Freda Diesing, artiste haïda (née le 2 juin 1925 à Prince Rupert, en Colombie-Britannique; décédée le 3 décembre 2002, à Prince Rupert). Freda Diesing est surtout connue pour sa contribution à la renaissance des formes d’art traditionnelles haïdas, notamment la sculpture sur bois, la sculpture de masques et la sculpture de mâts totémiques. Elle a été l’une des rares femmes artistes à maîtriser la sculpture sur bois, et elle est en partie responsable d’avoir fait connaître ce style à un public international. Tout au long de sa carrière, Freda Diesing s’est efforcée de transmettre le style et la tradition de l’art haïda aux nouvelles générations. (Voir aussi Art autochtone de la côte nord-ouest et Art autochtone contemporain.)
Enfance et ascendance
Freda Diesing, née Marie Alfreda Johnson, est également connue sous les noms de Kant-wuss et Weguedaas. Son nom haïda, Skilquewat, peut se traduire par « Sur (ou au croisement de) la piste de la femme propriétaire ». Après la mort de son père lorsqu’elle était jeune, Freda utilise le nom de famille de son beau-père, Lambly, même si, légalement, elle reste une Johnson. Son nom de famille change à nouveau lorsqu’elle épouse Arthur (Art) Diesing en 1956.
Freda et ses parents, Flossie et Franz Johnson, étaient membres du clan de l’Aigle, Sadjugalth Lanas Gitans, de la nation haïda en Colombie-Britannique. Elle est issue d’une famille haïda distinguée du côté maternel. Son arrière-grand-père maternel, originaire de Masset, à Haida Gwaii, était un sculpteur haïda. Cependant, elle n’a pris connaissance de ses œuvres exposées dans les musées qu’après avoir décidé de devenir elle-même sculptrice. Elle attribue à sa grand-mère maternelle, qui était vannière et sœur de bijoutiers et de maîtres sculpteurs, le mérite de lui avoir enseigné l’art et le patrimoine haïdas.
Carrière artistique
Freda Diesing suit des cours de peinture à la Vancouver School of Art de 1955 à 1956, ce qui marque le début de sa carrière artistique. En 1956, elle voit l’exposition « People of the Potlatch » à la Vancouver Art Gallery et commence à s’intéresser aux traditions artistiques de ses ancêtres haïdas. Elle commence à sculpter à l’âge de 42 ans, en fréquentant l’école Gitanmaax d’art autochtone de la côte nord-ouest au village de Ksan, et apprenant différentes techniques sous la tutelle de Robert Davidson, Tony Hunt, Bill Holm, Duane Pasco et Nathan Jackson.
Dans les années 1960, Freda Diesing fait partie d’un petit groupe d’artistes à l’origine de la redécouverte et de la renaissance de l’art de la côte nord-ouest. La culture traditionnelle haïda, y compris les arts visuels et la sculpture, avait presque disparu en 1910. C’était une conséquence des maladies qui avaient ravagé les communautés des Premières Nations depuis l’époque des premiers contacts avec les Européens. En outre, cette disparition a été provoquée par l’interdiction de la cérémonie du potlatch par le gouvernement et par la destruction de la culture autochtone causée par le déplacement forcé des enfants autochtones vers les pensionnats.
Freda Diesing est connue pour avoir défié les conventions de l’art haïda. En effet, elle a été une sculptrice et une graveuse accomplie dans un domaine traditionnellement dominé par les hommes. Dans les années 1970, Freda Diesing s’intéresse à la sérigraphie et adapte les styles traditionnels haïdas à cette technique. Dans les années 1980, son travail fait l’objet d’une exposition spéciale du Royal British Columbia Museum intitulée « Legacy — Tradition and Innovation in Northwest Coast Indian Art » (« Héritage : tradition et innovation dans l’art autochtone de la côte nord-ouest »), qui apporte à ce style une nouvelle notoriété et une reconnaissance internationale.
L’œuvre de sa vie comprend des styles traditionnels sur une multitude de supports. Bien qu’elle soit surtout connue pour ses masques sculptés, notamment de femmes ou de figures féminines, elle sculpte et érige également de nombreux mâts totémiques. Les mâts totémiques de Freda Diesing se dressent à Prince Rupert et à Terrace, en Colombie-Britannique, les deux communautés dans lesquelles elle a vécu la majeure partie de sa vie. Elle conçoit également des couvertures à boutons cérémoniales et sculpte des panneaux muraux pour l’hôpital général de Prince Rupert. Pendant un certain temps, elle est artiste en résidence en République dominicaine, et elle participe à des symposiums internationaux de sculpture en Finlande.
Tout au long de sa carrière, Freda Diesing expose ses œuvres à travers le Canada et à l’étranger, notamment à la Vancouver Art Gallery, à l’Inuit Art Gallery of Vancouver et à la Thunder Bay Art Gallery, en plus d’être l’objet d’une foule d’expositions dans les édifices gouvernementaux de la région de la capitale nationale. Des collections de ses œuvres se trouvent également au Musée canadien de l’histoire à Gatineau, au Québec; au Musée royal de l’Ontario à Toronto, à la ville de Prince Rupert et au ministère fédéral anciennement nommé « Relations Couronne-Autochtones et Affaires du Nord Canada ». En 2019 et 2020, les œuvres de Freda Diesing font partie d’une exposition au Frist Art Museum de Nashville, dans le Tennessee. Celle-ci est décrite comme la première grande exposition muséale consacrée aux femmes artistes autochtones des États-Unis et du Canada.
Le saviez-vous?
En 2006, le Coast Mountain College (anciennement Northwest Community College) a inauguré la Freda Diesing School of Northwest Coast Art. Dempsey Bob, élève de Freda Diesing, a été l’un des premiers instructeurs de l’école.
Enseignement et autres activités
Freda Diesing a fini par devenir instructrice à la ‘Ksan Indian Art School (l’école d’art autochtone de Ksan). Chaque année, elle donnait également un séminaire de sculpture à Ketchikan, en Alaska. Freda Diesing a été une professeure et une mentore importante; la plupart de ses élèves ont ensuite formé le noyau d’une nouvelle génération d’artistes autochtones travaillant au Canada. Elle a notamment été la mentore de Don Yeomans et de Dempsey Bob. À la mort de Freda Diesing en 2002, Yeomans et Bob prononcent son éloge funèbre.
Outre sa carrière d’artiste et d’enseignante, Freda Diesing a également été membre du conseil de la nation haïda de Colombie-Britannique et chanteuse au sein du groupe Sweet Adelines.
Prix et distinctions
- Diplome honorifique, Northwest Community College (maintenant Coast Mountain College) (2000)
- Prix national d’excellence decerne aux Autochtones (maintenant Indspire) (2002)
- Doctorat honorifique, Universite du Nord de la Colombie-Britannique (2002)