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Elizabeth Parker

Elizabeth Parker (née Fulton), journaliste, cofondatrice du Club alpin du Canada (née le 19 décembre 1856 dans le comté de Colchester en Nouvelle-Écosse; décédée le 26 octobre 1944 à Winnipeg au Manitoba). Pendant près de 40 ans, Elizabeth Parker a écrit une chronique hebdomadaire et ensuite une chronique quotidienne pour le Manitoba Free Press. Bien qu’elle n’était pas elle-même alpiniste, son amour des montagnes et sa fierté nationale l’ont amenée à cofonder le Club alpin du Canada en 1906. Par l’entremise de son engagement auprès du club et de ses écrits sur le sujet, Elizabeth Parker a fait la promotion de l’appréciation, de la protection et de la fierté patriotique des paysages montagneux du Canada.

Le refuge avec les montagnes en arrière-plan.

Jeunesse et déménagement au Manitoba

Elizabeth Parker naît le 19 décembre 1856, de George Fulton et de Mary Tupper, dans le comté de Colchester en Nouvelle-Écosse. Sa mère meurt alors qu’elle n’est encore qu’un bébé et son père se remarie. Sa belle-mère lui inculque l’amour de la lecture et de la littérature, et Elizabeth Parker lui fait la lecture lorsqu’elle est malade. Elle fait son éducation à la Truro Normal School, elle épouse Henry John Parker à l’âge de 18 ans, et le couple vit à Halifax.

En 1892, Elizabeth, Henry et leurs quatre enfants quittent la Nouvelle-Écosse pour s’installer à Winnipeg. Elizabeth Parker s’implique activement dans la communauté en se joignant à la Winnipeg Travellers’ Aid Society, la Young Women’s Christian Association, la branche de Winnipeg du Women’s Canadian Club, le University Women’s Club et la Poetry Society.

Carrière de journaliste

Après avoir assisté à une lecture de poésie, Elizabeth Parker se rend au bureau du Manitoba Free Press pour exiger une meilleure couverture de cet événement et d’autres événements semblables. En réponse, le rédacteur en chef du journal, J.W. Dafoe, la met au défi de s’occuper elle-même de la situation. La chronique qu’elle écrit est publiée en janvier 1904 et marque le début de sa carrière de journaliste qui dure 36 ans. Elizabeth Parker publie sa chronique hebdomadaire, « A Reader’s Notes », jusqu’en 1912, année où sa chronique commence à paraitre quotidiennement pendant près de trois décennies.

Alors qu’elle vit au Manitoba, Elizabeth Parker souffre de problèmes de santé et elle décide d’emmener ses enfants à Banff pour tenter d’améliorer son état. À la fin du 19e siècle, les sources d’eau chaudes du parc national Banff sont devenues une destination pour les amateurs d’eaux thérapeutiques. C’est la première fois qu’Elizabeth Parker visite les Rocheuses, et c’est à Banff que son amour pour les montagnes s’éveille. Au bout de 18 mois, elle retourne à Winnipeg, où elle écrit des articles sur les montagnes, en plus de son travail pour le Manitoba Free Press.

Club alpin du Canada

Au début du 20e siècle, Charles Fay, le premier président du American Alpine Club, propose la création d’une branche canadienne du club. L’arpenteur canadien Arthur Oliver Wheeler écrit au Manitoba Free Press pour soutenir la proposition de Charles Fay. Chargée de rédiger la réponse du journal à la lettre d’Arthur Oliver Wheeler, Elizabeth Parker exprime son aversion totale pour l’idée, invoquant la fierté nationale dans sa réponse : « Cela me laisse sans voix et me remplit de honte pour le jeune Canada… Il est certain qu’entre Halifax et Victoria, on peut trouver au moins une douzaine de personnes qui sont faites pour l’escalade et qui se soucient suffisamment de notre patrimoine montagnard. »

Déconcerté par cette opposition à l’idée, Arthur Oliver Wheeler lui répond à son tour, et ainsi commence une correspondance entre les deux. Bien qu’Arthur Oliver Wheeler pense d’abord qu’il correspond avec un homme (Elizabeth Parker a signé sa réponse initiale avec « M.T. », les initiales du nom de jeune fille de sa mère), la paire en vient à fonder le Club alpin du Canada (ACC) en 1906. Elizabeth Parker est la première secrétaire du club jusqu’en 1910 et elle contribue à la création et à la rédaction du Canadian Alpine Journal, la publication désormais annuelle du club. Avec ses articles, elle propage son amour des montagnes et elle continue à soumettre des articles après son mandat de secrétaire.

Elizabeth Parker considère que le club est un moyen de promouvoir l’appréciation, la protection et la conservation des paysages de montagnes du Canada, et de susciter des études artistiques et scientifiques. Le ACC influence éventuellement l’environnementalisme et les politiques publiques autour des parcs de montagnes du Canada. Pour Elizabeth Parker, le club est également essentiel à la fierté nationale, comme elle l’écrit dans le premier volume du Canadian Alpine Journal  : « Le système des montagnes Rocheuses canadiennes, avec ses sanctuaires naturels innombrables et inconnus pour les générations à venir, est un atout national. Avec le temps, nous devrions devenir une nation d’alpinistes, aimant nos montagnes avec la passion du patriote. »

Bien qu’elle ne soit pas elle-même alpiniste, Elizabeth Parker est une fervente partisane des femmes alpinistes, et son engagement contribue à ouvrir la voie aux femmes dans ce sport. Au cours de la première année d’existence du club, 310 membres s’inscrivent, dont 77 sont des femmes. En une décennie, les femmes en viennent à représenter la moitié des membres du club.

Dès sa première année d’activité, le ACC organise un camp d’alpinisme général chaque été. Elizabeth Parker aime beaucoup ces camps annuels, mais sa santé déclinante l’oblige à limiter sa participation après 1913. Toutefois, elle continue son travail en faisant connaitre les montagnes dans ses chroniques du Manitoba Free Press.

Distinctions

Elizabeth Parker meurt en 1944, à l’âge de 88, à Winnipeg.

La reconnaissance de ses contributions au Canada et à l’alpinisme commence en 1931, lorsque le refuge Elizabeth Parker situé dans le parc national Yoho est nommé en son honneur. Ce refuge, aujourd’hui un édifice du patrimoine fédéral reconnu, est construit en 1919 par la Compagnie de chemin de fer Canadien Pacifique, qui en fait don au Club alpin du Canada. La Parker Avenue à Winnipeg est également nommée en son honneur.

Le Club alpin du Canada crée le prix Elizabeth Parker en 2006 pour reconnaitre les contributions extraordinaires offertes au club. En 2011, Elizabeth Parker est nommée personnage historique national par Parcs Canada.

« En vertu de sa constitution, le Club alpin est une fondation nationale pour la défense de la solitude de nos montagnes contre l’intrusion de la vapeur et de l’électricité et de tous les actes de vandalisme de cette époque luxueuse et utilitaire; pour préserver contre la routine du commerce les cols boisés, les vallées et les alpages de la faune sauvage. Le peuple a le droit d’avoir un accès primitif aux endroits reculés où l’on puisse se retirer en toute sécurité de la fièvre et de l’agitation du marché et des sentiers battus de la vie. » — Elizabeth Parker, volume 1 du Canadian Alpine Journal (1907).


Le refuge avec les montagnes en arrière-plan.

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