L’Universal Negro Improvement Association and African Communities League (Association universelle pour l’amélioration de la condition des Noirs et Ligue des communautés africaines, ou UNIA-ACL) a été une organisation nationaliste noire fondée par Marcus Garvey. Les expériences de Marcus Garvey en matière d’inégalité raciale l’ont poussé à créer l’UNIA en Jamaïque en 1914. L’UNIA a encouragé la fierté raciale, tandis que l’ACL a attiré l’attention sur l’Afrique au sein de la diaspora noire. L’UNIA est devenue l’une des organisations noires les plus couronnées de succès de l’histoire mondiale. Elle a compté 1000 divisions et prétendu avoir 6 millions de membres dans 40 pays. Dans les années 1920, tant aux États-Unis qu’au Canada, l’UNIA a été une force majeure pour le nationalisme noir, l’identité panafricaine et l’autonomie. La petite population noire du Canada a soutenu jusqu’à 32 divisions de l’UNIA. (Voir Canadiens noirs.)
Origines de l’UNIA-ACL
Au début du 20e siècle, Marcus Garvey, originaire de la Jamaïque, voyage en Angleterre, en Amérique centrale et dans les Caraïbes. (Voir Canadiens d’origine antillaise.) Il constate que les Noirs sont exploités et souffrent énormément. Il se résout donc à établir une organisation d’entraide et d’élévation raciale pour créer une motivation collective et leur apporter de l’espoir.
Marcus Garvey fonde l’UNIA à Kingston, en Jamaïque, en 1914. En 1916, il s’installe à Harlem. En 1918, l’UNIA s’y constitue en société selon deux principes fondamentaux :
- Le nationalisme noir : unité, fierté de l’héritage culturel africain et autonomie complète.
- Le « retour en Afrique », c’est-à-dire le retour éventuel en Afrique de toutes les personnes d’origine africaine pour former une nation indépendante.
À l’époque, la discrimination raciale et la pratique du lynchage des Noirs sont à leur apogée. (Voir Racisme.) Les Noirs sont également confrontés à la ségrégation sociale et à la privation de leurs droits politiques. (Voir Ségrégation raciale des Noirs au Canada.) Le message radical de Marcus Garvey trouve donc un écho, et l’UNIA connaît une croissance mondiale exponentielle dans les années 1920.
L’UNIA de Marcus Garvey crée une pléthore d’activités, de divisions et de groupes auxiliaires qui mobilisent tous les groupes d’âge. L’UNIA institue également des programmes « pour stimuler l’économie, remonter le moral des citoyens noirs et éduquer la population ».
UNIA-ACL au Canada
En 1922, le Canada compte 32 chapitres de l’UNIA et jusqu’à 5000 membres. Les plus actives se trouvent à, à Toronto et à Sydney, en Nouvelle-Écosse. La plupart des membres titulaires d’une carte sont des Antillais très instruits. (Voir Canadiens d’origine antillaise.) Grâce à l’UNIA, ils restent en contact avec les Antillais d’ailleurs. De plus, les divisions de l’UNIA mettent souvent en commun les ressources communautaires et luttent contre la discrimination en matière de logement et d’emploi.
Les Liberty Halls (ou centres communautaires) de l’UNIA deviennent d’importants carrefours sociaux. Dans les zones rurales, ils sont essentiels à la vitalité de la communauté, car ils sont souvent le seul endroit où se déroulent des activités non religieuses. Les Liberty Halls deviennent des lieux de rassemblement pour les réunions, les danses, les assemblées politiques, les activités sociales, les pique-niques, les clubs littéraires et les excursions. Dans les Liberty Halls, les orateurs donnent des conférences sans craindre la violence ou la discrimination raciale. Afin d’accueillir les visiteurs et d’éviter d’être refoulées dans les hôtels locaux, certaines divisions disposent de zones pour dormir. Ces logements sont également utilisés par d’autres groupes fraternels et philanthropiques tels que les Black Masons, les Oddfellows, les Elks et les Black Lodges.
Dans le monde entier, les Liberty Halls ont un mandat éducatif visant à « émanciper » l’esprit des gens. Les cours offerts aux membres comprennent l’histoire africaine, la philosophie, la religion, le leadership, l’économie et la politique. (Voir aussi Histoire des Noirs au Canada : 1900-1960.)
UNIA-ACL de Montréal
Le 9 juin 1919, l’une des premières branches canadiennes de l’UNIA, la division 5, est fondée à. En moins d’un an, elle compte 400 membres et atteint un sommet de 700 membres, ce qui en fait la division la plus importante et la plus active au Canada. Pendant des années, la division se bat contre l’hostilité des conseillers municipaux et des voisins pour trouver un logement permanent dans la Petite-Bourgogne. Elle finit par s’installer près du Negro Community Centre.
L’UNIA de Montréal offre un programme solide et l’enthousiasme des membres demeure élevé. Les Garveyites de Montréal sont fidèles aux principes et à l’engagement de Marcus Garvey. Ils assistent aux conférences de l’UNIA ici et à l’étranger.
UNIA-ACLA de New Aberdeen, à Glace Bay, en Nouvelle-Écosse
En 1916, l’UNIA de New Aberdeen ouvre ses portes au Cap-Breton, en Nouvelle-Écosse. Les travailleurs des raffineries et les mineurs antillais, connaissant déjà le message de Garvey, se pressent pour participer à ses activités. (Voir Canadiens d’origine antillaise.)
L’UNIA du Cap-Breton a une incidence importante au Canada et à l’étranger. Le premier haut-commissaire de l’UNIA du Canada, George Creese, est issu de l’UNIA-ACL de New Aberdeen. Sillonnant le pays, George Creese établit de nombreuses autres divisions de l’UNIA.
En 1937, juste avant de quitter l’Amérique du Nord, Marcus Garvey visite plusieurs divisions de l’UNIA en Nouvelle-Écosse. Le discours qu’il prononce à Sydney est retranscrit et immortalisé dans la chanson « Redemption Song » de Bob Marley.
UNIA-ACL de Toronto
À Toronto, plusieurs Antillais reçoivent leur charte UNIA le 1er décembre 1919. (Voir Canadiens d’origine antillaise.) Ils tiennent des réunions à l’Occidental Hall. Les membres collectent des fonds et, en 1925, font l’acquisition d’un bâtiment au 355 College Street. Le nombre de membres augmente lentement ; à son apogée, la section compte de 200 à 300 membres. Le Liberty Hall de Toronto ferme ses portes en 1982.
Toronto joue un rôle clé dans le soutien de l’UNIA panafricaine, en particulier dans les années 1930. Expulsé des États-Unis, Marcus Garvey s’installe à Londres, en Angleterre. Mais comme la plupart de ses partisans se trouvent en Amérique du Nord, il s’installe à Toronto en 1937. De là, Marcus Garvey tente de gérer les affaires de l’UNIA dans le monde entier. Il enseigne également dans son école de philosophie africaine (voir Philosophie). La division de Toronto accueille deux conférences régionales en 1936-1937. La dernière convention internationale de l’UNIA avant la mort de Marcus Garvey a lieu à Toronto en 1938.
Héritage
Le garveyisme représente le premier grand mouvement nationaliste noir en Amérique du Nord. Pendant un certain temps au Canada, l’UNIA est la plus importante force socio-économique et éducative noire. Après la mort de Marcus Garvey en 1940, les activités et les membres diminuent au Canada, mais pas partout. Les anciens élèves de l’École de philosophie africaine de, notamment, font pression en faveur des droits civils. Ils se battent pour démanteler la ségrégation raciale dans l’éducation et l’emploi tout en assouplissant les restrictions à l’immigration. (Voir Ségrégation raciale des Noirs au Canada ; Politique d’immigration au Canada.)
Au Canada, l’héritage de Garvey reste considérable. La Journée Marcus Garvey est célébrée le 17 août depuis 1993. En 2002, le Marcus Garvey Centre for Leadership and Education de Toronto est fondé pour offrir aux jeunes une formation et un développement du leadership. Vers 1983, l’UNIA de Montréal fonde l’Institut Garvey qui, en 1991, devient la première école privée noire du Québec. Aujourd’hui, le Glace Bay UNIA Community Hall gère un musée culturel. Il accueille également un festival d’été annuel en l’honneur de Marcus Garvey.