Willard John Bolduc, D.F.C., Autochtone, officier des forces aériennes, héros de guerre (né le 28 décembre 1915, à Chapleau, en Ontario; décédé le 7 juin 1968, à Toronto, en Ontario). Willard Bolduc a reçu la Distinguished Flying Cross (D.F.C.) pour son rôle de mitrailleur de bord pendant la Deuxième Guerre mondiale.
Jeunesse
La mère de Willard Bolduc, Barbara, est une Ojibwée (Ojibway ou Chippewa) de Hearst, en Ontario, alors que son père, Joseph, est un Cri de Sherbrooke, au Québec. Le jeune garçon est scolarisé à Chapleau, puis à la Jarvis Collegiate à Toronto. En intégrant l’armée de l’air, il perpétue une tradition militaire familiale. Son père fait partie du Corps expéditionnaire canadien pendant la Première Guerre mondiale et sert en Europe dans le cadre du No. 1 Construction Battalion. En août 1918, il est transféré à la 1st Bridging Company et envoyé en Égypte le mois suivant, où il décède du paludisme, en octobre.
Service durant la Deuxième Guerre mondiale
Willard Bolduc, qui vit à Montréal à l’époque, intègre l’Aviation royale canadienne (ARC) le 9 juin 1941, à North Bay, en Ontario, en service général. Il est immédiatement envoyé dans un dépôt d’effectifs, où il acquiert les rudiments de la vie dans l’armée de l’air. Trois semaines plus tard, il est affecté au 5e Escadron de bombardiers de reconnaissance, à Dartmouth, en Nouvelle‑Écosse. Toujours à Dartmouth, il est ensuite affecté, à la mi‑août, au 116e Escadron de bombardiers de reconnaissance. Les pilotes du 116e volent sur des Catalina et des Canso A pour accomplir des missions anti‑sous‑marins sur la côte Est.
Willard Bolduc quitte le service général pour intégrer les équipes navigantes, le 1er mai 1942. Du 4 juillet au 25 septembre 1942, il reçoit une formation de mitrailleur de bord à la 9e École de bombardement et de tir, à Mont‑Joli, au Québec (voir Plan d’entraînement aérien du Commonwealth britannique). Après l’obtention de son diplôme, il est promu au grade de sergent et s’embarque pour l’Angleterre en octobre. Il suit un entraînement opérationnel plus poussé au sein de la Royal Air Force (RAF) de Grande‑Bretagne et devient l’un des milliers d’aviateurs de l’ARC ayant servi dans la RAF. Une fois son entraînement achevé, il intègre le No. 15 Squadron du « Bomber Command » (commandement des bombardiers) de la RAF.
Cet escadron est stationné à la base de Bourn de la RAF, à 11 kilomètres à l’ouest de Cambridge. Il est équipé de Short Stirling I (Stirling Mk I), des bombardiers quadrimoteurs avec, à leur bord, un équipage de sept personnes. En janvier 1943, cet appareil est remplacé par le Short Stirling III (Stirling Mk III), une version améliorée de l’avion original. En décembre, le célèbre Lancaster remplace, à son tour, le Stirling, l’escadron terminant la guerre équipé de ce bombardier.
Missions de bombardement
Willard Bolduc participe à plusieurs missions de bombardement, au‑dessus de l’Europe occupée par l’Allemagne, en tant que mitrailleur (voir Deuxième Guerre mondiale). Le 28 août 1943, il déclare, lors d’une entrevue, à l’issue d’un raid effectué la nuit précédente (sa 17e mission opérationnelle) :
Le pilote avait réussi à échapper à trois chasseurs. Nous approchions juste de notre cible, lorsque nous avons entendu le rugissement d’un Ju 88 [un avion allemand] venant à notre rencontre. Le pilote m’a prévenu par le système de communication interne, mais le Ju 88 est passé juste devant nous. J’ai pensé qu’il poursuivrait peut‑être sa trajectoire, mais il n’en a rien été. Après s’être éloigné d’environ 1 km, il a viré de bord, dans un large mouvement, pour foncer à notre rencontre. J’ai ouvert le feu lorsque son appareil se trouvait approximativement à 500 m. Il n’a, tout d’abord, pas été touché, mais j’ai continué à lui tirer dessus. J’ai dû l’arroser avec pas moins de 500 coups. Il a alors commencé à perdre de l’altitude, pour finalement descendre en flèche. Nous avons observé sa chute et nous avons entendu un terrible bruit d’explosion lorsqu’il a frappé le sol.
Pour cette action, et pour d’autres, en tant que mitrailleur arrière, Willard Bolduc reçoit la Distinguished Flying Cross (D.F.C.) Sa citation, pour la remise de cet honneur, indique :
Le Sous‑lieutenant d’aviation Bolduc [il a été promu officier le 2 mai 1944] a pris part à de nombreuses sorties opérationnelles, y compris à des attaques sur des cibles aussi importantes et aussi solidement défendues que Berlin, Hambourg et Essen. En juin 1943, alors qu’il survolait Cologne, son avion a été attaqué par un chasseur ennemi. Grâce à la précision de son tir, il a réussi à endommager l’appareil ennemi, qui a interrompu son attaque et a probablement été détruit. Une autre fois, à l’occasion d’une sortie contre Nuremberg, son appareil a été attaqué par un Junkers 88. Pendant le bombardement, le Sous‑lieutenant d’aviation Bolduc a ouvert le feu et le chasseur ennemi s’est abattu au sol en flammes. Ce mitrailleur de bord a toujours su donner l’exemple, son acuité au combat et son sens aigu du devoir ayant, en permanence, constitué une source d’inspiration.
Monument dédié aux soldats autochtones, comme Willard Bolduc, qui ont combattu pendant la Première et la Deuxième Guerre mondiale.
Boire et manger avec le souverain
Willard Bolduc reçoit sa Distinguished Flying Cross (D.F.C.) des mains du roi George VI. Toutefois, ils ne se rend pas, à cette occasion, au palais de Buckingham, le roi et la reine se déplaçant plutôt à Bourn pour la présentation du 5 juillet 1944. Ce jour‑là, il est également promu lieutenant d’aviation. Dans une lettre à sa mère, il lui explique qu’elle peut, désormais, adresser son courrier au « Lt Bolduc, D.F.C. » Il ajoute : « Je n’avais jamais pensé que je pourrais voir ces lettres suivre mon nom, mais c’est quelque chose qui vous donne l’impression d’avoir une certaine importance. »
Dans sa lettre, Willard Bolduc décrit la cérémonie. « Nous avons défilé au complet, en bonne et due forme, et j’ai dû marcher, seul, devant tout le monde. Le roi m’a serré la main et m’a accroché ma médaille. » Après le défilé, le roi et la reine se joignent au lieutenant d’aviation, tout juste promu et décoré, et aux autres récipiendaires de la médaille, pour un dîner à base de poulet. Le natif de Chapleau note, à cette occasion : « Avant le dîner, nous avons tous bu un verre de Scotch dans l’antichambre avec [le roi]. Je peux donc dire maintenant, sans mentir, que j’ai bu un verre de Scotch avec le roi d’Angleterre! » À la fin de sa lettre, il admet avoir été, à cette occasion, littéralement « mort de peur ». Il décrit ainsi son état : « Je pouvais à peine parler, mes genoux s’entrechoquaient, et tout ce qui s’en suit… Je suppose que vous pouvez dire que votre fou de fils a véritablement réussi à “faire son trou”, hein, maman? »
Willard Bolduc participe à plusieurs autres missions et sort indemne de la guerre, un phénomène rare pour les membres des équipages des bombardiers, dont seulement 24 % ont échappé à la mort, à des blessures graves ou à la captivité. Parmi les quelque 50 000 Canadiens ayant servi dans le « Bomber Command » de la RAF, environ 10 000 sont morts au cours d’opérations, pendant des entraînements ou comme prisonniers de guerre (voir Aviation royale canadienneetDeuxième Guerre mondiale).
Cette médaille a été décernée à des aviateurs pour leur courage. Le roi George VI a remis la D.F.C. au Lieutenant d’aviation Willard Bolduc.
Vie après la guerre et héritage
À l’issue de sa période d’activité en vol, habituellement 30 sorties de combat, Willard Bolduc est rapatrié au Canada en novembre 1944 et libéré en mars 1945. Il occupe divers emplois à Toronto et décède à l’hôpital, dans cette ville, après une courte maladie, en 1968. Il est enterré à Chapleau, en Ontario. Son nom est inscrit au tableau d’honneur de l’église anglicane Saint John de Chapleau, répertoriant les volontaires de la Deuxième Guerre mondiale de la congrégation.