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Frank Narcisse Jérome

Frank Narcisse Jérome, héros de guerre mi’kmaq (né en 1886 à Maria, Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine, QC ; décédé en 1934 à Gesgapegiag). Frank Narcisse Jérome est un ancien combattant de la Première Guerre mondiale de la Première nation Gesgapegiag, en Gaspésie, qui a été reconnu à plusieurs reprises durant la Première Guerre mondiale pour sa bravoure. Il a été l’un des 39 soldats canadiens à remporter la Médaille militaire à trois reprises au cours de la Première Guerre mondiale, et est maintenant reconnu comme l’un des anciens combattants autochtones les plus décorés de la guerre (voir Les peuples autochtones et les guerres mondiales et Les peuples autochtones et la Première Guerre mondiale). Le nom de Jérome figure sur le monument de guerre de Gesgapegiag, au Québec.

Premières années

Frank Narcisse Jérome, un Mi’kmaq de la Première nation Gesgapegiag, naît en 1886 près de la ville de Maria, sur la péninsule gaspésienne au Québec. Avant de se joindre à l’armée, Frank N. Jérome travaille comme ouvrier et bûcheron. Pendant qu’il travaille comme bûcheron, il se blesse à la main droite avec une hache. Malgré sa blessure, il est accepté par l’armée canadienne lorsqu’il se porte volontaire pour combattre pendant la Première Guerre mondiale en 1916. Il a alors 29 ans.

Première Guerre mondiale

La Première Guerre mondiale a lieu du 28 juillet 1914 et au 11 novembre 1918. Le Canada, alors un dominion de l’Empire britannique, entre automatiquement en guerre le 4 août 1914 lorsque la Grande-Bretagne déclare la guerre à l’Allemagne. Au cours de la Première Guerre mondiale, les politiques concernant le recrutement des Autochtones au Canada changent. En effet, les Autochtones, qui sont d’abord refusés parce qu’ils ne sont pas considérés comme des citoyens canadiens, sont par la suite acceptés à mesure que le nombre de victimes augmente. En juin 1916, au milieu de la guerre et un an avant que la conscription ne soit décrétée par le gouvernement canadien en août 1917 (voir Loi du service militaire et Conscription), Frank N. Jérome se porte volontaire pour servir dans le Corps expéditionnaire canadien. Il se joint d’abord au 189e Bataillon, une unité francophone basée à Rivière-du-Loup, au Québec.

Dans une brochure du gouvernement de 1917 intitulée Le Corps expéditionnaire canadien, 189e Bataillon, liste nominative des officiers, sous-officiers et soldats, qui fait maintenant partie de la collection de Bibliothèque et Archives Canada, le grade de Frank N. Jérome est identifié comme « soldat ». Son ancien corps d’armée est « Inexistant » et son plus proche parent est identifié comme « Younglouis Jerome ». Dans la colonne « Porté à l’effectif », le lieu d’inscription de Frank N. Jérome est « New Carlisle » et la date de son engagement volontaire est le 6 juin 1916. Frank Narcisse Jérome quitte le Canada de Halifax, en Nouvelle-Écosse, à bord du S.S. Lapland, le 27 septembre 1916, à destination de l’Angleterre.

À son arrivée en Angleterre, il est transféré au 14e Bataillon (Régiment royal de Montréal). En novembre 1916, après plusieurs semaines d’entraînement, il est envoyé sur le front ouest. Frank N. Jérome combat finalement en France et en Belgique. Il participe à la bataille de la crête de Vimy, un combat décisif pour les soldats canadiens en avril 1917 qui change le cours de la guerre en faveur des Alliés (une coalition de pays dirigée par la Grande-Bretagne et la France). Frank N. Jérome combat également sur la côte 70, à Passchendaele, et dans la série de batailles maintenant connue sous le nom des « cent jours du Canada », qui ont lieu dans les derniers mois de la Première Guerre mondiale et qui commencent avec la bataille d’Amiens en août 1918.

Monument national des anciens combattants autochtones, Ottawa
Monument dédié aux soldats autochtones qui, comme Frank Narcisse Jérome, ont combattu pendant la Première et la Deuxième Guerre mondiale

Prix militaires et honneurs

Frank N. Jérome est récompensé à plusieurs reprises pendant la guerre pour sa bravoure. Malgré la discrimination probable, il gravit les échelons de l’armée et est promu caporal suppléant en mai 1918, puis caporal en novembre 1918. Lorsqu’il met fin à son service militaire, il est sergent.

À la fin de novembre 1917, le 14e Bataillon aide à maintenir les lignes de front près d’Avion, en France. Frank N. Jérome fait partie d’une équipe de mitrailleurs Lewis lorsque les Allemands lancent des attaques répétées dans les tranchées. Pendant la bataille, des obus allemands explosent deux fois près de Frank N. Jérome. Les soldats allemands continuent à attaquer sa position, et il les repousse à deux reprises. Après les explosions, Frank N. Jérome rassemble un groupe de volontaires pour se rendre dans le no man’s land (la zone mortelle entre les tranchées canadiennes et ennemies) et identifier les corps de leurs camarades qui ont été tués pendant la bataille.

À la suite de ces actions, Frank N. Jérome reçoit la Médaille militaire. La citation sur sa première médaille militaire va comme suit : « Pour bravoure et dévouement au devoir près d’Avion dans les nuits du 27, 28, 29 et 30 novembre 1917 au sein d’une équipe de mitrailleurs Lewis. Fortement secoué à deux reprises par l’explosion d’obus, cet homme a poursuivi son service, a aidé à repousser deux raids ennemis, puis a volontairement formé une patrouille pour identifier ses camarades. Son sang-froid sous le feu de l’ennemi est une brillante motivation pour tous les grades. » La citation est datée du 28 décembre 1917.

À la fin de l’été et à l’automne 1918, pendant les derniers mois de la guerre, le Corps d’armée canadien (voir Commandement canadien pendant la Grande Guerre) est à l’avant-garde d’une série d’attaques alliées. Frank N. Jérome reçoit la Médaille militaire pour la deuxième fois (c.-à-d. sa première agrafe militaire) en raison de ses combats en août ou au début de septembre 1918. Un mois plus tard, lors de la traversée du canal du Nord par le Corps canadien le 27 septembre 1918, Frank N. Jérome commet un autre acte de bravoure. Bien qu’il soit blessé, il reste en première ligne pour aider un autre blessé, ce qu’il lui vaut la deuxième agrafe sur sa Médaille militaire. Dans son dossier militaire, la date indiquée pour sa première barrette militaire est le 14 septembre 1918. Sur une autre ligne manuscrite, on peut lire l’inscription « 2e agrafe de médaille militaire », qui fait référence à sa deuxième agrafe militaire. Au total, Frank N. Jérome reçoit la Médaille militaire à trois reprises (ou, comme on le dit parfois, il a reçu la Médaille militaire et deux agrafes).

Vie après la guerre

Frank Narcisse Jérome est démobilisé de l’armée à Montréal le 17 septembre 1919. Il est en effet tombé gravement malade de la grippe espagnole (voir Pandémie et Grippe) en février 1919 et a besoin de plusieurs mois pour se rétablir. On se sait actuellement de la vie civile de Frank N. Jérome après la guerre, sauf qu’il est mort d’une pneumonie en 1934 à l’âge de 47 ou 48 ans. Sa pierre tombale se trouve dans l’ancien cimetière de Gesgapegiag, au Québec, et son nom figure sur le monument de guerre.

Nouvelle reconnaissance

Bien que Frank Narcisse Jérome soit l’un des soldats canadiens les plus décorés de la Première Guerre mondiale et l’un des anciens combattants autochtones les plus honorés, il ne reçoit que depuis peu l’attention qu’il mérite. À ce jour, il n’existe aucune photo connue de Frank N. Jérome. Al Martin père, coordonnateur du Centre historique de Gesgapegiag, découvre l’existence de Frank N. Jérome pour la première fois en faisant des recherches pour une plaque commémorant les soldats de Gesgapegiag ayant participé à la Première Guerre mondiale.

Une grande partie de l’information actuellement disponible sur Frank N. Jérome est devenue publique grâce à l’historien amateur français Yann Castelnot, qui est maintenant basé au Québec. Castelnot commence ses recherches sur les anciens combattants autochtones en 1998. Contrairement à d’autres anciens combattants autochtones décorés de la Première Guerre mondiale, Frank N. Jérome ne fait pas l’objet d’articles dans les médias et les livres d’histoire. C’est en grande partie grâce aux recherches de Castelnot que Frank N. Jérome est maintenant mentionné en même temps que des anciens combattants autochtones comme le sergent-major de compagnie Francis Pegahmagabow et le sergent Tommy Prince. Frank N. Jérome est maintenant reconnu comme l’un des 39 soldats canadiens ayant reçu la Médaille militaire avec deux agrafes pendant la Première Guerre mondiale.