Harry Wilfred Daniels, politicien, auteur, acteur (né le 16 septembre 1940 a Regina Beach, en Saskatchewan; décédé le 6 septembre 2004 a Regina Beach). Harry Daniels est un célèbre politicien et activiste métis connu pour sa lutte pour les droits du peuple métis. Sa plus grande contribution à l’avancement des droits autochtones au Canada, l’affaire de la Cour Supreme Daniels c. Canada, garantit aux Métis et aux Indiens non inscrits d’être des « Indiens » visés par la Loi constitutionnelle de 1867. (Voir aussi Statut d’Indien.)
Jeunesse et éducation
Harry Daniels voit le jour à Regina Beach, en Saskatchewan. Ses parents, Harry Alfred Daniels et Emma McKay, sont tous deux Métis. Sa famille fait partie du célèbre groupe Nehiyaw Pwat, une alliance politique et militaire unissant les Assiniboines (Stoneys-Nakodas), les Cris des Plaines, les Ojibwés des Plaines (incluant les Saulteaux) et les Métis (michif). L’alliance, aussi connue sous le nom de Confédération de fer, voit certains de ses membres se battre aux côtés de Cuthbert Grant pendant la bataille de la Grenouillère de 1816.
Lorsque son père abandonne sa famille, Harry Daniels, alors âgé de neuf ans, devient l’homme de la maison et veille sur son frère, Hughley, et ses sœurs, Louise et Laurena. À 17 ans, il quitte l’école et se joint à la Marine puis retourne en Saskatchewan au début de la vingtaine.
En 1966, Harry Daniels fréquente l’Université de la Saskatchewan, où il décroche un diplôme en science politique. Au cours de ses années universitaires, il voyage aux États-Unis, où il rencontre les leaders de l’American Indian Movement (AIM) et du Black Panther Party. Ces rencontres l’inspirent plus tard à se battre pour les droits des peuples autochtones au Canada.
En 1985, Harry Daniels obtient une maîtrise de l’Université Carleton.
En 2002, il retourne à l’Université de la Saskatchewan pour enseigner l’histoire des Métis pour le département d’études autochtones.
Politique
Après l’université, Harry Daniels s’implique dans la politique et l’activisme autochtones. En 1969, il devient directeur général de la Saskatchewan Métis Society. En 1971, il est élu vice-président de l’Association des Métis de l’Alberta (aujourd’hui connue sous le nom de la Nation métisse de l’Alberta, affiliée au Ralliement national des Métis). L’année suivante, Harry Daniels représente les Autochtones à la Conférence des Nations unies sur l’environnement de Stockholm, en Suède. (Voir aussi Organisation des Nations Unies.)
En 1974-1975, Harry Daniels est élu secrétaire-trésorier du Conseil national des Autochtones du Canada (CNAC; aujourd’hui nommé le Congrès des Peuples autochtones), ce qui fait passer sa carrière en politique autochtone de l’échelle provinciale à l’échelle nationale. Il occupe ensuite le poste de président du CNAC de 1976 à 1981.
À la fin des années 1970, Harry Daniels prend part aux négociations constitutionnelles à Ottawa pour le rapatriement de la Constitution (Loi constitutionnelle de 1982). En 1981, il est commissaire de la Commission d’enquête sur la Constitution du CNAC, qui concerne les Métis et les Indiens non inscrits. Le CNAC détient alors deux sièges, et Harry Daniels agit comme son représentant. Puisque les femmes autochtones n’obtiennent aucune place à la table de négociations malgré le fait qu’elles en aient fait la demande, Harry Daniels décide de céder un des sièges du CNAC à la dirigeante d’un groupe de femmes autochtones.
Lors des négociations, Harry Daniels joue un rôle clé pour la reconnaissance du peuple métis canadien comme étant des peuples autochtones visés par la Loi constitutionnelle de 1982. Il demande à ce que le peuple métis soit mentionné dans la Constitution, tout comme les Inuits et les peuples des Premières Nations. Le ministre de la Justice, Jean Chrétien, rejette d’abord la requête, mais change d’avis et accepte d’inclure le peuple métis après en avoir discuté avec le premier ministre, Pierre Elliot Trudeau. Grâce à la ténacité d’Harry Daniels, le peuple métis est inclus parmi les « peuples autochtones du Canada » visés par la Loi constitutionnelle de 1982.
Harry Daniels occupe le poste de président du Congrès des Peuples autochtones de 1997 à 2000.
Daniels c. Canada
La plus grande contribution d’Harry Daniels à l’avancement des droits des Autochtones est l’affaire Daniels c. Canada, portée devant la Cour suprême du Canada en 2015. Les plaignants demandent à ce que les Métis et les Indiens non inscrits deviennent des « Indiens » au sens du paragraphe 91(24) de la Loi constitutionnelle de 1867, un article de la Constitution qui définit les différentes compétences des gouvernements fédéral et provinciaux.
En 1999, Harry Daniels est au nombre de quatre plaignants – avec Leah Gardner, une Anishinaabe non inscrite de l’Ontario, Terry Joudrey, un Micmac non inscrit de la Nouvelle-Écosse, et le Congrès des Peuples autochtones – déposant une requête de jugements déclaratoires à la Cour fédérale du Canada. (Un des fils d’Harry Daniels, Gabriel, est ajouté à la liste des plaignants après le décès de son père en 2004.) Trois jugements déclaratoires sont demandés : que les Métis et les Indiens non inscrits deviennent des « Indiens » visés au paragraphe 91(24) de la Loi constitutionnelle de 1867, que la Couronne fédérale respecte une obligation fiduciaire envers les Métis et les Indiens non inscrits et que les Métis et les Indiens non inscrits aient droit à la tenue de consultations et de négociations avec le gouvernement fédéral en matière de droits, d’intérêts et de besoins autochtones.
Harry Daniels s’éteint avant que l’affaire ne fasse l’objet d’une première décision en janvier 2013. Le juge Michael Phelan de la Cour fédérale confirme le jugement déclaratoire à l’effet que les Métis et les Indiens non inscrits sont des « Indiens » visés par la Constitution, mais refuse de rendre les deux autres jugements déclaratoires, statuant qu’ils sont déjà prévus par des lois canadiennes antérieures. En octobre, le gouvernement fédéral porte le jugement en appel.
L’affaire est portée devant la Cour suprême, qui rétablit la décision initiale de la Cour fédérale le 14 avril 2016.
Le jugement de Daniels c. Canada ne signifie pas que les Métis et les Indiens non inscrits sont traités en vertu de la Loi sur les Indiens, n’octroie pas le statut d’Indien aux Métis et n’accorde pas le droit aux Métis de vivre sur des réserves. Il précise plutôt le fait que les Métis et les Indiens non inscrits doivent se tourner vers le gouvernement fédéral pour l’amélioration de leurs programmes et services, plutôt que vers les gouvernements provinciaux. (Voir aussi Autochtones : Peuples autochtones et politique gouvernementale au Canada.)
Le saviez-vous?
En 2022, Postes Canada a émis un timbre commémoratif pour rendre hommage à Harry Daniels et à sa lutte pour protéger les droits du peuple métis.
Carrière d’acteur
Harry Daniels prend part à plusieurs productions canadiennes. En 1986, il figure dans Mistress Madeleine, qui fait partie de la minisérie téléviséeDaughters of the Country. La série est récipiendaire de plusieurs Prix Gemini, notamment celui du meilleur texte pour une émission ou minisérie dramatique et celui de la meilleure série dramatique pour la télévision payante.
Harry Daniels incarne également le rôle du chef métis Gabriel Dumont dans Big Bear (1998), une série télévisée canadienne en deux parties suivant l’histoire du chef Mistahimaskwa (Big Bear), qui se déroule dans les années 1870 et 1880.
Vie personnelle
Harry Daniels laisse derrière lui sa femme, Cheryl Storkson, et ses cinq enfants, issus de ses deux relations précédentes : Conway, Gabriel, Chantelle, Chigal et Alexander.
En 1984, il fait une rencontre insolite avec le pape Jean-Paul II. Pendant son voyage aux Territoires du Nord-Ouest, le pape, qui attend son départ de Yellowknife vers Fort Simpson, voit son vol retardé à cause du brouillard. Harry Daniels, remarquant que le pape tremble de froid, retire son propre manteau en daim et le dépose sur ses épaules.
Décès
Harry Daniels meurt le 6 septembre 2004 à la suite d’une lutte contre le cancer. Il est enterré à Regina Beach.
Prix
- Doctorat honorifique de l’Université d’Ottawa, 2004
- Ordre de l’Association des Métis, Ralliement national des Métis, 2004