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Potlatch

Le potlatch (du mot chinook patshatl) est une cérémonie qui fait partie intégrante de la structure gouvernante, de la culture et des traditions spirituelles de diverses Premières nations qui vivent sur la côte nord-ouest (incluant les Kwakwaka'wakw, les Nuu-chah-nulth et les Salish de la côte) et des Dénés qui vivent dans certaines parties de l’intérieur de la région subarctique de l’ouest. Bien que la pratique et les formalités de la cérémonie sont différentes selon les Premières Nations, la cérémonie est couramment organisée à l’occasion d’événements sociaux importants, comme les mariages, les naissances et les funérailles. Un grand potlatch dure parfois plusieurs jours et peut inclure des festins, des danses spirituelles, des chants et des représentations théâtrales.

Objectif

Historiquement, le potlatch a pour fonction de redistribuer les richesses lors de ce que certains appellent une cérémonie de remise de cadeaux. Des biens de valeur, comme des armes à feu, des couvertures, des vêtements, des boîtes de cèdre sculptées, des canots, de la nourriture et des objets de prestige comme des esclaves et des objets en cuivre, sont accumulés au fil du temps par les personnes de haut rang, parfois sur des années. Ces biens sont plus tard offerts en cadeau aux invités par l’hôte ou ils sont même parfois détruits lors d’une grande cérémonie pour démontrer une générosité supérieure, un statut et un prestige par rapport aux rivaux.

En plus de ses fonctions de redistribution économique et de filiation, le potlatch maintient la solidarité communautaire et les relations hiérarchiques au sein des communautés et des nations, ainsi qu’entre celles-ci. Le potlatch est une cérémonie hautement réglementée, et elle confère un statut et un rang à des individus, à des groupes de parentés et à des clans, et elle établit des revendications sur les noms, les pouvoirs et les droits sur les territoires de chasse et de pêche.

Histoire

Dans le cadre d’une politique d’assimilation, le gouvernement fédéral interdit le potlatch de 1884 à 1951 à la suite d’un amendement à la Loi sur les Indiens (voir Interdiction du potlatch). Le gouvernement et ses partisans considèrent que la cérémonie est anti-chrétienne, qu’elle est imprudente et qu’elle gaspille les biens personnels. Ils ne comprennent pas l’importance du potlatch ni sa valeur d’échange économique communautaire.

Le dernier grand potlatch avant la levée de l’interdiction, celui du chef Daniel Cranmer qui est Kwakwaka'wakw de Alert Bay en Colombie-Britannique, a lieu en 1921 (voir Potlatch de 'Mimkwamlis). Les autorités confisquent des objets du potlatch et inculpent de nombreuses personnes qui y participent.

L’interdiction du potlatch perturbe les relations sociales et porte atteinte aux identités autochtones. En 1951, l’interdiction est levée, en partie en raison des difficultés rencontrées lors de son interdiction et des changements d’attitude au sein du gouvernement. Toutefois, l’interdiction n’éradique pas le potlatch. Un an après la levée de l’interdiction du potlatch, le chef Kwakwaka’wakw Mungo Martin organise un grand potlatch. Il s’agit du premier potlatch légal organisé depuis le début de l’interdiction en 1885. Depuis, le potlatch continue d’être pratiqué dans certaines communautés autochtones.