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Relations Canada-Chine

L’histoire de l’immigration chinoise au Canada remonte à la ruée vers l’or du fleuve Fraser en 1858. Entre 1881 et 1885, plus de 17 000 travailleurs chinois ont contribué à la construction du chemin de fer du Canadien Pacifique (CP). À partir de 1885, le gouvernement canadien a imposé aux immigrants chinois une « taxe d’entrée » de plus en plus élevée. De 1923 à 1947, l’immigration chinoise a été complètement proscrite au Canada. La présence canadienne en Chine a commencé par l’envoi de missions chrétiennes dans les années 1890. Les deux pays étaient alliés pendant la Deuxième Guerre mondiale et adversaires pendant la guerre de Corée. La reconnaissance officielle de la République populaire de Chine (RPC) par le Canada en octobre 1970 a favorisé l’ouverture de la Chine communiste à l’Occident. Le Canada a ensuite appuyé l’adhésion de la Chine aux Nations Unies, à la Banque mondiale et au Fonds monétaire international (FMI). Les liens économiques et les questions relatives aux droits de la personne ont depuis marqué les relations entre les deux pays. Ces liens se sont détériorés ces derniers temps en raison de l’affaire Meng Wanzhou et des allégations d’ingérence chinoise dans les élections canadiennes.

Début de l’immigration au Canada

En 1858, suite à la défaite de la Chine face à la Grande-Bretagne et à la France lors de la seconde guerre de l’opium, les trois pays négocient une série de traités inégaux, les traités de Tianjin (Tienstin). Les dispositions de ces traités favorisent considérablement l’activité missionnaire chrétienne en Chine et servent de base aux premières relations entre le Canada et la Chine.

C’est également en 1858 que les immigrants chinois commencent à affluer dans la région de la basse vallée du Fraser en tant que prospecteurs d’or. Ils fondent l’une des premières communautés chinoises au Canada, à Barkerville, en Colombie-Britannique. Dès 1860, leur nombre s’élève à 7 000 sur l’île de Vancouver et dans toute la province.

Entre 1881 et 1885, plus de 17 000 travailleurs chinois terminent la section ouest du chemin de fer du Canadien Pacifique (CP). Ces ouvriers, dont de jeunes garçons, sont souvent exploités. Plus de 700 d’entre eux perdent la vie en raison de conditions de travail dangereuses. La construction du chemin de fer du CP favorise le développement de communautés chinoises partout au pays. À partir de 1885, le gouvernement canadien impose aux immigrants chinois une « taxe d’entrée » de 50 dollars. C’est le seul groupe ethnique à devoir s’y conformer. Cette taxe passe à 100 dollars en 1900. Le nombre d’immigrants chute de 4 719 à huit en un seul exercice financier. La Commission royale sur l’immigration chinoise et japonaise de 1902 jugeant les Asiatiques « inaptes à la citoyenneté à part entière », la taxe d’entrée est augmentée à 500 dollars en 1903.


Missions chrétiennes en Chine

Les premiers groupes de missionnaires canadiens débarquent à Chengdu, capitale de la province du Sichuan, en 1891. Leur travail consiste notamment à construire des hôpitaux et des écoles. En l’espace de soixante ans, quelque 500 missionnaires, majoritairement des méthodistes, s’établissent en Chine, contribuant ainsi à l’histoire de la médecine, de la dentisterie, de l’enseignement et de l’évangélisation du pays. Au prorata de la population, le Canada compte plus de missionnaires chrétiens en Chine que n’importe quel autre pays. À la fin de la Première Guerre mondiale, les principales églises protestantes soutiennent à elles seules deux universités, 270 écoles et 30 hôpitaux.

Dans la seconde moitié du XIXe siècle, divers groupes de résistance à l’égard des étrangers émergent en Chine. Ils sont animés par un mélange de fierté culturelle, de ressentiment politique et de résistance à l’exploitation économique. Le 1er juin 1895, une émeute éclate dans une mission canadienne à Chengdu et la détruit. D’autres soulèvements anti-étrangers et antichrétiens donnent lieu au mouvement des Boxeurs (1899-1901), qui entraîne de violentes attaques contre les étrangers et les chrétiens chinois. Des milliers de personnes trouvent la mort au nord de la Chine avant que la rébellion ne soit terminée.

Expansion de la présence commerciale du Canada en Chine

En 1906, le Canada ouvre un bureau à Shanghai pour le ministère du Commerce, ce qui témoigne de l’intérêt grandissant du Canada pour l’expansion de sa présence commerciale en Asie. En 1909, le gouvernement canadien crée le ministère des Affaires extérieures (aujourd’hui Affaires mondiales Canada), qui officialise les efforts diplomatiques du Canada avec d’autres pays, incluant la Chine. Cette même année, William Lyon Mackenzie King, alors premier sous-ministre du Travail, se rend à Shanghai pour assister à la Commission internationale de l’opium.

« Taxe d’entrée » pour les Chinois souhaitant immigrer au Canada

Le 1er juillet 1923 (date considérée par de nombreux Canadiens d’origine chinoise comme le « jour de l’humiliation »), la Loi de l’immigration chinoise est remplacée par une autre loi du même nom. Cette dernière suspend presque complètement l’immigration chinoise au Canada. Seuls les enseignants, les étudiants, les diplomates et les missionnaires peuvent désormais immigrer. En 1926, les échanges commerciaux entre le Canada et la Chine atteignent un sommet de 27,3 millions de dollars, avant de subir un important recul.

En 1931, le Statut de Westminster accorde au Canada une autonomie juridique totale et lui permet de mener ses propres affaires étrangères.

Début des relations diplomatiques : 1944

Pendant la Deuxième Guerre mondiale, la Chine et le Canada, désormais alliés militaires dans le conflit contre le Japon impérial, développent leurs relations diplomatiques. Mackenzie King, devenu premier ministre, se voit invité à fournir une aide militaire à la Chine afin de renforcer l’alliance contre l’Axe. Le Canada fournit des mitrailleuses Bren et l’artillerie de campagne à Hong Kong, mais l’opération se solde par un désastre. (Voir Le Canada et la bataille de Hong Kong.) En 1945, le Canada établit des relations diplomatiques avec le gouvernement nationaliste chinois et ouvre une ambassade à Chongqing. En 1947, le Canada abroge son interdiction d’immigration pour les Chinois.

Après la guerre civile chinoise, qui éclate en 1945-1946, les forces communistes renversent le régime nationaliste, qui se replie à Taïwan où il établit un gouvernement autonome, et proclament la République populaire de Chine (RPC) le 1er octobre 1949. Le Canada refuse de reconnaître le gouvernement communiste à Beijing, mais continue de reconnaître le gouvernement à Taïwan, ce qui entraîne une détérioration progressive des relations avec la Chine pendant les années 1940 et 1950.

Prisonniers de guerre canadiens libérés

La guerre de Corée (1950-1953) et les répercussions

Le déclenchement de la guerre de Corée interrompt toute tentative de relations diplomatiques avec le nouveau gouvernement communiste de la RPC. Entre 1950 et 1953, le Canada (en tant que membre des forces des Nations Unies) et la Chine s’engagent dans un combat actif. C’est le moment le plus sombre de leurs relations bilatérales. En 1951, l’Église unie du Canada met fin à sa mission en Chine; tous les missionnaires sont expulsés du pays en 1952.

Pendant les quinze années qui suivent, plusieurs obstacles, comme l’opinion publique, le point de vue américain, l’agression chinoise et l’intervention américaine au Viêt Nam, entravent la reconnaissance de la RPC par le Canada.

En 1959, le ministre canadien de l’Agriculture, Alvin Hamilton, entreprend un voyage en Chine. Cette démarche donne lieu à des transactions commerciales substantielles de céréales avec la Chine, notamment la vente de 75 millions de dollars de blé en 1961 et une autre transaction majeure en 1969. Ces ventes de céréales découlent davantage d’intérêts commerciaux et politiques que d’objectifs diplomatiques. Les initiatives du ministre Hamilton contribuent ainsi à renforcer les liens avec la Chine.

En 1963, Paul Martin père est nommé secrétaire d’État aux Affaires étrangères. Il plaide en faveur de la reconnaissance de la Chine au sein des Nations Unies, une position que le Parti libéral appuie en 1966. En 1969, l’opinion publique se montre favorable à la reconnaissance de la RPC. En février 1969, le gouvernement de Pierre Elliott Trudeau annonce son intention d’aider la Chine à joindre les Nations Unies, tout en reconnaissant le gouvernement distinct de Taïwan.

Nouvelle phase de relations diplomatiques : les années 1970

La reconnaissance officielle de la RPC par le Canada, le 13 octobre 1970, s’avère un immense succès tant au pays qu’à l’étranger. Elle favorise un rapprochement entre les États-Unis et la Chine, et elle incite d’autres pays à reconnaître la RPC en s’inspirant du modèle canadien de reconnaissance du statut de Taïwan. Le Canada se concentre sur les interactions commerciales et diplomatiques, tout en réduisant ses liens avec Taïwan. En 1971, le Canada et la Chine établissent tous deux des représentations diplomatiques et consulaires dans l’autre pays. R.E. Collins devient le premier ambassadeur du Canada en Chine.

En 1971, la Chine obtient son admission aux Nations Unies à sa 21e tentative. Le Canada contribue également à faciliter l’entrée de la Chine à la Banque mondiale et au Fonds monétaire international (FMI). L’admission de la Chine à l’ONU en tant que « seul gouvernement légitime de la Chine » entraîne l’expulsion de Taïwan.

Également en 1971, Jean-Luc Pepin, toujours ministre du Commerce, dirige une mission économique en Chine. Huang Hua est nommé premier ambassadeur de Chine au Canada. En 1972, le ministre du Commerce d’alors, Mitchell Sharp, rencontre le premier ministre Zhou Enlai, et le Canada participe à une foire commerciale à Beijing. Cette étape marque un tournant dans les relations bilatérales.

En 1973, le premier ministre Pierre Elliott Trudeau effectue sa première visite officielle en Chine. À cette occasion, il lance le programme d’échange de boursiers entre le Canada et la Chine. Il renforce aussi la position du Canada comme fournisseur privilégié de blé, de potasse et de technologies pour les installations chinoises. Cette visite, marquée par une grande cordialité, aboutit également à un accord sur la réunification des familles. Cet accord marque le début d’une vague d’immigration chinoise au Canada après une génération. (Voir aussi Politique d’immigration.) La consécration de Norman Bethune, un communiste canadien connu pour ses contributions médicales et son soutien aux forces communistes chinoises, ouvre la voie à la diplomatie, malgré les opinions divergentes à son égard dans son pays. (Voir aussi Norman Bethune) En 1976, le premier ministre Trudeau interdit la présence de Taïwan aux Jeux olympiques de Montréal, ce qui entraîne son retrait de la compétition.

En 1978, Jack Horner, ministre de l’Industrie et du Commerce, dirige une mission en Chine. En 1979, la Société pour l’expansion des exportations accorde à la Chine une ligne de crédit de 2 milliards de dollars canadiens. Cette année-là marque la première délégation parlementaire en Chine, ainsi que la signature du Protocole de coopération économique.

Relations diplomatiques : les années 1980 et 1990

Pendant le mandat de Pierre Elliott Trudeau, le Canada s’efforce de tisser des liens personnels privilégiés avec la Chine, en reconnaissant sa souveraineté et en construisant de nombreux ponts. (Ces efforts se poursuivent sous les gouvernements conservateurs de Joe Clark et de Brian Mulroney.) Le programme d’aide bilatérale de 1980 joue un rôle central dans le renforcement de ces liens, en particulier après l’introduction de la politique de réformes et d’ouverture de Deng Xiaoping en 1978. Le projet vise à favoriser la prospérité économique en intégrant des innovations et des financements étrangers. Bien que cela suscite quelques réticences au sein de la population canadienne, les liens entre le Canada et la Chine bénéficient d’un soutien politique remarquable et d’une approbation populaire. Cela se manifeste par une augmentation des échanges commerciaux bilatéraux, qui atteignent 2 milliards de dollars en 1985.

En 1983, le premier ministre chinois Zhao Ziyang effectue une visite historique au Canada. Cet évènement marque un tournant dans les relations diplomatiques entre les deux pays. Pendant son séjour, le premier ministre Zhao s’entretient avec des dirigeants canadiens et aborde divers aspects de la coopération bilatérale. Cela débouche sur la conclusion d’un accord sur l’assurance-investissement en 1984.

En juillet 1985, le premier ministre Brian Mulroney accueille le président Li Xiannian et le vice-président Li Peng. Le président Li encense le Canada comme un « partenaire de confiance ». Dix mois plus tard, lors de sa visite officielle en Chine, le premier ministre Mulroney rencontre de hauts dirigeants chinois, dont Deng Xiaoping. Cette visite marque le début d’une série d’engagements diplomatiques et économiques entre les deux pays. (Voir aussi Économie internationale.) Après cette visite, en 1986, la Chine et le Canada ratifient l’accord visant à éviter les doubles impositions et à prévenir l’évasion fiscale.

En 1987, le gouvernement canadien adopte une nouvelle stratégie visant à tirer parti des possibilités offertes par la Chine. Cette approche met l’accent sur les liens économiques et sur une meilleure coordination des efforts. Ces accords comprennent ceux sur les échanges culturels, qui cherchent à promouvoir la compréhension et l’appréciation mutuelles du patrimoine culturel de chacun, et des accords commerciaux visant à étendre et à diversifier les échanges économiques. Les droits de la personne semblent être moins prioritaires.

En 1989, le massacre de la place Tiananmen entrave les relations déjà actives et en plein essor entre le Canada et la Chine. La répression violente des mouvements de contestation entraîne l’arrêt de nombreuses activités diplomatiques et économiques. Le Canada, comme plusieurs autres pays occidentaux, se dit préoccupé par les violations des droits de la personne en Chine et les condamne.

Rétablissement des relations diplomatiques : les années 1990 et 2000

En 1992, les efforts de normalisation des relations avec la Chine se multiplient : visites du ministre canadien de l’Agriculture en 1991 et mission commerciale décisive dirigée par Michael Wilson, ministre du Commerce international, en 1992. Cet effort prudent, mais déterminé, vise le rétablissement des relations bilatérales après les événements de la place Tiananmen.

Lorsque les libéraux reprennent le pouvoir en 1993, le premier ministre Jean Chrétien renforce les liens avec la Chine en mettant l’accent sur les échanges économiques. Il multiplie les visites officielles, reçoit de hauts dignitaires chinois et lance des missions d’Équipe Canada qui stimulent le commerce. Les échanges bilatéraux passent de 3,1 milliards de dollars en 1990 à 37 milliards de dollars en 2005. Bien que critiqué pour avoir privilégié le commerce au détriment des droits de la personne, le premier ministre Chrétien défend l’engagement comme la méthode la plus efficace. En 1997, le Canada maintient son consulat général à Hong Kong après la rétrocession de Hong Kong à la Chine, assurant ainsi une présence diplomatique cruciale dans la région. Cette année-là, il signe également un accord consulaire renforçant ses liens. Ces relations se poursuivent en 1998 et 1999 par des dialogues sur les droits de la personne, des réformes juridiques et des accords environnementaux.

Relations diplomatiques : les années 2000 et 2010

En 2001, l’adhésion de la Chine à l’Organisation mondiale du commerce (OMC), appuyée par le Canada, représente une étape cruciale dans son intégration à l’économie mondiale. (Voir aussi Mondialisation.) En 2003, la Chine devient le deuxième partenaire commercial du Canada et des États-Unis. À cette époque, le premier ministre Wen Jiabao se rend à Ottawa pour rencontrer le premier ministre Chrétien et proposer une collaboration accrue dans divers domaines.

En 2003, Paul Martin succède à Jean Chrétien au poste de premier ministre. Il poursuit la politique d’engagement, se concentrant sur la gestion des chaînes d’approvisionnement mondiales et sur la gouvernance internationale du secteur financier. (Voir aussi Investissement étranger.) En 2004, le Groupe de travail stratégique, créé à l’occasion de la visite du premier ministre Martin en Chine, mène à de nouvelles ententes dans les domaines du transport, de la santé, de l’énergie et de la recherche sur le climat. Ce partenariat stratégique constitue un point culminant dans les relations entre le Canada et la Chine.

De 2006 à 2008, sous la direction du premier ministre Stephen Harper, le gouvernement canadien adopte une approche plus prudente à l’égard de la Chine, en insistant particulièrement sur les violations des droits de la personne. La politique initiale des conservateurs se caractérise par « une froideur politique et une chaleur économique ». Cette combinaison permet de maintenir les échanges commerciaux tout en critiquant la Chine sur les droits de la personne. Le Canada appuie publiquement le Dalaï-lama et s’implique dans des affaires comme celles de Huseyin Celil.

Malgré des liens économiques encourageants, notamment grâce aux initiatives d’infrastructure comme la porte d’entrée de l’Asie-Pacifique, l’approche du premier ministre Harper provoque des tensions dans les relations. Des rencontres de haut niveau sont reportées et la confiance de la Chine envers le Canada s’effrite. La Chine met fin aux Groupes de travail stratégique et rejette le statut de destination touristique approuvée du Canada. Stephen Harper décline les invitations en Chine et n’assiste pas aux Jeux olympiques d’été de 2008 à Beijing. La position du gouvernement fait l’objet de critiques de la part des chefs d’entreprise, des universitaires et des médias, qui soulignent la perte de débouchés commerciaux et le déclin de l’influence du Canada, alors que les partenaires mondiaux poursuivent leurs échanges avec la Chine.

À cette époque, le gouvernement Harper commence à adoucir sa position envers la Chine et à privilégier les questions économiques et énergétiques plutôt que les droits de la personne. À la fin de 2008, les visites de haut niveau et les engagements économiques reprennent. En 2009, Stephen Harper effectue une importante visite en Chine, laquelle aboutit à des ententes sur le commerce et sur l’investissement, ainsi qu’à un équilibre accru entre la défense des droits de la personne et les intérêts économiques. Les relations continuent de s’améliorer en 2010 avec la visite du président chinois Hu Jintao au Canada, lors du sommet du G20 à Toronto, où les deux pays mettent l’accent sur leur partenariat stratégique croissant.

En 2012, suite à plusieurs accords bilatéraux, la position canadienne s’aligne sur les anciennes stratégies libérales. Le commerce, les échanges de haut niveau et la gestion prudente des questions délicates sont au cœur des discussions. L’évolution du gouvernement Harper vers une politique chinoise plus pragmatique est saluée par les universitaires et les entreprises. Mais il suscite aussi des inquiétudes au sein de la population canadienne préoccupée par le bilan de la Chine en matière de droits de la personne et de gouvernance. Les discussions se multiplient concernant l’Accord sur la promotion et la protection des investissements étrangers (APIE) de 2012 et l’acquisition de Nexen par la China National Offshore Oil Corporation (CNOOC). Face aux préoccupations exprimées par certains quant aux liens possibles entre les sociétés d’État et l’espionnage, l’influence militaire et un manque de réciprocité envers les entreprises canadiennes, le gouvernement Harper fixe de nouvelles lignes directrices pour limiter les investissements des entreprises d’État dans les sables bitumineux canadiens.

En 2015, le premier ministre Justin Trudeau adopte une approche ambivalente envers la Chine, cherchant à concilier engagement et confrontation. Il cherche d’abord à renforcer les liens en revitalisant les canaux bilatéraux, lance le Dialogue annuel des dirigeants et nomme John McCallum au poste d’ambassadeur. Les deux parties souhaitent approfondir les discussions sur un éventuel accord de libre-échange entre le Canada et la Chine. Le Canada adhère également à la Banque asiatique d’investissement dans les infrastructures et approuve certains investissements chinois controversés, comme l’acquisition d’ITF Technologies par O-Net Communications et l’achat de Norsat par Hytera.

Tensions diplomatiques : l’affaire Meng Wanzhou et l’ingérence électorale

À partir de 2018, le gouvernement du premier ministre Justin Trudeau adopte une position plus ferme à l’égard de la Chine concernant des sujets importants. Les pourparlers sur un accord de libre-échange entre le Canada et la Chine ne dépassent jamais le stade des discussions préliminaires. En mai 2018, le gouvernement bloque l’acquisition d’Aecon par China Communication Construction Company International Holding Limited (CCCI). Il critique également ouvertement les violations des droits de la personne commises par la Chine, et plus particulièrement celles commises à l’encontre du peuple ouïghour.

L’arrestation de la directrice financière de Huawei, Meng Wanzhou, à Vancouver en décembre 2018 crée des tensions diplomatiques majeures entre le Canada et la Chine. Après l’arrestation de Meng Wanzhou, la Chine détient les Canadiens Michael Kovrig et Michael Spavor, ce qui transforme la situation en crise diplomatique. (Voir Affaire Meng Wanzhou.) L’ambassadeur McCallum est licencié en raison de sa gestion de l’affaire. Au cours des années 2019 et 2020, la Chine et le Canada s’engagent dans une série de mesures de rétorsion, allant des interdictions commerciales aux protestations diplomatiques. Toutes ces actions nuisent considérablement aux relations bilatérales. L’impasse se poursuit jusqu’en septembre 2021, lorsque Meng Wanzhou conclut un accord avec les États-Unis pour suspendre les poursuites, ce qui permet sa libération. Cet accord entraîne la libération simultanée des deux Michael par les autorités chinoises.

En 2024, le Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) confirme que la Chine s’est ingérée dans les élections canadiennes de 2019 et de 2021, en soutenant des candidats favorables à la RPC ou neutres à son égard. Certains députés, comme Michael Chong, porte-parole du Parti conservateur en matière d’affaires étrangères, auraient été surveillés et soumis à des tentatives d’intimidation. Erin O’Toole, chef du Parti conservateur pendant la campagne électorale de 2021, estime que cette ingérence a fait perdre à son parti jusqu’à neuf sièges, mais qu’elle n’a pas modifié le résultat global des élections. Le SCRS affirme quant à lui : « la protection des institutions démocratiques canadiennes contre la Chine nécessitera un changement de perspective du gouvernement et une volonté de prendre des mesures décisives et d’imposer des conséquences aux auteurs. » La Chine rejette toutes les allégations d’ingérence dans les affaires canadiennes.

(Voir aussi Communauté chinoise au Canada; Relations extérieures du Canada; Investissement étranger; Aide extérieure; Commerce international.)

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