuée par la victoire d’Elizabeth May, qui remporte le siège de la circonscription de Saanich-Gulf Islands en Colombie-Britannique, devenant ainsi la première députée fédérale élue du parti. Par la suite, Elizabeth May est élue « parlementaire de l’année » en 2012, « députée la plus travaillante » en 2013, « meilleure oratrice » en 2014, et « députée la plus informée » en 2020 par ses collègues députés. Un deuxième député fédéral se joint à Elizabeth May à la Chambre des communes en décembre 2013, lorsque le député Bruce Hyer quitte le Nouveau Parti démocratique pour se joindre aux verts.

Élections fédérales de 2015

Les élections fédérales de 2015 sont une grande déception pour les verts qui espéraient poursuivre leur croissance. Elizabeth May est la seule candidate du Parti vert élue dans le pays, et le parti reçoit 3,5 % du vote populaire, soit un peu moins qu’en 2011.

Élections fédérales de 2019

Cependant, le soutien au Parti vert augmente à l’approche des élections fédérales d’octobre 2019. En mai 2019, Paul Manly remporte des élections partielles dans Nanaimo- Ladysmith sur l’île de Vancouver, devenant le deuxième député élu sous la bannière du Parti vert. Le même mois, les verts publient Mission possible, leur plan d’action climatique de 20 étapes. En août 2019, Elizabeth May annonce un plan visant à aider les travailleurs de l’industrie du pétrole et du gaz à faire une transition vers une économie fondée sur les ressources renouvelables. En septembre 2019, les sondages placent les verts en quatrième position, tout juste derrière le Nouveau Parti démocratique de Jagmeet Singh.

Au cœur de la plateforme de campagne du parti en 2019, figure la quasi-élimination de l’utilisation des combustibles fossiles, et le développement d’une économie durable. Ceci comprend l’opposition continue à l’expansion des pipelines et à l’augmentation correspondante du trafic de pétroliers. Les verts proposent également une stratégie globale nationale sur le climat et l’énergie, un plan de tarification du carbone et l’abolition des subventions gouvernementales à l’industrie des combustibles fossiles. De plus, la plateforme inclut la création d’un régime national d’assurance-médicaments et l’abolition des frais de scolarité pour les étudiants de niveau postsecondaire. Le Parti vert propose davantage de soutien pour les personnes âgées, un revenu minimum garanti, un engagement continu pour la réconciliation avec les peuples autochtones du Canada et un soutien renouvelé à la recherche scientifique.

À la fin de septembre, le parti publie un document présentant les coûts et les avantages économiques de cette plateforme. Cependant, certaines des promesses clés du parti, comme l’élimination progressive de la production des sables bitumineux, ne sont pas incluses. Des analyses indépendantes du Directeur parlementaire du budget (DPB) et de l’Institut des finances publiques et de la démocratie (IFPD) à l’Université d’Ottawa mettent en doute l’exactitude et la fiabilité des chiffres du Parti vert.

Le 21 octobre 2019, les verts remportent trois sièges. Elizabeth May et Paul Manly sont réélus dans leurs circonscriptions de la Colombie-Britannique, tandis que Jenica Atwin est élue dans Fredericton au Nouveau-Brunswick. C’est la première victoire du Parti vert du Canada dans les provinces de l’Atlantique. Bien qu’il s’agisse d’une réussite importante, ce n’est pas la percée que de nombreuses personnes attendaient. Néanmoins, Elizabeth May se montre optimiste et est convaincue que le parti peut apporter une « contribution significative » au nouveau gouvernement minoritaire libéral.

Elizabeth May démissionne de son poste de chef du Parti vert le 4 novembre 2019. Elle continue à siéger en tant que députée et à diriger le caucus parlementaire. Jo-Ann Roberts, une ancienne journaliste, est nommée chef intérimaire.

Congrès à la chefferie de 2020

Le congrès à la chefferie du Parti vert se tient en ligne en raison de la pandémie de COVID-19, du 26 septembre au 3 octobre 2020. Le nombre de membres éligibles au vote, soit 34 680 personnes, est près de dix fois supérieur au nombre de membres qui ont participé aux dernières élections à la direction du parti en 2006.

Annamie Paul, une avocate des droits de la personne de Toronto, est élue chef du Parti vert devant sept autres candidats au huitième tour de scrutin. Elle a précédemment terminé quatrième dans la circonscription de Toronto-Centre lors des élections fédérales de 2019. L’une de ses premières actions majeures en tant que chef des verts est de se présenter à nouveau dans la circonscription lors d’élections partielles en octobre 2020, à la suite de la démission de Bill Morneau, ancien ministre des Finances. Annamie Paul recueille un surprenant 32,7 % des voix, mais elle perd tout de même contre la libérale Marci Ien.

Annamie Paul

Élection fédérale de 2021

Dans les mois qui précèdent les élections fédérales de 2021, le Parti vert connait de graves luttes internes. Certains membres sont mécontents de la position plus modérée d’Annamie Paul sur l’escalade du conflit israélo-palestinien. Les critiques s’intensifient lorsqu’Annamie Paul ne réussit pas à contrôler un conseiller qui fait ouvertement appel à la défaite des députés verts jugés antisémites. En conséquence, le leadership d’Annamie Paul est sérieusement affaibli. Les cadres du parti tentent même de la destituer de son poste de chef du parti et de révoquer son adhésion. L’une des trois députées du parti, Jenica Atwin de Fredericton, change de camp et se joint aux libéraux.

Malgré ces difficultés, Annamie Paul demeure chef du parti lorsque le premier ministre Justin Trudeau déclenche des élections à la fin d’août 2021. Lors des élections du 20 septembre, le parti obtient de mauvais résultats. Il réussit à faire élire deux députés, contre trois en 2019. Mike Morrice remporte la victoire dans Kitchener-Centre et Elizabeth May gagne pour la quatrième fois dans Saanich-Gulf Islands. La part du vote national du Parti vert diminue également, passant de 6,5 % en 2019 à 2,3 % en 2021. Annamie Paul échoue dans sa troisième tentative pour remporter ses élections dans Toronto-Centre, après avoir refusé de se présenter dans une circonscription plus favorable aux verts. Une semaine après les élections, elle démissionne de son poste de chef du parti.

Parti vert fédéral, de 2022 à 2025

Comme la crédibilité publique du parti est menacée, Elizabeth May annonce en juillet 2022 qu’elle se présente à nouveau à la tête du parti. Elle remporte la course en novembre 2002, battant Anna Keenan et Chad Walcott. Le poste de chef adjoint est occupé par Jonathan Pedneault, un ancien chercheur pour Human Rights Watch et Amnistie internationale. Toutefois, Elizabeth May présente leur relation comme une relation de co-leadership et elle déclare que la constitution du parti devrait être amendée pour permettre cela.

En tant que chef du parti, Elizabeth May continue de critiquer le gouvernement fédéral pour avoir développé des infrastructures liées aux combustibles fossiles, comme le pipeline Trans Mountain, ainsi que pour sa lenteur dans le développement des énergies renouvelables. « Notre gouvernement ne fait rien pour éviter une hausse de 1,5 ou 2 degrés », déclare-t-elle. « Il s’efforce de permettre à l’industrie des combustibles fossiles de fonctionner aussi longtemps que possible tout en prétendant agir pour le climat. C’est une dissonance cognitive d’une ampleur insensée. »

Encore une fois, Elizabeth May devient l’unique chef du Parti vert en juillet 2024, lorsque Jonathan Pedneault annonce son départ de la politique. Mais en janvier 2025, lorsqu’il décide qu’il « ne peut plus rester à l’écart » alors que le président américain Donald Trump menace la souveraineté du Canada, Elizabeth May l’invite à revenir comme co-chef.

Le 4 février, le parti adopte un modèle de co-leadership avec 90,6 % d’approbation. Elizabeth May et Jonathan Pedneault sont élus co-chefs avec 89,4 % des voix. Le 1er avril, il est annoncé que Jonathan Pedneault doit représenter le Parti vert lors des débats des chefs fédéraux en prévision des élections du 28 avril.

Progrès au provincial

Des partis verts provinciaux existent également dans la plupart des provinces du Canada, et certains font d’importants progrès au cours des récentes élections. Le Parti vert de la Colombie-Britannique remporte son premier siège à l’Assemblée législative de la province lors des élections provinciales de 2013. Lors des élections provinciales de 2017, les verts élisent trois candidats à l’Assemblée législative de la Colombie-Britannique. Ils soutiennent le gouvernement minoritaire néo-démocrate de John Horgan en échange de concessions environnementales.

Au Nouveau-Brunswick, les verts remportent un seul siège en 2014 et trois sièges aux élections provinciales de 2018. En 2015, le premier candidat vert est élu à l’Assemblée législative de l’Île-du-Prince-Édouard. En 2019, le parti remporte huit sièges à l’Île-du-Prince-Édouard et devient le parti d’opposition officielle, une première pour le Parti vert. En Ontario, le parti remporte un siège lors des élections provinciales de 2018, et deux sièges à la fois lors des élections de 2022 et lors de celles de 2025.

Défis

Le Parti vert fait face à de nombreux obstacles dans sa quête pour jouer un plus grand rôle dans la politique canadienne. Les verts sont généralement ignorés par les autres partis au Parlement, les télédiffuseurs les excluent parfois des débats télévisés entre les chefs, et le système électoral canadien ne traduit pas les votes en siège de manière proportionnelle. Plus de 6 % des électeurs soutiennent le parti en 2019, mais celui-ci dispose de moins de 1 % des députés à la Chambre des communes. En conséquence, certains Canadiens sont réticents à voter pour le Parti vert, car ils estiment que c’est un vote perdu. Un système électoral plus proportionnel aiderait considérablement les verts.

Malgré ces difficultés, le Parti vert réussit à passer d’un obscur parti marginal à un acteur sérieux, quoique mineur, de la politique canadienne, avec des sièges à la Chambre des communes et dans quatre assemblées législatives provinciales.

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