Yves Préfontaine, anthropologue, poète, écrivain, communicateur et animateur (né le 1er février 1937 à Montréal, au Québec; décédé le 31 mars 2019 à Montréal). Il est reconnu comme un grand ami du français, de la littérature, des arts, de la musique et de l’anthropologie.

Enfance
Yves Préfontaine est le fils du docteur Georges Préfontaine (1897-1986), biologiste et médecin, qui, aux côtés de son ami et maître le frère Marie-Victorin, auteur du grand livre de littérature et de science La flore laurentienne (1935), a œuvré pour l’institutionnalisation et la promotion de l’activité scientifique. Marie-Victorin le surnomme « l’éternel semeur » à cause de ses efforts pour promouvoir le développement des sciences. En son honneur, l’Université de Montréal crée le Musée d'histoire naturelle Georges Préfontaine (1987-1994). Dans une entrevue de 2006, Yves Préfontaine confie que c’est à son père, un scientifique humaniste, qu’il doit son amour des mots justes et recherchés, car : « rien n'échappait à sa nomination des choses et des êtres : bêtes, plantes, arbres, pierres, jusqu'aux mousses et aux lichens qu'il nommait de leur nom latin et de leur nom courant. C'est par là, d'abord, que j'ai appris non seulement à lire mais sans doute aussi à “écrire” déjà, dans le souci d'une nomination juste et différenciée du monde de la nature ». Georges Préfontaine l’a aussi initié aux splendeurs de la sphère céleste.
Yves Préfontaine est le frère du musicien Jean Préfontaine et du comédien Claude Préfontaine. Pendant ses 35 dernières années, il partage sa vie avec la politologue Louise-Esther Fortin.
Formation
Après ses études classiques au Collège Stanislas, Yves Préfontaine s'inscrit en anthropologie à l'Université de Montréal et y complète un baccalauréat (1964) et une maîtrise (1969). Pendant ses études, il effectue des recherches pour l’Office national du film (1961, 1964-1965).
Boursier du ministère de l'Éducation, Yves Préfontaine poursuit ses études à Paris, pendant quatre ans, en Sociologie de la culture, à l'École pratique des Hautes Études de la Sorbonne dont il obtient un doctorat en 1970. Lors de son séjour en France, il anime des émissions culturelles pour l'Office de radiodiffusion-télévision française (ORTF).
Carrière
Pendant ses études en anthropologie, il participe à la fondation des revues Situations, Québec libre, et Liberté dont il est le rédacteur en chef de 1961 à 1962, alors qu’Hubert Aquin en est le directeur. Ayant l’ultime conviction qu’il y a une continuité entre l’acte poétique et l’acte politique, il participe aussi à la fondation du Rassemblement pour l’indépendance nationale, car il croit alors sa nation menacée. Sa curiosité intellectuelle le porte à écrire dans différents journaux, dont La Presse, Le Devoir, Le Nouveau Journal, ainsi que dans les revues La Barre du jour, Possibles, Conjonctures, Estuaire, Moebius et Maintenant. Parallèlement, il enseigne à l’Université de Montréal (1965-1966).
Il enseigne à l’Université McGill de 1970 à 1971. À peine a-t-il le temps de préparer ses cours que survient la Crise d'Octobre. Il publie néanmoins cette année-là : Débâcle et À l'orée des travaux (1970), recueils mis en librairie, sans lancement, à cause des circonstances. Puis, il travaille pour le ministère des Communications du Québec (1971-1972) et pour Radio-Québec (1974).
Il enseigne à l'Université du Québec à Montréal en 1974 et 1975. En 1977, au Parti québécois, il devient conseiller auprès du ministère de l'Éducation; de 1978 à 1980, on le retrouve directeur du cabinet du médecin psychiatre Camille Laurin, ministre d’État au Développement culturel et père de la loi 101 faisant du français la langue officielle de l’État québécois (voir Québec). En 1980, Yves Préfontaine est attaché au Conseil exécutif du gouvernement du Québec; il occupe aussi diverses fonctions aux Affaires publiques de Radio-Canada. De plus, convaincu que le Québec doit être souverain pour éviter une louisianisation (terme de son cru), il milite au sein du Parti Québécois. (Voir aussi La Louisiane francophone et le Canada.)
Yves Préfontaine est un poète et écrivain prolifique. Il a publié un nombre incalculable d’écrits : poèmes, récits, articles, chapitres de livres et traductions dans divers journaux, revues, livres et maisons d’édition. On lui doit aussi des adaptations musicales; enregistrements sonores sur disques, cassettes, disques compacts; productions radiophoniques; séries culturelles et émissions littéraires diffusées par Radio-Canada. Sa poésie a été traduite en anglais, espagnol, hongrois, italien, roumain et croate.
Œuvres notables
- Les temples effondrés (1957)
- Boréal (1957)
- Adresse à Edgard Varèse, dans Visages d’Edgard Varèse, Fernand Ouellette, dir. (1959) : 39-40
- L'antre du poème (1960); réédition (2022)
- Pays sans parole (1967)
- Le grainier (1967)
- Débâcle, suivi de À l'orée des travaux (1970)
- Nuaison – poèmes, 1964-1970 (1981)
- Le Désert maintenant (1987)
- Les Chemins perdus quelque part se confondent (1987)
- Émergences du silence - anthologie de la poésie actuelle et vivante, Yves Préfontaine et als. (1989)
- Parole tenue - poèmes, 1954-1985 (1990)
- Être, aimer, tuer (2001)
- Les mots tremblent (2008)
- Terres d’alerte – poèmes choisis, 1954-2008 (2009)
Prix et distinctions
- Prix de la meilleure série d'émissions culturelles, Congrès du spectacle (1964)
- Prix France-Québec Jean-Hamelin (1968)
- Premier prix des Concours littéraires du Québec (1968)
- Prix Québec-Paris (1990)
- Prix Pey-de-Garros décerné par les villes d'Agen et de Lectoure, France (1994)
- Prix Félix-Antoine-Savard de poésie (2000)