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Espèces clés au Canada

Les espèces clés de voûte sont indispensables pour leur écosystème, car elles contribuent pour beaucoup à la biodiversité de leur milieu de vie et à la survie des espèces voisines. C’est en grande partie grâce à elles que se maintient l’intégrité de l’écosystème. Sans elles, les autres espèces seraient en situation de déséquilibre, et l’écosystème commencerait à se dégrader.

Castor du Canada

Description

On compte trois grands types d’espèces clés de voûte : les prédateurs, les ingénieurs écologiques et les mutualistes. Les prédateurs équilibrent leur écosystème en se nourrissant d’autres animaux qui deviendraient autrement trop nombreux. Les ingénieurs écologiques contribuent à préserver leur milieu de vie, au bénéfice des autres espèces qui y habitent. Les mutualistes sont des espèces en symbiose avec une autre espèce (aussi un mutualiste); aucune des deux espèces ne pourrait survivre sans l’autre. Certains scientifiques proposent d’autres types d’espèces clés de voûte, notamment les proies et plantes clés de voûte, des espèces qui servent de nourriture ou d’abri pour les prédateurs.

Quelques espèces clés de voûte au Canada sont présentées ci-dessous.

Castor

Le castor (Castor canadensis) est un ingénieur écologique. Il construit des barrages qui augmentent la résilience des écosystèmes en cas de sécheresse et d’inondation, constituent des habitats pour d’autres espèces, améliorent la qualité de l’eau et réduisent l’érosion.

Par son travail d’érection de barrages, le castor transforme les cours d’eau en étangs, en lacs et en terres humides, des habitats idéaux pour de nombreuses espèces de poissons, d’oiseaux aquatiques, d’ insectes, d’amphibiens et de mammifères. De plus, la formation des terres humides augmente la diversité des plantes qui procurent ainsi plus de nourriture et de protection aux espèces animales.

Les barrages de castors font aussi office de filtre naturel de l’eau. En effet, lorsque l’eau ralentit au contact du barrage, il n’y a plus assez d’énergie pour transporter les sédiments, qui se déposent alors sur le lit de la rivière. Les gros polluants peuvent aussi rester piégés dans le barrage, et comme le castor cherche continuellement à améliorer son barrage, le filtre reste en place longtemps.

Le castor se trouve un peu partout sur le territoire canadien, à proximité des lacs et des cours d’eau. Il est devenu un symbole officiel du Canada en 1975.

Castor

Bison

Plus grand mammifère d’Amérique du Nord, le bison est un ingénieur écologique des prairies et de la forêt boréale partout au Canada. Le bison des plaines (Bison bison bison) habite dans les plaines et les forêts mixtes de l’Alberta, de la Saskatchewan et du Manitoba tandis que le bison des bois (Bison bison athabascae) habite dans les forêts boréales et les forêts de trembles de la Colombie-Britannique, de l’Alberta, du Yukon et des Territoires du Nord-Ouest.

Le bison est un animal migrateur. Il parcourt de grandes distances, les zones de pâturage et les perturbations qu’il laisse au sol derrière lui créant un milieu où prospèrent d’innombrables espèces. En effet, il piétine le sol et se roule dans la terre pour se nettoyer et entraîne ainsi des perturbations qui favorisent la croissance de nouvelles plantes. Les graines se collent à sa fourrure et tombent dans de nouvelles zones au gré des déplacements du troupeau. Il en résulte une augmentation de la biodiversité et de la densité des espèces dans la région.

Les excréments de bison ont un rôle central dans la santé de l’écosystème des prairies. Les nutriments qu’ils contiennent (et que contient aussi l’urine du bison) sont redistribués dans la terre, souvent par des insectes comme les coléoptères qui acheminent les excréments profondément dans le sol. Des centaines d’espèces d’insectes en font un lieu de reproduction et deviennent alors une excellente source de nourriture pour les oiseaux, les amphibiens, les reptiles et les chauves-souris.

Le bison des plaines est considéré comme une espèce menacée selon le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada tandis que le bison des bois est considéré comme une espèce préoccupante.

Bison des bois

Loup

Le loup est une espèce clé de voûte de type prédateur au Canada. Au sommet de la chaîne alimentaire, il maintient une chaîne trophique équilibrée entre herbivores et plantes.

Réel chasseur, le loup maintient les populations de cerfs et de wapitis à un niveau sain. Sans loup dans un écosystème, les espèces d’ongulés n’ont plus de mécanisme de contrôle et en viennent à trop consommer de plantes. Ainsi, le loup, qui se nourrit d’espèces qui deviendraient autrement trop populeuses, bénéficie aux espèces au bas de la chaîne trophique, notamment les plantes au sol.

La principale espèce de loup au Canada est le loup gris (Canis lupus), qui se divise en cinq sous-espèces : le loup arctique (Canis lupus arctos), le loup de Vancouver ou loup côtier (Canis lupus crassodon), le loup des plaines (Canis lupus nubilus), le loup du Canada (Canis lupus occidentalis) et le loup de l’Est (Canis lupus lycaon). Le loup de l’Est est la seule sous-espèce inscrite sur la liste des espèces menacées selon le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada.

Loup dans l’herbe verte

Lièvre d’Amérique

Le lièvre d’Amérique (Lepus americanus) est considéré comme une espèce clé de voûte de type proie, car sa densité de population est directement corrélée à celle des populations de plantes et de prédateurs.

Le lièvre d’Amérique connaît une démographie cyclique sur une période de 10 ans, une situation qui a un effet direct sur ses prédateurs, par exemple le lynx. L’abondance de l’animal connaît un pic et un creux dans le cycle en question. Tout d’abord, la population de lièvres augmente progressivement jusqu’à la surabondance. Ensuite, la population diminue soudainement la dernière année ou les deux dernières années du cycle. Le lynx dépend beaucoup du lièvre comme source de nourriture et suit ainsi un cycle démographique semblable à celui du lièvre. À une augmentation du nombre de lièvres est associée une augmentation du nombre de lynx, et il en va de même dans l’autre sens lorsque la population de lièvres s’effondre et que la nourriture devient donc rare. Les théories s’opposent quant aux facteurs qui créent l’effondrement démographique du lièvre, mais ce pourrait être une combinaison de météo, de maladie et de prédation, entre autres.

Le cycle n’influence pas que la population de lynx et d’autres prédateurs : l’abondance des plantes est aussi en jeu. Lorsque la population de lièvres augmente, la végétation n’a pas le temps de repousser. À l’inverse, quand elle diminue, les plantes peuvent reprendre le dessus. On observe le phénomène chez le saule (Salix glauca), une espèce prisée par le lièvre d’Amérique.

Lièvre blanc sur fond de neige.

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